L'Europe sociale - Les grands auteurs

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Elodie Béthoux : Elodie Béthoux est une sociologue française spécialiste des questions relatives au travail et à sa régulation dans le cadre européen. En 2015, elle se penche sur la question de l’Europe sociale (« L’Europe sociale en chantier(s) », Idées économiques et sociales) et invite à relativiser l’idée selon laquelle l’Europe sociale n’existe pas. Si cette dernière est encore en construction, on ne peut nier des avancées indéniables en la matière. Pour Elodie Béthoux, il existe des « masques de l’Europe sociale » qui empêchent sa visibilité. D’abord, la diversité des systèmes sociaux nationaux empêche la comparaison entre ce qui relève ou non des avancées communautaires. Celles-ci sont alors peu visibles. Ensuite, la volonté de construire des règles qui tiennent compte de la diversité des modèles explique la dynamique de construction d’abord institutionnelle, également moins visible. Enfin, l’institutionnalisation de la politique sociale est moins visible que les mouvements sociaux, ce qui conduit à une opposition, notamment lors des échéances électorales, entre une « Europe économique » et une « Europe sociale ».

Gosta Esping-Andersen : Gosta Esping-Andersen est un sociologue et économiste Danois devenu une figure incontournable des travaux sur la protection sociale, notamment pour avoir produit une typologie des régimes d’Etat-providence (Les trois mondes de l’Etat providence, 1999) autour du concept de démarchandisation. La démarchandisation est le degré auquel les systèmes de protection sociale permettent aux individus de conserver leurs moyens d’existence sans dépendre du marché. A partir de là, il distingue 3 régimes d’Etat-providence. Le régime libéral repose sur un État restreint et sur le principe de responsabilité individuelle universelle. Il s’agit davantage de limiter la grande pauvreté plutôt que de combattre l’ensemble des inégalités. Le régime dit « conservateur » vise à maintenir les revenus des travailleurs, il est financé par des cotisations sociales. Le régime social-démocrate, caractéristique des pays scandinaves, vise l’égalité des citoyens en acceptant un niveau élevé de redistribution.

Torben Iversen et Anne Wren : ces deux économistes développent en 1998 (« Equality, employment and budgetary restraint : the trilemma of the Service Economy ») leur propre version du triangle des incompatibilités. Il est impossible d’atteindre un haut niveau d’emploi et de réduire les inégalités sans creuser le déficit public. De même, respecter discipline budgétaire et baisse des inégalités se fait au détriment de l’emploi. Enfin, donner priorité à l’emploi et à la discipline budgétaire aura tendance à aggraver les inégalités. Dans la configuration d’une discipline budgétaire imposée par le PSC et de la recherche d’un haut niveau d’emploi à travers des politiques de compétitivité, l’objectif de réduction des inégalités s’avère donc être le « côté faible » du triangle.

Pierre Rosanvallon : historien et sociologue français, Pierre Rosanvallon met en évidence la triple crise rencontrée par l’Etat providence (La crise de l’Etat providence, 1981) dans la fin des années 1970. L’Etat-providence se heurte d’abord à une crise de financement, renforcée par le contexte de crise économique suite au 1er choc pétrolier (1973). Par ailleurs, il doit faire face à une crise d’efficacité car il ne parvient pas à enrayer la précarité et le développement du chômage de masse. Crises de financement et d’efficacité remettent alors en question la pertinence de l’interventionnisme étatique qui doit de surcroît faire face à une crise de légitimité.

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