Fonds monétaire international

L'essentiel :

La conférence de Bretton Woods, organisée en 1944, avait pour objectif d’organiser le monde d’après-guerre en favorisant la stabilité économique. En particulier, les pays alliés, qui se réunissent lors de cette conférence, souhaitent se protéger de la répétition des désordres monétaires de l’entre-deux-guerres, marqué par les tentatives de retour à l’étalon-or. Lors de cette conférence, le plan des Etats-Unis (plan White) l’emporte sur le projet britannique (plan Keynes). Il met en avant un double objectif important : encadrer le rôle international du dollar et éviter les dévaluations compétitives. Un système d’étalon de change-or centré autour du dollar est alors mis en place et un fonds de stabilisation des changes est prévu pour aider les pays à défendre la parité de leur monnaie. Ce fonds de stabilisation des changes devient le Fonds monétaire international, l’une des deux grandes organisations issues des accords de Bretton Woods avec la Banque mondiale

Dans le cadre du système de parités de changes fixes décidé à Bretton Woods, le FMI joue un rôle central. Ce système est organisé à deux niveaux : le dollar est convertible en or, à un taux de change fixes, et les autres pays arriment leur monnaie au dollar (formellement, ils peuvent choisir d’adopter l’étalon-or, mais aucun pays ne le fait) avec de très faibles bandes de fluctuation. À sa création, le FMI doit viser non seulement la réalisation de ce système, mais aussi permettre aux pays de rétablir la libre convertibilité de leurs monnaies. Les pays signataires des accords s’engagent à viser la stabilité de leur monnaie et à ne pas réaliser de dévaluations compétitives. La parité déclarée au FMI peut être modifiée (les taux de change sont fixes, mais ajustables) en cas de « déséquilibre fondamental » et elle est connue de tous. La parité est choisie en accord avec le FMI. Le rôle du Fonds ne s’arrête pas là puisque chaque pays membre doit se soumettre à une « consultation » annuelle sur sa politique annuelle avec le FMI. Le FMI ne se contente pas de ce rôle de surveillant, il peut aussi venir en aide financièrement aux pays via des crédits quand ces économies ont des problèmes pour maintenir la parité de leur monnaie.

Dès la fin des années 1960, le système de Bretton Woods est en difficulté, avec plusieurs monnaies poussées à la dévaluation (le franc et la livre notamment) et l’irruption de déficits commerciaux aux États-Unis, qui peinent aussi à préserver leur stock d’or face à la création monétaire abondante. Au mois d’août 1971, la convertibilité-or du dollar est suspendue. Il faut attendre les accords de la Jamaïque en 1976 pour que la fin du système de Bretton Woods soit officielle : les pays choisissent librement leur régime de changes. Cet accord porte aussi une réforme du FMI et de ses missions. Les pays signataires de l’accord acceptent de rester sous la surveillance du FMI, qui a alors pour rôle d’assurer un fonctionnement efficace du système monétaire international. 

Dans un premier temps, le rôle du FMI se trouve fortement réduit. Avec la globalisation financière, les économies avancées n’ont plus besoin des crédits de cette organisation puisqu’ils peuvent se financer sur les marchés. Le FMI est aussi concurrencé par d’autres organisations comme le G7 qui gère les crises liées au dollar dans les années 1980 et il devient une organisation de second plan pour les pays européens qui créent leur propre système monétaire, même s’il participe au programme de stabilisation des dettes dans la crise des années 2010.

De manière générale, le FMI se tourne alors davantage vers la question de la stabilisation des dettes publiques des  pays émergents ou en développement. Par exemple, en 1982, le FMI intervient pour résoudre la crise de la dette du Mexique et les pays touchés par contagion comme l’Argentine et le Brésil. L’enjeu est alors à la fois de convaincre les créanciers de participer aux opérations de refinancement et de maintenir leur confiance dans le pays touché pour éviter le défaut de paiement et le pays endetté de continuer à rembourser la dette tout en menant des programmes de réforme. Ces programmes de réforme appelés « Programmes d’ajustement structurels » et consistent essentiellement en des mesures visant à réduire le poids du secteur public, sur la base du diagnostic selon lequel la difficulté des pays à maintenir la parité de leur monnaie vient d’une création monétaire excessive, liée à la monétisation des déficits. Il s’agit alors de programmes de privatisation, de réformes dans la fiscalité et de dévaluation. Ce sont donc des mesures d’inspiration libérale, qui ont été nommées de façon critique comme le « consensus de Washington », c’est-à-dire le fait de poser que l’efficacité économique va de pair avec une moindre intervention de l’État. 

Les effets controversés de ces programmes d’ajustement structurel et la réussite d’autres voies de sorties de crise poussent le FMI à modifier sa vision des choses. Tout d’abord, il a renforcé son rôle de surveillance, en partant du constat que la globalisation financière rendait les crises plus fréquentes et plus difficiles à prévoir. Il a ainsi poussé les États à publier et diffuser davantage de données sur des indicateurs de stabilité financière. Il prête toujours des fonds sous conditions, mais sans nécessairement prôner une libéralisation de l’économie. Le FMI est intervenu massivement pendant la pandémie de Covid en assurant des financements d’urgence pour de nombreux pays et en suspendant les remboursements de dette des pays les plus pauvres.

Dans cette crise, le FMI s’est également servi d’un instrument créé en 1969 : les droits de tirage spéciaux. Ces DTS sont des actifs qui ont été inventés pour servir de monnaie de compensation entre pays et réduire l’usage du dollar et donc les transferts d’or dans le système de Bretton Woods. Le DTS est conçu comme un panier des principales monnaies utilisées à l’international et sert d’actif de réserve.  Le FMI a accordé des prêts libellés dans cet actif à de nombreuses économies depuis la pandémie de Covid et autorisé le transfert de ces DTS entre pays.

Aujourd’hui, le FMI est une organisation qui a plus de 80 ans et a subi de nombreuses transformations. Elle n’échappe pas à la crise du multilatéralisme et subit la concurrence d’autres organisations, voit son rôle diminué par les pratiques de prêts entre banques centrales et par le fait que les pays accumulent de plus en plus de réserves de change. C’est aussi une organisation dont la gouvernance est discutée. Par exemple, dans leur ouvrage Les nouvelles règles du jeu, Georges Papaconstantinou et Jean Pisani-Ferry pointent le fait que l’Inde pèse d’un poids deux fois moins important que celui de l’Allemagne au conseil d’administration du FMI.

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