Terminale : cours et corrigés

Synthèse

Melchior cours SES lycée bac grand oral

(BO)

Déroulé du chapitre :

Question 1. Quels sont les facteurs de structuration et de hiérarchisation de l'espace social ?

Question 2. Comment la structure socioprofessionnelle a-t-elle évolué depuis la seconde moitié du XXème siècle ?

Question 3. Quelles sont les analyses fondatrices de la structure sociale proposées par les sociologues ?

Question 4. Peut-on considérer que la société française actuelle est structurée en classes sociales ?

Les sociétés modernes sont caractérisées par un recul des inégalités. Ces dernières peuvent être définies comme le fait que des ressources socialement valorisées (revenus, prestige, santé, pouvoir politique) ne soient pas accessibles de la même manière par tous.

Dans les sociétés développées, l’égalité devant la Loi devient la règle, l’égalité des chances progresse et les inégalités de situation reculent. Pour autant, faut-il en conclure que la société n’est plus structurée en groupes sociaux hiérarchisés, dont certains auraient un accès facilité à certaines ressources et d’autres moins ?

Il existe de nombreux facteurs de structuration et de hiérarchisation de la société française actuelle.

1) Les facteurs socio-économiques

Il s’agit notamment de la profession, du statut d’activité et du niveau de revenus.

Certaines professions, qui vont être par ailleurs considérées comme “favorisées”, permettent d’accéder à certaines ressources, qui seront plus difficiles d’accès pour d’autres. Ainsi, les cadres cumulent plusieurs avantages. Ce sont eux qui perçoivent, en moyenne, les revenus les plus élevés. Ils sont aussi les plus préservés de la pauvreté. Mais la profession joue aussi sur d’autres éléments que la richesse ou la pauvreté monétaire. Ainsi, les cadres sont ceux qui ont les pratiques culturelles les plus intenses. Cela joue sur la structuration sociale car cela entraîne des effets de reproduction sociale : les enfants de cadres et de professions intermédiaires connaissent dans l’enfance des pratiques culturelles riches et diversifiées, qui leur font acquérir une culture savante et un rapport à celle-ci favorisant la réussite à l’école. Les cadres ont aussi une espérance de vie plus longue que les autres.

Le statut d’activité peut être lui aussi générateur d’inégalités. Les chômeurs et les inactifs (hors retraités) sont les plus exposés à la pauvreté.

Le niveau de revenus (fortement corrélé aux deux premiers facteurs évoqués) a lui aussi des incidences. Ce sont notamment les plus pauvres qui vivent, en France, le moins longtemps. La corrélation au niveau de diplôme n’épuise pas l’explication : en contrôlant l’effet de cette variable, on observe le maintien d’inégalités en fonction du niveau de vie, ce qui peut s’expliquer par des moyens financiers permettant un meilleur accès aux soins et à une bonne hygiène de vie.

2) Les facteurs socio-démographiques

Ici, il s’agit notamment du genre, de la position dans le cycle de vie, du lieu de résidence, du type de ménage ou de l’origine ethnique.

La question du genre est particulièrement riche et complexe car, dans certains domaines, les femmes apparaissent comme plus avantagées que les hommes mais, dans d’autres, elles le sont moins. Les femmes ont ainsi une espérance de vie plus longue que les hommes. Ces écarts s’expliquent généralement par l’exposition plus élevée des hommes aux risques professionnels et aussi aux conduites à risque. Mais, les modes de vie des femmes et des hommes se rapprochant, les différences d’espérance de vie à la naissance se réduisent au cours du temps. Les femmes sont par contre désavantagées dans la sphère des activités économiques : elle perçoivent, pour les temps complets uniquement, un salaire inférieur de 16,3 % à celui des hommes. Et cela va en s’aggravant à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie des salaires. Elles sont plus facilement touchées par le temps partiel subi, par la pauvreté (même si les écarts s’amenuisent), par la précarité, que les hommes. Elles sont aussi particulièrement défavorisées en matière de partage du temps domestique. Le domaine scolaire est sûrement l’un de ceux dans lesquels la question des inégalités hommes/femmes est la plus ambigüe. En effet, la réussite scolaire des filles est bien documentée (et mise en lien avec la socialisation sexuée, les jeux “féminins” étant supposés favoriser la concentration, le calme, le soin, toutes qualités valorisées par l’Ecole) et en 2015-2016, les femmes représentent 57 % des étudiants à l’université. Pour autant, cela masque le fait que les filles s’orientent vers des filières moins socialement valorisées que les garçons : les lettres et sciences humaines plutôt que les sciences et la technologie par exemple, les formations courtes du tertiaire plutôt que celle du secteur technico-industriel. Cela a des incidences en cascade puisque cela pèse sur la destinée professionnelle des filles, amenées à occuper des postes moins prestigieux et moins bien rémunérés que ceux des hommes.

L’âge peut lui aussi constituer un facteur de structuration de l’espace social. Les jeunes sont particulièrement défavorisés en termes d’accès aux ressources économiques. Les 20-29 ans sont ainsi les plus touchés par la pauvreté. Cela s’explique notamment par une plus grande exposition des jeunes au chômage et à la précarité. Le lieu de résidence peut lui aussi contribuer à dessiner un espace social hiérarchisé. Les grands pôles urbains sont ceux qui concentrent la plus forte pauvreté. Cependant, les grands pôles urbains sont les lieux dans lesquels les pratiques culturelles sont les plus intenses, ce qui peut s’expliquer par l’offre très concentrée, l’existence de transports en commun, et aussi par la concentration de diplômés, notamment dans les centres-villes.

Le type de ménage dans lequel vit un individu peut aussi impacter son existence. Près de quatre familles monoparentales sur dix vivent en 2018 sous le seuil de pauvreté (à 50 % du revenu médian). Cela s’explique à la fois par le fait qu’il n’y ait qu’un revenu pour vivre, et que celui-ci soit souvent celui de la femme, en moyenne plus faible que celui de l’homme.

Enfin, l’origine ethnique -quoique son impact soit difficile à mesurer en France du fait du manque de statistiques solides- joue elle aussi. Les immigrés et les personnes issues de l’immigration, touchées par nombre de discriminations, rencontrent des difficultés à s’insérer sur le plan socio-professionnel, ce qui débouche notamment sur une sur-exposition à la pauvreté.

3) Les facteurs socio-culturels

Le niveau de diplôme engendre lui aussi un accès différencié aux ressources économiques et sociales.

Ainsi, les plus diplômés accèdent le plus souvent aux professions les plus favorisées, qui leur assurent des revenus élevés. Ce sont d’ailleurs eux qui sont les mieux protégés de la pauvreté. Le niveau de diplôme a aussi un impact sur les pratiques culturelles car, plus celui-ci s’élève, plus la fréquentation des lieux culturels s’accroît. Enfin, il existe une forte corrélation entre le niveau de diplôme et le niveau de santé, les individus les plus diplômés étant souvent enclins à adhérer aux messages de prévention du corps médical, et à l’adoption d’une hygiène de vie favorisant le maintien en bonne santé.

 

Comprendre la nomenclature des PCS en vidéo avec Thomas Amossé, sociologue, statisticien et administrateur de l'INSEE au CNAM : 

Notions

Idée selon laquelle le « sexe social » se distingue du sexe anatomique. C’est l’environnement des individus qui produit la « masculinité » ou la « féminité », par l’intermédiaire de mécanismes puissants de construction et de reproduction sociale.
Inégalité : Se distingue de la différence par la référence à la notion de hiérarchie. Alors que les différences sociales distinguent les individus sans pour autant les hiérarchiser, les inégalités font référence à des répartitions non uniformes de ressources socialement valorisées au sein d’une population.
Principe selon lequel la situation sociale acquise par les individus doit être due au mérite, et non rattachée directement à leur origine sociale.

Synthèse

Sujets ESH des concours Essec, HEC, ESCP, SKEMA 2021

(BO)

Déroulé du chapitre : 

Question 1. Quels sont les facteurs de la croissance économique ?

Question 2. Quel est le rôle du progrès technique dans la croissance ?

Question 3. Quelles sont les institutions qui favorisent le progrès technique et la croissance ?

Question 4. Quels sont les limites de la croissance ?

La croissance économique est l’augmentation soutenue, sur une longue période, de la production de biens et services dans un pays. On mesure la croissance économique par le taux de croissance d’un agrégat qui est depuis quelques décennies le produit intérieur brut (PIB).

La recherche des moteurs de la croissance économique est essentielle pour comprendre des faits historiques ou présents mais également pour les pouvoirs publics amenés, dans certains cas, à favoriser des leviers de croissance.

1. Comment mesurer la croissance ? 

Le PIB, un indicateur synthétique

Le PIB est l’agrégat permettant de comptabiliser l’ensemble des activités de production dans une économie (un pays). Il inclut l’ensemble des valeurs ajoutées par tous les agents économiques.

La valeur ajoutée est la différence entre la production réalisée et les consommations intermédiaires nécessaires à cette activité. C’est donc une mesure de la « richesse créée » par les agents économiques. L’addition de toutes les valeurs ajoutées par tous les agents économiques rend donc compte de la richesse créée globalement.

Le PIB est donc la somme de toutes les valeurs ajoutées par tous les agents économiques à l’intérieur d’un pays et ce quelle que soit la nationalité des agents (entreprises). En revanche, les activités des entreprises ayant des filiales à l’étranger ne sont pas comptabilisées.

C’est la variation annuelle du PIB qui est appelée « croissance économique ».

ressources pédagogiques SES bac 2020 2021

Les limites du PIB

Cet indicateur, probablement parce qu’il est synthétique et facile à utiliser, est très utilisé pour évaluer la santé économique d’un pays et la tendance de ces dernières décennies a parfois été de le regarder comme un témoin des progrès économiques et sociaux du pays. Un certain consensus s’est dessiné chez les économistes pour mettre au clair les « limites » du PIB. Le PIB ne mesure pas les progrès sociaux ; en ce sens, la croissance n’est pas nécessairement une amélioration du bien-être de la population du pays. Il ne compte pas de nombreuses activités socialement utiles (bénévolat, travail non déclaré par exemple) et il comptabilise toutes les richesses créées sans prendre en compte leurs éventuels effets négatifs (les maladies liées au tabac, les accidents de la route, …). Enfin, on n’intègre pas à son calcul les prélèvements sur les ressources non renouvelables et la biodiversité.

2. Comment expliquer la croissance ?

Le rôle des facteurs de production

La croissance économique s’explique d’abord par la quantité de facteurs de production mobilisés. Ainsi, la quantité de facteur travail, c’est-à-dire l’augmentation de la population active, contribue directement à l’évolution de la quantité de biens et services produits.

Mais c’est surtout l’accumulation du capital qui joue un rôle important : l'augmentation en volume du stock de capital par le biais de l'investissement net, joue un rôle plus important que l'augmentation du volume de travail dans le processus de croissance.

Le facteur capital peut ainsi prendre différentes formes qui sont des leviers de croissance. Au sens strict, il s’agit du capital physique ou capital technique, c’est-à-dire l’ensemble des ressources utilisées pour produire : machines, outillage, biens intermédiaires, matières premières. Dans un sens plus large, le capital recouvre à la fois le capital fixe (stock de biens durables, tels que des machines, destinés à en produire d'autres et le capital circulant (les matières premières par exemple) qui est voué à être transformé au cours du processus productif.

L'augmentation du stock de capital (ou investissement) semble essentielle à la croissance car le capital nouveau a un double effet :

  • Il augmente le volume de capital disponible pour la production
  • il intègre de nouveaux procédés, de nouvelles techniques qui le rendent encore plus productif. Les nouvelles générations de capital sont plus performantes que les anciennes et jouent donc un rôle important dans le processus de croissance.

La place du progrès technique

Le rôle des facteurs de production ne suffit pas à comprendre la croissance. L’analyse des 30 glorieuses en France a montré que la seule prise en compte des facteurs de production ne permettait d’expliquer que la moitié du phénomène (exercice 5, document 6). L’apparition d’un « résidu » non expliqué a contribué à mettre l’accent sur le rôle des gains de productivité permis par le progrès technique.

C’est la mesure de la productivité globale des facteurs (PGF) qui traduit le mieux cette partie de la croissance due à la meilleure efficacité des facteurs de production, qu’il s’agisse du facteur travail ou du facteur capital. Les gains de productivité accompagnent le plus souvent la croissance. A contrario, le ralentissement de la croissance semble corrélé à des pannes de productivité.

L’un des enjeux qui animent les économistes tient à l’avenir de la croissance et à la capacité des nouvelles technologies de l’information et de la communication et à l’intelligence artificielle à générer une croissance comme d’autres innovations ont pu, dans le passé, le faire.

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Notions

Somme des valeurs ajoutées et mesure la richesse d’un pays, c’est-à-dire la quantité de biens et de services produits dans un pays en une année.
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