La croissance économique - Mécanismes et concepts

Sommaire

Cycles longs, cycles courts : depuis la seconde moitié du 19e siècle, de nombreux économistes et statisticiens ont tenté de mettre en évidence l’existence de cycles économiques, qui peuvent s’étendre sur une plus ou moins longue période.

Joseph Kitchin a ainsi identifié des cycles d’une durée de 40 mois environ, conçus comme la succession de phases d’accélération et de décélération. Pour lui, ces phases s’expliquent par l’alternance de phases de production qui conduisent à un stockage de produits (croissance) et de phases de déstockage, qui correspondent à la phase de récession.

Avant lui, Clément Juglar, économiste français avait identifié des cycles plus longs, s’étendant sur des périodes de 8 à 10 ans, considérés comme des « cycles des affaires ». Juglar voit en effet l’alternance de phases de croissance et d’autres de crises comme intrinsèque au fonctionnement de l’économie : il y a d’abord une phase « d’expansion », marquée par une forte croissance, avec un retournement qui est la « crise » et amène une phase de dépression, où tous les indicateurs sont orientés à la baisse.

De son côté, Nikolaï Kondratiev met en évidence la succession de phases de forte croissance et d’autres de baisse des indicateurs économiques. La « phase A » est celle de la croissance, marquée par une hausse des prix et de la production, alors que la « phase B » est celle d’une tendance à la baisse. Joseph Schumpeter s’appuie sur ce modèle pour décrire les effets des innovations.

Déflater le PIB : les évolutions du PIB peuvent avoir deux origines : les variations de la production réelle et celles des prix. Pour mesurer la variation de la production, le PIB est donc « déflaté », c’est-à-dire qu’on cherche à mesurer la variation du seul PIB réel. Pour cela, un « déflateur » du PIB est utilisé. Ce déflateur est calculé à partir du rapport entre le PIB nominal et le PIB réel, calculé à partir d’une année de base. Il ne correspond pas à l’indice des prix à la consommation car il inclut aussi le prix des investissements, des importations et des exportations.

Destruction créatrice : processus théorisé par Joseph Schumpeter, la « destruction créatrice » modélise les effets des innovations sur la croissance économique. Pour lui, en période de croissance économique, il y a une forte création d’activités, qui viennent remplacer des secteurs devenus obsolètes. Dans cette phase de croissance, les créations sont supérieures aux destructions et les entreprises innovatrices bénéficient d’un pouvoir de marché, qui est temporaire. Dans un second temps, les entreprises innovatrices sont imitées, le marché devient plus concurrentiel. Il y a une phase de récession, dans laquelle les destructions deviennent supérieures aux créations. Il faut attendre une nouvelle phase d’innovations pour que la croissance reparte, ce qui enclenche un nouveau cycle de destruction créatrice. Cette destruction créatrice est caractéristique du capitalisme selon Schumpeter.

Étapes de la croissance : dans Les étapes de la croissance économique [1960], William Rostow schématise les différents stades que connaissent les pays passant d’économies traditionnelles à économies industrialisées :

- dans un premier temps, les pays sont caractérisés par des sociétés traditionnelles. La croissance économique est faible, il y a peu de progrès technique. L’économie est principalement agricole et elle est à la merci d’aléas climatiques, de conflits et d’épidémies qui empêchent son expansion

- la seconde étape, celle des « conditions préalables » est marquée par une valorisation du changement social et intellectuel, du progrès technique, de l’éducation. Favorisés par l’État, par les débuts du système bancaire, par l’apparition des premiers « entrepreneurs », ces changements se manifestent par une révolution démographique et agricole

- les pays peuvent alors connaître leur décollage ou « take-off », qui est une étape brève (de 10 à 30 ans selon Rostow) marquée par des bouleversements technologiques, une accélération de la croissance économique tirée par des gains de productivité dans l’industrie et l’agriculture et accompagnée d’une augmentation du taux d’épargne et d’investissement, le développement de secteurs « modernes », qui agissent comme des leading sectors, entraînant le reste de l’économie (Rostow identifie le textile et le chemin de fer comme secteurs de ce type). Ce décollage est favorisé par une évolution du cadre politique et réglementaire, et conduit à une croissance soutenue et régulière (autour de 2 % par an en moyenne)

- la « marche vers la maturité » est une période plus longue que la précédente. La croissance se maintient à un niveau élevé et l’investissement s’accélère, conduisant au développement de nouveaux secteurs. L’économie se spécialise peu à peu, ce qui permet son insertion dans les échanges internationaux. Cette phase est aussi marquée par une démocratisation politique

- la dernière étape est celle de la société de consommation de masse, marquée par une forte croissance des revenus et de la consommation

Innovations et grappes d’innovation : processus théorisé par Schumpeter. Pour lui, l’innovation prend d’abord la forme d’une innovation « fondamentale », qui bouleverse le processus de production. C’est cette innovation qui impulse la phase de croissance. Sur la base de cette innovation, de nombreuses innovations « incrémentales » se produisent et il y a une intense phase d’innovations, qui se produisent par « grappes » : une innovation en entraîne d’autres, qui, à leur tour, en entrainent d’autres. Par exemple, le développement de la machine à vapeur donne lieu à de nombreuses applications, qui entraînent la première phase de la révolution industrielle (production textile, transports, applications dans l’agriculture).

Modèle de croissance : modèle économique qui vise à expliquer la croissance économique et à faire de la prospective sur cette croissance. Ce modèle repose principalement sur une fonction de production, qui permet de mettre en rapport les facteurs de production et le produit national, le PIB.

Rendements d’échelle/ rendements factoriels : les rendements d’échelle correspondent au rapport entre la productivité et les variations de la production. Des rendements d’échelle croissants signifient que plus la production augmente et plus la productivité augmente. Ils signifient donc qu’il est possible de faire des « économies d’échelle ». À l’inverse, des rendements d’échelle décroissants signifient que la productivité diminue quand la production augmente.

Les rendements factoriels, eux, mesurent le rapport entre la productivité et la variation des facteurs de production. Par exemple, des rendements factoriels croissants signifient que lorsqu’on augmente la quantité de facteurs de production utilisés (le travail ou le capital), la productivité augmente.

Rente différentielle : Selon David Ricardo, dans les Principes de l’économie et de l’impôt,  « la rente est cette part du produit de la terre que l'on paie au propriétaire pour l'utilisation des facultés productives originelles et indestructibles du sol »

Cette rente est à l'origine de rendements décroissants : au fil de l'accroissement de la population, on cultive des terres de moins en moins fertiles. Or, c'est la terre la moins fertile qui est à l'origine du prix sur le marché. Toutes les terres plus fertiles permettent l'obtention d'une rente (qui est différentielle) : on cultive des terres de moins en moins fertiles et il faut donc utiliser de plus en plus de travail pour obtenir la même quantité de blé. Celui-ci est donc de plus en plus cher

La terre est payée, relativement à sa productivité, de plus en plus cher. En plus, comme le prix des denrées augmente, les salaires augmentent également. Cependant, cette hausse des salaires ne correspond pas à une amélioration du niveau de vie des individus.

Le profit, lui, baisse au fur et à mesure de la hausse des rentes et des salaires. (par ailleurs, il y a égalisation des taux de profit car le capital est mobile, c'est d'ailleurs ce qui explique que le profit ne détermine pas la valeur).

L'économie tend alors vers un état stationnaire (plus de croissance à long terme) : « une fin de l'accumulation ; car aucun capital ne pourra plus rapporter  le moindre profit, aucun travail additionnel ne sera demandé et la population aura atteint son niveau le plus élevé ».

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