La croissance économique - Dossier documentaire

Sommaire

Document 1 : PIB

Facile

Questions :

1)  Quelle est la différence entre le PIB courant et le PIB en parités de pouvoir d’achat ? Quel intérêt de mesurer le PIB en parités de pouvoir d’achat ?

2)  Comment le taux de croissance du PIB est-il calculé ?

3)  Comment a évolué le taux de croissance dans la plupart des pays et régions du monde en 2020 ?

4)  Comparez la croissance sur la période 2000/2010 et celle sur la période 2010/2020.

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1)  Quelle est la différence entre le PIB courant et le PIB en parités de pouvoir d’achat ? Quel intérêt de mesurer le PIB en parités de pouvoir d’achat ?

 Le PIB est le produit intérieur brut. Le PIB courant est celui qui est calculé avec les prix de l’année. Comparer les PIB courants des pays entre eux est trompeur car il y a des écarts entre les niveaux des prix et une même somme d’argent ne correspond donc pas au même pouvoir d’achat. Dans l’optique de mesurer la richesse et les inégalités entre pays, choisir le PIB courant pour établir des comparaisons risque donc de conduire à une surestimation des écarts. Pour ce faire, les économistes utilisent la méthode de la « parité des pouvoirs d’achat », c’est-à-dire que le PIB de chaque pays est calculé en tenant compte des écarts concernant le pouvoir d’achat. Cela permet de meilleures comparaisons.

2)  Comment le taux de croissance du PIB est-il calculé ?

Le taux de croissance rend compte de l’évolution du PIB d’une année à l’autre. Il se calcule comme un pourcentage de variation du PIB d’une année à l’autre. Pour rendre compte de la croissance réelle du PIB, ce pourcentage de variation est déflaté à l’aide du « déflateur du PIB ».

3)  Comment a évolué le taux de croissance dans la plupart des pays et régions du monde en 2020 ?

Dans la plupart des régions et pays mentionnés dans ce tableau, le PIB a diminué. On peut donc parler d’une crise économique, ou dépression. Cette crise est, bien-sûr, due à la crise sanitaire et aux mesures de confinement prises pour endiguer la propagation de la Covid-19. Notons que la Chine est le seul pays à avoir connu une croissance positive. Il y a tout de même eu une forte récession : la croissance a fortement ralenti.

4)  Comparez la croissance sur la période 2000/2010 et celle sur la période 2010/2020.

Dans toutes les régions et tous les pays du tableau, le taux de croissance annuel moyen du PIB est plus élevé sur la période 2000-2010 que sur la période 2010-2020. Par exemple, le PIB a crû de 3,4 % en moyenne chaque année entre 2000 et 2010 et seulement de 2,7 % sur la décennie suivante.

Document 2 : Croissance économique

Facile

Questions :

5)  À partir de quelle période la croissance économique s’accélère-t-elle ? Comment l’expliquer ?

6)  Montrez que la croissance n’a pas la même ampleur dans les différentes régions du monde.

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5)  À partir de quelle période la croissance économique s’accélère-t-elle ? Comment l’expliquer ?

La croissance économique reste en-dessous de 0,2 % d’augmentation du PIB par an dans la plupart des pays et régions de l’étude jusqu’en 1820. La seule zone qui fait exception est celle des pays d’immigration européenne, qui connaissent une croissance plus précoce, du fait de la croissance démographique. C’est sur la période 1820-1998 que les pays connaissent leur « décollage » économique, avec une croissance moyenne plus soutenue. Cela s’explique par la révolution industrielle, puis des changements technologiques et économiques profonds.

6)  Montrez que la croissance n’a pas la même ampleur dans les différentes régions du monde.

Sur la période 1820-1998, Maddison identifie deux groupes : le groupe A comprend tous les pays qui ont connu une forte croissance moyenne, s’approchant des 2 % par an. Le groupe B, lui, comprend des pays qui ont vu leur PIB augmenter, en moyenne, de 1 % par an environ. L’écart peut s’expliquer par une différence dans l’intensité de la croissance, mais aussi par des décalages dans le temps. Si un pays n’a vu son PIB croître qu’à partir de 1950, par exemple, son taux de croissance annuel moyen sur la période démarrant en 1820 est faible.

Document 3 : PIB par tête

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Questions :

7)  À partir de quand le PIB par habitant commence-t-il à croître fortement en Asie de l’est ?

8 )  Quels sont les facteurs qui ont pu permettre cette croissance ?

9 )  Quelle est l’évolution du PIB par habitant en Afrique ?

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7)  À partir de quand le PIB par habitant commence-t-il à croître fortement en Asie de l’est ?

De 1870 aux années 1950, le PIB par habitant reste relativement stable en Asie de l’est. À partir des années 1950, il augmente fortement. Ainsi, ce PIB est d’un peu plus de 1000 dollars PPA par habitant en 1950, il atteint les 10 000 dollars PPA par habitant en 2020.

8 )  Quels sont les facteurs qui ont pu permettre cette croissance ?

Cette croissance est due à l’insertion progressive des pays de l’Asie de l’est dans les échanges mondiaux, ainsi qu’au développement, dans ces pays, d’activités économiques de plus en plus intensives en technologie.

9 )  Quelle est l’évolution du PIB par habitant en Afrique ?

Pour l’Afrique, les données ne commencent qu’à la fin des années 1950. Jusqu’aux années 1980, la croissance est forte en Afrique, qui semble suivre la même tendance que l’Asie de l’est, avec un PIB par habitant plus élevé. Cependant, l’ensemble de la décennie 1980-1990 est marquée par une chute du PIB par habitant en Afrique, qui ne connaît un retour de la croissance de ce PIB que dans les années 2000. On a parlé d’une « décennie perdue », due à la chute du cours de certaines matières premières, à des troubles géopolitiques, ainsi qu’à des épidémies et pandémies qui ont joué contre la croissance dans de nombreux pays africains.

Document 4 : Innovation

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L’île fut [...] le théâtre précoce, dès les années 1730, de la révolution industrielle engendrée par une série de facteurs : invention technique, investissement capitalistique, baisse des coûts agricoles, salaires manufacturiers élevés, apparition de marchés… La Grande-Bretagne fut à l’origine de plus de 40 % des grandes innovations techniques et découvertes scientifiques entre 1750 et 1800. La navette volante (1733), les progrès et la généralisation de la mécanisation pour le filage et le cardage, l’emploi de la force hydraulique (la mule-jenny de Samuel Crompton, 1779) décuplèrent la productivité et virent l’essor, autour de Manchester ou Leeds, d’une industrie cotonnière, la première du royaume avec 40 % de la valeur des exportations à la fin du siècle. L’industrie du fer connut de sensibles progrès avec l’emploi du coke, l’invention de procédés comme le puddlage et l’amélioration du laminage. Sheffield et Birmingham commencèrent à produire en masse des outils et de la quincaillerie en fer. Le perfectionnement de la machine à vapeur de Thomas Newcomen (1712) par James Watt dans les années 1760 permit d’améliorer le drainage des mines, le laminage du fer et de nombreux autres procédés industriels. [...]

L’intégration du marché national se fit, à partir des années 1730, par le déploiement d’un réseau routier modernisé par le biais d’impopulaires péages : s’il fallait plus de quatre jours pour rejoindre Londres depuis York en 1700, il n’en fallait plus qu’un en 1800. Un dense réseau de canaux et voies navigables (1 400 kilomètres en 1760) assura le transport des marchandises. Entre 1690 et 1800, la valeur des exportations fut multipliée par 7 et le PIB par 2,5

Source : Jean-François Dunyach, Histoire de la Grande-Bretagne, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2021

Questions :

10) Comment les innovations génèrent-elles de la croissance économique lors de la révolution industrielle ?

11)  À l’aide du document, illustrez la notion de « grappe d’innovation ».

12)  Quels sont les autres facteurs identifiés par l’auteur qui ont pu favoriser cette croissance économique ?

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10) Comment les innovations génèrent-elles de la croissance économique lors de la révolution industrielle ?

Les innovations augmentent la productivité du travail. On peut l’illustrer avec le développement des techniques dans l’industrie textile (par exemple, la mule-jenny). Elles permettent aussi de nouvelles manières de produire. Elles participent de la révolution industrielle qui fait que le PIB britannique a été multiplié par 2,5 entre 1690 et 1800.

11)  À l’aide du document, illustrez la notion de « grappe d’innovation ».

La notion de grappe d’innovation peut être illustrée avec l’exemple de la machine à vapeur. Son perfectionnement par James Watt est appliqué à de nombreux domaines industriels. On peut prendre ceux qui sont mentionnés dans le texte : laminage du fer et drainage des mines, mais penser aussi à l’application de cette machine dans le domaine des transports (chemin de fer) par exemple.

12)  Quels sont les autres facteurs identifiés par l’auteur qui ont pu favoriser cette croissance économique ?

D’autres facteurs que le progrès technique sont avancés pour expliquer la croissance due à la révolution industrielle :

  • l’investissement en capital
  • la baisse des coûts agricoles (notamment du fait de modifications dans les manières de produire)
  • hausse des salaires (permise par la hausse des gains des entreprises notamment)
  • l’apparition de nouveaux marchés (en particulier à l’international)
  • l’amélioration du réseau de transport.

Il faut bien noter que tous ces facteurs sont liés entre eux.

Document 5 : Croissance forte

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Après la Seconde Guerre mondiale, le monde occidental connaît une phase de croissance forte et prolongée. Le modèle de production fordiste se généralise à l’ensemble de l’industrie. La production de masse, les innovations technologiques impulsent la productivité du travail.

L’Europe et la France profitent de cette vague d’innovations à laquelle s’ajoutent deux phénomènes spécifiques : la reconstruction, à la suite des dommages de la guerre sur les biens productifs ou résidentiels, et le rattrapage technologique sur les États-Unis. Ce double effort d’investissement en capital et en technologie engendre une croissance de la productivité du travail de l’ordre de 5 % par an. À ce rythme, la production par individu double tous les quatorze ans.

Source : Éric Heyer, Xavier Timbeau, « L’économie française depuis un demi-siècle », dans : OFCE , L'économie française 2022, La Découverte, « Repères », 2021

 

Questions :

13)  Quel nom donne-t-on usuellement à la période de forte croissance de l’après seconde guerre mondiale ?

14)  Comment expliquer la forte croissance de la productivité du travail sur cette période en France ?

15)  Comment cette croissance de la productivité du travail entraîne-t-elle une forte croissance économique ?

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13)  Quel nom donne-t-on usuellement à la période de forte croissance de l’après seconde guerre mondiale ?

Depuis la parution de l’ouvrage de Jean Fourastié, la période de forte croissance de l’après seconde guerre mondiale (qui a duré environ de 1950 à 1974 en France) est nommée les « Trente Glorieuses ».

14)  Comment expliquer la forte croissance de la productivité du travail sur cette période en France ?

Cette forte croissance de la productivité s’inscrit dans un contexte mondial de fort progrès technique. De nombreuses innovations (de produit et de procédé) ont favorisé la croissance. Cette dernière est aussi permise par le « compromis fordiste » par lequel les gains de productivité conduisent à des hausses de salaire, qui alimentent la demande et donc la croissance économique.

En France, la hausse de la productivité du travail s’explique aussi par une vague d’investissements liés à la reconstruction et l’adoption de technologies qui permettent un « rattrapage » des pays situés à la frontière technologique (principalement les États-Unis)

15)  Comment cette croissance de la productivité du travail entraîne-t-elle une forte croissance économique ?

Le travail est l’un des deux facteurs de production. Une hausse de la productivité du travail conduit à ce que chaque unité de travail produise, en moyenne, plus. La production globale augmente donc (à quantité de travail constante), ce qui signifie qu’il y a croissance économique.

Document 6 : Profits

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Dans tout le cours de cet ouvrage, j’ai cherché à prouver que le taux des profits ne peut jamais hausser qu’en raison d‘une baisse des salaires, et que cette baisse ne peut être permanente qu’autant qu’il y aura une diminution dans le prix des denrées que l’ouvrier achète avec ses gages. Si, par l’accroissement du commerce étranger, ou par des perfectionnements dans les machines, on peut fournir aux travailleurs la nourriture et les autres objets de première nécessité à plus bas prix, les profits hausseront. Si, au lieu de récolter du blé chez nous, et de fabriquer nous-mêmes l’habillement et les objets nécessaires pour la consommation de l’ouvrier, nous découvrons un nouveau marché où nous puissions nous procurer ces objets à meilleur compte, les salaires devront baisser et les profits s’accroître. Mais, si ces choses que l’on obtient à meilleur compte, soit par l‘extension du commerce étranger, soit par le perfectionnement des machines, ne servent qu’à la consommation des riches, le taux des profits n'éprouvera pas de changement. Le taux des salaires ne saurait changer, quoique le vin, les velours, les soieries ; et autres objets de luxe, éprouvent une baisse de 50 pour cent ; et par conséquent les profits resteront les mêmes.

 

C’est pourquoi le commerce étranger, très avantageux pour un pays, puisqu’il augmente le nombre et la variété des objets auxquels on peut employer son revenu, et qu’en répandant avec abondance les denrées à bon marché, il encourage les économies et favorise l’accumulation des capitaux, ce commerce, dis-je, ne tend nullement a accroître les profits du capital, à moins que les articles importés ne soient de la nature de ceux que l’ouvrier consomme.

Source : David Ricardo, Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817

 

Questions :

16)  Comment le commerce international peut-il permettre d’augmenter les profits selon Ricardo ?

17)  Quel doit être l’effet de la hausse des taux de profits sur la croissance économique selon Ricardo ?

18)  Quelle limite à l’effet du commerce international sur la croissance est identifiée à la fin de l’extrait ?

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16)  Comment le commerce international peut-il permettre d’augmenter les profits selon Ricardo ?

Dans le modèle de Ricardo, la croissance est ralentie par la baisse des taux de profit. Ces profits diminuent car les salaires (et les rentes) augmentent. Cependant, avec le commerce international, le prix des produits de consommation des salariés baisse et il est possible de réduire les salaires.

17)  Quel doit être l’effet de la hausse des taux de profits sur la croissance économique selon Ricardo ?

Cette réduction des salaires augmente le profit, qui doit être considéré comme « ce qui reste » une fois la rente et les salaires payés. Le profit est alors utilisé pour produire davantage.

18)  Quelle limite à l’effet du commerce international sur la croissance est identifiée à la fin de l’extrait ?

David Ricardo interroge l’effet du commerce international en posant que si ce commerce est fait pour obtenir des produits qui ne sont pas consommés par les travailleurs (des produits de luxe par exemple), son effet sur les salaires sera nul et donc son effet sur la croissance également. Il pose ainsi le problème de la répartition des gains liés au commerce international.

Document 7 : Destruction créatrice

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Le capitalisme, répétons-le, incarne, de par sa nature, un type ou une méthode de transformation économique et, non seulement il n’est jamais stationnaire, mais il ne pourrait jamais le devenir. [...]

[…] l'histoire de l'équipement productif d'une ferme typique, à partir du moment où furent rationalisés l'assolement, les façons culturales et l'élevage jusqu'à aboutir à l'agriculture mécanisée contemporaine – débouchant sur les silos et les voies ferrées, – ne diffère pas de l'histoire de l'équipement productif de l'industrie métallurgique, depuis le four à charbon de bois jusqu'à nos hauts fourneaux contemporains, ou de l'histoire de l'équipement productif d'énergie, depuis la roue hydraulique jusqu'à la turbine moderne, ou de l'histoire des transports, depuis la diligence jusqu'à l'avion. L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l’U.S. Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle [...] qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce « processus de Destruction Créatrice » constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter.

Source : Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942

 

Questions :

19)  Quel est le principal facteur d’évolution économique selon Schumpeter ?

20)  Expliquez l’expression de « destruction créatrice ».

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19)  Quel est le principal facteur d’évolution économique selon Schumpeter ?

Pour Joseph Schumpeter, c’est l’innovation qui est à la source de la croissance économique. Dans cet extrait, il présente l’évolution technique de la production agricole (rationalisation de la production, puis mécanisation), celle de l’industrie métallurgique, celle des transports. L’innovation prend différentes formes : nouveaux produits (par exemple l’avion), nouveaux procédés (rationalisation de l’assolement), nouvelles sources de matières premières (acier, par exemple), mais aussi de nouveaux marchés et de nouvelles organisations du marché (« entreprises amalgamées).

20)  Expliquez l’expression de « destruction créatrice ».

L’innovation a un effet sur la croissance, mais elle bouleverse aussi toute la structure économique par un processus de destruction créatrice. Elle tend à détruire une partie de cette structure en rendant obsolètes un nombre important d’entreprises et de secteurs d’activité et en crée de nouveaux, qui les remplacent. Ce processus est caractéristique, selon Schumpeter, du capitalisme.

Document 8 : L'émergence des Gafam

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L'émergence des Gafam, favorisée par la révolution des TIC, s’est accompagnée d’un sursaut de croissance entre 1995 et 2005 aux États-Unis. Problème : ces entreprises sont devenues hégémoniques, elles ont envahi tous les secteurs de l’économie, ce qui a fini par décourager les autres entreprises d’innover.

D’où le ralentissement de la croissance de la productivité depuis 2005. On retrouve ici le dilemme de la destruction créatrice :  peu à peu les Gafam sont devenues des empires, qui ont tout englouti, ce qui a freiné la création d’entreprise, l’innovation, et in fine la croissance. Pour empêcher ce ralentissement, il aurait fallu mettre en place une politique de concurrence adaptée aux TIC et au numérique : une politique empêchant notamment des fusions et acquisitions de nature à décourager l’entrée de nouvelles entreprises innovantes sur le marché

Source : Philippe Aghion, « C’est par l’innovation que nous sortirons de cette crise », propos recueillis par Louise Mussat, CNRS Le journal, 2020 

 

Questions :

21) Comment l’innovation dans les TIC a-t-elle joué sur la croissance économique ?

22)  Qu’est-ce que Philippe Aghion appelle le « dilemme de la destruction créatrice » ?

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21) Comment l’innovation dans les TIC a-t-elle joué sur la croissance économique ?

Dans un premier temps, l’innovation dans les technologies de l’information et de la communication a stimulé la croissance, en augmentant la productivité du travail aux États-Unis, notamment sous l’impulsion des « Gafam » (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Cependant, si cette croissance a été assez forte dans une phase intense d’innovations entre 1995 et 2005, elle a ensuite ralenti du fait de l’augmentation de la taille de ces entreprises qui ont freiné l’innovation.

22)  Qu’est-ce que Philippe Aghion appelle le « dilemme de la destruction créatrice » ?

Philippe Aghion reprend à Schumpeter le concept de destruction créatrice : l’innovation détruit des secteurs ou entreprises rendus obsolètes et en crée de nouveaux, plus dynamiques. Cependant, comme Schumpeter, il pointe les effets potentiellement négatifs de ce processus. Il insiste notamment sur le fait que les entreprises nouvellement créées connaissent une forte croissance qui leur donne un important pouvoir de marché (Schumpeter parlait de monopole temporaire). Si ce pouvoir de marché peut être favorable à l’innovation dans un premier temps, il peut ensuite se transformer, en quelque sorte, en rente, qui freine de nouvelles innovations : l’entreprise innovante cherche à consolider sa position et empêche la survenue de nouvelles innovations, ce qui finit par être défavorable à la croissance économique.

 

Document 9 : Croissance et contributions à la croissance (en%)

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Questions :

23) Caractérisez la croissance économique française sur la période allant de 1951 à 1969.

24) Quelle part de la croissance s’explique par le résidu sur cette période, et sur chacune des sous-périodes ?

25)  Que peut-on en déduire quant aux facteurs de croissance ?

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23) Caractérisez la croissance économique française sur la période allant de 1951 à 1969.

Sur l’ensemble de la période, le PIB augmente de 5 % chaque année en moyenne. Le taux de croissance annuel moyen est de 4,7 % sur la période allant de 1951 à 1957 et de 5,1 % pour les deux périodes suivantes. Cette forte croissance économique est l’une des caractéristiques de la période dite des « Trente Glorieuses » en France (1950-1974).

24) Quelle part de la croissance s’explique par le résidu sur cette période, et sur chacune des sous-périodes ?

Le « résidu » explique 2,5 points des 5 % de croissance selon l’estimation de Carré, Dubois et Malinvaud, soit la moitié de la croissance économique. La part de ce résidu est particulièrement forte entre 1951 et 1957 (2,6 points sur 4,7%), elle décroît ensuite légèrement, mais le résidu reste la principale contribution à la croissance économique sur chacune des sous-périodes.

25)  Que peut-on en déduire quant aux facteurs de croissance ?

Sur l’ensemble de la période, le facteur travail (décomposé ici en volume de l’emploi, durée du travail, qualité du travail – qui est mesurée par l’âge, le niveau d’instruction et « l’intensité » du travail)  joue peu sur la croissance : environ 1 point sur les 5 % de croissance. Le facteur capital explique 1,5 points de croissance, mais c’est donc le résidu qui est la plus forte contribution à la croissance. Ce résidu, « mesure de notre ignorance » peut, plus ou moins être assimilé au progrès technique sous toutes ses formes : la croissance économique du début des Trente Glorieuses serait donc largement stimulée par ce progrès technique.

 

Document 10 : Croissance du PIB

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Questions :

26) Sur l’ensemble de la période, quelle part de la croissance semble s’expliquer par la productivité globale des facteurs aux États-Unis et dans la zone euro ?

27)  Comment a évolué cette PGF aux États-Unis et dans la zone euro ?

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26) Sur l’ensemble de la période, quelle part de la croissance semble s’expliquer par la productivité globale des facteurs aux États-Unis et dans la zone euro ?

Aux États-Unis, le PIB  a augmenté en moyenne d’environ 4 % par an entre 1913 et 2014, la PGF a contribué pour environ 1,8 point à cette croissance. Dans la zone euro, la croissance moyenne est d’un peu plus de 3 % par an, la PGF contribue pour près de 2 points. Sur ces cent ans, en moyenne, la PGF a donc plus contribué à la croissance dans la zone euro qu’aux États-Unis.

27)  Comment a évolué cette PGF aux États-Unis et dans la zone euro ?

Sur la période 1913-1950, la PGF contribue pour environ 2,5 points à une croissance économique annuelle de plus de 4 % en moyenne aux États-Unis, elle explique aussi plus de la moitié de la croissance dans la zone euro (1 point pour 2%), mais dans un contexte où la croissance est beaucoup moins forte. Aux États-Unis, sur les deux périodes suivantes, la croissance ralentit et la contribution de la PGF à la croissance diminue, la croissance économique est davantage tirée par l’accumulation des facteurs de production. À l’inverse, la période 1950-1975 voit la croissance accélérer fortement dans la zone euro (près de 6 % en moyenne par an de taux de croissance), avec une très forte contribution de la PGF (environ 3,5 points). Cette période est notamment marquée par un rattrapage technologique de la zone euro. Lors de la période suivante, la PGF continue à contribuer très fortement à la croissance, mais cette dernière ralentit.

Entre 1995 et 2015, on observe que la PGF contribue fortement (près de 2 points) à une croissance qui accélère, c’est en partie dû aux innovations liées aux TIC. À l’inverse, sur cette période, la PGF contribue relativement peu à la croissance économique de la zone euro, alors que la contribution du taux d’emploi augmente assez fortement. Sur la dernière période, la PGF contribue pour un peu moins d’un point à une croissance économique de 2 % en moyenne aux États-Unis, sa contribution diminue donc en proportion, dans la zone euro, la croissance économique est faible, environ 1 % et la contribution de la PGF est minime. La crise économique a plus fortement touché la zone euro, qui n’a pas pu compter, non plus, sur des innovations pour connaître une croissance plus forte.

 

Document 11 : Décomposition de la croissance du PIB

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Questions :

28) Comment a évolué la croissance économique en Afrique subsaharienne entre 2000-2005 et 2005-2010 ?

29)  Comment se décompose cette croissance entre 2000 et 2005 ?

30)  Quel facteur semble expliquer l’évolution du taux de croissance moyen entre les deux périodes ?

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28) Comment a évolué la croissance économique en Afrique subsaharienne entre 2000-2005 et 2005-2010 ?

Alors qu’entre 2000 et 2005, le PIB augmente de 1,5 % en moyenne chaque année, la croissance économique passe à 2,4 % par an en moyenne entre 2005 et 2010. Il y a donc eu une forte accélération de la croissance économique en Afrique subsaharienne entre ces deux périodes.

29)  Comment se décompose cette croissance entre 2000 et 2005 ?

Entre 2000 et 2005, la contribution du capital à la croissance est très faible (environ 0,1 point). À l’inverse, le facteur travail contribue beaucoup, que ce soit en volume (0,5 point en tout pour la croissance de la population en âge de travailler et celle du taux d’emploi) ou en qualité (0,4 point pour le niveau d’éducation par travailleur). La PGF contribue pour un tiers environ à la croissance économique.

30)  Quel facteur semble expliquer l’évolution du taux de croissance moyen entre les deux périodes ?

L’accélération de la croissance économique entre les deux périodes semble s’expliquer principalement par une augmentation de la contribution du facteur capital : cette contribution passe de 0,1 point à 1 point. Une partie non négligeable de ce plus grand investissement en capital est sans doute due à une plus forte attractivité pour les investissements étrangers.

Document 12 : Trois facteurs de croissance endogène

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Question :

31)  Illustrez chacune des théories de la croissance présentées dans ce document.

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31)  Illustrez chacune des théories de la croissance présentées dans ce document.

 

Chacune des théories de la croissance endogène peut être illustrée en explicitant les externalités positives générées par les investissements en connaissances, en capital humain ou en infrastructures :

  • pour le modèle de Romer : une production plus importante (due par exemple à un investissement en capital) permet des investissements en connaissances, par des dépenses de recherche et développement. Ces dépenses génèrent des innovations, qui peuvent être bénéfiques à d’autres entreprises. Les « clusters », ou pôle de compétitivité reposent sur cette logique. Michael Porter les définit comme des « réseaux d’entreprises et d’institutions proches  géographiquement et interdépendantes, liées par des métiers, des technologies et des savoir-faire communs », au sein de ces clusters, l’innovation d’une entreprise tend à profiter aux autres, sans que ces dernières ne rémunèrent toujours directement l’innovatrice. Ces innovations créent de la croissance, qui est alors endogène
  • pour celui de Barro : les investissements dans les infrastructures sont bénéfiques à la collectivité et génèrent des externalités positives. Par exemple, la mise en place d’un réseau de transport efficace réduit le temps de trajet des travailleurs et élargit le bassin de recrutement des entreprises. Tout ceci peut accroître la productivité du travail dans les entreprises desservies par ce réseau, ce qui accélère la croissance.
  • pour celui de Lucas : la croissance économique permet un investissement plus important dans l’éducation et la formation des travailleurs. Par exemple, quand une entreprise investit dans la formation de ses salariés, elle augmente leur productivité (par exemple, si elle les forme à l’apprentissage d’une langue étrangère), ce qui stimule la production et donc la croissance. Cet investissement est générateur d’externalités positives, d’une part car les salariés formés peuvent quitter l’entreprise pour une autre, et d’autre part car leur formation peut augmenter la productivité de salariés de leurs entreprises partenaires.

À chaque fois, l’existence d’externalités positives induit que les acteurs privés risquent de sous-investir, ce qui invite à une intervention de l’État pour internaliser cette externalité ou prendre en charge tout ou partie de l’investissement.

Document 13 : Décollage économique

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«Tout le travail empirique que nous avons effectué montre très clairement l’existence d’un lien de causalité entre les institutions économiques participatives (celles qui encouragent une large participation des différents groupes de la société, assurent le respect des droits de propriété, empêchent les expropriations)  et la croissance économique, affirme [Daron] Acemoglu. En revanche, le lien inverse qui va de la croissance aux institutions politiques démocratiques n’est pas aussi clair.»
[Il] pose le principe que l’action des pouvoirs publics et  les institutions jouent un rôle central dans le processus de croissance sur le long terme. En s’appuyant sur cette théorie, l’auteur  répond à deux questions essentielles : pourquoi l’économie mondiale n’a-t-elle pas connu une croissance soutenue avant 1800 ?  Et pourquoi le décollage économique a-t-il eu lieu vers 1800 et  en Europe occidentale ?
Selon l’auteur, s’il n’y a pas eu de croissance soutenue avant 1800,  c’est, premièrement, parce qu’aucune société avant cela n’avait investi dans le capital humain, laissé les nouvelles entreprises introduire de nouvelles techniques et généralement laissé libre cours à  la destruction créatrice; et, deuxièmement, parce que, avant 1800,  toutes les sociétés vivaient sous des régimes politiques autoritaires.

Quant au décollage économique, s’il s’est produit d’abord en Europe  occidentale, c’est parce que le commerce international s’est accru avec la découverte du Nouveau Monde et l’ouverture de nouvelles  routes maritimes. Le développement des échanges internationaux a stimulé l’activité commerciale et conféré davantage de pouvoir  économique et politique à une nouvelle classe de marchands, de  négociants et d’industriels, qui ont alors commencé à fonctionner indépendamment des monarchies européennes.

Source : Simon Wilson, « Un trublion éclectique », Finances & Développement, 2010

 

Questions :

32)  Comment Daron Acemoglu explique-t-il que le décollage économique n’a pas eu lieu avant 1800 ?

33)  Illustrez les effets positifs de la démocratie sur la croissance économique.

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32)  Comment Daron Acemoglu explique-t-il que le décollage économique n’a pas eu lieu avant 1800 ?

Pour Daron Acemoglu, ce qui a empêché le décollage économique avant 1800, c’est d’une part l’absence d’investissement en capital humain et d’innovations, et d’autre part l’absence de régimes politiques démocratiques. Les institutions n’étaient donc pas favorables à la croissance économique selon lui.

33)  Illustrez les effets positifs de la démocratie sur la croissance économique.

La démocratie est favorable à l’esprit d’initiative et d’innovation. Elle tend à supprimer des privilèges et s’accompagne d’une possibilité de mobilité sociale. Cette possibilité peut fonctionner comme un aiguillon pour l’initiative économique.

Document 14 : Stagnation séculaire

Facile

Deux raisons très différentes peuvent expliquer une faible croissance économique : soit la capacité d’une économie à croître est limitée, soit la croissance de sa demande globale est faible, poussant la croissance de la production à suivre la même tendance.

Le cas d’une capacité limitée à croître peut apparaître, par exemple lorsque la croissance de la main d’oeuvre est nulle (voire négative) et que le rythme des évolutions techniques est si faible qu’il compense à peine une croissance négative de la main-d’oeuvre. Si le stock de capital a été optimisé en fonction de ces deux conditions, l’investissement net sera négligeable. Plusieurs économies majeures sont entrées dans une période de déclin de la main-d’oeuvre – la Chine, la Russie, le Japon, l’Allemagne, pour nommer les plus importantes (d’autres suivront) – bien que de potentielles évolutions techniques continuent d’être disponibles. [...]. L’association d’une faible croissance de la main-d’oeuvre et d’un rythme lent de l’innovation pourrait conduire à une période de stagnation, ou du moins à une période de croissance économique bien plus faible que celle à laquelle s’était habitué le monde ces cinquante dernières années. Par ailleurs, un goût accru pour les loisirs pourrait diminuer la croissance du produit intérieur brut (PIB), sans diminuer celle du bien-être.

Une autre source de stagnation séculaire surgit lorsque la demande globale ne croît que lentement ou pas du tout. Cela peut se produire même si l’économie a la capacité potentielle de produire davantage. [...]

Cette demande globale déficiente peut apparaître lorsque dans une société, le choix de l’épargne dépasse celui de l’investissement dans les entreprises.

Source : Richard Cooper, « Stagnation séculaire ? », Revue d’économie financière, Association d’économie financière, 2016

 

Questions :

34)  Dans l’explication de la stagnation séculaire par une faible « capacité à croître », quelles sont les causes de cette stagnation séculaire ?
35)  Comment peut-on lier la deuxième explication de la stagnation séculaire donnée dans ce texte à la théorie keynésienne ?

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34)  Dans l’explication de la stagnation séculaire par une faible « capacité à croître », quelles sont les causes de cette stagnation séculaire ?

Les causes de la stagnation séculaire peuvent être lues à l’aune de la décomposition de la croissance en facteurs de production. La stagnation, voire la diminution de la quantité de facteur travail disponible peut être un frein important à la croissance économique. Elle peut se produire en cas de vieillissement de la population. Cette diminution de la contribution du facteur travail peut être compensée par le progrès technique et c’est donc le ralentissement de ce progrès technique qui peut être une autre cause de stagnation. Si le facteur travail est pleinement mobilisé et le progrès technique est faible, l’investissement sera également faible (il se composera quasiment exclusivement d’un investissement de remplacement).


35)  Comment peut-on lier la deuxième explication de la stagnation séculaire donnée dans ce texte à la théorie keynésienne ?

La stagnation séculaire peut trouver ses causes du côté de la demande. Dans une optique keynésienne, c’est la demande (effective) qui oriente l’offre : si cette demande est faible, les entreprises produisent peu. L’extrait donné fait la filiation avec cette perspective keynésienne en faisant de l’épargne une limite de la croissance économique, qui serait davantage stimulée par un surcroît d’investissement ou de consommation que par une forte épargne.

 

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