Défaillances de marché

Définition :

Situation où le marché concurrentiel ne suffit pas à atteindre l’optimum collectif, soit parce que les biens ou services ne peuvent être fournis de façon marchande, soit parce que le prix ne reflète pas toute l’information nécessaire. Il y a trois grandes défaillances de marché : la présence d’externalités, l’existence de biens collectifs et l’asymétrie d’information.

L'essentiel :

Les défaillances de marché montrent les limites du marché dans la possibilité d’atteindre un équilibre optimal. En l’absence de ces défaillances, les économistes néoclassiques indiquent que le marché, en concurrence pure et parfaite, permet d’atteindre un optimum social, ce n’est plus le cas en présence de défaillances de marché. Ces défaillances appellent une correction, qui est souvent prise en charge par les pouvoirs publics.

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Le marché est défaillant en présence d’externalités, qu’elles soient positives ou négatives. C’est l’économiste britannique Alfred Marshall qui a, le premier, formalisé la notion d’externalités ou effets externes. Par cela, on désigne les effets d’une activité économique qui n’ont pas de conséquences sur les prix du marché. Les externalités peuvent être négatives : une activité économique réduit le bien-être de certains agents économiques, sans que ces agents ne soient indemnisés pour cette perte de bien-être. La pollution est un exemple d’externalité négative. Une externalité peut être positive également, c’est le cas des dépenses de recherche-développement. Arthur Pigou est l’un des premiers à avoir théorisé la façon d’internaliser les externalités, c’est-à-dire de corriger les conséquences de ces effets externes et faire en sorte qu’ils soient pris en compte dans les prix du marché. Pour lui, les taxes et subventions doivent permettre cette correction des prix avec, par exemple, le principe du « pollueur payeur », dont une illustration peut être l’écotaxe. Cependant, l’économiste Ronald Coase a montré que cette solution n’était pas la seule envisageable et les externalités peuvent également être corrigées par la réglementation ou encore par une solution de marché. L’exemple le plus parlant de cette dernière solution est celui des marchés de droit à polluer.

 

Les produits « classiques » sur le marché ont deux caractéristiques : ils sont « rivaux », c’est-à-dire que l’utilisation d’un produit par un agent économique empêche les autres agents économiques de l’utiliser simultanément et ils sont « excluables » (ou « exclusifs ») : il est possible d’en réserver l’usage à ceux qui ont payé. Certains produits n’ont pas ces deux caractéristiques et sont donc non-rivaux et non-excluables, ce sont les biens publics, ou biens collectifs. C’est le cas, par exemple de la lumière d’un phare, ou de la défense nationale, qui sont, de plus, des biens collectifs « purs », dans le sens où leur consommation est obligatoire. Ces biens collectifs ne peuvent être fournis par le marché car il est impossible de les vendre. Le plus souvent, ce sont les pouvoirs publics qui les fournissent. Les biens communs sont des produits (le plus souvent des services) qui sont également non-excluables, mais rivaux. Ils risquent de connaître une surexploitation et ne peuvent être fournis de façon marchande. Là aussi, une solution peut être leur prise en charge par les pouvoirs publics, mais l’économiste Elinor Ostrom a montré que la gouvernance des biens communs pouvait prendre d’autres formes, notamment communautaires.

 

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Enfin, le marché est défaillant quand l’information est imparfaite et en particulier en présence d’asymétries d’information. Le manque d’information peut concerner le produit échangé. C’est un point sur lequel s’est penché George Akerlof, qui a étudié les conséquences des asymétries d’information sur l’échange marchand. Dans un article fondateur, il montre que l’asymétrie d’information sur le marché de la voiture d’occasion rend le marché défaillant : puisque les acheteurs ne connaissent pas la qualité de la voiture qu’ils achètent, ils ne sont prêts à payer qu’un prix correspondant à une voiture de mauvaise qualité. Les vendeurs de voitures de qualité retirent alors leur produit du marché et les « mauvaises voitures chassent les bonnes », il y a alors un phénomène d’antisélection ou sélection adverse. L’asymétrie d’information peut aussi concerner le comportement de l’un des agents une fois l’échange effectué. On est alors en présence d’un « aléa moral », caractéristique des marchés d’assurance par exemple : une fois le contrat d’assurance noué, l’assuré sait quel sera son comportement, ce qui n’est pas le cas de l’assureur. En présence de sélection adverse, l’enjeu de la régulation est la révélation de l’information cachée, elle peut être rendue obligatoire par les pouvoirs publics (exemple du contrôle technique pour les voitures d’occasion) ou facilitée par l’existence de certifications. En présence d’aléa moral, l’objectif est de contrôler le comportement des agents économiques, soit par des mécanismes de sanction des mauvais comportements, soit par des mécanismes d’incitation, favorisant les bons comportements.

 

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