QUESTION 2 : comprendre que la déviance et/ou la désignation d'un acte comme déviant se définissent comme une transgression des normes et qu'elles revêtent des formes variées selon les sociétés et, en leur sein, selon les groupes sociaux.

Sommaire

1) la déviance se définit par rapport aux normes, elle est donc aussi relative à la période

Nous avons donc compris que la déviance se détermine comme le comportement transgressif d'une norme. Or nous avons montré dans la question 1 que les normes sont elles-même variables puisque socialement , historiquement et géographiquement situées. C'est ainsi que la déviance ne peut-être définie et délimitée de façon figée et qu'elle n'existe pas en tant que telle. La déviance est donc relative et ne se réduit pas à une simple catégorie statistique révélée par un écart à la moyenne; pour qu'il y ait déviance il faut une norme de groupe et pas seulement une opinion majoritaire.

Certains comportements jugés autrefois déviants peuvent être considérés comme «normaux» aujourd'hui: par exemple, l'homosexualité ou encore élever un enfant dans le cadre d'une famille monoparentale. De même que des comportements autrefois caractérisés comme normaux sont aujourd'hui identifiés comme déviants, par exemple fumer dans les lieux publics ou encore donner une fessée à un enfant.

 

2)Comme les normes, la déviance est également relative selon les groupes sociaux

La déviance est également relative selon les groupes sociaux étudiés; on peut illustrer cet aspect à partir de nombreux exemples; la minceur extrême de certains mannequins est considérée comme normale dans le milieu de la mode et déviante hors de ce contexte, ou encore le refus de manger des aliments issus de l 'exploitation animale est une pratique normale dans les groupes vegan et déviante pour d'autres consommateurs.

 

3) la déviance est relative selon l'espace

La déviance est également géographiquement située: selon les Etats, la consommation légale de cannabis ou les pratiques d'avortements ou encore de détention légale d'armes à feu sont identifiées comme des pratiques déviantes ou pas.

La déviance est donc définie par rapport aux normes qui sont à leur tour variables ce qui en fait tout autant un état qu'un processus comme l'établiront les théories interactionnistes.

Par ailleurs, cela se traduit également par une variabilité des sanctions selon les époques, les groupes et les sociétés. C'est aussi ce qui amène les sociologues contemporains à s'interroger les mécanismes par lesquels les groupes sociaux produisent de la déviance et donc les normes en vigueur.

DOCUMENT 1 : la déviance comme transgression d'une norme

Facile

« Le crime ne s'observe pas seulement dans la plupart des sociétés de telle ou telle espèce, mais dans toutes les sociétés de tous types. Il n'en est pas où il n'existe une criminalité. Elle change de forme, les actes qui sont ainsi qualifiés ne sont pas toujours les mêmes; mais, partout et toujours, il y a eu des hommes qui se conduisaient de manière à attirer sur eux la répression pénale. Si, du moins, à mesure que les sociétés passent des types inférieurs aux plus élevés, le taux de la criminalité, c'est à dire le rapport entre le chiffre annuel des crimes et celui de la population,tendait à baisser, on pourrait croire que, tout en restant un phénomène normal, le crime, cependant, tend à perdre ce caractère.[...] Bien des faits sembleraient plutôt démontrer l 'existence d'un mouvement en sens inverse.[...] Faire du crime une maladie sociale, ce serait admettre que la maladie n'est pas quelque chose d'accidentel, mais, au contraire, dérive dans certains cas de la constitution fondamentale de l 'être vivant.»

Source : Émile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique (1895). PUF 2013

 

QUESTIONS :

  1. illustrez le passage souligné

  2. en vous aidant de cet extrait expliquez la célèbre citation de E.Durkheim: «le crime est normal»

 

 

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REPONSE :

1) Expliquez le passage souligné

Le passage souligné renvoie à l'idée de la variabilité de la déviance; ici Durkheim explique que la criminalité (qui est une forme de déviance, dans ce cas pénale) est un paramètre constant de toute société mais que sa forme, sa qualification peuvent être différentes. Dans les Règles de la méthode sociologique, Durkheim donne l 'exemple de Socrate qui dans la société athénienne est un criminel alors que son crime est l 'indépendance de sa pensée !

  1. En vous aidant de cet extrait expliquez la célèbre citation de E. Durkheim : «le crime est normal ».

Cet extrait permet de retrouver deux arguments sur lesquels s'appuie Durkheim; d'abord, il faut rappeler que Durkheim dans la logique du positivisme va chercher à traiter les faits sociaux comme des choses et dans ce cadre , il va entre autre, aborder la déviance ou ici le crime à partir de sa fréquence statistique (étude du taux de criminalité); c'est ainsi qu'il établit qu'il s'agit bien d'un phénomène habituel de la vie collective. Donc le crime est normal au sens fréquent , habituel. Deuxièmement, le crime est normal en ce sens qu'il découle des normes. Or ces dernières ne font pas toujours l'unanimité ou ne sont pas toujours assez intensément comprises par les individus pour être respectées d'ailleurs Durkeim constate que même si c'était possible «le crime ne disparaîtrait pas pour cela mais , il changerait de forme»

DOCUMENT 2 : la déviance comme désignation d'un acte trangressif

Facile

« [...]Les groupes sociaux créent de la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme déviants. De ce point de vue, la déviance n'est pas une qualité de l 'acte commis par une personne mais plutôt une conséquence de l 'application par les autres, de normes et de sanctions à un «transgresseur. Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette.

[...]Bref, le caractère déviant ou non d'un acte donné dépend en partie de la nature de l 'acte (c'est-à-dire de ce qu'il transgresse) et en partie de ce que les autres en font. »

source: Howard S.Becker, Outsiders.Edition Métaillé 1985.

 

QUESTIONS :

1) Expliquez le passage souligné

2) D'après cet extrait, est-il possible selon H.S Becker que des individus soient désignés comme déviants sans avoir transgréssé de normes? Donnez un exemple pour justifier votre réponse.

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REPONSE :

1) expliquez le passage souligné

H.Becker, explique dans son livre Outsiders, que la déviance n'est pas exclusivement la qualification d'un comportement qui s'écarte des normes ; le raisonnement va plus loin encore puisque Becker suppose le principe que différents systèmes de valeurs et de normes coexistent dans les sociétés. Ainsi l'individu est déviant de manière volontaire ou pas, s'il enfreint les règles qu'un groupe a réussi à rendre légitimes. A

partir de là, s'ensuit un processus d'étiquetage c'est à dire que l'individu en question doit être identifié publiquement par le groupe comme déviant. Becker pend l'exemple connu des fumeurs de marijuana tolérés aux Etats -Unis jusqu'à ce que des associations et des organisations gouvernementales n'obtiennent l 'interdiction de cette pratique . Au delà donc de l 'acte déviant en lui même, il faut donc une identification officielle de la transgression. C'est cet aspect que le passage reprend .

2) d'après cet extrait, est-il possible selon H.S Becker que des individus soient désignés comme déviants sans avoir transgressé de normes ? Donnez un exemple pour justifier votre réponse.

Selon H.Becker, la déviance n'est pas que l 'acte transgressif elle est surtout une construction sociale produite par l 'interaction entre les individus ; ainsi il est tout à fait concevable qu'un individu n'ayant pas transgréssé ses normes et valeurs soit pourtant considéré comme déviant par le groupe qui obtient la légitimité de son système de normes et valeurs ; Becker évoque ainsi le rôle des « entrepreneurs de morale » qui sont les acteurs sociaux qui réussissent à faire valoir leurs systèmes de valeurs et de normes comme légitimes. On peut proposer comme exemple, toutes les situations mettant en exergue des phénomènes de discriminations : dans le domaine du travail la discrimination à l 'embauche identifie des individus et aboutit à leur mise à l 'écart sans qu'il y ait un constat de comportement déviant.

EXERCICE 1 : variabilité de la déviance

Facile

QUESTION :

pour chaque situation : cochez la ou les cases correspondantes et explicitez brièvement vos choix. Que constatez-vous après avoir rempli le tableau ?

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Au final on constate que pratiquement tous ces cas relèvent des trois colonnes ce qui confirme la variabilité des normes.

EXERCICE 2 : la déviance est à la fois l'acte transgressif et la désignation de l 'acte

Facile

Complétez le schéma suivant à l'aide des termes de la liste suivante: Normes, groupe,relative,variables,sanction.*

EXERCICE 3 : travail à partir d'un livre ou d'un film

Facile

A partir du livre La Vague de Todd Strasser (éditeur Dell Publisshing 1981) ou du film La vague (réalisateur : Dennis Gansel en 2009)

QUESTION  :

Identifiez et présentez plusieurs situations qui montrent que la déviance est définie avant tout par le groupe au delà de la question de l 'acte. Repérez également la variabilité des sanctions qui l'accompagnent.

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REPONSE :

Situation 1 : après que la vague a défini que la tenue du groupe serait un chemise blanche, Karo qui se présente habillée comme d'habitude est sanctionnée par le groupe. Dans ce cas la sanction est la désapprobation des membres et le refus du professeur de lui donner la parole.

Situation 2 : les élèves qui ne font pas le salut de la vague sont refusés à l 'entrée du match de water polo. La sanction est ici l'exclusion.

Situation 3 : les membres du groupe décident de tagger les monuments et lieux publics avec le logo de la vague : c'est un acte délinquant mais il n'est pas considéré comme déviant par les membres du groupe. Ici pas de sanction du groupe mais plutôt de l 'adhésion en revanche du point de vue de la société des infractions sont commises qui peuvent engager des poursuites pénales.

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