Question 1. Du travail à l’emploi : de quoi parle-t-on ?

Sommaire

Travail, emploi et activité : des notions à distinguer

Lorsque l’on s’intéresse au travail et à ses mutations, il est d’abord nécessaire de distinguer le travail de l’emploi. Le travail désigne au sens large toutes les activités de production de biens et de services. La notion d’emploi désigne la situation dans laquelle ce travail est déclaré et rémunéré. Tous les emplois n’ont pas le même statut. Certains sont salariés, c'est-à-dire qu’un contrat de travail unit le salarié à son employeur. D’autres ne sont pas salariés : il s’agit des travailleurs indépendants.

La population totale se divise en deux catégories : celles des actifs et des inactifs. Selon le BIT, la population active regroupe l’ensemble des personnes âgées de 15 ans ou plus qui occupent un emploi ou qui en recherchent un. Les chômeurs, c'est-à-dire les personnes disponibles pour travailler et en recherche active d’emploi, sont donc des actifs. Parmi les inactifs on retrouve les individus âgés de moins de 15 ans et ceux qui n’exercent pas d’activité professionnelle et qui ne cherchent pas un emploi. Les élèves, les retraités et les personnes au foyer sont donc classés parmi les inactifs.

Des frontières de plus en plus incertaines entre l’emploi, le chômage et l’inactivité

Les évolutions récentes des formes d’emploi rendent les frontières entre l’emploi, le chômage et l’inactivité beaucoup plus incertaines. Le développement des formes particulières d’emploi telles que les contrats à durée déterminée (CDD) ou les intérims augmente la précarité de l’emploi. Le halo du chômage désigne ainsi la situation des individus considérés comme inactifs qui cherchent un emploi mais ne sont pas disponibles pour l’occuper, qui sont disponibles mais ne cherchent pas d’emploi et ceux qui disent vouloir travailler mais qui ne sont ni disponibles, ni en recherche active. On retrouve parmi eux les chômeurs découragés.

Le développement des contrats atypiques conduit également à l’apparition de formes de sous-emploi. Il s’agit de la situation des actifs occupés qui subissent une réduction involontaire de leur temps de travail. C’est notamment le cas du temps partiel subi qui représente environ 1/3 des contrats à temps partiel.

Evaluer la qualité des emplois

Tous les emplois n’ont pas les mêmes caractéristiques et ne se valent pas. Pour évaluer la qualité des emplois, il faut tenir compte de plusieurs dimensions. Les indicateurs tels que le niveau de salaire, les revenus exceptionnels, les avantages en nature ou la sécurité économique renseignent sur la qualité économique de l’emploi. Il faut également tenir compte de dimensions non économiques telles que les conditions de travail, la pénibilité ou la variété des tâches à accomplir, la qualité des relations professionnelles ou encore l’exposition au stress. Les perspectives de carrière et le potentiel de formation offerts constituent également des critères importants pour évaluer la qualité de l’emploi.

Le développement des formes particulières d’emploi remet en question la stabilité de la société salariale et accroit le phénomène de polarisation de l’emploi qui sépare d’un côté des emplois stables, qualifiés, de qualité et de l’autre des emplois atypiques, précaires, de qualification et de qualité moindres.

Document 1 : Distinguer travail et emploi

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Qu’est-ce que l’emploi ? […] La notion d’emploi est l’autre face de la notion de travail au sens économique du terme, activité humaine créatrice d’utilités transférables à autrui. La notion d’emploi inscrit le travail dans un système de division sociale des tâches et, dans son acceptation usuelle, désigne le travail dont le résultat fait l’objet d’un échange rémunéré.

Vincens Jean. Maruani Margaret, Reynaud Emmanuele, Sociologie de l'emploi. In: Revue française de sociologie, 1994, 35-2. Aspects de la vie professionnelle. pp. 331-335.

Questions

1. Peut-on dire que le maraîcher professionnel travaille ? Et le jardinier amateur ?

2. A l’aide du texte, proposez une définition de l’emploi.

3. Ici, lequel du maraîcher professionnel ou du jardinier amateur occupe un emploi ?

Document 2 : De la population totale à l’emploi

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En 2018, selon l’enquête Emploi, la population active au sens du Bureau international du travail (BIT) est estimée à 29,8 millions de personnes de 15 ans ou plus en France (hors Mayotte). Elle regroupe 27,1 millions d’actifs ayant un emploi et 2,7 millions de personnes au chômage. Le reste de la population âgée de 15 ans ou plus constitue la population dite « inactive », c’estàdire les personnes ne travaillant pas et ne recherchant pas activement un emploi ou n’étant pas disponibles rapidement pour en occuper un.

Questions

1. Distinguez population active et population inactive.

2. Les chômeurs sont-ils des actifs ?

3. Calculez la part de chômeurs dans la population active. A quoi sert ce calcul ?

4. Compléter le schéma ci-dessous :

 

Document 3 : Le statut d’emploi

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Questions

1. Distinguez emploi salarié et non salarié. Illustrez.

2. Calculer la part de l’emploi salarié dans l’emploi total en 2018. Que constatez-vous ?

3. Comment a évolué la part de l’emploi salarié en France entre 1993 et 2018 ?

 

Document 4 : Emploi, chômage et inactivité : des frontières floues

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Questions

1. Qu’est-ce que le halo du chômage ?

2. Distinguez réduction d’activité volontaire et involontaire.

3. Qui sont les chômeurs « découragés » ? Quels phénomènes peuvent être à l’origine de cette situation ?

4. Illustrez chaque situation avec un exemple concret en remplissant le tableau suivant :

 

Document 5 : Des contrats « atypiques » à la précarisation structurelle de l’emploi

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Rappelons brièvement en quoi consistent les transformations qui traversent le monde du travail depuis une trentaine d’années. En premier lieu, le mouvement de fond le plus visible et le plus massif est celui qui voit se développer une précarité de l’emploi, à travers un ensemble de phénomènes liés entre eux et que l’on peut décrire à trois niveaux :

  • au niveau des contrats de travail, on assiste à une forte croissance des emplois à durée déterminée (cdd, intérim, contrats aidés…), c’est-à-dire à la normalisation d’une insécurité structurelle de l’emploi

  • au niveau des temps de travail, on observe la fréquence accrue du travail à temps partiel (en particulier du temps partiel contraint) et des temps de travail flexibles, discontinus, décalés 

  • enfin, les restructurations fréquentes et la recherche d’un allègement du coût du travail […] entraînent une « déstabilisation des stables (R. Castel) » qui généralise l’insécurité de l’emploi même pour les salariés exerçant en contrat à durée indéterminée.

Ces processus contribuent à fragiliser le modèle salarial construit sur la norme de l’emploi stable et à plein temps : aujourd’hui, l’emploi n’est plus garant d’un ensemble d’assurances et de protections dans l’avenir à moyen et à long terme. La précarisation fait renaître des incertitudes et des vulnérabilités là où la société salariale avait apporté stabilité et sécurité.

Valentine Hélardot, « Précarisation du travail et de l'emploi : quelles résonances dans la construction des expériences sociales ? », Empan, vol. no60, no. 4, 2005.

Questions

1. Quelle transformation majeure du marché du travail est-elle ici mise en évidence ?

2. Pourquoi ces emplois précaires sont-ils désignés comme « atypiques » ?

3. Quelles sont les grandes caractéristiques de la précarisation de l’emploi ?

4. Quels sont les risques du phénomène de précarisation de l’emploi ?

5. A votre avis, quelles sont les conséquences sur le halo du chômage ?

Document 6 : La qualité des emplois : quels indicateurs ?

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En moyenne dans les pays de l'OCDE, un salarié passe 37 heures par semaine, et une partie de plus en plus importante de sa vie adulte, à travailler. C’est pourquoi le travail est très étroitement lié à la qualité de vie et au bien-être individuel. Par ailleurs, la qualité des emplois peut contribuer à améliorer les taux d’activité, la productivité et les performances économiques. L’OCDE a élaboré un cadre de mesure et d’évaluation de la qualité de l’emploi qui s’articule autour de trois dimensions objectives et mesurables. Examinées ensembles, elles permettent d’évaluer de manière complète la qualité des emplois.

  • La qualité du revenu d’activité indique dans quelle mesure la rémunération contribue au bien-être des travailleurs, tant sur le plan des revenus moyens que de leur répartition au sein de la population active. 

  • La sécurité sur le marché du travail renvoie  aux aspects de la sécurité économique qui sont liés au risque qu’ont les travailleurs de perdre leur emploi et au coût économique que cela représente. Elle se mesure à l’aune du risque de chômage et des allocations perçues en cas de chômage. 

  • La qualité de l’environnement de travail rend compte des aspects non économiques de la qualité des emplois, comme la nature et le contenu du travail accompli, l’organisation du temps de travail et les relations professionnelles. Pour les mesurer, on s’appuie sur la fréquence du stress au travail, caractérisé par la conjugaison de niveau élevé de demandes professionnelles et de ressources insuffisantes pour y faire face

[…] La qualité de l’emploi renvoie non seulement aux caractéristiques de l’emploi occupé actuellement, mais aussi, et parfois avant tout, aux perspectives d’évolution professionnelle. C’est pourquoi il est important de mesurer non seulement la qualité des emplois à un moment donné mais aussi sur l’ensemble de la vie active, ce qui dépend, dans une large mesure, des perspectives de progression professionnelle, mais aussi de la fluctuation des revenus d’activité et du risque de chômage.

Source : Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2015.

Questions

1. Rappelez ce qu’est l’OCDE.

2. D’après vous, pourquoi s’intéresse-t-on à la qualité des emplois ?

3. Quels aspects économiques sont pris en compte pour évaluer la qualité des emplois ?

4. Le revenu d’activité est-il le seul critère pertinent pour évaluer la qualité d’un emploi ?

5. Pourquoi est-il important de tenir compte des perspectives d’évolution professionnelle également ?

6. Synthétisez en complétant le schéma suivant :

 

Document 7 : Un potentiel de formation inégal

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Questions

1. Faites une phrase pour donner la signification de la donnée « cadre ».

2. Quel lien peut-on faire entre CSP et accès à la formation professionnelle ?

3. En quoi ce constat peut-il sembler paradoxal ?

4. Pourquoi les cadres sont-ils davantage formés que les autres catégories socioprofessionnelles ?

5. Que peut-on en déduire à propos de l’horizon de carrière des cadres ?

Exercice 1. Le travail est une activité professionnelle ... Vrai Faux

Facile

Exercice 2 : Le chômage et son halo

Modéré

Questions

1. Faites une phrase pour exprimer les données du graphique en 2018.

2. Comparez l’évolution du nombre de chômeurs avec celle du nombre de personnes dans le halo du chômage depuis 2016.

Exercice 3 : Conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle des indépendants en 2016

Difficile

Questions

1. Faites une phrase avec la donnée entourée.

2. Rappelez ce qu’est un travailleur indépendant.

3. A l’aide d’un calcul, comparez les situations des indépendants et des salariés.

4. Comment expliquez-vous ces constats ?

5. Quelle hypothèse pourrait-on en déduire en ce qui concerne la qualité du travail des indépendants ?

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