Première : cours et corrigés

Synthèse

Déroulé du chapitre :

Question 1. Comprendre et pouvoir illustrer la diversité des liens qui relient les individus au sein de différents groupes sociaux (familles, groupes de pairs, univers professionnel, associations, réseaux)

Question 2. Connaître les critères de classement des PCS 

Question 3. Comprendre et savoir illustrer le processus d’individualisation ainsi que l’évolution des formes de solidarité en connaissant la distinction classique entre solidarité « mécanique» et solidarité «organique».

Question 4. Comprendre comment les nouvelles sociabilités numériques contribuent au lien social.

Question 5. Comprendre comment différents facteurs (précarités, isolements, ségrégations, ruptures familiales) exposent les individus à l’affaiblissement ou à la rupture de liens sociaux

Conforme au programme officiel (BO)

Le délitement du lien social est lié à de multiples facteurs. 

     1. La montée du chômage et de la précarité remet en cause le lien social

Les sociétés modernes accordent au travail une place centrale autour de laquelle s’articulent de nombreux avantages : des revenus permettant de consommer, des droits sociaux (couverture maladie…), des liens communautaires (collègues de travail…). La montée du chômage dans les années 1980 et l’apparition d’un chômage de masse remettent en cause l’intégration par le travail. On parle parfois de chômage d’exclusion lorsque les individus connaissent le chômage de longue durée (plus d’un an) et que leurs chances de retrouver un emploi diminuent. Les individus perdent un support essentiel du lien social et se sentent inutiles dans la société.

D’autre part, la sécurité de l’emploi est remise en cause par l’accroissement de la précarité. On constate en effet une augmentation des salariés en Contrat à Durée Déterminée (CDD) ou en intérim qui ne peuvent être assuré d’être protégé durablement contre le chômage. D’autres individus vivent aussi difficilement leur relation à l’emploi lorsqu’ils ont été contraints d’accepter un temps partiel non choisi ou qu’ils sont soumis à du chômage partiel. Ces situations de sous-emploi insécurisent les individus et les liens professionnels sont parfois remis en cause.

     2. L'instabilité familiale peut engendrer un affaiblissement du lien social

La famille est une instance majeure de la socialisation primaire et des solidarités. Elle apporte aux individus un soutien lors des moments difficiles. Cependant, elle est soumise à plus d’instabilité : baisse des mariages et augmentation des séparations, diminution de la taille des familles, éloignements géographiques de ses membres. Ces changements nécessitent de reconsidérer les liens sociaux anciens. L’instabilité des couples par exemple fait augmenter la part des modèles alternatifs à la « famille traditionnelle ». Ainsi les familles recomposées ou monoparentales représentent près d’une famille avec enfant sur trois aujourd’hui. Ces ruptures entraînent alors parfois des changements de résidence, une perte des réseaux amicaux ou de voisinage, un isolement de certains membres de la famille qui fragilisent l’individu et lui font perdre des éléments essentiels de ses supports relationnels.

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     3. La spirale de la pauvreté remet en cause le lien social

Le manque de ressources financières (liées aux instabilités professionnelles ou à l’affaiblissement des aides d’assurances sociales) constitue un handicap dans la mesure où l’individu n’est plus capable d’accéder à un niveau de consommation conforme aux modes de vie habituels de la société. Il est exclu de la consommation et peut aussi s’isoler de ses semblables. D’autre part, ses possibilités d’emprunter sont réduites, il ne pourra pas accéder à la propriété immobilière, par exemple, tant qu’il n’aura pu fournir à sa banque la preuve d’un emploi stable.

     4. Développement d’une ségrégation sociale et spatiale

La ségrégation désigne la mise à l’écart intentionnelle d’un groupe social. La figure emblématique est celle du ghetto religieux ou ethnique. Plus largement, toute forme de regroupement spatial associant étroitement des populations défavorisées à des territoires délimités précis peuvent être source d’affaiblissement des liens sociaux. Ainsi, certains quartiers de banlieues défavorisées des grandes villes françaises concentrent des populations qui n’ont pas l’occasion de réussir socialement et scolairement. Ils sont maintenus dans un cercle vicieux et cumulatif d’inégalités dans lequel l’échec scolaire et le chômage se renforcent mutuellement. Ces populations sont souvent condamnées à une marginalité disqualifiante faisant courir le risque d’une scission dans la société entre ceux qui réussissent ou en ont l’espoir et ceux qui sont « destinés » à échouer, sans espoir d’intégration.

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Vers une rupture du lien social : désaffiliation et disqualification sociale

Les sociologues contemporains montrent que l’exclusion est le résultat d’un processus qui fragilise les individus et amène à des ruptures du lien social plus ou moins durables.

Le sociologue Robert Castel montre ainsi que consécutivement à une rupture familiale et/ou professionnelle, un individu peut entrer dans une zone de vulnérabilité qui lui fait courir un risque important de désaffiliation sociale c’est-à-dire une absence de participation à toute activité productive, sociale et à un isolement relationnel. Par exemple, à la suite d’un licenciement un individu pourra vivre un parcours fait de dégradations de sa situation financière (perte de revenus), de logement (difficultés à payer son loyer), perte de relations sociales (refus d’invitation si on ne peut recevoir chez soi faute de moyens…).

Pour le sociologue Serge Paugam, certaines populations qui sont contraintes de recourir à l’aide sociale et entrent dans une relation d’assistance (bénéficiaires de minima sociaux par exemple), subissent l’épreuve d’un statut social dévalorisé. Elles sont, en effet, stigmatisées par le reste de la population car elles ne sont plus autonomes ou sont considérées comme frappées d’indignité. Elles prennent alors conscience d’être désignées comme « pauvres », « marginaux ». On parle d’une disqualification sociale car elles ne peuvent plus jouer le jeu attendu par la société (travail, autonomie, responsabilité…) à partir du moment où leur acceptation sociale n’existe plus.

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Notions

Processus d'insertion d'un individu dans une communauté ou une collectivité grâce à l'établissement de liens sociaux.
Relâchement des relations qui structurent la vie en commun, que ce soit dans la sphère familiale ou celle du travail.
Dans une perspective statique, c'est le fruit d'être privé de lien social. Dans une perspective dynamique, c'est le processus conduisant à l'isolement social en raison de l'absence de travail et/ou de la rupture des liens familiaux.

Synthèse

Déroulé du chapitre :

Question 1. Connaitre les fonctions et les formes de la monnaie

Question 2. Comprendre comment le crédit bancaire contribue à la création monétaire, à partir du bilan simplifié d’une entreprise et de celui d’une banque.

Question 3. Comprendre le rôle de la banque centrale dans le processus de création monétaire, en particulier à travers le pilotage du taux d’intérêt à court terme sur le marché monétaire, et comprendre les effets que ces interventions peuvent produire

Conforme au programme officiel (BO)

La monnaie fait partie de notre vie quotidienne et nous l’utilisons de manière spontanée à travers différents supports, sans nous poser la question de son existence.

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Pourtant, si l’on imagine une économie sans monnaie, le troc devient le seul moyen d’échanger ce que nous produisons contre ce que les autres produisent. Comment échanger des cours de sciences économiques et sociales contre une voiture par exemple ? La double coïncidence des désirs est particulièrement difficile à envisager. Ainsi la monnaie rend possible et facilite l’échange commercial. Elle a permis l’approfondissement de la division des tâches, chacun pouvant se consacrer à des activités très différenciées et complémentaires. Chaque agent économique est donc amené à accepter la monnaie en échange de son activité productive car il est possible de se procurer l’ensemble des richesses produites par les autres agents économiques de sorte à satisfaire ses propres besoins.

Une première approche de la définition de la monnaie consiste donc à en cerner les fonctions économiques. Elle est unité de compte, instrument de paiement et réserve de valeur. En tant qu’unité de compte, elle réduit considérablement le nombre de rapports d’échange, c’est-à-dire de prix relatifs (prix d’un bien exprimé en la quantité d’un autre). Pour une économie de troc de 5 biens, il faudrait établir 10 prix mais pour 1000 biens, il faudrait établir 499 500 prix. Dans une économie monétaire, le nombre de prix à déterminer est égal au nombre de biens présents dans ladite économie. En ce sens encore, elle facilite les échanges marchands. Elle rend les comparaisons possibles. En tant qu’intermédiaire des échanges, elle est considérée comme l’ « équivalent général », c’est-à-dire comme le bien échangeable contre tous les autres. Elle peut éteindre une dette instantanément et définitivement. On dit qu’elle a un pouvoir libératoire illimité. Enfin, comme réserve de valeur, elle donne la possibilité de transférer la richesse dans le temps, tout en gardant sa liquidité c’est-à-dire son pouvoir libératoire de toute dette immédiatement.

On peut également essayer de mieux cerner ce qu’est la monnaie au travers de l’examen des différentes formes qu’elle a pris dans l’histoire. En effet, son existence est très ancienne. Les sociétés ont monétisé c’est-à-dire choisi comme monnaie des marchandises très diverses : Plumes, coquillages (cauris par exemple), bétails, colliers, barres de sel (Baruyas), rochers (Ile de Yap)… mais surtout l’or, l’argent, le cuivre, le bronze… autant d’éléments qui étaient, en eux-mêmes, des marchandises pour ces sociétés, c’est-à-dire des biens ayant une valeur et une utilité autre que celles de monnaie, mais auxquelles ces sociétés avaient choisi de donner un rôle particulier. Ce faisant, elles ont monétisé ces marchandises ; elles les ont donc transformées et légitimées comme monnaie. Ainsi, la monnaie n’existe-t-elle pas à l’état naturel. C’est une création humaine, une convention.

Le métal précieux, du fait de ses qualités d’inaltérabilité et de divisibilité, a longtemps été privilégié ; c’est la monnaie métallique. Celle-ci est une monnaie-marchandise en ce que le support monétaire (le métal précieux pour une monnaie métallique) a une valeur équivalente à la valeur des biens et services qu’il est possible d’acquérir. On dit que sa valeur intrinsèque est quasiment égale à sa valeur faciale. C’est tout particulièrement vrai pour les métaux précieux tels que l’or, l’argent, le cuivre ou le bronze. C’est d’ailleurs le fait que le support monétaire ait autant de valeur que la monnaie elle-même qui fonde la confiance que les agents ont dans leur utilisation et leur acceptation de cette monnaie.

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Cependant, à partir du moment où les économies se sont élargies et ont cru plus rapidement, il est devenu difficile de trouver suffisamment de ces marchandises spécifiques ou en tout cas, d’en trouver une qui pourrait croître aussi vite que la production des richesses. Or, l’insuffisance de monnaies limite la croissance et peut engendrer des déséquilibres. Il a donc fallu trouver autre chose pour fonder la monnaie dans des économies modernes et donc monétiser autre chose, quelque chose dont la quantité ne viendrait pas limiter la production de richesses et les échanges. Le système mis en place a donc consisté à monétiser les créances. Un crédit n’est pas de la monnaie en soi. Il le devient lorsque nous décidons collectivement d’en faire de la monnaie. La monnaie devient donc une dette (puisqu’elle résulte de la monétisation d’une créance) qui permet de s’acquitter de toutes les autres dettes (c’est-à-dire de réaliser des paiements). De monnaie marchandise, la monnaie devient monnaie de crédit.

Les pièces que nous utilisons aujourd’hui sont appelées monnaie divisionnaire. Elles ne doivent pas être confondues avec la monnaie métallique qui était faite avec des métaux précieux. En effet, cette dernière procède de la monétisation de métal précieux. La monnaie divisionnaire procède de la monétisation de créances. La base qui les fonde n’est pas la même. Aujourd’hui, les monnaies métalliques n’existent plus parce que les métaux précieux, et en particulier l’or, ont été démonétisés. De même, les billets, appelés monnaie fiduciaire, procèdent également de la monétisation d’une dette. Ils ne sont plus les certificats de convertibilité en or qu’ils étaient au début de leur utilisation, qui étaient de simples contreparties de l’or. Monnaie divisionnaire et monnaie fiduciaire sont le résultat d’une monétisation de dettes sur la banque centrale. Nous y reviendrons. Mais la monnaie la plus utilisée de nos jours est la monnaie scripturale. Cette forme de monnaie est constituée à partir d’écritures sur les comptes bancaires des ANF, comptes qu’ils détiennent dans les banques commerciales, appelées aussi banques de second rang, lorsqu’ils réalisent des virements de compte à compte ou que ces banques leur accordent un crédit.

Avec le passage de la monnaie-marchandise à la monnaie de crédit, c’est le fondement de la confiance dans la monnaie et son usage qui s’est transformée. La première s’appuyait sur la valeur intrinsèque de la monnaie, celle-ci étant elle-même fondée sur une convention, un accord à l’échelle de la société selon lequel cette marchandise a de la valeur et ne peut être refusée tandis que la seconde est fondée sur la confiance dans le dispositif politique et institutionnel mis en place pour encadrer l’émission et le fonctionnement du système bancaire. Les monnaies de crédit ont pour caractéristique d’avoir une valeur intrinsèque quasiment nulle donc très inférieure à leur valeur faciale. Donc pour que cette monnaie circule alors qu’elle n’a plus de valeur en elle-même, il faut qu’elle fasse l’objet d’une forte confiance des agents économiques dans sa stabilité et dans sa pérennité.

Le passage de la monnaie marchandise à la monnaie de crédit se caractérise par un processus de dématérialisation. Progressivement le support matériel s’allège puis disparaît pour ne laisser place qu’à des écritures sur les livres de compte des banques. La monnaie scripturale, qui représente aujourd’hui 95% des paiements réalisés en France, n’a en fait aucune consistance : elle a donc besoin de supports pour circuler, supports avec lesquels il ne faut pas la confondre : chèques, virements, paiements par cartes, prélèvements automatiques… ne sont pas de la monnaie scripturale, ils ne sont que des outils qui permettent aux ANF de faire circuler la monnaie scripturale qu’ils détiennent sur leurs comptes dans les banques vers les comptes d’autres ANF, c’est-à-dire de réaliser des paiements.

Mais la monnaie, quelle que soit sa forme, n’a pas que des fonctions économiques. Elle recèle une forte dimension sociale. Les sociologues nous apprennent que l’usage que les individus font de l’argent est souvent déterminé par son origine. Autrement dit, selon qu’il a été gagné par le travail ou dans le cadre d’une activité illégale ou encore hérité, offert en cadeau… il ne sera pas dépensé de la même façon. La monnaie a aussi une dimension politique et symbolique. Aglietta et Orléan mettent en évidence qu’elle a permis et permet encore d’exorciser la violence inhérente à toutes les sociétés. Elle remplace le vol et pacifie les échanges.

La construction européenne, qui remonte à l’après seconde guerre mondiale, s’est largement appuyée sur la mise en œuvre d’une monnaie unique à partir de la fin des années 1990, pariant sur le fédéralisme monétaire plus que sur le fédéralisme politique. En effet, la monnaie unique devait permettre la mise en cohérence d’un vaste marché à partir des trois fonctions économiques de la monnaie mais aussi la consolidation d’une identité européenne et d’un sentiment d’appartenance à cet ensemble. La mise en œuvre de l’euro est une expérience originale et inédite : quelques pays décident d’abandonner leur monnaie nationale et donc de renoncer à leur souveraineté monétaire pour adopter une monnaie commune et unique. Cependant l’absence d’abandon de souveraineté dans les autres domaines pose le problème de la confiance et de la capacité à faire face aux chocs économiques inévitables. C’est pourquoi l’euro connait des crises régulièrement. Cet écueil a été souligné dès le début de cette expérience. Récemment, la crise des dettes souveraines et le Brexit en sont des manifestations.

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Notions

Echange direct d'une marchandise contre une autre marchandise sans usage
ou fonction d'instrument de paiement : la monnaie ? les dettes, notamment parce que les agents économiques sont obligés de l'accepter comme moyen de paiement.
La monnaie peut être épargnée, c'est à dire que l'agent économique renonce à une consommation présente et opte de ce fait pour une consommation future.
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