Productivité.

Définition :

Efficacité des facteurs de production

L'essentiel :

La production de biens et services résulte de la mobilisation de différents facteurs de production. Pour l’entreprise, mesurer l’efficacité de ces facteurs est nécessaire afin de déterminer sa combinaison productive. La productivité désigne donc la contribution de chacun des facteurs de production à la production totale. Elle mesure le rapport entre une production et les facteurs mobilisés. Il y a donc deux niveaux de mesure de la productivité : le facteur travail et le facteur capital.

La productivité du travail est l’indicateur le plus souvent utilisé. On peut mesurer la productivité physique (nombre de produits qu’une unité de facteur de production contribue à produire) et la productivité en valeur qui tient compte du prix de la production. Par ailleurs, la productivité du travail peut s’évaluer par heure de travail et par salarié (« par tête »).  La productivité horaire du travail correspond au volume de production que permet de produire en moyenne une heure de travail. La productivité par tête est la production annuelle par actif occupé.

La productivité du travail dépend des qualifications des salariés et de l’organisation du travail. Mais, les progrès de la productivité du travail sont largement liés à l’utilisation de capital, notamment de machines. Il faut donc également mesurer la productivité du capital, c’est-à-dire la quantité ou la valeur produite par rapport à la quantité de capital utilisé. Compte tenu de cette imbrication des facteurs d’efficacité de l’activité de production, l’Insee utilise le terme de productivité « apparente du travail » pour rappeler que la productivité dépend de l'ensemble des facteurs de production et de leur combinaison. Il s’agit alors de rapporter la production au volume de travail et de capital utilisé pour obtenir une productivité globale des facteurs. Cette mesure complète permet de saisir le niveau du progrès technique.

L’ajout permanent de nouveaux facteurs de production incite à évaluer leur productivité marginale. Depuis Turgot et Ricardo, la théorie économique considère qu’à partir d’un certain seuil, la productivité marginale est décroissante. C’est ce que l’on nomme la loi des rendements décroissants. Cette loi des rendements décroissants caractérise les économistes classiques et est largement reprise par les néoclassiques. Il s’agit ici de rendements factoriels (rendements de chaque facteur de production), mais on peut aussi s’arrêter sur les rendements d’échelle c’est-à-dire les rendements de la combinaison productive (rapport entre la variation de la quantité produite et le volume des facteurs de production). On parle de rendements décroissants lorsque l’augmentation des facteurs de production induit une augmentation plus faible de la production.

Sur longue période, les progrès de la productivité expliquent largement la croissance économique et les transformations structurelles de l’économie. Le rythme des gains de productivité a contribué à réduire les besoins de main-d’œuvre dans certaines branches, agricoles puis industrielles. Ce déplacement de main d’œuvre a caractérisé la croissance des XIXème et XXème siècles.

Alfred Sauvy et Jean Fourastié ont mis l’accent sur un processus de « déversement » articulant les gains de productivité et l’évolution de l’emploi. Les gains de productivité réalisés dans une branche peuvent être répercutés à différents niveaux : les salariés peuvent en profiter par le biais de hausses de salaires et d’une réduction du temps de travail. L’entreprise peut s’appuyer sur ses gains d’efficacité pour réduire le nombre d’emplois et ainsi baisser le coût du travail et augmenter sa marge bénéficiaire, ce qui doit favoriser l’investissement. Elle peut aussi augmenter les dividendes versés à ses actionnaires, autres bénéficiaires possibles. Tout dépend du mode de gouvernance des entreprises. Enfin, les consommateurs peuvent également profiter des gains de productivité par le biais d’une baisse des prix. Alfred Sauvy montre que par le jeu de cette distribution de revenu, les gains de productivité créent autant d’emplois qu’ils en suppriment et ce, du fait d’une croissance de la demande qui se répercute sur la demande de travail et vient compenser, au niveau global, la perte engendrée par les gains de productivité. C’est d’ailleurs par ce processus de déversement que s’explique en partie la tertiarisation de l’emploi et de l’économie. Concernant l’emploi et le chômage, les effets des gains de productivité sont donc complexes à évaluer.

Si l’accélération de la productivité a marqué 30 glorieuses, son évolution connait une rupture à partir des années 70. Les gains de productivité sont alors quasiment réduits de moitié. (lien avec l’évolution de la productivité depuis 1950.

C’est d’ailleurs ce constat qui fait dire à certains économistes que les 30 glorieuses ont été une exception historique et que l’on tend vers une stagnation séculaire.

Ce ralentissement des gains de productivité est souvent expliqué par un ralentissement de l’investissement, des blocages structurels qui limitent la diffusion des innovations ou encore l’inadéquation du facteur travail aux besoins des entreprises. Le paradoxe de Solow résume certaines des interrogations sur l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sur la productivité : « On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de la productivité. », écrit-il en 1987.

3 questions à : (à venir)

1) La productivité est-elle l’indicateur du progrès technique ?

2) La productivité est-elle en panne aujourd’hui ?

3) Comment expliquer le paradoxe de R. Solow ?

Lire à ce propos :

Voir le chapitre de Terminale : Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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