Effet revenu et effet substitution

Définition :

Dans le cas de l’arbitrage entre différents produits, l’effet substitution et l’effet revenu sont les conséquences de la variation du prix de l’un de ces deux produits. L’effet revenu correspond au fait que la variation du prix d’un produit joue sur le pouvoir d’achat de l’individu et donc sur la demande des différents produits. Par exemple, la baisse du prix augmente le pouvoir d’achat. L’effet substitution renvoie au fait que la variation du prix d’un produit modifie la demande pour ce produit, ce qui peut créer des effets en termes de remplacement par d’autres produits. Par exemple, quand le prix d’un produit diminue, il peut être davantage demandé, ce qui peut réduire la demande pour d’autres produits.

L'essentiel :

Dans le raisonnement microéconomique, l’individu est supposé arbitrer entre différentes possibilités. Par exemple, le consommateur est supposé répartir son revenu entre différents produits en fonction de ses préférences et des prix de ces produits. Pour simplifier l’analyse économique de la consommation, on raisonne généralement avec un modèle à deux biens. L’effet revenu et l’effet substitution permettent alors de modéliser les conséquences de la variation du prix de l’un de ces deux produits sur les choix du consommateur. Ces deux effets jouent en même temps et font que les conséquences des variations de prix sont complexes.

 

L’effet substitution est le plus simple à comprendre. Si on suppose que le consommateur arbitre entre un bien A et un bien B, le raisonnement se fait à partir de la variation du prix de l’un de ces deux biens (ou bien une variation des prix relatifs). Par exemple, supposons que le prix du bien A augmente : cette augmentation du prix conduit à une réduction de la demande pour ce bien. Le consommateur se reporte alors sur l’autre bien : il substitue donc du bien B au bien A. L’ampleur de cette substitution peut être plus ou moins importante, à la fois en fonction de la variation du prix et en fonction du taux marginal de substitution entre les produits. L’effet substitution joue également en cas de baisse de prix : quand le prix du produit A diminue, le consommateur augmente sa demande pour ce bien et diminue celle pour l’autre bien. Avec le programme de maximisation du consommateur, il est possible de représenter graphiquement cet effet substitution. 

 

 

Graphiquement, l’effet substitution se voit en comparant ce que serait l’équilibre avec la modification du prix du bien 1 sans changement de contrainte budgétaire (point F) à ce qu’il est une fois la contrainte budgétaire modifiée (point E’). On voit qu’entre le point F et le point E, la quantité consommée de bien 2 diminue, alors que celle du bien 1 augmente : il y a donc eu substitution du bien 2 par le bien 1. Pour le dire autrement, si seul le revenu changeait, le consommateur consommerait plus de bien 2 et moins de bien 1 comparativement à ce qu’il fait réellement, c’est l’effet substitution qui explique la différence. 

 

L’effet revenu est plus complexe. La variation du prix d’un produit a des effets sur le pouvoir d’achat du consommateur : le pouvoir d’achat augmente quand le prix d’un produit diminue, il diminue quand le prix augmente. La variation de la demande pour le bien dont le prix varie dépend alors de l’élasticité-revenu de la demande de ce produit. Quand le produit est un « bien normal », la demande pour ce produit  varie dans le même sens que le revenu, ou pouvoir d’achat. Ainsi, une diminution du prix du bien A augmente le pouvoir d’achat du consommateur. Quand le bien B est un bien normal, cette augmentation du pouvoir d’achat entraîne une augmentation de la demande pour le bien B. A l’inverse, si le prix du bien A augmente, la demande pour le bien B diminue si celui-ci est un bien normal. 

Le bien peut aussi être un bien « Giffen », auquel cas, sa demande varie en sens inverse du pouvoir d’achat. Ces biens sont généralement des produits de première nécessite et quand l’individu voit son pouvoir d’achat diminuer, il augmente sa demande pour ces produits, qui remplacent des produits moins nécessaires. A l’inverse, une augmentation du pouvoir d’achat permet davantage de diversité de la demande et donc une diminution de celle pour les biens inférieurs. Ainsi, quand le bien B est un bien inférieur, une augmentation du prix de A conduit à une augmentation de la demande pour le bien B (car il y a diminution du pouvoir d’achat) et une diminution du prix de A conduit à une diminution de la demande pour le bien B (car il y a augmentation du pouvoir d’achat).

 

Sur le graphique, on représente l’effet d’une baisse du prix du bien 1. Cette baisse fait que la droite de budget du consommateur se déplace (passage de la droite rouge à la droite verte). L’effet revenu se voit en supposant que le changement de prix ne modifie pas la pente de la contrainte budgétaire (comme si le prix ne changeait pas) : on regarde alors ce que serait le point d’équilibre si la droite de budget avait la même pente (droite en pointillés rouge) en considérant que l’équilibre serait atteint pour la nouvelle courbe d’indifférence atteinte suite à la diminution du prix (donc avec modification du revenue). C’est ici le point F qui représente cet équilibre virtuel. Dans notre exemple, la diminution du prix de 1 conduit à une augmentation de la demande pour le bien 1 et le bien 2, qui sont donc tous les deux des biens normaux.

En réalité, les deux effets se cumulent, on peut le voir en comparant le point E et le point E’. Dans notre exemple, il y a une forte augmentation de la quantité consommée du bien 1 car les deux effets s’additionnent. Pour le bien 2, il y a une légère diminution de la demande : l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu contradictoire. Il est possible de les déterminer graphiquement : la variation du prix correspond alors à un changement de pente de la droite de budget et le nouvel équilibre permet de voir les deux effets. D’un point de vue mathématique, le sens de la variation de la demande pour les deux produits est saisi en calculant le nouvel équilibre.

Au-delà du modèle du consommateur, la décomposition entre effet revenu et effet substitution s’applique également au choix de la combinaison productive du producteur. C’est également un élément central dans la modélisation de l’arbitrage travail-loisir. L’arbitrage du travailleur dépend du salaire réel. Quand ce salaire réel augmente, il y a deux effets : 

  • un effet revenu : l’individu perçoit un salaire aussi élevé en réalisant moins d’heures de travail. Il peut alors réduire son offre de travail

  • un effet substitution : l’augmentation du salaire peut inciter l’individu à augmenter son offre de travail et à réduire son temps de loisir (le salaire étant le coût d’opportunité du loisir). 

     

 

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