Exercice 7 : Depuis le début de la crise sanitaire...

Modéré

Depuis le début de la crise sanitaire, rien ne va plus au sein de la Fédération française de l’assurance (FFA), le lobby des assureurs. Sous le feu des critiques, accusées de ne participer suffisamment à l’effort de solidarité nationale, les trois grandes familles réunies au sein de la maison commune, à savoir les mutualistes (Matmut, MMA…), les sociétés anonymes (AXA, Generali) et les banques développées dans ce métier (les « bancassureurs ») se livrent une concurrence effrénée.

La rivalité a commencé lorsque la mutuelle MAIF, ayant constaté une baisse de la sinistralité automobile d’environ 75 %, a remboursé une partie des cotisations à ses sociétaires, soit une trentaine d’euros. Certains assureurs ont dénoncé un manque de « fair-play ». 

« La MAIF assure majoritairement des fonctionnaires, en auto et en habitation, les deux lignes de métier qui profitent de la crise. Ce qui lui permet de rendre de l’argent à des clients qui n’ont pas de problème de baisse de revenu », indique un assureur non mutualiste pénalisé par une sursinistralité sur son activité santé et prévoyance.

Un nouvel épisode éruptif a secoué la FFA lorsque, mercredi 22 avril, le bancassureur Crédit mutuel et sa filiale CIC ont annoncé le versement d’une prime exceptionnelle à leurs assurés professionnels et PME couverts contre les pertes d’exploitation, marché sur lequel ils sont peu présents. Une prime (de 1 500 à 20 000 euros) pour compenser une partie des pertes de revenus liées au Covid-19, alors que les épidémies sont exclues du champ des garanties de la plupart des contrats d’assurance.

Le Crédit mutuel a ainsi mis en porte-à-faux le reste des acteurs, lesquels affirment qu’ils ne peuvent pas prendre en charge ces pertes. Le Crédit agricole, la Société générale, BPCE et MMA ont depuis fait le même geste.

Samedi, à la faveur d’un rebondissement inattendu, deux des vice-présidents de la fédération, Jean-Laurent Granier, patron de Generali France, et Thierry Martel, à la tête du mutualiste Groupama, ont riposté, en demandant la convocation en urgence de la commission de déontologie de la FFA. Selon eux, la prime « pourrait potentiellement être considérée comme une campagne de communication trompeuse et mensongère ». Cela s’est doublé de la saisine de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le gendarme de la finance, par la fédération des agents généraux d’assurance. Le Crédit mutuel dénonce une campagne injuste. La grande famille se déchire.

Véronique Chocron, « Coronavirus : la grande famille de l’assurance se déchire », Le Monde, 28 avril 2020

Questions :

1/ Pourquoi certains acteurs de l’assurance ont remboursé leurs assurés lors de la crise sanitaire liée au coronavirus ?

2/ Pourquoi ces actions sont jugées anti-concurrentielles par les autres acteurs ?

3/ Qui doit alors intervenir pour aider les professionnels et les PME ?

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1/ Les acteurs de l’assurance se partagent le marché et assurent des individus qui ont des profils différents et des risques différents.

  • Ainsi la Maif qui assurent surtout des fonctionnaires pour leur habitat et pour leur voiture a subi très peu de sinistres pendant le confinement et a remboursé une partie des cotisations à ses sociétaires

  • Le Crédit mutuel et le CIC ont versé une prime exceptionnelle à leurs assurés professionnels et PME couverts contre le risque de perte d’exploitation. Ils ont pu le faire car ils ont peu d’assurés avec ce profil, les pertes étaient donc peu élevées.

2/ D’autres acteurs de l’assurance qui assurent davantage des professionnels et des PME ne peuvent rembourser leurs assurés contre les pertes subies. Tous leurs assurés ont subi le même type de risque, la mutualisation est plus difficile à mettre en place. Ils accusent donc leurs concurrents d’une concurrence déloyale : profitant d’un contexte difficile pour beaucoup d’acteurs, le remboursement ou le versement de primes ne révèle pas pour autant les carences des autres, la solidarité aurait du se faire entre assureurs.

3/ L’Etat peut alors intervenir au nom de la solidarité nationale pour verser des subventions aux entreprises ayant subi des pertes importantes.

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