Corrigé des épreuves du baccalauréat-Jour 1 : 3ème partie Raisonnement argumenté

Ricardo explique les échanges internationaux en fonction des différences entre les pays. En effet, chacun dispose d’avantages comparatifs liés notamment à la différence de dotations factorielles. Cette théorie permet donc d’expliquer les échanges entre pays différents mais pas comparables. Pourtant, ces derniers représentent une part non négligeable du commerce international. Ce sont principalement des échanges intrabranches (l’ensemble des échanges qui concernent les produits d’un même secteur). Il convient alors de se demander pourquoi existe-t-il des échanges commerciaux entre pays comparables ?

Tout d’abord, les pays comparables peuvent échanger entre eux dans le cadre d’une différenciation horizontale des produits (même produits mais différents modèles, par exemple, les allemands achètent des voitures italiennes pour leurs qualités sportives alors que les italiens achètent des voitures allemandes pour leur fiabilité). C’est ce qu’on appelle la différenciation des produits (différence entre deux biens proches qui peut être horizontale ou verticale). Les consommateurs demandent en effet de plus en plus de diversité. L’entreprise qui arrive la première sur un marché réalise des économies d’échelle qui fait diminuer son cout unitaire et empêche les concurrents de s’installer. Les échanges internationaux sont alors le moyen pour les consommateurs d’avoir accès à une diversité d’entreprises et donc de modèles. Cela est renforcé par les publicités qui accentuent cette différenciation. Ainsi, le principal partenaire commercial de la France est l’Allemagne puisque la France exporte 68,9 milliards d’euros de biens en Allemagne et importe 81.2 milliards d’euros de biens d’Allemagne selon la Direction Générale des Douanes et des Droits Indirects en 2022. Pourtant, l’Allemagne et la France sont deux pays comparables mais qui échangent entre eux notamment à travers le commerce intrabranche.

Ensuite, le commerce intrabranche peut concerner des produits similaires mais de qualité différente. C’est le commerce vertical Par exemple, la France produit des voitures plutôt de milieu de gamme alors que l’Allemagne, des voitures de plus grande qualité. En effet, les consommateurs n’ont pas tous le même niveau de revenu et recherche donc des biens dont les prix peuvent varier selon le pouvoir d’achat. Ainsi, 42% du total des exportations françaises sont des produits haut de gamme contre 34% de produits bas de gamme selon le Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales en 2021. Les échanges entre pays comparables s’expliquent donc par les différences de gammes demandées par les consommateurs en fonction des secteurs.

Enfin, le commerce entre pays comparables peut s’expliquer par la fragmentation de la chaîne de valeur (consiste à segmenter les étapes de fabrication d’un produit en les répartissant dans différents pays afin de bénéficier des avantages comparatifs de chacun et de réduire les coûts de production). C’est la spécialisation verticale (produits identiques mais qui n’ont pas le même stade de production). Par exemple, pour Apple, les pièces sont fabriquées au Japon, l’assemblage se fait en Chine ou au Brésil et les produits sont commercialisés dans les pays développés. C’est ce qu’on appelle la DIPP (décomposition internationale du processus productif) qui est une division du travail en fonction des différents pays pour produire un seul produit. Ainsi, la chaine de valeur est fragmentée. Ces productions sont complètement dispersées dans le monde et cela provoque une augmentation des échanges entre produits semi-finis. Par exemple, selon le CEPII en juin 2020, l’A320 nécessite l’assemblage de différents éléments provenant d’Espagne, du RU et d’Allemagne. Cela permet à l’entreprise d’optimiser ses coûts et provoque en même temps l’augmentation des échanges entre pays comparables.

Ainsi, les échanges entre pays comparables sont une part importante du commerce international et s’explique par la différenciation horizontale et verticale et par la fragmentation de la chaine de valeur.