Question 2. La diversité des causes du chômage

Sommaire

Les analyses économiques du chômage sont nombreuses et mettent en évidence différentes causes. En économie, deux grandes catégories d’analyses du chômage peuvent être présentées, d’une part celles des néoclassiques qui met en évidence les dysfonctionnements du marché du travail tel qu’il existe dans la réalité, d’autre part, celles des keynésiens qui montrent que l’insuffisance de la demande globale peut limiter le niveau de l’emploi et contribuer à augmenter celui du chômage.

L’approche néoclassique standard du marché du travail permet de comprendre comment lorsque le marché concret s’éloigne du mode de fonctionnement d’un marché en concurrence pure et parfaite, des situations de chômage peuvent apparaître. Pour comprendre le chômage, les économistes néoclassiques construisent donc un modèle théorique du marché du travail qui repose sur les hypothèses de la concurrence pure et parfaite. Sur le marché du travail, se rencontrent l’offre de travail des salariés et la demande de travail des entreprises en fonction du taux de salaire réel, leur comportement étant supposé rationnel. Sur ce marché, l’offre de travail dépend d’un arbitrage entre travail et non travail et est donc une fonction croissante du salaire réel : plus le taux de salaire réel augmente, plus le salarié est incité à travailler et à renoncer au loisir pour augmenter sa consommation de biens. En revanche, la demande de travail est une fonction décroissante du taux salaire réel. Ainsi, l’employeur embauche aussi longtemps que le coût marginal du travail est inférieur à sa productivité marginale. D’après la loi de l’offre et la demande, c’est donc la flexibilité salariale qui permet le retour spontané à l’équilibre sur le marché du travail qui correspond à l’égalité entre l'offre globale et la demande globale de travail, là où se détermine le salaire d'équilibre et le niveau optimal de l'emploi. Cet équilibre est de plein emploi et stable.

Cependant, des situations de chômage peuvent apparaître, notamment si les situations concrètes de marché se caractérisent par des rigidités salariales et des problèmes informationnels ou d’adaptations du marché du travail.

Les rigidités salariales résultent de l’intervention de l’Etat et de l’action des syndicats qui peuvent être à l’origine de réglementations du travail qui empêchent à la flexibilité salariale, par exemples l’existence d’un salaire minimum, d’une législation protectrice de l’emploi, ou encore de systèmes de protection sociale qui pèsent sur le coût du travail etc. Le niveau de salaire réel dans le marché concret devient alors supérieur au salaire d’équilibre, créant un excès d’offre de travail relativement à la demande. Il s’agit dans ce cas d’un chômage classique qui s’explique par des obstacles à la baisse des salaires induisant un coût excessif du travail par rapport au salaire d’équilibre d’un marché parfaitement concurrentiel.

L’imperfection de l’information peut également faire apparaître un chômage frictionnel. Celui-ci est une forme de chômage liée à la recherche d’emploi et au délai d’adaptation du marché du travail. Il résulte d’un arbitrage entre le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire par rapport au gain supplémentaire retiré d’un jour supplémentaire de recherche. Dans le cadre de ce raisonnement, une indemnité chômage généreuse peut allonger la durée de recherche d’emploi car cela réduit le coût marginal d’une journée supplémentaire de recherche et augmente le salaire attendu pour accepter un emploi. Le chômage est ici considéré comme volontaire, car il résulte de choix d’acteurs économiques rationnels.

En outre, des problèmes d’appariement entre offres et demandes peuvent être à l’origine du chômage frictionnel. En effet, la mise en relation entre le demandeur d’emploi et l’employeur peut être compromise par des problèmes d’information sur les offres d’emplois vacants mais également par des problèmes d’inadéquations spatiales et de qualifications entre l’emploi vacant et le demandeur d’emploi. La plus grande transparence du marché, la mobilité géographique et une meilleure adéquation entre la qualification personnelle des chômeurs et la qualification requise pour l’emploi vacant permettraient de réduire le chômage.

Le manque de transparence des marchés concrets sont également à l’origine de politiques salariales généreuses qui visent à pallier aux problèmes d’asymétrie d’information entre employeurs et travailleurs. En effet, l’employeur peut être incité à proposer un salaire d’efficience, nettement supérieur au salaire d’équilibre, dans le but d’éviter les problèmes d’antisélection (mauvais recrutements) et d’aléa moral (démissions, flânerie salariale). Or, se faisant, ils contribuent à augmenter les salaires au-delà du salaire d’équilibre et alimente le chômage.

Contrairement à l’analyse néoclassique qui adopte une approche micro-économique en analysant le marché du travail de manière isolée et ses dysfonctionnements à l’origine du chômage, l’analyse keynésienne privilégie une approche macro-économique qui accorde une place centrale à l’insuffisance de la demande sur le marché des biens et services. En effet, selon J.M. Keynes les périodes de récession sont propices à l’augmentation de l’épargne de précaution entraînant un cercle vicieux cumulatif qui limite les débouchés des entreprises et alimentent la récession et le chômage. Ainsi, le chômage résulte donc d’une insuffisance de la demande globale de biens et de services. Dans ce cadre théorique, le salaire minimum n’est pas l’ennemi de l’emploi. Au contraire, il alimente le pouvoir d’achat des catégories qui ont une propension importante à consommer et donc la demande effective qui déterminera à son tour le niveau de production et de l’emploi

Introduction Q2

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INTRODUCTION

« Je veux baisser le coût du travail : ça permet d’embaucher davantage, de redonner de la vitalité à nos territoires. » twittait Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, pendant la campagne présidentielle, le 25 février 2017. Le coût excessif de la main-d’œuvre est-il l’unique facteur explicatif du chômage ? Quels sont les facteurs à l’origine du chômage et de sa persistance ?

 

Document 1 : Une relation entre croissance et chômage ?

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Une baisse du chômage récente mais fragile…

Au premier trimestre 2019, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) diminue à 8,4% de la population active en France métropolitaine et 8,7% DOM inclus et hors Mayotte (…), soit – 0,5 point sur un an. Selon Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) en F rance (hors Mayotte) s’établissait à 3 649 300 au premier trimestre 2019, soit une baisse de 1,5 point sur un an.

… qui demeure à des niveaux très élevés…

Le taux de chômage reste proche des niveaux records qui n’avaient pas été observés depuis 1997. La proportion d’actifs sans emploi dépasse encore le minimum atteint avant la crise (7,1% au premier trimestre 2008). L’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) est prudente dans ses estimations : ce taux pourrait se stabiliser autour de 8,5% d’ici fin 2020.

…depuis le ralentissement de l’activité de 2011

En 2008-2009, la crise économique avait provoqué des difficultés sur le front de l’emploi, qui avaient été résorbées en partie avec le retour de la croissance en 2010. Mais le nouveau ralentissement de l’activité en 2011, lié à la crise des dettes souveraines, avait provoqué une brusque remontée du chômage de 9,1% à 10,3% entre le début 2011 et le début 2014.

Source : La Documentation française, France 2020, Les données clés, septembre 2019, Col. Doc en poche, Entrez dans l’actu, La documentation Française 

Questions : 

1) Quelle relation y a-t-il entre la croissance et le chômage ?

2) Discuter : La croissance est-elle la solution au chômage ?

Document 2 : La loi de l’offre et de la demande de travail

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Depuis plusieurs années, des entreprises comme Aliments Asta peinent à combler leurs besoins de main-d'œuvre.

Pour garder les employés actuels et pour en trouver d'autres plus facilement, les dirigeants ont proposé d'augmenter le salaire de tout le personnel. Le salaire d'embauche augmente ainsi d'un dollar l'heure. D'autres augmentations sont également offertes aux 400 employés de l'entreprise.

 

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1100101/hausse-salaire-penurie-main-doeuvre-emploi

Photo : radio-canada / patrick bergeron

Questions :

1. En quoi consiste une pénurie de main-d’œuvre sur un marché du travail ?

2. Comment l’entreprise Aliments Asta entend-elle résoudre la pénurie de main-d’oeuvre ?

Document 3 : Les déterminants de la demande de travail

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La seule question qui [préoccupe l’employeur] (…) est de savoir quelle quantité de travail il achètera demain sur le marché. [Dans la théorie néoclassique qui postule une situation de concurrence pure et parfaite1, l’employeur est contraint] d’accepter les conditions du marché. (..) [D’un côté, le] taux de salaire est une donnée du marché qui s’impose [à l’employeur]. [D’un autre côté] (..), les rendements du travail sont décroissants, comme les disent les économistes, la productivité marginale du travail est décroissante. Ce qui signifie que lorsque l’on ajoute progressivement des heures de travail à un équipement donné, il arrive un moment où l’augmentation de la production résultant d’une heure de travail devient plus faible que celle obtenue en ajoutant l’heure précédente. (…) Dès lors, passé un certain seuil, lorsque le nombre d’heures de travail augmente (lorsque le collectif de travail s’agrandit), il se glisse un peu de désorganisation dans le processus de production, qui fait que le travail perd de son efficacité. La production continue certes à augmenter, mais de moins en moins vite à mesure que l’on ajoute des heures de travail. Ce que l’on résume en disant que la productivité marginale (le supplément de production apporté par une heure de travail supplémentaire) décroît.

Sous cette hypothèse, la décision d’embauche devient un problème extrêmement simple à résoudre. [L’employeur], qui cherche à réaliser un profit maximum, embauchera… tant que la productivité marginale reste supérieure au salaire horaire ayant cours sur le marché. Comme la productivité marginale décroît à mesure qu’il augmente l’embauche, il arrive forcément un moment où une embauche supplémentaire ne lui ferait plus gagner d’argent, le produit de cette dernière heure embauchée ne compensant plus le salaire déboursé. Quel que soit le niveau de salaire, [l’employeur] clôt sa liste d’embauche au moment où la productivité marginale est égale (ou encore très légèrement supérieure) au salaire. (…) La demande de travail est donc décroissante par rapport au niveau de salaire.

Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition

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Note 1 : Le marché du travail est supposé en concurrence pure et parfaite. Sur ce marché, les hypothèses d’atomicité, d’homogénéité, de transparence, de libre entrée/sortie et de mobilité du facteur travail sont supposées respectées.

Questions :

1. De quel type d’agent économique émane la demande de travail ?

2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue la demande de travail lorsque le prix augmente ?

3. Comment expliquer cette relation ?

Document 4 : Les déterminants de l’offre du travail

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Il convient (…) dans un second temps de se faire une idée aussi exacte que possible de la manière dont le travailleur se comporte sur le marché du travail, en tant qu’offreur de marchandise. Ne l’oublions pas, ce dernier est une être parfaitement rationnel (au sens économique du terme) (…)

[P]ourquoi le travailleur réclame-t-il un salaire [ ?] (…) Le travailleur est certes attiré par la consommation, qui lui procure une certaine utilité, mais il est aussi farouchement attaché au loisir (qui se définit simplement comme le temps de non-travail). Le travailleur a donc un difficile problème à résoudre :(…) il aime la consommation et il aime en même temps le loisir, mais pour consommer il doit travailler, c’est-à-dire sacrifier des loisirs. Eh bien, c’est le prix de ce sacrifice qu’il va réclamer à l’employeur. Plus exactement, le travailleur va arbitrer entre l’utilité que lui procurent la consommation et l’utilité que lui procurent les loisirs. Il va les mettre en balance, et c’est cette savante pesée qui va lui indiquer, pour un taux de salaire donné, quelle quantité de travail il est prêt à offrir (en vue d’atteindre un certain niveau de consommation) et, corrélativement, quelle quantité de loisirs il désire conserver. (…) Il doit renoncer au loisir (offrir des heures de travail), tant que la consommation qu’il peut s’acheter avec son salaire horaire excède ce qui lui paraît nécessaire pour compenser le sacrifice d’une heure de loisir supplémentaire. (…) Tel est le processus de la décision rationnelle du travailleur concernant le nombre d’heures de travail à offrir, pour un niveau de salaire donné. (…) Plus le salaire sera élevé (demain), plus il offrira d’heures de travail. (…) Son offre de travail est croissante avec le salaire. (…)

Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition

Questions :

1. De quel type d’agent économique émane l’offre de travail ?

2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue l’offre de travail lorsque le prix du travail augmente ?

3. Comment expliquer cette relation ?

Document 5 : L’équilibre sur le marché du travail

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Les offreurs de travail et les demandeurs de travail (…) [se rencontrent] sur le marché. (…) Bien entendu, le jour de marché, il y a une multitude d’employeurs qui se pressent pour l’embauche, et une multitude de salariés candidats à l’embauche. (…) Un observateur omniscient1 [regroupe] toutes les demandes de travail (…), et toutes les offres (…). Il [construit] ainsi ce qu’il est convenu d’appeler l’offre totale de travail (…). Et il [fait] de même pour la demande de travail totale, en calculant pour chaque taux de salaire, des quantités demandées par les différents employeurs. Concernant la demande, il observerait que plus le salaire est élevé, plus la quantité de travail demandée est faible. Concernant l’offre, ce serait l’inverse (…). Du fait même que l’offre et la demande travail fonctionnent en sens inverse, il existe forcément un taux de salaire pour lequel les souhaits des uns et des autres sont compatibles. (…) le prix de marché est celui qui « équilibre » l’offre et la demande.

A la question « pourquoi le salaire s’établit-il au niveau qui égalise l’offre et la demande (le salaire comme n’importe quel autre prix d’ailleurs) ? », l’économiste répond « parce que c’est le prix d’équilibre ». Equilibre dans un sens qui n’est pas métaphorique : lorsqu’on n’y est pas (à ce prix), on tend à y revenir, et lorsqu’on y est… on y reste. Il existe en conséquence une « force » qui ramène le taux de salaire à ce niveau. Cette force n’est pas une force de la nature, c’est la concurrence.

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Note 1 : syn. : parfaitement informé

Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition

Questions :

1. A partir des données ci-après, construisez les courbes d’offre et de demande dans un repère orthonormé en reportant les quantités de travail sur l’axe des abscisses, et les prix du travail sur l’axe des ordonnées.

2. Pourquoi l’offre de travail est-elle nulle pour 10 unités monétaires ? Pour ce prix, à combien s’élève la demande de travail. Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.

3. Que se passe-t-il au point de rencontre de la courbe d’offre et de demande de travail ?

3. Si le salaire horaire s’élève à 70 unités monétaires, que se passe-t-il ? Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.

4. Si le salaire s’élève à 20 unités monétaires, que se passe-t-il ?

5. Par quels mécanismes économiques le salaire tend-il à se rapprocher de 40 unités monétaires ? Expliquer pourquoi.

6. Dans le cadre d’une situation de chômage, quelle solution offre la théorie néoclassique ?

Document 6: Rigidités salariales et chômage classique

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Si le marché du travail est parfaitement concurrentiel et libre de toute entrave réglementaire, la libre négociation des salaires implique que les salaires s’adaptent tant que l’équilibre entre l’offre et la demande n’est pas établi. Dans ces conditions, une économie confrontée à une réduction d’activité ne devrait pas connaître le chômage. […]

Comment peut-on alors expliquer l’existence d’un chômage durable ? Le chômage ne peut persister que parce qu’il existe des institutions ou des réglementations qui empêchent la libre négociation des salaires. Le développement du pouvoir syndical, les législations sur le salaire minimum, les conventions collectives, le droit du travail en général limitent les possibilités d’ajustement instantané des salaires. C’est donc la rigidité des salaires qui est principalement responsable du chômage [dans l’approche néoclassique]. Ne pouvant librement négocier les salaires, les entreprises privilégient les ajustements de l’emploi pour s’adapter aux récessions. Les jeunes sans qualification ne peuvent trouver d’emploi parce que la loi contraint les entreprises à leur payer un salaire minimum trop supérieur à leur productivité.

Jacques Généreux, Introduction à l’économie, (1992), Seuil, coll. Points Economie, 2014

1. Conventions collectives : accords et contrats portant sur les garanties sociales de l’emploi et sur les conditions du travail.

Questions :

1. Expliquer la phrase en caractère gras ?

2. D’où viennent ces rigidités salariales ?

3. En vous appuyant sur un raisonnement néoclassique, expliquer l’origine du chômage.

Document 7 : L’existence d’un chômage frictionnel

Facile

Le cadre du raisonnement de la théorie du job search est celui de la concurrence pure et parfaite, dont a été ôtée l’hypothèse de perfection de l’information : il est supposé à présent que l’information est imparfaite sur le marché du travail. […] Sur le marché du travail, l’acquisition d’information sur le marché du travail a un coût, assimilable au temps de recherche nécessaire pour « visiter » les différents postes offerts. Ne connaissant pas la totalité des postes disponibles, le demandeur d’emploi reste volontairement au chômage un certain temps, afin de développer une activité de prospection. Dans une optique microéconomique, son comportement est rationnel puisqu’il demeure au chômage jusqu’à ce que le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire (équivalent à la perte journalière du salaire qu’il aurait perçu en occupant le premier emploi venu) soit égal au bénéfice marginal espéré d’un jour de recherche supplémentaire (probabilité de trouver un emploi mieux rémunéré). [...] L’intérêt essentiel de la théorie du job search réside dans son explication du chômage frictionnel, défini comme le chômage résultant des temps imperfections informationnelles sur le marché du travail : le laps de temps entre la démission d’un emploi et l’acception d’un nouveau poste correspond à une activité de prospection des différents postes.

Source : Emmanuel Combe, Précis d’économie, PUF, 13ème édition, 2014

Questions :

1. Donnez un exemple d’information imparfaite sur le marché du travail pour le demandeur d’emploi.

2. Qu’est ce que le chômage frictionnel ?

3. Pourquoi une indemnisation chômage généreuse peut-elle allonger la durée de recherche d’emploi ?

4. En quoi ce chômage peut-il être considéré comme du chômage volontaire ?

5. Comment Pôle Emploi peut-il contribuer à réduire ce chômage frictionnel ?

Document 8 : Des problèmes d’appariements : frictions, inadéquations spatiales et de qualifications

Facile

1- Suffit-il de traverser la rue pour trouver un emploi ?

Séquence audio (durée 1’35) : https://www.francebleu.fr/infos/societe/au-lieu-de-traverser-la-rue-pour-trouver-du-travail-jonathan-a-traverse-le-pays-1568648301

Source : Par François Guéroult, France Bleu Orléans, France Bleu, France Bleu Pays de Savoie, « Au lieu de "traverser la rue" pour trouver du travail, Jonathan a traversé le pays ! », Jeudi 19 septembre 2019 à 5:37

 

2- Des problèmes d’appariement sur le marché du travail

L’appariement sur marché du travail correspond à la mise en relation entre l’offre et la demande de travail, c’est-à-dire entre un travailleur et un emploi. Pour parler d’appariement, l’anglais utilise le mot « match », tandis que « mismatch » désigne un mauvais appariement. […]

Sur le marché du travail, la vitesse à laquelle s’effectuent les appariements et la qualité du résultat dépendent des efforts de recherche entrepris par les demandeurs d’emploi et par les recruteurs, mais aussi de l’adéquation qui existe ou non, entre les caractéristiques des offres vacantes1 et celles des candidats potentiels. […] Sur les les 3,2 millions d’offres déposées à Pôle emploi en 2017, 300 000 n’ont pas été pourvues, alors même que l’on comptait près de 3,5 millions de chômeurs sans emploi. Pour 150 000 de ces offres, les employeurs ont abandonné le projet de recrutement faute de candidats adéquats ; 97 000 autres ont été retirées, parce que le besoin ou le budget avaient disparu avant que le poste ne soit pourvu ; 53 000 restaient à pourvoir l’année suivante.

On pourrait penser que les offres non pourvues faute de candidats adéquats sont un indicateur clair d’un décalage structurel de compétences ou de localisation géographique entre l’offre et la demande. Pourtant, il se peut que des candidats appropriés existent, mais que les recruteurs n’aient pas pu ou su identifier, ou bien qu’ils n’aient pas réussi à les attirer. Symétriquement, il se peut que les chômeurs ne soient pas informés de toutes les offres auxquelles ils pourraient prétendre ou que les conditions d’offres à pourvoir ne leur conviennent pas. Le problème provient alors d’un manque d’information, d’inefficiences dans les pratiques de recrutement ou de recherche d’emploi, ou encore d’un défaut d’ajustement des salaires. Dans tous les cas, la coexistence d’offres non pourvues et d’un chômage de masse signale des difficultés d’appariement.

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Note 1 : offres d’emploi n’ayant trouvé preneurs.

Alexandra Roulet, Améliorer les appariements sur le marché du travail, Sécuriser l’emploi, Ed. SciencesPo Les Presses. 2018

Questions :

1. En quoi le cas de Jonathan présenté dans le document 1 illustre-t-il un problème d’appariement sur le marché du travail ?

2. Quelles les trois facteurs à l’origine de problème d’appariement sur le marché du travail ?

Document 9 : Asymétrie d’information, salaire d’efficience et chômage

Facile

 

Questions :

1. Pourquoi les entreprises proposent-elles parfois un salaire supérieur à la productivité des travailleurs ?

2. Montrer que ce salaire d’efficience a des effets ambivalents sur le niveau du chômage.

 

Document 10 : L’existence d’un chômage keynésien

Difficile

Allocution radio-diffusée de l’économiste John Maynard Keynes en 1931 suite au marasme économique généré par la crise de 1929 :

« Il y a aujourd'hui beaucoup de gens bien intentionnés, attachés à leur pays, qui s'imaginent que la chose la plus utile qu'ils puissent faire et que puissent faire leurs semblables pour remédier à la situation [de récession et de chômage], c'est d'économiser plus que d'habitude (…) Or, dans d'autres conditions, tout ceci pourrait être fort bien, mais malheureusement dans les conditions actuelles, (…) c'est exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire. Car le but de l'épargne doit être de rendre de la main-d’œuvre disponible pour pouvoir l'employer à exécuter des travaux de rapport tels que la construction de maisons, d'usines, de routes, de machines, etc.

Mais s'il se trouve déjà un excédent important de main-d’œuvre disponible pour pareil emploi, alors le résultat de l'épargne est d'accroître cet excédent, et par conséquent de grossir les rangs des chômeurs. De plus, lorsqu'un homme est privé de travail, d'une façon ou d'une autre, la diminution de son pouvoir d'achat a pour effet de réduire au chômage ceux qui produisaient ce qu'il ne peut plus acheter. Et ainsi la situation s'aggrave de plus en plus, et l'on ne sort plus d'un véritable cercle vicieux (…)

Par conséquent, ô ménagères patriotiques, sortez dès demain matin dans les rues, et dirigez-vous vers ces ventes réclames miraculeuses qui se trouvent annoncées à tous les coins. Vous vous ferez du bien à vous-mêmes car jamais les choses ne furent aussi bon marché, (…) Et réjouissez-vous par surcroît à la pensée que vous favorisez la main-d'oeuvre, que vous enrichissez le pays, car vous redonnez de la vie à de grands centres d'activités et l'espoir au Lancashire, au Yorkshire et à Belfast. »

Source originale : Allocution radio-diffusée de l’économiste John Maynard Keynes, 1931. Source numérique: « Les classiques des sciences sociales »

Questions :

1. Quelle est la cause du chômage pour J.M. Keynes dans les années 1930 ? Développez à l’aide d’un schéma d’implication les mécanismes économiques.

2. Quelle solution au chômage est proposée dans cet extrait ?

Document 11 : Le SMIC est-il l’ennemi de l’emploi ?

Facile

Faisons justice, pour commencer, du point de départ de la théorie sur laquelle s’appuie le discours libéral. Les smicards, dit-on, sont les salariés qui ont la productivité (marginale) la plus faible. La raison pour laquelle ces salariés sont au chômage, au moins pour certains d’entre eux, est que le SMIC est supérieur à la productivité (marginale) correspondant au plein-emploi de cette catégorie de travailleurs. Si les entrepreneurs sont rationnels, ils ont arrêté l’embauche des salariés non qualifiés au moment où leur productivité (marginale) tombe en dessous du SMIC. (…)

Si l’on voulait bien faire place un instant à la possibilité d’une limitation des débouchés, la nécessité et l’efficacité d’une institution comme le SMIC se justifierait […] plus facilement. Ce qui deviendrait intelligible, dès lors, est que le SMIC, loin d’être fauteur de chômage, est un dispositif de la plus grande utilité lorsqu’il existe du chômage, lequel s’explique par ailleurs par une insuffisance de la demande effective1. (…)

Le problème n’est pas que ce salaire minimum soit trop élevé par rapport à la productivité marginale des salariés les moins qualifiés. (…) Lorsqu’il existe du chômage, le problème n’est pas de baisser le prix du travail pour en accroître les quantités demandées, il est de déplacer la demande de travail… c’est-à-dire d’augmenter la quantité de travail demandée à chaque prix, en sorte que même au niveau du SMIC, tout le monde trouve du travail. Ce qui implique d’augmenter l’activité économique. Or c’est bien là le point aveugle de la théorie économique contemporaine, dont on peut dire que le rituel préféré, quasi obsessionnel, consiste à célébrer tous les jours que Dieu fait les obsèques du vieux Keynes, un des seuls économistes qui se soit penché sincèrement sur la question de l’insuffisance des débouchés. Mais ceci est une autre histoire.

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Note 1 : Demande effective : demande de biens et services anticipée par les entreprises qui déterminera le niveau de production.

Source : L. Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage. Raison d’agir, Le Seuil, 2000 (extraits du chapitre « à bas le SMIC »)

Questions :

1. En quoi l’augmentation du SMIC pourrait-elle réduire le chômage ?

2. Quelle est la cause principale du chômage selon J.M. Keynes ?

Exercice 1 : Complétez le tableau

Facile

Compléter le tableau suivant à l’aide des mots qui conviennent : offre d’emploi, demande d’emploi, offre de travail, demande de travail.

Exercice 2 : Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse quand la proposition est fausse.

Difficile

Justifiez votre réponse quand la proposition est fausse.

1. Un coût excessif du travail est à l’origine d’un chômage keynésien.

2. Le chômage peut être dû à une insuffisance de la demande (chômage keynésien).

3. Les rigidités salariales favorisent à la réduction du chômage classique.

4. Le chômage classique résulte d’un excès d’épargne.

5. Le salaire d’efficience est la solution au chômage.

6. Le chômage frictionnel résulte des rigidités salariales.

7. Les mauvais appariements entre employeurs et demandeurs d’emplois créent du chômage.

8. Il peut coexister des emplois vacants et du chômage.

9. Le chômage keynésien est un chômage volontaire.

10. Le salaire minimum crée du chômage.


 

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