Question 1. Définition et mesure du chômage

Sommaire

Le chômage est un concept simple mais une réalité complexe. Il est définit comme la situation d’un individu ou d’une partie de la main-d’œuvre d’un pays sans emploi et à la recherche d’un emploi. Sur le marché du travail, le chômage apparaît lorsque la demande d’emplois des travailleurs (offre de travail) est supérieure aux offres d’emplois des entreprises (demande de travail). Un chômeur est une personne sans emploi à la recherche d’un emploi.

Si les chiffres du chômage font parfois l’objet de débat, c’est en partie parce qu’il existe deux mesures du phénomène, qui en réalité se complètent plus qu’elles ne s’excluent ne poursuivant pas les mêmes objectifs. En effet, Pôle Emploi dont la mission est de prendre en charge le service de l’emploi et d’indemnisation comptabilise les demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM). Il s’agit d’une mesure administrative du chômage qui obéit à une logique de gestion de personnes et de réglementation du service public dédié aux chômeurs plutôt qu’une mesure statistique du chômage. C’est pourquoi, comme la plupart des organismes statistiques des pays, l’INSEE se réfère aux critères établis pour le Bureau international du travail (BIT) pour mesurer le chômage. Ainsi, pour être considéré comme chômeur au sens du BIT, une personne doit remplir simultanément trois conditions : être sans emploi au cours de la semaine de référence de l’enquête, avoir effectué une démarche active de recherche d’emploi et être disponible pour travailler immédiatement. Contrairement à Pôle Emploi, la logique du BIT est avant tout économique : il s’agit de déterminer les ressources en main-d’œuvre immédiatement disponibles pour contribuer à l’emploi et par là à la richesse. De ce fait, le nombre de chômeurs peut être différent suivant la méthode employée, car la définition du chômage au sens du BIT est complètement indépendante du fait que les personnes soient ou non inscrites à Pôle emploi. Néanmoins, dans l’ensemble, l’analyse de l’évolution du chômage sur longue période à partir de ces deux mesures donne des résultats relativement proches.

La définition officielle du chômage (« au sens du BIT ») délimite en même temps les deux catégories complémentaires des chômeurs : d’une part, celle des actifs occupés (« en emploi »), qui recouvre l’ensemble des personnes qui ont un emploi salarié ou non ; d’autre part, celle des inactifs, composée par les personnes qui ne recherchent pas d’emploi ou qui ne sont pas disponibles pour en occuper un. L’ensemble formé des chômeurs et des actifs occupés constitue la population active. La réalité de la situation des personnes est toutefois plus complexe que ne suggère la séparation nette entre « chômeurs », « actifs occupés » et « inactifs ». Dans les années 1980, la notion de « halo du chômage » est apparue pour décrire des situations de personnes qui semblaient assez proches du chômage sans pour autant être comptabilisées parmi les chômeurs au sens du BIT. Ces personnes ont des situations qui se trouvent à la frontière entre chômage, emploi et inactivité. Dans le « halo du chômage », on trouve notamment les situations de sous-emplois qui concernent les personnes considérées comme actives occupées au sens du BIT mais occupant une activité réduite involontaire. C’est le cas des travailleurs qui subissent un emploi à temps partiels ou encore de ceux qui sont en chômage partiel. L’analyse des statistiques du chômage et du sous-emploi montre ainsi qu’une partie non négligeable de la population française n’a pas accès à l’emploi alors qu’elle le désirerait. Au troisième trimestre 2019, 5,4 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi. Il s’agit principalement de personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage. Le taux de chômage au sens du BIT est de 8,6 % de la population active en France (hors Mayotte), et s'établit à 8,3 % en France métropolitaine.

L’analyse statistique du chômage montre qu’il s’agit d’un phénomène massif, durable et sélectif. Si le taux de chômage de la France est particulièrement élevé sur la dernière décennie, il l’est également relativement à d’autres pays dont le dynamisme du marché du travail est souvent mis en exergue, c’est notamment le cas de l’Allemagne, le Royaume Uni et les Etats-Unis. L’analyse de longue période du chômage révèle son caractère durable et massif depuis la fin des Trente Glorieuses. Ce phénomène n’est évidemment pas propre à la France, bien que son taux semble beaucoup moins refluer lorsque l’activité repart comparativement à ce qu’il se passe outre-Atlantique ou outre-Rhin.

Le chômage est aussi un phénomène inégalitaire car il touche deux fois plus les jeunes actifs et les moins diplômés. On note également que le retour à l’emploi est plus difficile pour les jeunes dont le taux de chômage de longue durée est nettement plus élevé que la moyenne.

Introduction Q1

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Question 1 : DEFINITION ET MESURE DU CHOMAGE

De nombreux travaux sociologiques ont montré le traumatisme social et psychologique de l’épreuve du chômage. Au-delà des personnes qu’il frappe, le chômage entraîne un coût important pour la société. Un coût direct qui correspond à la perte de richesse qui aurait pu être produite par les personnes inemployées, auquel s’ajoute le montant de l’indemnisation de cette situation de non-emploi. Un coût économique et social ensuite plus difficilement mesurable, mais pas pour autant négligeable, qui résultent des effets induits sur la santé, le lien social mais aussi en termes de délinquance, notamment chez les jeunes.

Ces méfaits sont bien connus, pourtant, on peut se demander pourquoi des économies dont le PIB continuent de progresser, comme la France, se caractérisent par un chômage de masse durable depuis maintenant plus de trente ans.

Pour répondre à cette question, on doit se tourner vers les travaux des économistes. Quels sont les contours et la nature du chômage ?  Pourquoi certains pays plus touchés que d’autres ? Comment peut-on expliquer le chômage ? Quelles solutions peuvent être mises en œuvre pour l’endiguer ?

Ce chapitre est l’occasion de répondre à toutes ces questions. Plus globalement, il s’agira de se demander comment pouvons-nous lutter efficacement contre le chômage.

Pour ce faire, un petit détour par la définition et la mesure du chômage s’impose (dossier n°1). Ainsi, après avoir délimité les contours du phénomène, nous en examinerons les facteurs explicatifs mis en évidence par les économistes (dossier n°2). Forts de ces grilles de lectures théoriques, nous pourrons analyser la double nature du chômage afin de mettre en exergue des solutions au chômage (dossier n°3).

Les « chiffres du chômage » reviennent de façon récurrente au cœur du débat public et sont parfois discutés. Leur publication est toujours médiatisée et leur évolution signale l’échec ou la réussite des politiques mises en œuvre par les gouvernements. Comment mesure-t-on le chômage ? Quelles sont les limites de sa mesure ? Que nous montre l’analyse des statistiques du chômage ?

Document 1 : Evolution du nombre de demandeurs d’emploi (en catégorie A1), en France métropolitaine

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Questions :

1. A quelle catégorie de la population active appartiennent les demandeurs d’emploi ?

2. Mesurer l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi en France métropolitaine depuis le 2017.

3. Formulez des hypothèses explicatives de cette évolution.

Document 2 : Chômage et Pôle Emploi

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(…)La fusion des Assedic (associations pour l’emploi dans l’industrie et le commerce) et de l’Anpe (Agence nationale pour l’emploi) a donné naissance au Pôle Emploi qui, désormais, se charge (…) à la fois du service de recherche d’emploi et de l’indemnisation des demandeurs d’emploi. (…) [L’]indemnisation du chômage est un système assurantiel : chaque travailleur salarié s’assure en payant, avec son employeur, des cotisations, et, si le sinistre survient, à savoir la perte de son emploi, il sera indemnisé par l’assurance-chômage. Exactement, comme pour l’assurance auto ou habitation : on paye des cotisations pour obtenir une indemnisation en cas de sinistre.(…) Reste que pour toucher l’allocation d’aide au retour à l’emploi (Are), le nom officiel des allocations de chômage, il faut réunir les conditions suivantes, d'ailleurs à peu près les mêmes qu’à l’époque des Assedic.

-. S'inscrire auprès du Pôle Emploi (…)

- Avoir perdu son emploi de façon involontaire (licenciement, fin de CDD subi par exemple). Toutefois, quelques cas de démissions dites légitimes ouvrent droit aux allocations de chômage.

- Avoir cotisé pendant une période minimale fixée actuellement à 122 jours.

- Etre apte au travail, une aptitude au travail qui s’entend médicalement parlant.

- Rechercher activement un emploi et être capable de justifier de ces recherches en cas de contrôle.

- Avoir moins de soixante ans, sauf si, entre 60 et 65 ans, les conditions pour bénéficier d’une pension de retraite à taux plein ne sont pas remplies.

Source : Capital.fr, Léa Boluze, « Les allocations chômage du Pôle Emploi, ex Assedic », Publié LE 16/12/2015 À 9H09 Mis à jour LE 11/10/2018 À 16H39, Michèle Auteuil

Note 1 : Demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi.

 

Questions :

1. Qu’est ce que Pôle emploi ? Quelles sont ses missions ?

2. A quelle catégorie de personnes s’adresse Pôle Emploi ?

Document 3 : Une partition de la population active en trois catégories : Emploi, chômage, inactivité

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La définition officielle (au sens du Bureau internationale du travail) du chômage (…) délimite en même temps les deux autres catégories complémentaires à celle des chômeurs : d’une part, celle des actifs occupés (ou « en emploi »), qui recouvre l’ensemble des personnes qui ont un emploi salarié ou non ; d’autre part, celle des inactifs, composée par les personnes qui ne recherchent pas d’emploi ou qui ne sont pas disponibles pour en occuper un. L’ensemble formé des chômeurs et des actifs occupés constitue la population active – un chômeur étant donc considéré (…) comme « actif » - et donne une mesure de l’ « offre » sur le marché du travail (c’est-à-dire le nombre de personnes « offrant » leur travail). Au total, l’ensemble de la population se répartit entre ces trois catégories : une personne est soit au chômage, soit en emploi, soit en inactivité.

Peuvent alors être définis les taux de chômage, d’emploi, et d’activité, qui, sauf mention contraire, sont généralement calculés pour la population dite « en âge de travailler », la tranche des 15-64 ans étant le plus souvent retenue dans les comparaisons internationales :

- le taux de chômage est défini comme le ratio [nombre de chômeurs/ nombre d’actifs]

- le taux d’emploi est défini comme le ratio : [nombre d’actifs occupés / population en âge de travailler]

- le taux d’activité est défini comme le ratio : [nombre d’actifs / population en âge de travailler].

Source Jérôme Gautié, Le chômage, Coll. Repères, Ed. La découverte, 2015

Questions :

1. Compléter le schéma ci-après à l’aide des mots qui conviennent :

2. Définir : population active, population inactive et chômage.

3. Définir la notion de marché de travail. Qui sont les offreurs ? Qui sont les demandeurs ?

Document 4 : Emploi, chômage, inactivité en 2017

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Questions :

1. Dans ce tableau, quelle population correspond à l’offre de travail ? à la demande de travail ? Chiffrer chacune de ces populations. A quelle catégorie de la population correspond l’écart entre ces deux populations ?

2. A l’aide du document précédent et des données du tableau, calculer le taux d’activité, le taux d’emploi et le taux de chômage. Faites une phrase avec chaque résultat.

Document 5 : Les deux mesures du chômage : au sens du BIT et de Pôle Emploi

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VIDEO au lien suivant (jusqu’à 2 minutes 47) : https://www.franceculture.fr/economie/le-chomage-baisse-t-il-vraiment

Source : Franceculture.fr, « Le chômage baisse-t-il vraiment ? », le 11/09/2019, par Elsa Mourgues

 

Questions :

1. Quelles sont les conditions pour être comptabilisé comme chômeur pour Pôle Emploi ? pour l’INSEE ?

2. Quelles sont les conséquences de ces deux mesures ?

Document 6 : Le « halo du chômage » et le « sous-emploi »

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Dès les années 1980, la notion du « halo » du chômage est apparue pour désigner les situations des personnes qui n’étaient pas comptabilisées comme chômeur au sens du BIT alors que, de fait, leur situation s’apparentait à celle du chômage. Plus généralement existent aux frontières des trois catégories (chômage, emploi, inactivité) des zones « floues », où il peut y avoir un écart entre la classification officielle (et donc statistique) d’une situation et sa réalité et/ou la perception que l’on peut en avoir [cf. schéma ci-contre]. (…) Le « halo » au sens large résulte de la multiplication de statuts à la frontière (mais de l’autre côté) du chômage officiellement recensé. (…)

A la frontière du chômage et de l’inactivité, l’Insee recense les personnes sans emploi et souhaitant travailler qui ne sont pas considérées comme chômeurs, mais comme inactives au sens du BIT, car ne satisfaisant pas au à au moins un des deux critères (recherche active et disponibilité dans les deux semaines suivant l’enquête). Parmi elles, les chômeurs (…) découragés(…), [l]es travailleurs de plus de 50 ans qui considèrent leur âge comme un obstacle majeur au retour à l’emploi, (…) [d]es jeunes femmes –souvent avec des enfants en bas âge- [qui ne sont] pas disponibles dans les deux semaines. (…)

A la frontière du chômage et de l’emploi, le sous-emploi regroupe, selon la définition au sens du BIT, « toutes les personnes pourvues d’un emploi salarié ou non, qu’elles soient au travail ou absentes du travail, et qui travaillent involontairement moins que la durée normale du travail dans leur activité, et qui sont à la recherche d’un travail supplémentaire ou disponibles pour un tel travail durant la période de référence ». Cette définition recouvre donc les personnes à temps partiel involontaire (ou encore « subi ») ou ayant involontairement travaillé moins qu’habituellement (du fait notamment d’un chômage partiel ou technique, du fait d’une baisse de l’activité de leur entreprise, les personnes restant alors juridiquement employées par cette dernière). (…)

Source Jérôme Gautié, Le chômage, Coll. Repères, Ed. La découverte, 2015

Questions :

1. Qu’est ce que le « halo du chômage » ?

2. Lire les données du dernier trimestre de l’année 2019.

3. Discuter : Quand le chômage diminue statistiquement diminue-t-il vraiment dans la réalité ?

Document 7  : Un chômage de masse durable important en France

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Questions :

1. Montrer l’importance relative du chômage en France sur la dernière décennie.

2. Pourquoi peut-on dire que le chômage est devenu massif depuis 1980 ? Illustrer votre réponse à partir d’un calcul pertinent.

Document 8: Un chômage inégalement réparti

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Question : En vous appuyant sur les deux documents statistiques, montrez que le chômage est un phénomène inégalitaire.

Exercice 1: Reliez chaque cas à la population à laquelle il appartient.

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Exercice 2 : Compléter les égalités suivantes à l’aide des mots qui conviennent.

Modéré

Exercice 3 : Reliez chaque cas aux catégories de population correspondantes. [NB : il y a un intrus]

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