Le sommet Choose France et l’attractivité de l’économie française

Au mois de mai, s’est tenu le 8e sommet Choose France, rendez-vous annuel inauguré en janvier 2018 et  pensé pour améliorer l’attractivité de la France par des rencontres entre le pouvoir exécutif français (en particulier le président de la République), des investisseurs étrangers potentiels et des entreprises françaises. Cette année, le sommet a débouché sur des promesses d’investissements de 20 milliards d’euros, qui viennent s’ajouter aux 20,8 milliards d’investissements annoncés lors du sommet sur l’intelligence artificielle qui s’est tenu en février.

1/ Les faits

Le 19 mai, le 8e sommet Choose France s’est tenu à Versailles. Ce sommet a permis l’annonce de 50 nouveaux projets d’investissements directs en France par des entreprises étrangères, pour un montant total de 20 milliards d’euros, soit la somme la plus élevée depuis que ce sommet est organisé. Le sommet a aussi été l’occasion de concrétiser 3 annonces d’investissements, pour un montant total de 20,8 milliards d’euros, présentées lors du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle du mois de février. Le sommet a aussi permis d’inaugurer l’AR Studio Paris dédié à la réalité augmentée par Snap dont la création avait été annoncée lors du sommet Choose France de 2021.

Dans le dossier de presse de l’événement, les investissements annoncés sont regroupés en 7 catégories. Sans pouvoir être exhaustif, voici quelques exemples de projets d’investissements dans ces différentes catégories :

 

 

2/ Choose France, un rendez-vous central pour développer l’attractivité de la France ?

Le sommet Choose France s’inscrit dans une logique plus générale de valorisation de l’attractivité, c’est-à-dire la capacité à inciter les investisseurs internationaux à investir sur le territoire national de la France. Face à la concurrence internationale, l’enjeu est de bénéficier des stratégies de décomposition à l’international des chaînes de valeur des firmes multinationales. 

Depuis le premier sommet, en 2018, le rendez-vous est monté en puissance et il cristallise de plus en plus les projets réalisés par les entreprises étrangères en France. Ainsi, le montant total des investissements annoncés en 2018 avait été « seulement » de 2,1 milliards d’euros, presque 10 fois moins que ceux annoncés en 2025. 

 

Le sommet peut se comprendre aussi comme un outil de politique industrielle pour le pays. Le sommet 2025 a ainsi mis l’accent sur plusieurs thématiques dans l’optique d’orienter l’investissement en France vers des secteurs porteurs tels que l’intelligence artificielle, les data centers, les « bluetechs »…

3/ Mettre en avant les atouts du territoire français pour les investisseurs internationaux

Le sommet Choose France est accompagné d’une campagne de communication à l’échelle internationale intitulée « Make it Iconic, Choose France », qui a été lancée en octobre 2023 en ciblant d’abord 5 pays : l’Allemagne, le Canada, les Émirats arabes unis, les États-Unis et l’Inde puis étendue en 2024 en Corée du’ sud, en Italie, au Japon et au Qatar. L’enjeu de cette campagne est de mettre en avant les atouts de l’économie française pour les investisseurs internationaux.

La campagne insiste d’abord sur les avantages fiscaux pour les investisseurs internationaux en France, en partie pour aller à l’encontre de la crainte d’une fiscalité handicapante pour eux. Le dossier de presse de Choose France met ainsi en avant la diminution de l’impôt sur les sociétés (dont le taux est passé de 33 % à 25%) et l’amplification, à partir de 2018, du Crédit Impôt Recherche. En lien avec les besoins importants du secteur de l’intelligence artificielle, la France est également présentée comme un « paradis énergétique ». Sur ce point, c’est principalement la capacité de production électrique qui est mise en avant. Un atout relevé par de nombreux investisseurs est que cette électricité est non seulement abondante, mais aussi décarbonée du fait de l’importance de la production nucléaire. C’est un facteur d’attractivité pour les data centers, grands consommateurs d’électricité.

Le sommet est aussi l’occasion de mettre en avant des entreprises françaises innovantes. L’enjeu est en partie d’aider au développement de ces entreprises, mais aussi d’inciter à l’investissement d’entreprises étrangères qui chercheraient des effets d’agglomération. En effet, dans les secteurs où les connaissances sont centrales, l’innovation des entreprises est porteuse d’externalités positives, qui profitent aux autres entreprises localisées à proximité. C’est la logique des clusters.

Voir l'étude de cas : STMICROELECTRONICS et la note de lecture : LA TECH

4/ Et pourtant, des ombres au tableau

L’augmentation de l’attractivité de la France a été mise en lien avec le projet de loi de simplification de la vie économique, qui vise à réduire les démarches administratives des entreprises. Sur ce point, le fait qu’il y ait assouplissement de certaines obligations environnementales pour les projets « les plus structurants » et que le président de la République ait appelé à revoir le « devoir de vigilance » imposé aux firmes multinationales a été perçu comme le fait que l’attractivité passe avant d’autres objectifs centraux tels que la préservation de l’environnement ou la soutenabilité de la production.

Le sommet Choose France s’inscrit aussi dans le retour d’une logique de politique industrielle « verticale » où des secteurs stratégiques sont ciblés par les pouvoirs publics. La limite d’une telle politique peut aussi être de délaisser l’industrie plus « classique », faisant craindre une accélération de la désindustrialisation et des délocalisations. 

C’est plus généralement la question de l’emploi qui mérite d’être posée. Si les données sur les IDE en Europe montrent que la France est le territoire le plus attractif, les investissements réalisés en France sont moins créateurs d’emplois que ceux faits dans d’autres pays. Les données du baromètre de l’attractivité du cabinet EY montrent ainsi que le nombre d’emplois créés par les IDE est relativement faible (seulement 29 000 emplois pour plus de 1000 projets d’IDE en 2024) et en forte baisse (-27%). Ce baromètre montre aussi que l’Europe connaît une nette diminution des IDE sur son territoire (-14 % pour la France en 2024), notamment en comparaison avec les États-Unis. 

Voir le fait d'actualité

A suivre

* comme on l’a vu pour le projet d’investissement de Snap, l’un des premiers éléments à suivre est bien-sûr la conversion des promesses d’investissement en projets effectifs. Leur effet en termes d’emploi est également une question centrale

* le contexte de restrictions budgétaires pose la question des soutiens fiscaux aux entreprises. Si le projet de loi sur la simplification vise à encourager à l’investissement en France, il est possible que certains dispositifs d’allègements fiscaux soient discutés dans le cadre de la recherche d’un équilibre budgétaire

* en pointant du doigt le devoir de vigilance, Emmanuel Macron a ouvert un vif débat, l’avenir de ce dispositif impulsé en grande partie par la France est en suspens.

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