Transformations démographiques et évolutions des modes de vie - Mécanismes et concepts

Sommaire

Le régime démographique traditionnel correspond à une situation d'équilibre, caractérisée par un fort taux de natalité et un fort taux de mortalité, ce qui provoque donc un accroissement naturel faible.  Ce régime est caractérisé par des pics de mortalité dus à des guerres, des épidémies ou encore des famines. Le fort taux de natalité permet de compenser à la fois ces pics de surmortalité et un fort taux de mortalité infantile.

La transition démographique se déroule en deux temps, lors de la première phase, le taux de mortalité chute fortement (de nombreux facteurs expliquent cette baisse du taux de mortalité : ce sont les progrès en termes de productivité dans l’agriculture qui permettent d’améliorer l'alimentation, ce sont les progrès en matière d'hygiène, de médecine…) alors que le taux de natalité reste élevé voire augmente. L'accroissement naturel est donc important, ce qui entraine une croissance rapide de la population.

La seconde phase de transition se caractérise par le fait que le taux de mortalité continue à baisser mais plus lentement et que le taux de natalité décroît également (cela s’explique par les progrès de l’instruction, la volonté d’accroitre son niveau de vie…). L'accroissement naturel atteint son maximum au début de cette deuxième phase. Puis la poursuite de la baisse du taux de natalité entraine un ralentissement du rythme d'accroissement de la population.

Une fois la transition achevée, on passe au régime démographique moderne, caractérisé par un taux de natalité faible et un taux de mortalité faible. Le taux de mortalité est assez stable et les variations de la population résultent des fluctuations du taux de natalité.

La durée de la transition est variable selon les pays.

La pyramide des âges est apparue en 1874, c’est un document graphique qui permet de visualiser assez rapidement la structure par âge et par sexe d’une population.

Pour construire une pyramide des âges on trace deux segments perpendiculaires :

l’axe des ordonnées représente les âges depuis la naissance.

l’axe des abscisses représente des nombres absolus ou des proportions pour chaque sexe. Par convention, les hommes sont placés à gauche et les femmes à droite.

L’allure générale de la pyramide des âges donne des indications importantes :

On peut ainsi déceler visuellement un déséquilibre ou un équilibre hommes/femmes.

Une pyramide des âges représentant une base large mais qui se resserre rapidement au fil des âges reflète un nombre de naissances important mais une mortalité assez élevée à tous les âges.

Lorsque la pyramides des âges a une forme d’une toupie, cela révèle un vieillissement de la population : la base est rétrécie du fait d’un ralentissement des naissances alors que le sommet est plus large du fait de l’allongement de l’espérance de vie.

Les travaux d’Engel

Ernst Engel (statisticien allemand, à ne pas confondre avec Friedrich Engels) a formulé  en 1857 quatre propositions, établies à partir d’enquêtes empiriques.

La première proposition correspond à ce que l’on appelle la loi d’Engel :

« Plus un individu, une famille sont pauvres, plus grand est le pourcentage de revenu qu’ils doivent consacrer à leur entretien physique dont la nourriture représente la plus grande part », selon Ernst Engel (Etudes des budgets des familles, 1857). Autrement dit, quand le revenu d’un individu augmente, la part des dépenses consacrées à l’alimentation baisse.

Attention cela ne signifie pas que les dépenses alimentaires baissent en valeur absolue, celles-ci ont même de grandes chances d’augmenter car avec la hausse du revenu, les consommateurs achètent des biens alimentaires de meilleure qualité et donc plus coûteux. Néanmoins, les besoins alimentaires des individus sont stables (ce n’est pas parce que l’individu est plus riche qu’il a plus faim). La part des produits alimentaires constitue donc une plus petite part de son budget au fur et à mesure que son revenu augmente.

Cette première loi d’Engel a été vérifiée par les nombreuses études statistiques, aussi bien de manière synchronique que diachronique.

Ainsi, la part des dépenses alimentaires représentait 60% du budget des ménages en 1860, 33% en 1960 et 17% aujourd’hui.

D’autres propositions ont été avancées par Engel

La proportion de dépenses de vêtements reste approximativement la même, quel que soit le revenu.

La proportion de dépenses pour le logement, le combustible et l’éclairage reste approximativement la même pour toutes les catégories de revenu.

Plus le revenu est élevé plus grande est la proportion de dépenses diverses.

Ces propositions n’ont pas été présentées comme des lois, à la différence de la première, parce que les travaux empiriques ne permettent pas de conclure à la constance et à la généralité de ces propositions.

 

On peut interpréter la loi d’Engel en termes d’élasticité-revenu. Le concept d’élasticité revenu mesure la sensibilité de la demande aux variations du revenu. L’élasticité-revenu se mesure par le rapport entre la  variation relative de la demande d’un bien et variation relative des revenus.

 

L’élasticité-revenu n’a pas d’unité.

Plusieurs  cas de figure sont possibles :

Lorsque l’élasticité-revenu est inférieure à 0, la demande pour ce bien décroît lorsque le revenu augmente. Il s’agit alors de biens inférieurs.

Lorsque l’élasticité-revenu est supérieure à 0, la consommation augmente avec le revenu : on parle de biens normaux.

On peut distinguer parmi les biens normaux : 

Une élasticité-revenu comprise entre 0 et 1, la consommation augmente avec le revenu, mais moins que proportionnellement. Il s’agit de biens « nécessaires ».

Lorsque l’élasticité-revenu est égale à 1 la dépense de consommation est strictement proportionnelle à la variation du revenu.

Lorsque l’élasticité-revenu est > 1, la part des dépenses consacrée à ce type de biens augmente plus vite que le revenu, il s’agit de biens de luxe.

Imitation et distinction

La consommation est un acte économique mais aussi social dans la mesure où consommer permet de signifier l’appartenance à un groupe social ou la volonté d’y accéder. Plusieurs sociologues se sont intéressés à ces rapports sociaux liés à la consommation, on peut citer T. Veblen (Théorie de la classe de loisir, 1899), E. Goblot (La barrière et le niveau. Etude sociologique sur la bourgeoisie française moderne, 1925),  P. Bourdieu (La distinction. Critique sociale du jugement, 1979)

Deux tendances opposées se manifestent dans la consommation : Les classes les plus favorisées cherchent à se distinguer par leur consommation ou leurs pratiques culturelles. Les classes moyennes cherchent à se distinguer des classes populaires et imitent les comportements des classes supérieures, néanmoins ne possédant pas tous les codes, les classes moyennes imitent avec maladresse les pratiques nobles ou adoptent des pratiques de substitution qui vont trahir leur origine sociale. Les classes populaires, sont cantonnées, par la faiblesse de leurs ressources à  consommer en s’adaptant aux contraintes.

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