REVISION du Chapitre : Quelles sont les caractéristiques et les facteurs de la mobilité sociale ?

 

Réviser les bases :

  • EPREUVE COMPOSEE (Il ne s'agit pas d'une véritable épreuve de baccalauréat puisqu'au Baccalauréat chaque partie de l'épreuve composée porte sur une question différente du programme)

  • DISSERTATION

  • QCM

EPREUVE COMPOSEE : Exemple de partie 1

EPREUVE COMPOSEE : Exemple de Partie 1 : Première partie : Mobilisation des connaissances (4 points).

Facile

Cette épreuve comprend trois parties :

Partie 1 - Mobilisation des connaissances : il est demandé au candidat de répondre à la question en faisant appel à ses connaissances acquises dans le cadre du programme.

Partie 2 - Étude d'un document : il est demandé aux candidats de répondre aux questions en mobilisant ses connaissances acquises dans le cadre du programme et en adoptant une démarche méthodologique rigoureuse, de collecte et de traitement de l'information.

Partie 3 - Raisonnement s'appuyant sur un dossier documentaire : il est demandé au candidat de traiter le sujet :

  • en développant un raisonnement ;
  • en exploitant les documents du dossier ;
  • en faisant appel à ses connaissances personnelles ;
  • en composant une introduction, un développement, une conclusion.

 

II sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l'expression et du soin apporté à la présentation.

Expliquez et illustrez le fait que la mobilité sociale observée comporte une composante structurelle.

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La mobilité sociale désigne le fait que des individus changent de position sociale. La mobilité observée désigne alors l’ensemble des flux, le plus souvent, d’une génération à l’autre : on observe statistiquement la position sociale des individus par rapport à celle de leurs parents.

Une partie de cette mobilité s’explique par les changements de structure de la société d’une génération à une autre : entre deux générations, la société change et, par exemple, certaines professions deviennent plus fréquentes alors que d’autres deviennent plus rares. La mobilité qui correspond à ces changements de structure est appelée la mobilité structurelle et la mobilité sociale comporte alors une composante structurelle et une composante nette.

Par exemple, en France, depuis les années 1950, la part des agriculteurs exploitants dans la société diminue d’une génération à une autre. Statistiquement, tous les enfants d’agriculteurs ne peuvent pas devenir agriculteurs et la mobilité sociale des enfants d’agriculteurs a donc une importante composante structurelle. Ainsi, en 2015, 2,5 % des hommes de 35 à 59 ans sont agriculteurs exploitants, alors que c’était le cas de 8,3 %  de leurs pères selon l’INSEE.

EPREUVE COMPOSEE : Exemple de partie 2

EPREUVE COMPOSEE : Exemple de Partie 2 : Étude d’un document (6 points).

Facile

Document 1.

 

Questions :

1) À l’aide des données du document, vous comparerez la mobilité sociale des agricultrices exploitantes à celle des femmes de professions intermédiaires. (2 points)

2) À l’aide du document et de vos connaissances, vous montrerez que la reproduction sociale est forte pour les femmes en France. (4 poi

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1) En 2021, la reproduction sociale est forte parmi les agricultrices exploitantes : alors que 1.1 % des femmes de 35 à 59 ans sont agricultrices exploitantes, c’est le cas de 9,9 % de celles dont la mère est également agricultrice. La reproduction sociale existe également, mais est de moindre ampleur pour les femmes professions intermédiaires : 27,8 % des femmes de 35 à 59 ans font partie de cette catégorie, c’est le cas de 37,9 % de celles dont la mère appartient également à cette catégorie sociale. Les filles d’agricultrices deviennent le plus souvent ouvrières et employées : 26,7 % d’entre elles sont devenues employées et ouvrières non qualifiées. Les filles de professions intermédiaires connaissent fréquemment une ascension sociale : 31,7 % d’entre elles sont devenues cadres, alors que ce n’est le cas que de 20,3 % des femmes de leur génération.

 

2) De manière générale, la lecture de la table de mobilité montre que le destin social le plus fréquent pour les femmes de 35 à 59 ans est d’appartenir à la même PCS que leur mère. Pour toutes les PCS salariées, la PCS la plus fréquente est celle de leur mère. Pour les PCS d’indépendantes, c’est moins le cas : par exemple, 29,4 % des filles d’artisanes, commerçantes et chefs d’entreprises deviennent employée ou ouvrière qualifiée, contre 10,6 % d’entre elles qui deviennent à leur tour artisanes, commerçantes et chefs d’entreprises en 2014-2015 selon l’INSEE.

Il est à noter que pour toutes les catégories d’origine, le fait d’appartenir à la catégorie sociale de leur mère est plus fréquent que pour toutes les autres femmes : ainsi, les filles d’agricultrices deviennent près de 9 fois plus souvent agricultrices que la moyenne, les filles d’artisanes, commerçantes et chefs d’entreprises appartiennent plus de 2 fois plus souvent à cette catégorie que la moyenne, tout comme les filles de cadres pour le fait d’appartenir à la catégorie des cadres. C’est dans la catégorie des employées et ouvrières qualifiées que la reproduction est la moins forte : 30 % des filles de cette catégorie la rejoignent contre 26,4 % des femmes de la même génération. Cela s’explique notamment par le fait que les filles d’employées et ouvrières qualifiées rejoignent fréquemment les professions intermédiaires.

La reproduction sociale est donc forte pour les femmes en France : le destin le plus fréquent est d’occuper la même position que sa mère. Cependant, cette reproduction est limitée par le changement de structure d’une génération à une autre, notamment pour les filles d’indépendants, et par la relative fréquence de l’ascension sociale.

EPREUVE COMPOSEE : Partie 3 (10 points)

EPREUVE COMPOSEE : Partie 3 (10 points)

Facile

Cette partie comporte trois documents.

 

Sujet : À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez qu’une société peut être plus mobile sans être plus fluide.

 

Document 1.

Document 2. Évolution de la fluidité sociale entre les cadres et les autres catégories de salariés entre 1977 et 2015 

Document 3

 On relève ainsi qu’en 1977 et par rapport aux fils d’ouvriers, les fils de cadres et professions intellectuelles supérieures avaient environ 92 fois plus de chances d’être cadre qu’ouvrier. En 1985, leur avantage relatif – considérable – est du même ordre de grandeur (111), mais il décline continûment au cours des décennies suivantes : 41 en 1993, 29 en 2003 et 23 en 2015. Ce constat a valeur générale. Un examen attentif montre en effet que, pour les hommes comme pour les femmes, une tendance à la décroissance des odds ratios entre 1977 et 2015 apparaît pour la quasi-totalité des couples de catégories considérés. Dès lors, le diagnostic qui s’impose est que la fluidité sociale entre générations a légèrement, mais régulièrement augmenté en France sur la période considérée.  [...] En raison de l’augmentation de la fluidité sociale intervenue entre 1977 et 2003, il est possible d’estimer que 84 000 de ces hommes ne sont pas eux-mêmes ouvriers en 2003, 51 000 d’entre eux étant devenus cadres ou professions intellectuelles supérieures.

Source : Louis-André VALLET, « La mobilité sociale en France depuis les années 1970 au prisme d’une perspective comparative (Europe, États-Unis) – mesures et causes » in Nicolas DUVOUX (dir.), Trajectoires et parcours des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale, 2021

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La métaphore de l’ascenseur social est souvent utilisée pour désigner les flux de mobilité que connaissent les individus dans nos sociétés. Le fait que cet ascenseur puisse être « bloqué » est alors considéré comme une situation intolérable puisque les plus méritants des individus issus des catégories populaires se verraient fermer la possibilité de connaître une ascension sociale. La faible mobilité sociale est alors considérée comme un signe de dysfonctionnement : dans une société sans mobilité, l’égalité des chances n’est pas assurée. Cependant, il ne suffit pas non plus de constater une mobilité sociale pour pouvoir affirmer que l’égalité des chances existe, cette mobilité sociale peut en effet être causée par des changements dans la structure de la société, sans lien avec la plus grande ouverture sociale des positions les plus prestigieuses. Pour rendre compte de l’égalité des chances, les sociologues préfèrent utiliser la notion de fluidité sociale, qui désigne le fait que le statut social des individus ne soit pas lié à sa position sociale d’origine : dans une société fluide, tout le monde à les mêmes probabilités d’accès aux différentes positions sociales, indépendamment de sa position d’origine. Cette fluidité entretient des liens avec la mobilité sociale, mais une société peut être plus mobile sans être plus fluide.

 

La mobilité sociale comporte une composante structurelle, qui fait qu’il peut y avoir mobilité sociale sans qu’il y ait réellement plus de fluidité : une partie de la mobilité est causée par le changement de structure d’une génération à une autre, sans que cela signifie forcément que la société devienne plus fluide. Ainsi, selon l’INSEE, en 1977, 16,1 % des femmes âgées de 35 à 59 ans étaient agricultrices exploitantes, contre 35 % de leurs mères : d’une génération à une autre, nombre de filles d’agricultrices ne sont pas devenues agricultrices car il y a moins de « places » d’agricultrices dans leur génération que dans celle de leur mère. On constate que cette situation est continue sur la période : alors que 1,3 % des femmes de 35 à 59 ans sont agricultrices en 2014-2015, cette proportion est plus importante de plus de 6 points dans la génération précédente. À l’inverse, la part des cadres a fortement augmenté d’une génération à une autre : 15,2 % des femmes de 35 à 59 ans occupent une profession de ce type, contre 4,8 % de celles de la génération précédente. Davantage de femmes sont donc devenues cadres, pas seulement parce que la société est devenue plus fluide, mais surtout parce que les places de cadres sont devenues plus fréquentes.

 

La mesure de la fluidité sociale permet de rendre compte de l’égalité des chances : elle permet d’aller au-delà du seul constat de flux ascendants ou descendants dans la société. Elle se mesure à partir d’odds ratio ou rapports de chance : par exemple, on mesure le rapport entre le pourcentage de fils de cadres qui deviennent cadres à leur tour plutôt qu’ouvrier et celui de fils d’ouvriers qui deviennent cadres plutôt qu’ouvrier. Par exemple, en France, en 1977, il était près de 30 fois plus fréquent pour un fils de cadre que pour un fils d’employé ou ouvrier qualifié de devenir cadre plutôt qu’ouvrier ou employé qualifié. Ce rapport était même de 92 si on comparait la position des cadres à celle des seuls ouvriers.

 

La mesure de la fluidité permet ainsi de relativiser le lien entre mobilité sociale et égalité des chances : la société française des années 1970, qui connaît une assez forte mobilité sociale n’est en fait pas très fluide : les odds ratio calculés sont hauts en général. Encore en 1985, on constate que les filles de cadres ont 6,5 fois plus de chances d’être cadre plutôt qu’occuper une profession intermédiaire que les filles dont la mère occupe elle-même une profession intermédiaire. Par contre, la société française contemporaine, où la mobilité observée n’est pas extrêmement plus importante qu’en 1977 connaît une bien plus grande fluidité : tous les odds ratio diminuent, selon Louis-André Vallet entre 1977 et 2015.

Une société peut donc être plus mobile sans être plus fluide : le constat de la mobilité sociale ne suffit donc pas pour observer le degré d’égalité des chances. C’est notamment dû à la présence d’une mobilité structurelle et la fluidité gagne à être observée à l’aide des odds ratio. Cette fluidité n’est cependant observée que de façon imparfaite du fait des limites des PCS utilisées.

DISSERTATION

Dissertation.

Facile

Sujet : Comment expliquer la mobilité sociale ?

 

DOCUMENT 1

Évolution de la structure des emplois masculins selon le sexe entre 1977 et 2015

DOCUMENT 2

[...] La séparation des parents semble donc bien avoir un effet propre sur le niveau de réussite scolaire et professionnelle des individus, à environnement familial égal.

Tout d’abord, on observe un effet négatif de la séparation sur le nombre d’années d’étude des individus dont les parents se sont séparés avant 18 ans. La séparation parentale, lorsqu’elle survient pendant l’enfance ou l’adolescence, affecterait négativement le nombre d’années d’étude. Toutefois cet effet est moins prononcé pour les 7-9 ans et les 16-18 ans.

Quant à l’effet mesuré sur le rendement scolaire, il est plus faible mais il demeure négatif (non significatif pour les 0-3 ans et les 16-18 ans).

Enfin, lorsque l’on considère l’effet sur le revenu moyen futur (pour un niveau d’étude et une profession donnée), l’effet de la séparation tend à se dissiper. Mais il reste prononcé lorsque la séparation survient à des moments charnières tels que l’année du cours préparatoire (CP) ou la sixième.

Par ailleurs, et c’est un autre apport majeur de cette étude, les effets observés de la séparation des parents diffèrent selon le sexe des enfants. Sur le plan de la réussite scolaire, les hommes semblent plus touchés que les femmes par une séparation parentale.

Source : Hélène Le Former, Nina Le Clerre, « Séparation et divorce : quels effets sur la réussite sociale des enfants ? », Dialogues économiques, 2022

 

DOCUMENT 3

Mobilité intergénérationnelle selon le niveau de diplôme obtenu et l’origine sociale (en %)

DOCUMENT 4

Part des fils dans les quartiles inférieur et supérieur de salaires selon le quartile d’appartenance du père en 2018 (en%)

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Introduction :

Dans son ouvrage de 1957, L’ascension de la méritocratie, le sociologue britannique Michael Young invente le terme de « méritocratie » pour critiquer l’idée selon laquelle l’égalité des chances suffit à instaurer une société juste : il propose ainsi d’imaginer une société dans laquelle la place des individus dépend entièrement de leurs capacités scolaires et montre qu’une telle société fait des laissés-pour-compte et les abandonne à leur sort en considérant qu’ils n’ont rien « mérité ». Dans une société de ce type, le diplôme est la clé unique de la mobilité sociale des individus.

La mobilité sociale désigne les changements de position sociale au sein d’une société. C’est le plus souvent à la mobilité sociale intergénérationnelle que l’on s’intéresse, c’est-à-dire au fait que les individus changent, ou non, de position sociale par rapport à celle de leurs parents. Dans nos sociétés, qui reposent en partie sur le principe méritocratique, le diplôme est une explication de cette mobilité : les plus diplômés ont plus de chances que les autres d’occuper les positions les plus prestigieuses, mais il n’est pas la seule explication. Des changements de structure peuvent aussi jouer par exemple.

Nous nous demanderons ici quelles sont les explications de la mobilité sociale dans la société française contemporaine.

Nous verrons que cette mobilité comporte d’abord une composante structurelle (I), puis que la montée de la qualification des emplois et l’école expliquent une grande partie de la mobilité sociale (II), avant de nous pencher sur le rôle déterminant des ressources et configurations familiales (III).

 

Plan détaillé :

I/ La mobilité s’explique d’abord par les changements de structure de la société…

          A/ Depuis les années 1970, la tertiarisation de l’emploi a entraîné une forte mobilité…

* les enquêtes Formation et qualification professionnelle de l’INSEE (doc. 1) montrent une importante transformation de la structure des emplois d’une génération à une autre

* les emplois dans le secteur primaire deviennent de plus en plus rares et sont déversés dans les autres secteurs : ainsi, alors que 25,4 % des pères des individus ayant entre 35 et 59 ans en 1977 étaient agriculteurs exploitants en France, ce n’est plus le cas que de 2,8 % des hommes ayant entre 35 et 59 ans en France en 2014-2015

* si dans un premier temps, les emplois du secteur primaire ont été déversés dans le secteur secondaire, les emplois industriels ont aussi connu une baisse à partir des années 1970

          B/ … tout comme la salarisation et la féminisation du marché du travail

* les professions d’agriculteurs exploitants et d’artisans, commerçants et chefs d’entreprises voient leurs effectifs baisser d’une génération à une autre (doc.1)…

* … alors que celles des professions salariées augmentent au fil du temps

* le marché du travail se féminise également, la part des femmes dans la population active augmente, ce qui conduit à une mobilité intergénérationnelle des femmes par rapport à leurs mères

 

II/ … mais il y a aussi un lien fort entre la qualification des emplois et le niveau de diplôme des individus…

          A/ On observe une montée de la qualification des emplois…

* la part des cadres et professions intellectuelles supérieures augmente de génération en génération (doc.1), tout comme celle des professions intermédiaires

* à l’inverse, la part des employés et ouvriers non qualifiés diminue fortement…

* au profit de celle des plus qualifiés parmi les employés et ouvriers, l’ascension sociale peut alors être assez fréquente d’une génération à une autre

          B/ … et l’accès aux emplois les plus qualifiés est fortement corrélé au niveau de diplôme obtenu

* quel que soit le niveau de diplôme des parents, les moins diplômés (CAP ou Bac) connaissent plus souvent un déclassement qu’une ascension sociale (doc. 2)

* cette situation est particulièrement forte pour les individus dont les parents sont les plus qualifiés : 92 % de ceux qui ont un diplôme égal au CAP ou au Bac connaissent un déclassement

* à l’inverse, 39 % de ceux qui ont un diplôme au moins égal à Bac + 5 connaissent une ascension sociale

 

III/ … et la mobilité sociale dépend aussi des ressources et configurations familiales

          A/ Le revenu et le diplôme des parents influent fortement sur la position sociale des individus…

* pour tous les niveaux de diplôme, la reproduction sociale est forte (doc. 2)

* c’est particulièrement vrai aux extrêmes, c’est-à-dire dans les catégories les plus favorisées et les plus défavorisées

* dans tous les pays étudiés dans l’enquête utilisée dans le doc. 4, les individus ont plus de chances d’appartenir au même quartile de revenus que leur père plutôt qu’à un autre quartile : en Allemagne, par exemple, la moitié des individus dont le père appartient aux 25 % les plus riches appartient aussi aux 25 % les plus riches

          B/ … même si cela peut être nuancé en fonction de la configuration familiale

* la séparation des parents diminue la probabilité de réussite scolaire, avec des nuances selon l’âge auquel survient cette séparation et le genre de la personne (doc. 3)

* la fratrie peut également jouer : avoir un frère ou une sœur qui suit des études supérieures peut augmenter les chances de suivre, à son tour, des études de ce type

* la réussite scolaire peut aussi provenir de « capitaux cachés » selon l’expression de Paul Pasquali

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