Réussite et échec en premier cycle universitaire, comment en juger

Réussite et échec en premier cycle universitaire, comment en juger

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L’échec de nombreux étudiants en premier cycle universitaire est très préoccupant pour notre pays. Pour y remédier, il importe d’identifier les éléments constitutifs de l’échec ou de la réussite des parcours étudiants, en se penchant notamment sur les conditions et les modalités d’accès à l’enseignement supérieur en France. Une fois ce constat effectué, on peut dresser quelques pistes pour une politique renouvelée de l’enseignement supérieur.

 

Mots-clés : Echec scolaire, premier cycle universitaire

L’examen des taux de réussite des étudiants en premiers cycles universitaires en France, notamment en licence générale, sont très importants, parce-que les défaillances observées pendant ces premières années de formation sont capitales pour l’avenir de notre pays.

Il y a deux manières d’appréhender la question de la réussite ou l’échec en premier cycle universitaire. La première consiste à mettre l’accent sur les faibles taux de réussite en licence. Ainsi, selon les chiffres du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 31,7% seulement des inscrits en première année de licence en 2017 sont diplômés après 3 ans. En troisième année de licence, 40% de la cohorte 2017 n’est plus inscrite à l’Université, et cela représente 80000 jeunes. La deuxième approche, plus complexe, est d’essayer d’appréhender la question de la réussite au sein des premiers cycles universitaires de façon longitudinale. L’offre de formation disponible est-elle capable de construire un parcours de réussite sur un temps plus long que celui de la licence en 3 ans ? En d’autres termes, parmi les 80000 jeunes que l’on vient de citer, combien sortent définitivement du système de formation sans diplôme ? Et là, la conclusion est un peu plus rassurante : au bout du compte, une part importante de ceux qui connaissent une trajectoire très variée après l’entrée en L1 seront diplômés d’autres formations, souvent non universitaires. D’ailleurs, une récente note du SIES (Systèmes d’Information et Etudes Statistiques, Ministère de l’Enseignement Supérieur) éclaire ce sujet : 7 ans après leur première inscription, 80% des bacheliers 2014 qui sont entrés dans l’enseignement supérieur ont obtenu un diplôme, et un quart de ceux-ci sont encore en poursuite d’études, essentiellement longues.

Au-delà de ces statistiques, il est important pour comprendre les parcours de réussite ou d’échec de se pencher sur les conditions d’accès à l’enseignement supérieur. En l’état actuel des choses, compte-tenu de l’hypertrophie des filières générales en France, on observe que les bacheliers généraux constituent en 2017 65% des entrants dans les Instituts universitaires de Technologie, et 20% des entrants dans les Sections de Techniciens Supérieurs (STS). Tout se passe comme si la filière générale envahissait les formations du tertiaire conçues pour les bacheliers technologiques, et même celles des bacheliers professionnels, à tel point qu’il a été nécessaire d’instaurer des quotas d’entrée en IUT pour les bacheliers technologiques. Simultanément, les bacheliers technologiques et professionnels s’inscrivent en licence générale faute de pouvoir intégrer les filières universitaires courtes, filières générales où ils connaissent un échec important. Les abandons en cours d’étude de licence sont très souvent le fait de bacheliers technologiques ou professionnels. Pour compléter le tableau, ajoutons qu’il convient de rappeler une fois de plus le caractère très inégalitaire du système éducatif français puisque les catégories sociales les moins favorisées (ouvriers, employés, retraités et inactifs) sont nettement surreprésentées dans les filières technologiques et professionnelles. Tous ces éléments invitent à penser que le travail sur l’égale dignité des filières générales et des filières technologiques et professionnelles est encore à mener, bien que (et il faut le souligner) le Ministère de l’Education Nationale ait fait de nombreux efforts dans cette direction depuis un certain nombre d’années.

Afin d’apporter une solution à l’échec étudiant dans les premiers cycles universitaires, il est urgent de dégager les éléments d’une politique rénovée de l’enseignement supérieur en France, qui pourrait s’articuler selon 4 axes. Les deux premiers axes sont de nature financière. Il est nécessaire de revoir le financement de l’enseignement supérieur en augmentant la dépense moyenne par étudiant (qui a baissé au cours des années 2010-2018). Et au sein de cette dépense le recrutement de nouveaux enseignants du supérieur est indispensable pour assurer un taux d’encadrement de qualité en licence. Le deuxième axe financier est la remise à plat de l’aide sociale aux étudiants, afin qu’elle soir réellement concentrée sur ceux qui en ont le plus besoin. Les deux autres axes relèvent de réformes structurelles. Il faut d’abord et avant tout que l’enseignement secondaire joue mieux son rôle de préparation aux parcours de l’enseignement supérieur (c’est d’ailleurs l’objet de la loi ORE et de la plateforme Parcoursup). Cela suppose aussi que l’enseignement supérieur organise une plus grande progressivité et modularité des parcours de formation. Le dernier axe s’inscrit dans la question de l’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. Comment assurer un équilibre entre la maîtrise des savoirs et attitudes scolaires et les prérequis de la professionnalisation ? Et là, il semble bien qu’un travail étroit entre le monde de l’éducation et le monde de l’entreprise sur la construction et l’évaluation des différentes compétences attendues au cours de la vie active soit tout à fait nécessaire.

Quiz : Réussite et échec en premier cycle universitaire, comment en juger, Analyses, 22 septembre 2022

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