Transformations démographiques et évolutions des modes de vie - Dossier documentaire

Sommaire

Document 1: évolution de l’espérance de vie à la naissance en France de 1740 à 2020

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Lecture du graphique : Ce graphique présente l’évolution de l’espérance de vie à la naissance en France, de 1740 à 2020. L’axe horizontal couvre les 280 dernières années, depuis le milieu du XVIIIe siècle. L’espérance de vie calculée pour une année représente la durée de vie moyenne d’un groupe de personnes qui seraient soumises, âge après âge, aux conditions de mortalité de l’année : entre la naissance et le premier anniversaire, elles connaîtraient le risque de décéder des individus de moins d’un an cette année-là, entre 1 et 2 ans, le risque de décéder des enfants de cet âge la même année, etc.

L’espérance de vie est exprimée en années. Elle est souvent calculée séparément pour chaque sexe.

Source : Ined.fr

Questions :

1)  Comment a évolué l’espérance de vie depuis 1740 ? Quels facteurs ont permis d’accroitre l’espérance de vie ?

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Questions :

1)  Comment a évolué l’espérance de vie depuis 1740 ? Quels facteurs ont permis d’accroitre l’espérance de vie ?

« L’espérance de vie a presque doublé au cours du vingtième siècle

Au milieu du XVIIIe siècle, la moitié des enfants mouraient avant l’âge de 10 ans et l’espérance de vie ne dépassait pas 25 ans. Elle atteint 30 ans à la fin du siècle, puis fait un bond à 37 ans en 1810 en partie grâce à la vaccination contre la variole. La hausse se poursuit à un rythme lent pendant le XIXe siècle, pour atteindre 45 ans en 1900. Pendant les guerres napoléoniennes et la guerre de 1870, l’espérance de vie décline brutalement et repasse sous les 30 ans.

Au cours du XXe siècle, les progrès sont plus rapides, à l’exception des deux guerres mondiales. Les décès d’enfants deviennent de plus en plus rares : 15% des enfants nés en 1900 meurent avant un an, 5 % de ceux nés en 1950 et 0,4 % (3,5 pour mille exactement) de ceux nés en 2015. La hausse de l’espérance de vie se poursuit grâce aux progrès dans la lutte contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers. En 2020, l’espérance de vie en France atteint 79,2 ans pour les hommes et 85,3 ans pour les femmes). » (Ined.fr)

Ce document permet-il de mettre en évidence un phénomène de vieillissement démographique ?

Le vieillissement démographique est défini par l’augmentation de la part des personnes âgées (plus de 60 ans par exemple) dans la population. Si l’espérance de vie augmente, cela conduit effectivement à accroitre le vieillissement démographique, on parle de vieillissement « par le haut ».

En revanche il manque dans ce document un autre aspect du vieillissement démographique : le vieillissement démographique  «par le bas » qui correspond à une baisse de la natalité.

Document 2 : Evolution de la pyramide des âges japonaise 1960-2060, en millions

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Questions :

1) Que montre l’évolution de la pyramide des âges du Japon ?

2) Où se situe le Japon dans la transition démographique ?

3) A partir de l’exemple du Japon, analysez l’impact de la transition démographique sur l’allure de la pyramide des âges.

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1) Que montre l’évolution de la pyramide des âges du Japon ?

En 1960, la pyramide des âges a encore une allure une de pyramide, mais des encoches (plus nombreuses du côté des hommes) révèlent des baisses de population liées aux  guerres. Le baby boom est également visible

En 2010, l’allure de la pyramide tend davantage vers la « pagode » : la base est rétrécit ce qui révèle une baisse de la natalité, le haut de la pyramide prend de l’ampleur ce qui témoigne d’une augmentation de l’espérance de vie. Le rentrant à l’âge de 55 ans correspond à la deuxième guerre mondiale et le saillant au baby-boom. Il y en 2010 beaucoup d’adultes mais le vieillissement de la population est prévisible car la base se rétrécit.

Les projections pour 2060 montrent une évolution en forme de champignon où la base se rétrécit de manière importante révélant le déficit de natalité alors que la proportion de personnes âgées augmente. C’est donc une pyramide des âges qui prend l’allure d’une population en voie d’extinction.

2) Où se situe le Japon dans la transition démographique ?

Le Japon est depuis plusieurs décennies dans la phase de post-transition marquée par la baisse de la natalité et la faiblesse de la mortalité. L’accroissement naturel est très faible voire négatif et le vieillissement démographique est déjà très visible.

3) A partir de l’exemple du Japon, analysez l’impact de la transition démographique sur l’allure de la pyramide des âges.

Dans la période de pré-transition, la natalité est élevée et la mortalité aussi : la pyramide des âges a donc une allure pyramidale assez marquée.

Puis dans la première phase de la transition démographique, la mortalité ralentit, la pyramide des âges s’épaissit au sommet mais la base demeure toujours large.

Puis, dans la deuxième phase, la natalité ralentit donc la base de la pyramide se rétrécit alors que l’espérance de vie continue d’augmenter donc le sommet de la pyramide continue de s’épaissir.

Enfin,  dans la période post-transitionnelle, la base est étroite du fait de la faible natalité alors que le sommet prend de l’ampleur.

La pyramide s’est presque retournée sur elle- même entre le début et la fin de la transition.

Document 3 : la deuxième transition démographique

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« Si l’espérance de vie a effectivement augmenté dans la plupart des pays qui ont achevé leur transition démographique, la fécondité de certains d’entre eux a fortement diminué pour se situer en dessous du seuil de 2,1 enfants par femme, et ce de manière durable. C’est le cas en 2019 du Portugal (1,2) de la Grèce (1,3) de l’Espagne (1,4) de l’Allemagne (1,5), de l’Italie (1,5) ou encore du Canada (1,5).

Face à cette dynamique amorcée à la fin des années 1960 dans certains pays occidentaux, une nouvelle théorie a été formulée. Il s’agit de la seconde transition démographique (Lesthaeghe, Van de Kaa, 1986) caractérisée par le maintien d’une fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations et la diversité de types d’union et de familles [...]. Cette seconde transition démographique a été analysée comme le fruit  d’évolutions profondes des sociétés occidentales se traduisant par un changement de valeurs, d’attitudes et de normes, associé à la montée de l’individualisme, de l’émancipation féminine, de la libération sexuelle, de la généralisation de la sécularisation. S’inspirant du post-matérialisme (Inglehart, 1977), l’accent  est mis sur l’individualité, l’autonomie et la recherche de l’épanouissement personnel, transformant la place de l’enfant. La maîtrise de la fécondité par les moyens modernes de contraception permettant de choisir d’avoir (ou non) un enfant, ce dernier est devenu un des éléments, parmi d’autres, de réalisation de soi.

Si la seconde transition démographique est présentée comme amenée à se diffuser dans plusieurs pays, elle est de fait difficilement transposable à tous les pays, mêmes occidentaux. Certains d’entre eux connaissent une fécondité basse (Italie, Espagne, Grèce, Allemagne) mais les nouvelles formes conjugales et familiales y sont moins présentes. La déliaison mariage/procréation, au centre de la seconde transition démographique, est peu marquée. Il n’en reste pas moins que cette théorie réactive les questionnements sur la dépopulation et le vieillissement accentué des populations. »

Source : Céline Clément et Carole Brugeilles, Introduction à la  démographie, Armand Colin, 2020.

 

Questions :

1) Quelles sont les caractéristiques de la seconde transition démographique ?

2)  Pourquoi le seuil de remplacement des générations est il fixé à 2,1 enfants par femme ?

3) Cette deuxième transition démographique est-elle une loi ?
 

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1) Quelles sont les caractéristiques de la seconde transition démographique ?

La seconde transition démographique se caractérise par une espérance de vie élevée et par une fécondité durablement faible (en dessous du seuil de remplacement de 2,1 enfants par femme) et la diversité des types d’union et de familles. L’arrivée d’un enfant ne conduit plus aujourd’hui forcément au mariage et les couples se font et se défont, avec ou sans enfant. C’est ainsi que l’on voit se développer des familles monoparentales (une famille monoparentale est, selon l’Insee, composée d’un parent isolé et d’un ou plusieurs enfants célibataires (n’ayant pas d’enfant)) ou des familles recomposées (selon l’Insee, une famille composée comprend un couple d’adultes, mariés ou non, et au moins un enfant né d’une union précédente de l’un des conjoints. Les enfants qui vivent avec leurs parents et des demi-frères ou demi-sœurs font aussi partie d’une famille recomposée).

2)  Pourquoi le seuil de remplacement des générations est il fixé à 2,1 enfants par femme ?

« Une génération assure son remplacement si le nombre de filles dans la génération des enfants est égal au nombre de femmes dans la génération des parents.

A cause du rapport de masculinité à la naissance (il naît 105 garçons pour 100 filles) et de la faible mortalité infantile, le niveau de remplacement est atteint lorsque les femmes ont environ 2,1 enfants dans les pays développés » (Ined.fr).

3) Cette deuxième transition démographique est-elle une loi ?

Cette deuxième transition démographique s’est diffusée dans de nombreux pays, mais pour l’instant elle ne se diffuse pas à l’ensemble des pays occidentaux. En effet dans certains pays occidentaux, malgré la baisse de la fécondité, le lien entre mariage et procréation demeure fort.

On ne peut donc pas parler de loi en l’état actuel de nos connaissances, ce schéma ne semble pas s’imposer dans tous les pays. Il s’agit plutôt d’une tendance constatée dans certains pays occidentaux.

Document 4 : Structure de la consommation selon le niveau de vie en 2017

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Document 5 : Part de la dépense de consommation alimentaire dans le revenu disponible brut et la dépense de consommation des ménages de 1960 à 2014

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Question :

1) Ces documents confirment-ils la première loi d’Engel ?

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1) Ces documents confirment-ils la première loi d’Engel ?

Le document 1 confirme effectivement la loi d’Engel puisqu’il permet de comparer à un moment donné (ici en 2017) la structure de la consommation selon le niveau de vie. On constate donc que, conformément à la loi d’Engel, la part des dépenses consacrées à l’alimentation (hors alcool) représente environ 18% du budget des 20% des ménages les plus modestes alors que cette part représente environ 14% du budget des 20% des ménages les plus aisés en 2017 selon l’Insee.

Le document 2 confirme également la loi d’Engel, ici avec une variation dans le temps. Entre 1960 et 2014, le niveau de vie des ménages a augmenté et on constate que la part des dépenses consacrées à l’alimentation diminue, conformément à ce qu’avait mis en évidence Engel en 1857.

Document 6 : Evolution des taux d’équipement en %

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Document 7 : la théorie du cycle de vie du produit

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Questions :

1) Distinguez deux grandes périodes dans l’équipement des ménages (document 6)

2) Etablissez un parallèle entre le cycle de vie du produit établi par Vernon, le taux d’équipement des ménages et les comportements d’imitation et de distinction.

3) Peut-on parler d’une homogénéisation des comportements de consommation ?

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1) Distinguez deux grandes périodes dans l’équipement des ménages (document 6)

Dans les années 1960 et 1970, la France entre dans la société de consommation, les biens durables deviennent accessibles, à la fois grâce à la production en série qui permet de baisser les prix et grâce à la hausse des salaires. De plus en plus de ménages s’équipent en réfrigérateur (dès la fin des années 70, 95% des ménages sont équipés en réfrigérateur), lave linge ou téléviseur. La démocratisation de la voiture est en revanche plus lente, étant donné le prix plus élevé. Le lave-vaisselle demeure un équipement plus superflu, en effet même si le taux d’équipement progresse à un rythme régulier depuis le début des années 70, près de 40% des ménages ne sont pas équipés en lave vaisselle en 2019.

Dans les années 1990, une deuxième vague d’équipement apparaît, centrée autour du magnétoscope, du micro-onde (dont l’arrivée est assez tardive en France) et des micro-ordinateurs. Manquent sur le graphique les données concernant les téléphones portables et les tablettes. Ces biens liés aux nouvelles technologies se diffusent à la même vitesse que les biens de la première vague.

2) Etablissez un parallèle entre le cycle de vie du produit établi par Vernon, le taux d’équipement des ménages et les comportements d’imitation et de distinction.

L’allure du taux d’équipement est semblable à ce que décrit Vernon dans sa théorie du cycle de vie.

Lorsqu’un nouveau produit apparait sur le marché, la production est souvent réalisée en courtes séries, le produit est cher et apparaît comme un produit de luxe que seules les catégories les plus favorisées peuvent acquérir, parfois dans une volonté de consommation ostentatoire. On constate néanmoins que cette phase est d’autant plus longue que le produit est moins essentiel (cf. le lave-vaisselle)

Dans la phase de croissance, la concurrence entre les entreprises se généralise et les méthodes de production de masse commencent à être utilisées. Le prix du produit commence à baisser et les classes moyennes peuvent imiter les comportements de consommation des classes favorisées et commencer à acquérir le bien en question

Lors de la phase de maturation, la production se fait en grande série et permet une baisse importante des prix. Le produit devient accessible au plus grand nombre. Le taux d’équipement progresse de manière importante et le produit se diffuse parmi les classes populaires.

Lors de la sénescence, le marché est saturé, la plupart des ménages est équipée du bien. Le marché est un marché de renouvellement, le nombre d’entreprises qui fabriquent le produit tend à diminuer.

3) Peut-on parler d’une homogénéisation des comportements de consommation ?

Si la plupart des ménages sont équipés du même type de biens durables, il s’agit néanmoins de produits de qualités différentes. Par ailleurs, les consommateurs, selon leurs classes sociales n’ont pas forcément le même usage de ces équipements. Si la télévision est par exemple « l’invité permanent » des classes populaires, pour reprendre les termes d’Olivier Masclet, on constate, en revanche chez les classes supérieures, plutôt dotées en capital

Document 8 : L’espace des styles de vie selon Pierre Bourdieu

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Questions :

1) Quels sont les trois éléments qui définissent la position d’un individu ou d’un groupe dans l’espace social ?

2) Comment Bourdieu définit-il les styles de vie ? Comment apparaissent-ils sur le graphique ?

3) En quoi ce schéma permet-il de rendre compte des aspects relationnels de l’espace social ?

4) Les styles de vie sont-ils hiérarchisés ?

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1) Quels sont les trois éléments qui définissent la position d’un individu ou d’un groupe dans l’espace social ?

La position d’un individu ou d’une classe dans l’espace social est définie par trois éléments que Bourdieu classe par ordre d’importance :

Tout d’abord, le volume global de capital (axe vertical): cela renvoie à la plus ou moins grande dotation en capital qu’il soit économique, culturel ou social. Le volume de capital permet de distinguer trois classes sociales : les classes supérieures qui sont les mieux dotées, les classes moyennes puis les classes populaires qui sont les moins bien dotées en capital global.

Ensuite la structure des capitaux (axe horizontal), qui correspond au poids relatif du capital économique d’une part et du capital culturel d’autre part, permet de distinguer des fractions de classes. Pierre Bourdieu considère que le capital économique est davantage classant que le capital culturel.

La mise en évidence de cette structure des capitaux permet donc de distinguer des fractions de classe parmi les classes supérieures (on distingue ainsi la fraction dominante des classes supérieures caractérisée par une prédominance du capital économique et la fraction dominée des classes supérieures davantage dotée en capital culturel) et parmi les classes moyennes (la fraction dominante des classes moyennes mieux dotée en capital économique qu’en capital culturel et la fraction dominée des classes moyennes mieux dotée en capital culturel qu’en capital économique).

Il n’y a pas de fractions de classes parmi les classes populaires qui se caractérisent surtout par la faiblesse de leur volume de capital.

Enfin, le dernier élément est l’évolution dans le temps de ce volume et de cette structure. L’ancienneté dans le groupe et la trajectoire du groupe doivent être prises en compte. Les styles de vie sont fortement influencés par l’ancienneté des capitaux.

2) Comment Bourdieu définit-il les styles de vie ? Comment apparaissent-ils sur le graphique ?

Pour Pierre Bourdieu le style de vie est un « ensemble unitaire de préférences distinctives qui expriment, dans la logique spécifique de chacun des sous-espaces symboliques, mobilier, vêtement, langage ou hexis corporelle, la même intention expressive » (La distinction, Critique sociale du jugement, 1979). Par là, Bourdieu veut montrer que les préférences des agents et des groupes sociaux sont le produit d’un même habitus de classe, qui donne une certaine forme de cohérence aux différents goûts et aux différentes pratiques des individus.

Les classes populaires sont marquées par le « goût de la nécessité » comme le montrent les termes mobilisés dans le graphique (vin rouge ordinaire, bal, belotte…) alors que les classes supérieures se caractérisent plutôt par des pratiques distinctives (opéra, piano, bridge, etc.).

Les classes moyennes cherchent à imiter les classes supérieures mais commettent souvent des fautes de goût qui trahissent leur origine sociale (opérette plutôt que opéra par exemple…).

3) En quoi ce schéma permet-il de rendre compte des aspects relationnels de l’espace social ?

Le caractère relationnel de l’espace social transparaît dans le graphique par la position des groupes les uns par rapport aux autres : les proximités sur le papier renvoient à des proximités sociales, soit à des ressemblances alors qu’au contraire, des écarts sur le papier rendent compte de distance sociale, de dissemblances.

4) Les styles de vie sont-ils hiérarchisés ?

Selon Pierre Bourdieu, il y a homologie entre l’espace des positions sociales et l’espace des styles de vie. Les styles de vie sont donc hiérarchisés comme les positions sociales.

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