Comptabilité nationale

Définition :

la comptabilité nationale est une représentation du fonctionnement d’une économie nationale. Il s’agit de représenter, de manière comptable, les activités économiques des différents agents économiques d’une nation, regroupés en secteurs institutionnels et de calculer des agrégats permettant d’évaluer les « performances » d’une économie.

L'essentiel :

 

L’enjeu premier de la comptabilité nationale est de mesurer l’activité économique à l’échelle de la nation et de retracer les principaux flux économiques sur un exercice comptable, soit une année civile. Il est possible de trouver de nombreuses tentatives au cours de l’histoire pour aboutir à ce type de résultats, telle que celle menée par William Petty au 17e siècle. 

Cependant, la comptabilité nationale en tant que telle émerge suite à la crise de 1929 avec la volonté de mesurer des agrégats à l’échelle nationale. La réalisation la plus aboutie à ce moment-là est sans doute le travail mené au NBER sous la direction de Simon Kuznets qui mène au calcul du produit intérieur des États-Unis, ce qui constitue le premier calcul du PIB, résultat essentiel de la comptabilité nationale. C’est la seconde guerre mondiale qui pousse, en lien aussi avec le cadre d’analyse keynésien, à élaborer de manière systématique une approche comptable de l’activité économique nationale. Ainsi, en Grande-Bretagne, plusieurs économistes, dont James Meade et Richard Stone développent des travaux sur la comptabilité nationale qui font référence. Après la guerre, l’OECE cherche à développer un système de comptabilité nationale commun pour tous ses membres, ce qui conduit  en 1952 à la création du Système normalisé de comptabilité nationale, repris en grande partie dans le Système de comptabilité nationale de l’ONU en 1953. Aujourd’hui encore, c’est le SCN de l’ONU qui fait référence. Il a fait l’objet de nombreuses révisions, pour s’adapter aux mutations des économies, dont la dernière date de 2008. L’Union européenne adapte ce SCN à travers le Système européen de comptabilité nationale. Il est important que les règles soient harmonisées au niveau mondial, pour pouvoir établir des comparaisons.

 

La comptabilité nationale s’appuie sur une approche macroéconomique et modélise l’économie comme un circuit. La logique de la comptabilité double est adoptée avec la logique selon laquelle une opération réalisée par un agent a toujours une contrepartie chez un autre agent (par exemple, une entreprise verse un salaire, un ménage reçoit ce salaire). C’est cette logique que l’on retrouve, par exemple dans l’équilibre emplois-ressources. La production est à l’origine de l’activité économique. De cette production naissent les biens et services qui circulent dans l’économie, mais aussi les revenus, qui proviennent du partage de la valeur ajoutée. Il y a donc un double mouvement de production et de consommation : ce qui est produit est consommé ou investi. 

 

Dans une logique macroéconomique d’agrégation des comportements, les agents économiques sont regroupés par secteurs institutionnels. Chacun de ces secteurs est défini par sa fonction principale. Les sociétés non financières produisent des biens et services. Ce sont les entreprises (non individuelles) qui n’appartiennent pas au secteur de la finance ou de l’assurance. Les sociétés financières produisent les services financiers (principalement, ce sont les banques et assurances). Les entreprises individuelles appartiennent au secteur institutionnel des ménages dont la principale fonction est la consommation finale.  Quant à elles, les administrations publiques réalisent une production non marchande et réalisent une redistribution des revenus. La production non marchande peut aussi être réalisée par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM), qui regroupe essentiellement les associations. Pour retracer les opérations avec les autres pays, un secteur fictif, le « reste du monde » est ajouté. Chacun de ces secteurs réalisent des opérations économiques, qui peuvent être de quatre types : les opérations sur produits (production, importation, consommation, investissement…), celles de répartition (distribution et redistribution des revenus), les opérations financières (dettes et créances) et opérations sur le patrimoine, qui permettent de retracer, depuis 1993, des stocks alors que la comptabilité nationale a longtemps reposé sur une logique exclusive de flux. Les opérations sur produits sont toutes regroupés dans le tableau entrées-sorties (TES) qui donne une synthèse de l’ensemble des opérations de ce type par branche et permet d’observer les relations entre ces branches pour observer la production de la valeur ajoutée. Ce TES permet notamment le calcul du PIB. C’est l’un des deux principaux tableaux de synthèse de la comptabilité nationale avec le tableau économique d’ensemble (TEE). 

 

Le PIB est le résultat le plus mis en, avant de la comptabilité nationale, c’est l’agrégat qui mesure l’activité économique le plus utilisé. Il peut être calculé sous l’angle de la production, comme la somme des valeurs ajoutées brutes réalisées par les unités productrices, sur une année donnée évaluées au prix du marché. Il peut aussi être abordé sous l’angle des revenus des différents secteurs institutionnels et par l’équilibre emplois-ressources. La comptabilité nationale est aussi à l’origine du calcul du revenu national brut, de la capacité ou du besoin de financement de la nation (en lien avec la balance des paiements) ou encore de ratios permettant de mesurer la performance et le comportement des secteurs institutionnel (par exemple, le taux de marge des entreprises). 

Depuis 2023, l’INSEE développe une démarche de publication de « comptes nationaux augmentés » dont l’objectif est d’utiliser l’approche de la comptabilité nationale pour étudier conjointement les questions économiques, sociales et environnementales. Cette démarche a vocation à prendre de l’ampleur au fil du temps. Dans un premier temps, l’INSEE se focalise sur le fait d’augmenter les comptes nationaux par la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre et les inégalités de revenus. La logique environnementale conduit ainsi à publier des « comptes carbones » retraçant les émissions polluantes des unités de production résidentes et l’empreinte carbone de la consommation. Du côté des inégalités, la logique est de réaliser des comptes par catégories de ménage (par exemple, par âge, par vingtième du revenu, selon le sexe et la parentalité…).

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