Métiers 2030, « Quelles perspectives de recrutement en région »

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En mars 2022 paraissait Les Métiers en 2030, exercice de prospective sur les besoins et les difficultés de recrutement attendus à l’échelle nationale dans les 10 ans à venir. Le présent rapport décline maintenant ces projections à l’échelle régionale, dessinant une carte où se côtoient des régions qui devraient connaître moins de difficultés de recrutement (le Nord-Est), et des régions dans lesquelles le déficit potentiel de main-d’œuvre devrait à l’inverse être accentué (façade atlantique, bassin méditerranéen).

 

Mots-clés : Emploi régional, Métiers en tension, Politique locale de l’emploi.

Comme dans la projection nationale, les besoins de recrutement dépendent de la dynamique des activités (création nette d’emplois), à laquelle on ajoute les départs en fin de carrière. Ces besoins de recrutement sont confrontés, pour chaque métier et chaque région, aux flux débutants sur le marché du travail. Ces projections sont déclinées par métiers selon les treize régions métropolitaines.

 

Déséquilibres potentiels par région à l’horizon de 2030, dans le scénario de référence entre 2019 et 2030 (en pourcentage de l’emploi de 2019).

 

Si on s’en tient au niveau de l’ensemble, on observe que, si toutes les régions seront affectées par une pénurie d’actifs, le niveau de postes potentiellement non pourvus diverge selon les régions.

D’un côté, les régions de l’Ouest et du Sud afficheraient des déficits potentiels de main-d’œuvre élevés, parce qu’elles sont dynamiques en termes d’emplois (et certes attractives pour les professionnels en provenance d’autres zones géographiques), et que moins de jeunes en emploi y débutent que dans la moyenne nationale. Par exemple, en Occitanie, le déséquilibre potentiel entre les 37% de besoin de recrutement (29% de départs en fin de carrière et 8% de créations nettes d’emplois) et les 28% de ressource en main-d’œuvre (24% de jeunes débutants et 4% de travailleurs en provenance d’autres régions) représentait environ 6% des emplois régionaux (soit environ 200000 postes).

De l’autre côté, les régions intérieures moins densément peuplées et le Grand-Est ainsi que les Hauts-de-France ont des déséquilibres moins forts en raison de créations d’emplois plus faibles que la moyenne nationale. Par exemple, dans les Hauts-de-France, les départs en retraite et le flux des jeunes débutants s’équilibrent à peu près, et la création nette d’emplois devrait être très faible. Quant à l’Ile-de-France, elle se singularise par une très forte attractivité pour les jeunes, mais aussi par des départs nombreux des actifs en emploi vers les régions atlantique et méditerranéenne.

Comme on vient de le voir notamment sur le graphique ci-dessus, toutes les régions auront, mais à des degrés divers, un déficit potentiel en main-d’œuvre à l’horizon 2030. Mais on observe également des disparités territoriales selon les métiers, qui tiennent à des dynamiques d’emploi hétérogènes et à des spécificités de la structure de l’emploi au niveau local. Il y a des métiers où le déficit potentiel de main-d’œuvre serait élevé dans l’essentiel des régions, comme par exemple pour les agents d’entretien et les employés de maison, ainsi que les aides à domicile. Cela s’explique par les nombreux départs à la retraite et la faible attractivité de ces métiers pour les jeunes débutants sur le marché du travail.
Il y a d’autres métiers où l’écart anticipé entre les besoins de recrutement et les ressources en main-d’œuvre ne serait pas d’une même ampleur d’une région à l’autre. C’est le cas par exemple des ingénieurs en informatique, avec un déséquilibre particulièrement élevé le long de la façade atlantique (Bretagne, Pays de Loire, Nouvelle-Aquitaine) et au Sud-Ouest (Occitanie). Dans ces territoires, les besoins non couverts à l’horizon 2030 représenteraient entre un cinquième et un tiers des emplois actuels dans ces métiers de l’informatique, et ce malgré l’attractivité des régions concernées pour les professionnels en provenance d’autres régions. Enfin, on observe également une forte hétérogénéité des déséquilibres liée à des spécificités régionales, comme par exemple les maraîchers, jardiniers et viticulteurs dans les deux premières régions agricoles de France (Nouvelle-Aquitaine et Bretagne) ou encore pour les techniciens de la maintenance dans l’industrie et le commerce en Corse, Bretagne, et en Nouvelle-Aquitaine.

Au total, si on confronte les déficits potentiels de main-d’œuvre à l’horizon 2030 avec l’intensité actuelle des tensions de recrutement, on observe (voir graphique ci-dessous) que l’aggravation des tensions serait nettement plus marquée dans les territoires du Sud et de l’Ouest.

 

Part des emplois exercés dans des métiers dont les tensions s’accentuent d’ici 2030, par région (en pourcentage de l’emploi de 2019).

Ce panorama régional des Métiers en 2030 a pour finalité de permettre aux décideurs de mieux adapter leurs politiques d’emploi régionales, en repérant les potentiels déficits de main-d’œuvre. La formation initiale et continue est un des moyens de favoriser l’adéquation entre l’offre et la demande de travail. Mais il ne suffit pas d’améliorer l’offre. Il faut aussi que la demande de travail, donc celle des employeurs, mette en place des actions significatives pour remédier aux difficultés d’attractivité de certains métiers et formations.

Quiz : Métiers 2030, « Quelles perspectives de recrutement en région »

Source : Lien vers le site de France Stratégie-Dares, janvier 2023

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