Les inégalités sociales et territoriales de parcours et de résultats scolaires

L’état de l’école 2022– Depp (octobre 2022)

 

Les parcours et les performances scolaires diffèrent selon l’origine sociale des élèves et leur lieu de résidence. Les vœux d’orientation des élèves et leurs aspirations en termes de poursuite d’études, ainsi que leurs résultats scolaires, dépendent des ressources économiques et culturelles qu’ils ont à disposition mais aussi du contexte géographique qui détermine notamment la distance à l’offre de formation.

 

Mots clés : résultats scolaires, choix d’orientation, milieu social, territoire de résidence, comparaisons internationales

Les statistiques montrent que les différences de performances scolaires sont très dépendantes du milieu social des parents. Ces inégalités sont fortes tout au long de la scolarité. En sixième par exemple, à la rentrée 2021, parmi les 20 % d’élèves les plus favorisés socialement, 98 % ont une maîtrise satisfaisante ou très bonne des connaissances et compétences en français et 91 % en mathématiques. Pour les 20 % des élèves les moins favorisés, ces chiffres s’élèvent respectivement à 76 % et 50 %. On notera que l’écart en français est inférieur à celui en mathématiques. A l’entrée en seconde générale, technologique ou professionnelle, le constat est similaire.

Les études internationales comme celles de l’OCDE (Programme international pour le suivi des acquis, PISA) mettent en avant le fait que la France fait partie des pays de l’OCDE où les inégalités sociales de performance scolaires sont les plus élevées. En 2018, les élèves français de 15 ans parmi les 25 % les plus favorisés ont des scores très proches à l’épreuve de compréhension de l’écrit de ceux de leurs homologues allemands, finlandais ou irlandais. Cependant, en ce qui concerne les 25 % des élèves les moins favorisés, les élèves français obtiennent des résultats beaucoup plus bas que les finlandais ou irlandais et un peu plus bas que les allemands. L’écart de résultats entre les 25 % les plus favorisés et les 25 % les plus défavorisés y est donc particulièrement élevé. 

Les inégalités sociales déterminent donc dans une certaine mesure les résultats scolaires mais elles déterminent aussi aussi les parcours.

Ainsi, dix ans après leur entrée en sixième en 2007, 85 % des enfants de cadres, professions libérales et chefs d’entreprises ont obtenu leur baccalauréat général ou technologique contre seulement 35 % des enfants d’ouvriers qualifiés, soit près de deux fois et demi moins proportionnellement.
En ce qui concerne l’obtention du CAP/BEP, les chiffres sont respectivement de 3 % et 19 %.

Ces écarts de parcours s’expliquent par des différences de compétences mais aussi de choix d’orientation à compétences équivalentes (à notes égales, les enfants issus de milieux favorisés choisissent plus souvent de poursuivre en seconde générale et technologique que ceux de milieux moins favorisés). Dans les deux cas, l’origine sociale joue.

Cependant, en France, l’écart entre les élèves appartenant aux 25 % les plus favorisés et les 25 % appartenant aux moins favorisés en ce qui concerne le souhait d’obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur est le plus faible des pays européens (89 % contre 69 %, soit 20 points d’écart contre 48 en Allemagne par exemple).

La composition sociale des territoires en France est donc déterminante dans les résultats scolaires. Plus un territoire sera composé de familles d’origine sociale favorisée, plus les résultats scolaires y seront élevés. Ainsi, dans l’ouest du pays, dans les départements alpins et dans l’ouest francilien, les élèves présentent des taux de maîtrise des connaissances et compétences élevés. Cela coïncide avec un indice de position sociale moyen (IPS, calculé à partir de la probabilité de réussite des enfants compte tenu de la profession des parents) particulièrement élevés dans ces départements. A l’opposé, dans le Nord et l’Est de la France, ou particulièrement en Seine-Saint-Denis, un IPS moyen plus faible est corrélé à des résultats scolaires, en français ou mathématiques, plus faibles. 

Il existe cependant des exceptions. Des élèves de certains départements du Massif central présentent des résultats élevés par rapport à ce qui pourrait être attendu compte tenu de leur IPS moyen. Inversement, il peut y avoir des résultats faibles malgré un IPS moyen permettant d’envisager une meilleure réussite. Dans ce cas précis, qui est celui de certains départements franciliens, l’explication principale vient de la présence d’une forte ségrégation scolaire associée à des inégalités économiques plus fortes qu’ailleurs : la concentration dans certains quartiers ou écoles d’élèves en grande difficulté scolaire pénalisent lourdement les élèves les plus défavorisés en raison de la dégradation des conditions d’apprentissage que cela implique.

L’orientation après la troisième dépend des résultats scolaires, du milieu social, mais aussi du degré d’urbanisation du territoire dans lequel les élèves résident.

Être scolarisé dans une commune urbaine dense ou très dense augmente la probabilité de poursuivre en seconde générale et technologique en raison de la diversité et de la proximité des formations d’enseignement supérieur qui favorisent les aspirations à des études longues. A l’inverse, dans les territoires ruraux, des élèves qui se seraient orientés vers le lycée général et technologique s’ils avaient habité en ville, vont plus souvent choisir l’enseignement professionnel à résultats scolaires identiques de ceux des élèves des villes.
La perspective de longs trajets ou de déménagements nécessaires pour poursuivre des études longues rend ces élèves et leurs familles moins ambitieux dans leur choix d’orientation.

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