INTRODUCTION GENERALE DU CHAPITRE

Facile

Tous les régimes politiques, qu’ils soient autoritaires, dictatoriaux ou démocratiques, sont concernés par le vote, pour des raisons différentes. Dans les deux premiers cas, il légitime et sert la communication des gouvernants. Dans le troisième cas, il est institutionnalisé au cœur des démocraties représentatives fondées sur la fiction juridique d’une coïncidence entre volonté des représentants et volonté diversifiée du peuple, qui traduit l’autorisation de représenter celui-ci (délégation de pouvoir ; incarnation d’un système de valeurs) conceptualisée par Thomas Hobbes dans Le Léviathan (1651).

Cet acte central de la vie démocratique est typiquement une forme de participation conventionnelle par laquelle le citoyen ne remet pas en cause la légitimité d’un système politique (lequel inclue régime politique, régime de partis, libertés publiques, médias, socialisation politique), à côté de formes non-conventionnelles, plus protestataires et à la limite de la légalité.

Cette adhésion du citoyen à un système politique correspond à des fonctions sociales explicites (exprimer des préférences, choisir des représentants) et plus implicites (appartenance à un groupe, partage de valeurs collectives).

Le comportement électoral, qui traduit de façon régulière – au-delà de l’opinion – des attitudes politiques (désintérêt, valeurs conservatrices ou progressistes…) résulte du processus de socialisation politique, largement structuré par le milieu familial. Il peut être observé par le socio-politologue de deux manières : soit comme un acte individuel dont on va présumer un certain degré de rationalité, soit comme un acte collectif exprimant des appartenances sociales, qui peuvent être multiples.

Cependant, une troisième dimension du vote rétroagit sur cet acte individuel : celle de la présentation (par les statistiques officielles, les travaux de politistes) des résultats d’un scrutin traduisant l’agrégation des préférences individuelles. En effet, cette présentation, qui repose sur des classements positionnant les élus sur un axe gauche-droite selon les programmes électoraux et les proximités idéologiques, nourrit les informations et contribue à l’éducation politique du citoyen.

L’augmentation du taux d’abstention électorale dans les pays développés démocratiques est une donnée anticipée par Alexis de Tocqueville dans le Tome 2 de De la démocratie en Amérique (1840) et qui aujourd’hui témoigne de la perplexité du citoyen dans la « société du risque » (Ulrich Beck) globalisée face à des enjeux complexes et des offres politiques contestées. Ainsi, au constat que l’égalisation des conditions conduit à un repli matérialiste sur le confort privé et à un désengagement politique, s’ajoute celui du rejet d’une classe politique professionnalisée et perçue comme peu représentative et éloignée des préoccupations de la population.

L’intensité de la participation électorale du citoyen à un scrutin, c’est-à-dire un ensemble d’opérations de vote et de modes de calculs destinés à transformer des suffrages exprimés en sièges à pourvoir, se mesure essentiellement à partir de trois taux. Son interprétation peut varier selon les pays, en fonction des systèmes électoraux et les règles de calcul.

Dans ce chapitre, seront traités successivement quatre questions :

- les règles électorales

- les variables explicatives du vote

- les modèles explicatifs

- les remises en cause partielles des modèles explicatifs, suite à une augmentation de la volatilité électorale.

 

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