[...] En raison de la crise sanitaire, et de manière inédite, près de trois mois et demi sépareront donc les deux tours de ces élections municipales, alors même que le premier tour avait été organisé juste avant le confinement et dans des conditions particulières. Le 15 mars dernier, sur les quelque 46 millions d’électeurs inscrits, 20,5 millions de françaises et de français se sont rendu aux urnes, avec un taux de participation de 44,6 %, soit une faible mobilisation. Puis le lendemain, le chef de l’Etat, dans une allocution télévisée, avait annoncé une limitation stricte des déplacements et le report du second tour des élections municipales. Le second tour a donc été fixé au 28 juin.
[...] Ces élections sont un moment très important de la vie démocratique, et les Français sont souvent très attachés aux enjeux concrets et aux projets proposés dans leur commune. Lors de la dernière crise sociale liée au mouvement des « gilets jaunes », les maires ont joué un rôle de tout premier plan, dans le cadre de la tenue du « Grand débat national », pour exprimer et relayer les avis des Français. Les différentes enquêtes d’opinion, notamment sur la confiance dans les institutions, montrent d’ailleurs que le maire, en tant qu’élu de proximité, est une personnalité appréciée.
[...] Les enjeux de ces élections municipales 2020, et du second tour, pour la vie politique française, sont multiples :
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Le taux de participation sera un indicateur particulièrement commenté dans la mesure où le scrutin se déroulera dans un contexte sanitaire toujours difficile [...]
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L’articulation entre le national et le local : si le scrutin municipal constitue toujours une forme de test intermédiaire pour la majorité présidentielle, et s’il est toujours interprété par les politistes et les médias comme un signal envoyé au Président, les enjeux sont aussi, et surtout, liés à la problématique des territoires et à l’équation personnelle des candidats, et à la mise en place d’une nouvelle équipe sur la base d’un projet pour la ville, ou la reconduction d’une équipe en place. [...]
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La vie des partis politiques et les forces politiques en présence : les commentateurs évalueront les résultats des différents partis pour tenter de décrypter la physionomie du paysage politique français avant les prochaines échéances ; LREM, un jeune parti dans le paysage politique français, qui ne dispose de candidats que dans une commune sur deux, et après des résultats relativement décevants au premier tour, verra ses résultats du second tour interprétés soit comme un redressement par rapport au premier tour, soit comme un vote sanction de la majorité présidentielle ; de nombreux experts évoquent aussi le regain possible (ou la confirmation du déclin) de partis traditionnels comme LR et PS, qui disposent historiquement d’un fort ancrage local, voire de bastions dans certaines villes ; ce scrutin peut être pour le Rassemblement national (RN) de Marine le Pen l’occasion d’accélérer l’ancrage local de son parti dans les différents territoires. Enfin, la poussée des forces écologistes, notable au premier tour et déjà perceptible lors des élections européennes, sera à confirmer.
C’est la raison pour laquelle ces élections locales, avec leurs implications nationales, sont toujours un moment important pour la vie démocratique du pays.
Source : Vers le second tour des élections municipales : une « relocalisation » des enjeux politiques ? (Melchior)
Questions :
1) Quels sont les différents acteurs de la vie politique évoqués dans ce document ?
2) Comment est calculé le taux de participation électorale ?
3) Comment appelle-t-on le fait qu’un électeur inscrit sur les listes électorales n’aille pas voter ?
4) Selon vous et en vous aidant du document, quels facteurs peuvent influencer la participation électorale ?
5) Synthétisez - Quels sont les enjeux du second tour des élections municipales cette année ?
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Corrigés :
1) Quels sont les différents acteurs de la vie politique évoqués dans ce document ?
Les partis politiques, les médias et la société civile organisée (à travers les Gilets jaunes et le Grand débat national).
2) Comment est calculé le taux de participation électorale ?
Taux de participation = nombre de votants / nombre d’inscrits sur les listes électorales
Ainsi on peut refaire le calcul du taux de participation au 1er tour : 20.5 millions / 46 millions = 44.6%
3) Comment appelle-t-on le fait qu’un électeur inscrit sur les listes électorales n’aille pas voter ?
C’est l’abstention.
4) Selon vous et en vous aidant du document, quels facteurs peuvent influencer la participation électorale ?
- Le type d’élection : il est écrit que “les Français sont souvent très attachés aux enjeux concrets et aux projets proposés dans leur commune”, ce qui laisse supposer que le taux de participation a tendance à être plus important pour les élections municipales que pour d’autres élections (sentiment que l’enjeu est important ou non).
- Le contexte : la faible mobilisation pour le premier tour s’explique par le contexte sanitaire.
En dehors des informations données dans ce document, on peut dire que le fait d’aller voter varie aussi en fonction de l’intérêt pour la politique et du sentiment de compétence politique (= fait de se considérer comme politiquement compétent) que possèdent les individus.
5) Synthétisez - Quels sont les enjeux du second tour des élections municipales cette année ?
- Bien que ces élections se déroulent à l’échelle locale, elles constituent un signal (de soutien ou de mécontentement) pour le président de la République, d’autant plus qu’elles se déroulent au milieu du mandat présidentiel.
- C’est aussi l’occasion d’évaluer les forces politiques en présence, la vitalité des différents partis en fonction des résultats obtenus dans certaines villes. Ce sont des indications pour les prochaines échéances électorales.
- Le taux de participation sera aussi un indicateur très commenté compte tenu du contexte sanitaire.