Document 7 : Le chômage partiel, un dispositif suffisant pour limiter le chômage ?

Facile

L’anticipation d’une chute brutale de l’activité liée à la période confinement et les conséquences sur le marché du travail ont conduit les gouvernements et les banques centrales à prendre des mesures de soutien afin d’amortir le choc de cette crise d’une ampleur et d’une nature inédites. En l’espace de quelques semaines, les plans de soutien budgétaire adoptés par les pays du G20 ont dépassé ceux qui avaient été mis en oeuvre lors de la crise financière entre 2008 et 2010 tandis que les banques centrales réactivaient ou amplifiaient les achats d’actifs ou les prêts au système financier. […]

Au niveau de la politique budgétaire, on peut distinguer trois grands types de mesures : celles qui visent à maintenir le pouvoir d’achat des ménages malgré les arrêts d’activité, celles prises à l’intention des entreprises et qui visent à préserver l’outil de production et enfin celles spécifiques au secteur de la santé.

Concernant les ménages, les mesures prises par les gouvernements ont principalement visé à soutenir leur revenu via notamment le recours massif au chômage partiel comme indiqué précédemment. […] En l’absence de chômage partiel, l’emploi reste peu protégé aux États-Unis et le gouvernement privilégie le soutien aux revenus des ménages par une extension de l’assurance-chômage existant et l’octroi de crédits d’impôts en fonction des revenus […]

Les entreprises, outre les mesures de chômage partiel qui ont permis d’ajuster la masse salariale le temps de la crise tout en préservant l’emploi, ont bénéficié de reports de créances fiscales et sociales1 ainsi que de prêts dont le remboursement est conditionnel au maintien de l’emploi. […] Les gouvernements ont par ailleurs mis en place des garanties publiques sur les nouveaux emprunts, pour faciliter l’accès au crédit des entreprises en déchargeant les prêteurs du risque pris dans des circonstances exceptionnelles où celui-ci s’accroît significativement. […]

Comme lors de la crise financière de 2008-2009, les banques centrales ont été en première ligne pour apporter une réponse à la crise du Covid-19. Elles ont déployé l’ensemble des outils dont elles disposaient afin d’assouplir l’orientation de la politique monétaire, d’éviter une crise de liquidité et le tarissement des financements accordés aux ménages et aux entreprises. L’objectif de ces mesures n’était pas tant de stimuler la demande que d’éviter une amplification financière du choc. La politique d’achats de titres souverains fut également primordiale pour accompagner les mesures budgétaires mises en oeuvre par les gouvernements. […]Les banques centrales ont également annoncé une reprise ou une extension des programmes d’achats d’actifs qui permettent de réduire les taux longs et de faciliter le financement des mesures de politique budgétaire. […]

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Note 1 : Les reports de créances fiscales et sociales correspondent aux dettes dues aux administrations publiques dont le remboursement est reporté dans le temps. Il permet aux acteurs privés de reporter le paiement des impôts et des cotisations sociales dus aux administrations publiques.

Source : Département analyse et prévision de l’OFCE, sous la direction d’Éric Heyer et de Xavier Timbeau, 2020, « Évaluation de l'impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur l'économie mondiale en avril 2020», OFCE Policy brief 69, 5 juin.

Questions :

1. Quelle est la nature des mesures budgétaires mises en place pour limiter l’impact économique de la pandémie de Covid-19 ?

2. Les banques centrales ont-elles mis en place des politiques monétaires de relance ?

3. Synthétiser : A l’aide du dossier documentaire, construire un paragraphe argumenté qui répond à la question suivante : Comment les gouvernements luttent-ils contre le chômage résultant de la crise du Covid-19 ?

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Réponses :

1. Quelle est la nature des mesures budgétaires mises en place pour limiter l’impact économique de la pandémie de Covid-19 ?

La crise sanitaire du Covid 19 a engendré une crise économique qui a nécessité la mise en œuvre de politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale. Il s’agit de mettre en place des politiques budgétaires de relance :

- soutien aux revenus des ménages pour soutenir la consommation : indemnisation du chômage partiel, extension de l’assurance chômage, crédits d’impôt modulés selon le revenu

- soutien de l’activité des entreprises : une forme de subvention des emplois sauvegardés par le dispositif du chômage partiel, baisse d’impôts et des cotisations sociales à court terme, facilités de crédit pour encourager l’investissement et la sauvegarde d’emploi.

2. Les banques centrales ont-elles mis en place des politiques monétaires de relance ?

Il ne s’agit pas explicitement de mettre en place un politique monétaire de relance de la demande mais d’éviter une crise financière qui amplifierait le recul de l’activité économique à court terme. Il s’agit de mettre en place une politique monétaire dite « accommodante » en facilitant le refinancement des banques commerciales, le financement des dépenses publiques de soutien budgétaire à l’activité économique et de détendre la contrainte de financement des acteurs privés. Les Banques centrales ont effectué des programmes d’achats d’actifs sur le marché monétaire afin de favoriser la baisse des taux d’intérêts longs. Ces mesures visent en premier lieu à éviter une réduction drastique de l’offre de crédit consécutive à une crise de confiance des banques (credit crunch) qui aurait pour conséquence une amplification de la crise économique.

3. Synthétiser : A l’aide du dossier documentaire, construire un paragraphe argumenté qui répond à la question suivante : Comment les gouvernements luttent-ils contre le chômage résultant de la crise du Covid-19 ?

our lutter contre le chômage résultant de la période de confinement nécessaire pour contenir la pandémie du Covid-19, les pays européens ont privilégié la flexibilité quantitative interne à la flexibilité quantitative externe, contrairement aux Etats-Unis. C’est pourquoi, on observe une hausse moins prononcée du chômage dans beaucoup de pays d’Europe. Ces derniers ont mis en place un dispositif de chômage partiel limitant les licenciements et les destructions d’emplois qui en résulteraient. En outre, par ses effets récessifs sur la demande mondiale, la crise du Covid-19 a freiné brutalement et durablement l’activité économique. L’économie mondiale a donc subi un choc de demande négatif lié à la baisse de la consommation, de l’investissement et des exportations mondiales provoquée par la crise économique résultant de la lutte contre la pandémie. Par conséquent, il s’agit aujourd’hui de lutter contre un chômage de nature conjoncturel. Le chômage conjoncturel résulte en effet d’une activité économique insuffisante, donc de l’insuffisance de la demande de biens et services dans une économie. C’est pourquoi, le G20 se tourne vers l’emploi de politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale en employant les deux instruments de la politique conjoncturelle : politique budgétaire et politique monétaire.

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