Document 3. Bifurquer dans sa carrière

Facile

Chef de rayon dans un magasin d’électroménager où il souffre de nombreux conflits professionnels, Laurent s’inscrit au concours de surveillant de l’administration pénitentiaire  [...] il suit des cours de mathématiques en dehors de ses heures de travail auprès d’un ami pour multiplier ses chances de réussite. Passer les concours de la fonction publique est un moyen d’échapper à la condition professionnelle actuelle et de rejeter le monde du privé. Mais, sans goût pour le métier lui-même, il reportera son incorporation à deux reprises. La décision est loin d’être facile : « Je savais plus très bien si je voulais rentrer dans l’administration. » Il arrive d’ailleurs au stage découverte « tremblant, en claquant les genoux », impressionné par le monde pénitentiaire qu’il ne connaissait qu’à travers la fenêtre médiatique. Le soir du troisième jour, déprimé par l’univers carcéral, il rentre chez lui et décide de refermer cette parenthèse. Mais il change d’avis à nouveau après en avoir parlé avec sa femme : « Elle m’a un peu remis les idées sur… elle m’a demandé ce que je voulais vraiment. C’était un peu con d’aller gâcher… enfin discussion toute la nuit. » Le lendemain, il décide de poursuivre sa formation et de démissionner. Une immersion professionnelle plus intense éclairera sous un nouvel angle le contenu réel du métier qu’il apprivoisera progressivement.

Source : Sophie Denave, Reconstruire sa vie professionnelle. Sociologie des bifurcations, Presses Universitaires de France, collection « Le Lien social », 2015

 

Questions :

1/ Pourquoi peut-on dire que Laurent connaît une mobilité sociale intragénérationnelle ?

2/ Quels ont été les facteurs qui l’ont poussé à une telle trajectoire ?

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