Document 2. Une différence entre perception par les ménages et mesure de l’évolution des prix

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    Les controverses portant sur la pertinence de la mesure statistique de l’évolution des prix sont récurrentes en raison de l’écart que celle-ci entretient avec le ressenti des ménages, notamment depuis le passage aux pièces et billets en euros le 1er janvier 2002. Plusieurs facteurs expliquant ce décalage ont été identifiés. Tout d’abord, des biais de perception sur les prix peuvent provenir du fait que les ménages sont plus sensibles aux prix de certains produits ayant connu des hausses importantes et dont la fréquence d’achat est élevée. Les consommateurs accorderaient moins d’importance aux prix qui baissent ou qui demeurent stables et observeraient d’autant mieux les évolutions de prix de produits qu’ils se les procurent fréquemment. Lors du passage à l’euro, certains commerçants ont arrondi les prix à l’unité supérieure le plus souvent pour des produits achetés fréquemment (café au comptoir, baguette de pain…). Le niveau général des prix n’a cependant augmenté que de 1,9 % en 2002.

    De plus, plusieurs travaux ont montré que la perception des ménages était modifiée lors de périodes de forte augmentation des prix de l’immobilier (durant les années 2000 par exemple). Pourtant, l’IPC exclut les dépenses d’achats de logements, ceux-ci étant considérés comme des biens patrimoniaux et non de consommation (l’usage d’un logement n’entraîne pas sa destruction dans le temps, même progressive et l’achat de logement constitue en partie un placement financier).

    […] L’IPC neutralise aussi les améliorations et détériorations de la qualité des produits que les ménages achètent, ce qui peut expliquer aussi une partie du décalage. Par exemple, un nouveau smartphone, dont le prix de marché est plus élevé (et perçu comme tel par les consommateurs) que l’ancien, ne sera pas considéré par l’Insee comme plus cher si la hausse du prix traduit un gain de qualité équivalent. […]

    Enfin, l’écart entre ressenti et statistiques tient aux limites inhérentes à tout raisonnement en moyenne […]. La diversité des situations individuelles est telle que, finalement, une partie seulement des ménages est en mesure de se retrouver dans les moyennes publiées par les instituts statistiques et dont les médias se font l’écho. […] La structure de consommation diffère aussi selon le niveau des revenus ; les produits achetés et le poids des différents postes de consommation étant différents, les ménages ne sont pas confrontés à la même dynamique de prix.

Source : Vincent Barou, 50 fiches pour comprendre les débats économiques actuels, Bréal, mars 2020

 

Question :

1) Quels sont les quatre biais de perception expliquant pourquoi les ménages ressentent une augmentation des prix plus élevée que celle calculée par l’Insee ?

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1) Quels sont les quatre biais de perception expliquant pourquoi les ménages ressentent une augmentation des prix plus élevée que celle calculée par l’Insee ?

Les ménages ont tout d’abord tendance à surestimer l’augmentation des prix des produits qu’ils achètent régulièrement comme par exemple le pain ou la viande. Une baisse de prix de matériel informatique sera dans cette logique minorée.

Les ménages accordent une place importante à l’évolution du prix de l’immobilier. Cependant, seuls les loyers de ménages qui sont locataires, correspondant à uniquement 40 % des ménages, sont pris en compte dans l’IPC. L’achat de logements n’entre donc pas dans l’IPC car ceux-ci sont considérés comme relevant du patrimoine et non de la consommation. Or, le prix de l’immobilier a augmenté cinq fois plus vite que l’IPC sur les deux premières décennies du XXIème siècle. Les ménages qui ont acheté durant cette période ont donc le sentiment d’une hausse des prix supérieure à celle calculée par l’Insee.

De plus, les ménages perçoivent la hausse de certains produits comme par exemple les téléphones mobiles mobile, les ordinateurs ou les véhiculent qui deviennent électriques alors que cette augmentation n’est pas prise en compte par l’Insee qui souhaite isoler l’effet prix en neutralisant l’effet qualité.

Enfin, l’IPC reflète l’évolution des prix d’un panier moyen. Peu de ménages consomment les produits dans les mêmes proportions que celles choisies pour constituer le panier de l’Insee, ce qui donne l’impression à la majorité que l’évolution des prix selon les statistiques ne correspond pas à ce qu’ils vivent.

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