Parsons considère la société américaine comme le modèle principal des sociétés modernes ( comme le processus le plus abouti du passage de la société primitive à la société intermédiaire c’est-à-dire une système social stratifié en classes), puis à la société moderne hautement différenciée sur le plan fonctionnel).(…) La famille moderne a perdu de ses fonctions antérieures prises en charge désormais par d’autres institutions ou instances spécialisées : elle cesse d’être une instance de production économique et se spécialise dans le soutien, le support affectif et émotionnel de ses membres ; parallèlement, de nouvelles instances se spécialisent dans la prise en charge financière et éducative de la famille ( services sociaux, école, médias, hôpitaux). La famille moderne exerce deux fonctions essentielles : d’une part, la socialisation primaire des enfants c’est-à-dire l’intériorisation par l’enfant de la culture dans laquelle il est Né (…) ; d’autre part, la stabilisation de la personnalité adulte par le mariage. La famille moderne se dote d’une nouvelle structure plus adaptée, et ses fonctions deviennent plus spécialisées. Cependant, plusieurs problèmes se posent à la famille nucléaire : les relations avec la parenté élargie, un système bilatéral qui repose sur le mariage, et des valeurs orientées vers la rationalité.
Jean François Orianne, Petit précis d’analyse sociologique,2019.
Questions à partir des documents 16 et 17 :
28) Comparez ces deux approches des liens familiaux ?
29) À quels courants sociologiques appartiennent - ils ?
30) Quels sont les points communs et les différences entre ces deux courants ?
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28) Comparez ces deux approches des liens familiaux.
Le texte intitulé justement « la parenté chez les Na » est une illustration du caractère non universel des règles de la parenté. Elle explique en quoi les liens juridiques, les rôles sociaux, les relations affectives sont déterminés par la culture. Le second texte retrace quant à lui l’évolution de la famille dans les sociétés occidentales postérieure à l’industrialisation. Il met ainsi en évidence que les fonctions remplies par la famille vis-à-vis de ses membres ont été transformées par cette évolution.
29) À quels courants sociologiques appartiennent - ils ?
Le premier texte est caractéristique d’une approche culturaliste. La culture est l’ensemble des valeurs et normes de comportement, elle permet de montrer qu’il y autant de sociétés que de cultures. Ainsi, les comportements qui paraissent les plus naturels à l’homme sont définis par des rôles sociaux. C’est particulièrement le cas de l’institution familiale ( relations amoureuses, relations filiales, relation de parenté).
Le second texte décrit la famille selon une conception fonctionnaliste inspirée de l’approche de Talcott Parsons. Les fonctions de la famille évoluent avec son environnement socio économique : c’est l’adaptation fonctionnelle. Ainsi, la famille élargie qui comprend plusieurs générations est une nécessité dans une économie de subsistance dominée par l’agriculture. C’est alors la condition de la survie du groupe qui nécessite de produire la nourriture et de transmettre les moyens de la produire : la terre. En revanche, l’industrialisation exigeant une plus grande mobilité des personnes en même temps que la famille perd sa fonction productive. La famille va donc se contracter et se réduire à sa forme nucléaire (les parents et les enfants non mariés).
30) Quels sont les points communs et les différences entre ces deux courants ?
Le culturalisme et le fonctionnalisme sont deux courants holistes qui s’inscrivent dans la continuité de la sociologie de Durkheim visant à expliquer l’origine de la cohésion sociale : l’un parce que la culture est un moyen de concevoir la conscience collective, si essentielle pour le père de la sociologie ; l’autre, parce que les fonctions permettent de comprendre les liens entre les institutions et les personnes. Les fondements de la cohésion sociale diffère néanmoins entre les deux courants. La cohésion de la société est fournie par la cohérence interne de la culture que chacun intériorise par la socialisation. Elle produit la personnalité de base ; les comportements des individus permettent la stabilité de la société par la perpétuation de sa culture. En revanche, pour les fonctionnalistes, la cohésion interne de la société est comparable à celle d’un organisme vivant dont la survie exige que soient remplies ses fonctions vitales.