Au début du XXe siècle, objectiver l’inflation par une mesure statistique devient décisif en particulier pour rendre compte de possibles baisses du pouvoir d’achat des ménages puisqu’en l’absence d’augmentation des salaires, l’augmentation des prix à la consommation se traduit par une baisse du pouvoir d’achat des travailleurs.
Raison pour laquelle émergent de premiers indices des prix à la consommation. Le phénomène de l’inflation tient compte de dimensions jusqu’à ce jour exclues de la notion de « prix à la consommation ». Sont exclus de la mesure l’évolution du prix des SIFIM (services d’intermédiation financière indirectement mesurés), des assurances vie et des loyers imputés (c’est-à dire les loyers fictifs attribués aux propriétaires ayant acquis, par l’investissement, leur résidence).
Pour calculer ces IPC, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) confectionne un panier moyen de biens et services représentatif de la consommation des ménages. Pour établir ce panier, il collecte tous les mois environ 390 000 prix selon deux grandes logiques : jusque 2020, la moitié de ces prix étaient collectés par des enquêteurs directement en points de vente, à partir d’un échantillon stratifié de 30 000 points de vente qui tenait compte des comportements des consommateurs. Depuis, sur une partie de ce volet de collecte des données de points de vente, l’Insee a recours à ce que l’on appelle les « données de caisse » : il récupère ainsi plusieurs millions de prix chaque mois à partir des tickets de caisse des grandes surfaces. L’autre moitié des prix (prix du transport, de la téléphonie, mais aussi du e-commerce) sont, quant à eux, collectés directement par l’Insee selon des méthodologies très diverses, qui vont du webscraping* en passant par des données recueillies directement auprès des producteurs.
En simplifiant de manière excessive, disons que, une fois que ces prix sont collectés ils sont progressivement agrégés, par le biais d’une moyenne pondérée par le coefficient budgétaire des ménages de l’année de base (le coefficient budgétaire désignant la part dans les dépenses de ménages de chaque catégorie de bien ou service). C’est ce qu’on appelle un indice de Laspeyres. Pour que l’évolution dans le temps de cet indice des prix à la consommation reflète exclusivement l’effet prix, il faut d’une part que la structure du panier des biens et services reste constante dans le temps, et d’autre part que les variations du prix d’un bien ne tiennent pas compte des variations de sa qualité (si un bien a connu à la fois une hausse de son prix et de nettes améliorations dans sa qualité entre deux périodes d’observation, l’Insee considérera qu’il ne s’agit pas – ou pas seulement - d’une augmentation de prix).
*méthode consistant à extraire des données de site internet et à les enregistrer afin de les analyser ou de les utiliser dans des objectifs divers.
Source : Florence Jany-Catrice, « Derrière les chiffres de l’inflation », laviedesidees.fr, mai 2021
Questions :
1) Comment l’Insee collecte-t-il les prix composant l’IPC ?
2) Tous les prix ont-ils le même poids dans l’IPC ?
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1) Comment l’Insee collecte-t-il les prix composant l’IPC ?
La moitié des prix environ est collectée dans plusieurs milliers de points de vente physiques (des magasins par exemple) directement par des enquêteurs mais aussi en récupérant les « données de caisse » à partir des tickets de caisse des grandes surfaces. L’autre moitié des prix, comme ceux du transport, de la téléphonie ou du e-commerce, est récupérée par l’Insee selon des méthodes diverses comme le recueil de données à partir de sites internet (webscraping) ou directement auprès des entreprises.
2) Tous les prix ont-ils le même poids dans l’IPC ?
Les prix, une fois collectés par l’Insee, sont agrégés mais en leur attribuant des coefficients différents selon la part dans les dépenses des ménages de chaque bien ou service (par exemple, plus un bien est consommé par les ménages, plus le coefficient qui lui est attribué est important). On parle de moyenne pondérée par le coefficient budgétaire des ménages.