I L'avènement d'un ordre politique distinct des ordres économiques, sociaux et culturels.
La féodalité était une forme d’organisation politique et sociale caractérisée par un partage du pouvoir souverain en principautés et fiefs gouvernés par des seigneurs et leurs vassaux. Elle s’est traduite par une dispersion des pôles de puissance et donc le morcellement de l’autorité publique. Le pouvoir était traditionnellement lié à la personne physique qui le possède (chefs de guerre, grands féodaux, rois, etc.). Un mariage sans descendance mâle, une guerre perdue ou une contestation des descendants modifiaient le titulaire et la nature du pouvoir.
Face à une société fractionnée en seigneuries, il appartiendra au pouvoir royal d’imposer un nouvel ordre politique autour de nouvelles pratiques d’allégeances. On observe donc à ; la fin du Moyen-âge une centralisation du pouvoir politique. Les principales « maisons » puis « la maison de France » peuvent revendiquer avec succès de nombreux monopoles économiques, politiques ou symboliques.
L’autorité des Capétiens s’impose, souvent par la guerre, aux dynasties rivales et à la papauté. Le roi impose la justice royale dans les conflits entre vassaux et seigneur, prélève des taxes nouvelles et généralise les prélèvements fiscaux réguliers qui permettent de financer une armée de professionnels. Il s’impose donc comme pouvoir suprême, voire divin.
A partir de la fin du XVe siècle, l’État est devenue une réalité indépendante du souverain. Accumulation, unification et concentration de ressources territoriales, militaires, juridiques et financières renforcent un monopole de domination de type étatique.
Au XVIe siècle, la sphère des activités politiques se distingue des pouvoirs religieux. La séparation du pouvoir temporel et du spirituel et l’esprit des Lumières transforment profondément l'ordre politique. La source de tout pouvoir va progressivement résidé dans le peuple qui, par l’intermédiaire de ses représentants, organise l’État au service du bien public.
II L'évolution de l'État dans le monde occidental.
L’État est une forme d’organisation du pouvoir politique. Un État est une collectivité qui se compose d’un territoire, d’une population et d’un pouvoir politique organise.
Sur le plan juridique, l'État est la personne morale de droit public qui représente une collectivité, un peuple ou une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême par le biais d’un gouvernement qui administre un certain nombre de monopoles, via un appareil administratif nommé « bureaucratie ».
Pour Max Weber, le monopole étatique le plus important est celui de l’usage légitime de la contrainte physique. Seul l’État peut contraindre la liberté des individus et user légitimement de la violence physique sans encourir de sanctions internes.
D’une manière plus large, l'État est l'ensemble des administrations, déconcentrées ou décentralisées, qui assurent le fonctionnement du pays (ministères, préfectures, administrations, etc.).
L’État se caractérise par l’exercice du pouvoir souverain. La souveraineté est la qualité d'un État qui n'est soumis à aucune puissance extérieure ou intérieure.
Ainsi, l'État conduit les relations extérieures, garantit l’organisation de la justice, assure la direction de l'économie, de l'éducation. Il peut aussi, lorsqu’il se veut Providence, participer plus largement à la production de services sociaux via une plus grande redistribution des richesses, etc. Ainsi, tous les États n'exercent pas les mêmes tâches. Ils n’ont pas non plus la même organisation. Un État peut transférer certains de ses pouvoirs à des organisations internationales ou à d'autres États. Mais le transfert de souveraineté est volontaire. La France, par exemple, a transféré sa souveraineté monétaire à la Banque centrale européenne.
Dans la pratique, la souveraineté des États est érodée par les processus de mondialisation économique, culturelle et politique. La libre circulation des individus, des capitaux et des idées oblige aujourd'hui les États à tenir compte des contextes régionaux et internationaux dans lesquels ils sont insérés.
III construction étatique et la construction nationale
L’État moderne s’est construit parallèlement à l’affirmation de la nation. La nation est d’abord une idée, une construction idéologique. Son étymologie renvoie à la « naissance » (nascere), à l’origine commune et à la « race ».
Les définitions de la nation sont diverses voire contradictoires. On peut opposer une conception élective de la nation, comme celle d’Ernest Renan présentée dans sa conférence à la Sorbonne (1882), qui met l’accent sur la volonté, le « désir de vivre ensemble » (dans cette optique la nation devient alors « un plébiscite de tous les jours »), à une conception ethnoculturelle de la nation, qui la fonde sur des caractéristiques plus objectives comme la langue, la religion, la culture, etc.
Ainsi, la nation est souvent définie comme une groupement d’individus ayant entre eux des éléments communs à la fois objectifs (langue, mode de vie, attitude face à la religion, etc.) et subjectifs (histoire commune, sentiment communautaire, désir de vivre ensemble, etc.) qui les unissent.
Au sens politique, la nation suppose la souveraineté. Toutefois, on doit distinguer État et nation. Le premier ayant une dimension juridique et institutionnelle, le second une dimension psychologique et culturelle.
En France, comme en Angleterre, l’action centralisatrice et unificatrice du pouvoir royal a contribué à l’émergence de la nation. Le sentiment national s’est lentement diffusé au sein de la population. Dans d’autres pays, l’idée de nation s’est développée en l’absence d’un cadre étatique unitaire. En Allemagne, la langue et la culture communes ont favorisé l’essor de l’idée de nation allemande avant l’unité politique (1871).
L’État-nation est un État dont la population forme une nation : la frontière de l’un et de l’autre coïncide. Toutefois, le sentiment d'appartenance à un groupe n’épouse pas toujours les institutions souveraines :
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une nation peut ne pas disposer d'un État (les Palestiniens, les Kurdes) ;
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un État peut comprendre plusieurs nations ( le Royaume-Uni unit anglais, gallois et écossais).
Au XIXe et au XXe siècles, la forme nationale est un fait politique majeur : les « vagues de nationalités » rythment les révolutions républicaines (France, Italie, etc.), la décolonisation (nouveaux États africains) et la fin de la guerre froide (éclatement de l’URSS).