QUESTION 5: comprendre et illustrer les difficultés de mesure de la délinquance.

Sommaire

  1. les difficulté de mesure de la délinquance.

S'il existe une définition sociologique claire et délimitée de la délinquance (voir question 4), sa mesure, au contraire, l'est moins. En effet, comme la délinquance rassemble les actes déviants sanctionnés juridiquement, on peut recenser un certain nombre de difficultés d 'évaluation liées à ce premier constat.

En premier lieu, des difficultés sont d'ordre méthodologique: l'acte en question doit être identifié comme tel aux yeux des institutions mais aussi des victimes, ce qui signifie que si l'acte n'est pas répertorié et si les victimes ne se perçoivent pas comme telles il n'y a pas de comptabilisation possible; c'est ainsi que les chiffres de certaines violences faites aux femmes (harcèlement de rue par exemple) ont pu sembler sous- estimés notamment au regard des évènements de la période «#me too». Par ailleurs, nous avons déjà évoqué le caractère variable de la déviance selon les époques, les lieux, les cultures; il en est de même pour le contrôle social formel juridique (voir les modifications du code pénal au sujet de l 'homosexualité ou de l 'avortement en France, par exemple) ce qui rend délicat les comparaisons des chiffres de la délinquance notamment dans le temps et, en tous cas, complique l'appréhension d'un phénomène peu homogène;

Deuxièmement, des difficultés se posent aussi sur un plan technique: puisque les actes sont liés aux sanctions juridiques, il est préalablement nécessaire qu'ils soient recensés par les institutions qui les appliquent. Les juristes distinguent plusieurs types d'infractions à la loi selon la gravité des actes et les sanctions qui s'appliquent:

contraventions pour les tribunaux de police, délits pour les tribunaux correctionnels et crimes pour les Cours d'asisse. Donc les données relatives à la délinquance sont nécessairement issues des services de police, de la gendarmerie (contraventions, dépôts de plaintes et procès verbaux) et de la justice (jugements); Or il s'avère que ces chiffres peuvent être tributaires d'un certain nombre de variables: les effectifs des institutions compétentes, leurs cahiers des charges, l'orientation des politiques publiques etc ; ainsi la «culture du chiffre» de certains services de police et de gendarmerie a par exemple pu contribuer à accroître certains chiffres de la délinquance (travaux de L.Mucchielli et les Rapports de recherche de l 'Observatoire de la délinquance 2017).

 

  1. La problématique du chiffre noir s'applique à la délinquance.

Ce dernier aspect renvoie plus généralement à la problématique bien connue en sociologie du «chiffre noir». Il s'agit de comprendre que réside un écart entre la mesure d'un phénomène social et sa réalité.

On la retrouve également ici du point de vue des victimes, car pour que l'acte soit juridiquement traité, il faut aussi qu'il soit déclaré. Ainsi bon nombre de faits délinquants ne peuvent être comptés car ou ils ne font pas l 'objet d'une plainte. De multiples raisons expliquent ces non -déclarations: les victimes ne déclarent pas par craintes des représailles, par ce qu'elles éprouvent des freins psychologiques à communiquer sur l 'acte dont elles ont été victimes,ou parce qu'elles ne perçoivent pas l 'intérêt de la plainte ou de la poursuite judiciaire; de même, pour certaines situations, on peut aussi constater des phénomènes de sur-déclarations, par exemples en matière de vol (cela étant ici en lien avec les nécessités des organismes d'assurance).

Ainsi pour toutes ces raisons, les données dont nous disposons sur la mesure de la délinquance n'offrent-elles qu'une vision partielle et/ou incomplète du phénomène. Elles nous renseignent tout autant sur la délinquance que sur l'activité des institutions qui la sanctionnent et elles constituent des jalons pour comprendre l' évolution des positions des citoyens face à ces institutions et aux normes de la société.

 

  1. les différentes sources des chiffres de la délinquance.

En France, L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a pour missions la production et la diffusion de statistiques sur la délinquance, les réponses pénales, ainsi que tout autre question liée à la sécurité. Il analyse et diffuse les données sur les crimes et délits enregistrés par les services de police et les unités de gendarmerie. Il a également la responsabilité de la production d'études sur l'évolution des phénomènes criminels à travers une approche multi-sources et, depuis 2010, en y intégrant les données sur les réponses pénales produites par le ministère de la Justice. Il organise la communication des résultats de ses études à travers des publications régulières.

D'autres outils viennent compléter les chiffres institutionnels de la délinquance : les enquêtes de victimation et les déclarations auto reportées. L'INSEE en partenariat avec le SSMSI (service statistique ministériel de la sécurité intérieure) et l'ONDRP conçoit et exploite l'enquête nationale de victimation « Cadre de vie et sécurité ». . Les enquêtes de victimation existent en France depuis 2007 et sont réalisées par l'INSEE au premier trimestre de chaque année; elles portent sur un échantillon de 25500 personnes. Il s'agit donc, ici d'interroger anonymement des échantillons représentatifs et en dehors d'un cadre administratif ou juridique. L 'approche est donc subjective. Les dernières enquêtes montrent, par exemple, que le taux de plaintes varie beaucoup selon le genre d'infractions: très fort pour les cambriolages et les agressions physiques les plus graves et, au contraire, faible pour les agressions verbales et les agressions sexuelles principalement intrafamiliales.(L.Mucchielli, «techniques et enjeux de la mesure de la délinquance»2010)

Les enquêtes de délinquance auto déclarée, quant à elles, recensent anonymement les agressions à partir de ceux qui les commettent.Le principe de base repose sur l’invitation faite à un échantillon d’un segment de la population de déclarer, avec des garanties d’anonymat. L’hypothèse est que les auteurs seront beaucoup plus sincères que devant un policier ou un magistrat: face à l’enquêteur, ils ne risquent rien à se comporter ainsi. Et, effectivement, les taux de personnes auteurs d’une ou plusieurs infractions qu’on obtient par cette méthode sont tout à fait spectaculaires. La très grande majorité déclare n’avoir jamais été pris par les autorités (Sebastian Roché, 2005).

Ces autres mesures apportent, certes, un autre éclairage sur la mesure de la délinquance mais ne sont, au même titre que les chiffres officiels, que des images partielles de ce phénomène et qui ont le mérite de mettre en évidence et parfois d'expliquer les écarts en termes de sur ou de sous estimations.

C'est pourquoi, compte tenu des difficultés de mesure,et de la question du chiffre noir, il convient d'aborder les chiffres de la délinquance à partir d'une approche multi sources.

 

DOCUMENT 1: identifier les problèmes de mesure de la délinquance

Facile

Les chiffres rapportés dans les «bilans des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie» (au doux nom officiel «d’état 4001») ne sont pas un comptage des faits qui se sont produits — il est impossible de le savoir avec exactitude — mais de ceux qui ont été portés à la connaissance des forces de l’ordre. Il s’agit donc soit de faits directement constatés par des policiers ou des gendarmes, soit de ceux qui ont fait l’objet d’une plainte de victime. Ces statistiques comportent deux biais principaux :[premièrement]une hausse des faits constatés peut être issue d’une consigne donnée pendant une certaine période aux forces de l’ordre pour lutter plus activement contre tel ou tel type de délinquance. Mécaniquement, le nombre de cas concernés augmente. [deuxièmement]les victimes ne portent pas toujours plainte.Parce qu’elles pensent que cela ne servirait à rien, parce qu’elles craignent des représailles, parce qu’elles préfèrent oublier…, quelle que soit la raison, les victimes d’un crime ou d’un délit ne portent pas toujours plainte, et les faits ne sont donc pas comptabilisés dans les statistiques. C’est notamment le cas des violences sexuelles, qui sont sous-déclarées. Le bilan annuel 2017 des crimes et délits rapportait une augmentation de 12% des viols par rapport à l’année précédente, et de 10% d’autres agressions sexuelles. Le bilan du premier semestre 2018 confirme cette tendance (+ 19%). Pourtant, on ne peut pas déduire de cette seule statistique que le nombre de violences sexuelles a «explosé» ces derniers mois: entre-temps, le phénomène #MeToo a libéré la parole de femmes confrontées au harcèlement sexuel, mais également aux agressions sexuelles et aux viols. Le contexte a incité certaines victimes à aller porter plainte quand elles ne l’auraient pas fait quelques années auparavant. Enfin, un autre biais des statistiques de la délinquance est la temporalité: la date de constat du fait n’est pas forcément celle à laquelle il s’est produit. Autrement dit, une personne victime d’un délit à la fin de décembre 2017 et portant plainte au début de 2018 sera comptabilisée dans cette dernière année. Certains faits ne sont fournis par la direction centrale de la police judiciaire que chaque semestre.C’est pour cela qu’il est inutile de faire des calculs jour par jour à partir de ces statistiques. L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiait, jusqu’en 2012, des bulletins mensuels et mettait en garde contre la comparaison par rapport au mois précédent, compte tenu de variations saisonnières (il y a davantage de cambriolages en juillet, période de vacances d’été, qu’en juin) — cela vaut aussi pour d’autres statistiques comme la mortalité routière. Il est préférable d’observer l’évolution sur plusieurs années pour comparer des périodes similaires et saisir la tendance.Prises seules, ces statistiques ne suffisent donc pas à dresser un tableau net de la délinquance en France. Certaines doivent être complétées par d’autres statistiques, comme les violences volontaires, dont presque la moitié (44%) a été commise dans la sphère familiale en 2017. Cette année-là, une violence sexuelle sur quatre enregistrée par la police ou la gendarmerie avait été commise dans un cadre familial.L’enquête «Cadre de vie et sécurité»,publiée chaque année par l’ONDRP, est utile pour compléter le paysage de la délinquance en France. Elle est constituée «d’enquêtes de victimation» menées directement auprès de Français en les interrogeant sur les actes de violence ou les vols subis pendant l’année. Tous n’ayant pas porté plainte, le nombre de crimes et délits signalés est ainsi plus important.L’ONDRP a changé en 2017 sa méthodologie pour mieux évaluer le nombre de violences sexuelles, rendant impossible toute comparaison avec les années précédentes.

SOURCE: A.Pouchard«Pourquoi les chiffres de la délinquance sont à prendre avec précaution», Le Monde, 29 août 2018

QUESTIONS:

  1. Distinguez les différentes sources statistiques de mesure de la délinquance évoquées dans cet article du Monde.

  2. Listez les problèmes posés par la mesure statistique de la délinquance évoqués par l 'auteur.

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REPONSE :

1) Distinguez les différentes sources statistiques de mesure de la délinquance évoquées dans cet article du Monde.

Dans cet article ,«état 4001» fait référence aux chiffres du SSMI c'est à dire à ceux émis par les services de police et de gendarmerie;ensuite sont mentionnés les chiffres des enquêtes de «violences volontaires» qui par recoupement avec les chiffres des violences intrafamiliales renvoient aux enquêtes de délinquance auto déclarée et enfin on retrouve l'évocation des enquêtes de victimation dont les données sont présentées dans l'enquête «cadre de vie et sécurité»

2) Listez les problèmes posés par la mesure statistique de la délinquance évoqués par l 'auteur.

L'auteur de l 'article évoque au moins 4 problèmes de la mesure statistique de la délinquance:

Pour la mesure du SSMI, les faits doivent être déclarés, ce qui rend évidemment indispensable la déclaration par la victime pour comptabiliser l 'acte; or cette dernière peut ne pas déclarer pour de multiples raisons , ou elle peut être amenée à le faire davantage si le contexte est plus favorable .Par ailleurs les faits peuvent être constatés par les services de police ou de justice ce qui selon les directives hiérarchiques données peut également modifier le comptage.

Pour analyser les chiffres et notamment établir des comparaisons dans le temps, se pose aussi le problème de leur temporalité: l'auteur rappelle qu'il existe une saisonalité de certains actes délinquants ( délinquance routière par exemple).

Enfin certaines mesures et méthodologie ont changé: c'est le cas de l 'INSEE en 2007 ou encore de l 'ONDRP en 2017.

DOCUMENT 2 : «le rôle des médias, entrepreneurs de morale»

Facile

En matière de délinquance, la télévision a consacré dans les années 1980 le retour à l 'honneur des faits divers jadis considérés comme unn genre mineur peu valorisé. Et le succès des chaines d'information continue a encore aggravé ces tendances. Depuis , le goût des faits divers , la recherche de la sensation et de l 'indignation, le non-respect de la présomption d'innocence, sont devenus quotidiens. En fait de reportage, d'enquête ou de documentaire, les chaines de télévision ont de plus en plus recours à ce que l 'on appelle le «publireportage» (à l 'origine une méthode de publicité/promotion commerciale visant à augmenter l 'usage d'un produit quelconque en mettant en scène sa consommation ordinaire sur le mode du récit décrivant des scènes d'apparence ordinaire de la vie quotidienne). Ceci afin de mettre en scène «l'insécurité» et l 'action des forces de police, en liaison étroite avec les services de communication du ministère de l 'Intérieur. Certains ont par ailleurs souligné une collusion médiatique croissante entre pouvoir médiatique, politique et économique, tous appartenant aux classes sociales dominantes et dirigeantes, portant sur les milieux populaires en regard au mieux distancé au pire méprisant. Ces tendances profondes ne font que renforcer au fil des ans des analyses que les sociologues de la délinquance avaient déjà faites aux Etats-Unis dans les années 1960 et 1970. Elles consistent à voir dans le traitement médiatique de la délinquance un renforcement des effets de «paniques morales» déclenchées régulièrement au sujet des questions de délinquances et à considérer les médias comme des «entrepreneurs moraux» capables de lancer par eux-même ce que Becker appelait des «croisades morales». De nombreux exemples illustrent ce rôle croissant des médias dans le traitement de «l 'insécurité», ainsi que leur rôle probable dans le développement et l 'entretien tant du discours sécuritaire que du sentiment d'insécurité.

SOURCE: laurent Mucchielli, sociologie de la délinquance, Armand Colin, 2018

QUESTIONS :

  1. Expliquez le titre de cet extrait.

  2. Quel lien peut-on établir entre le constat fait par l 'auteur à propos de certains médias et la mesure de la délinquance?

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REPONSE :

1) Expliquez le titre de cet extrait.

Pour Laurent Mucchielli, les médias contemporains participent à la désignation de la déviance; en décrivant par exemple dans les publireportages des situations d'insécurité, ou en focalisant le regard sur les jeunes de cités, ils créent une certaine représentation de la délinquance et propagent un sentiment d'insécurité. Ils se comportent donc comme des «entrepreneurs de morale» au sens de Becker, capables de délimiter les comportements délinquants et de générer des comportements de «panique morale»; en ce sens, les medias amplifient les mouvements d' opinions qui servent de supports aux réformes pénales. On peut par exemple donner l'exemple du thème de l 'insécurité qui s'est retrouvé au cœur des débats des élections présidentielles de 2002 sans qu'aucun évènement spécifique ne justifie cette mise à l 'agenda politique.

2) Quel lien peut-on établir entre le constat fait par l 'auteur à propos de certains médias et la mesure de la délinquance?

La mesure de la délinquance est également liée à sa définition et sa représentation; on pourra illustrer ce constat en rappelant le durcissement progressif et certain des sanctions pénales en matière de délinquance des mineurs: depuis l 'ordonnance de 1945 organisant la justice des mineurs, les réformes ne se comptent plus pour accentuer les sanctions et les poursuites à l 'égard de la minorité . L'image du délinquant indissociable du jeune reste forte dans la représentation collective et les médias au sens large en ont une ceratine responsabilité.

DOCUMENT 3: les chiffres de la violence en 2019

Facile

QUESTIONS:

1) )Quelle est l'origine des chiffres présentés ici? quel type de délinquance est étudié dans cet extrait de l'enquête?

2) Peut-on dire à partir de ce document, que ce type de délinquance est en augmentation?

3) Que renseigne la dernière ligne ? Quelle analyse peut-on en faire?

 

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REPONSE :

1) Quelle est l'origine des chiffres présentés ici? quel type de délinquance est étudié dans cet extrait de l 'enquête?

Il s'agit ici d'une enquête de victimation portant sur la violence sous différentes formes.

2) Peut-on dire à partir de ce document, que ce type de délinquance est en augmentation?

Il convient d'abord de rappeler que les enquêtes de victimation interrogent un échantillon de la population et ont donc un caractère subjectif;de plus,il est nécessaire pour répondre de distinguer plusieurs cas: les violences hors ménage et dans le ménage, les violences sexuelles et les violences physiques, et les violences au sein du couple. Les violences physiques hors ménage sont en augmentation par rapport à l 'année précédente; elles concernent 1,4 % des personnes de 14 ans et plus.Ce sont aussi celles qui portent plus souvent plainte en comparaison des autres catégories proposées par le document, même si seulement près d'une sur 4 dépose plainte. En revanche pour les autres catégories, il n'y pas de hausse constatée.

3) Que renseigne la dernière ligne ? Quelle analyse peut-on en faire?

la dernière ligne informe sur les taux de plainte c'est à dire le fait de déclarer officiellement l 'acte subi par la victime. Ainsi ces informations permettent un éclairage sur le chiffre noir: seule une personne sur 4 porte plainte dans le cas de violence physique hors ménage, 13% le font dans le cadre du couple et seulement 11% dans le cadre du ménage.

 

EXERCICE 1: utiliser des coefficients multiplicateurs

Facile

QUESTIONS :

  1. à l 'aide d'un calcul de coefficient multiplicateur comparez les proportions de personnes déclarant se sentir en insécurité selon le genre chez les 14 -17 ans;exprimez ce résultat dans une phrase

  2. l'âge est-il un élément significatif de variation de la proportion d'après l'enquête?

 

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CORRECTION

1) A l 'aide d'un calcul de coefficient multiplicateur comparez les proportions de personnes déclarant se sentir en insécurité selon le genre chez les 18 -24ans et chez les ; exprimez ce résultat dans une phrase

cette proportion est elle variable selon l'âge?

il y a 2 fois plus de femmes qui se sentent en insécurité parmi les 18/24 ans.

2) Cet écart est relativement stable quelque soit l'âge: les femmes se sentent toujours plus en insécurité que les hommes.Mais on constate que l 'insécurité est légèrement moins ressentie pour les hommes et beaucoup moins ressenti pour les femmes des 14 /17 ans.

EXERCICE 2: se repérer dans les différentes mesures de la délinquance

Facile

Classez les situations suivantes dans le tableau:

a) des propos racistes sont proférés à l 'encontre d'une personne qui dépose immédiatement une plainte au commissariat

b) une agression physique dont l'agresseur est condamné

c) une fraude fiscale détectée

d) durant son stationnement une dégradation d'une vieille voiture dont le propriétaire n'a pas le temps de déposer une plainte

e) l'auteur de la diffusion d'une vidéo d'agression est condamné à 5 ans de prison et 75000 euros d'amende

f) un vol avec effraction dans une habitation

g) un emploi fictif dénoncé par la police

h) un vol de bien matériel dont la victime ne fait pas la déclaration à la gendarmerie.

     

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    REPONSE :

    EXERCICE 3: réflexion à partir d'un livre «Le Consentement», Vanessa Springora, éditions Grasset, 2020 et l'article du Monde ci-dessous

    Facile

    «Figure en vue des cercles littéraires parisiens, il [G.Matzneff] a longtemps revendiqué son attirance sexuelle pour les enfants et adolescents jusque sur les plateaux de télévision.«Pourquoi n’a-t-on rien fait pendant toutes ces années?»,se demandait jeudi Vanessa Springora dans un entretien au quotidien Le Parisien.Depuis que les agissements de Gabriel Matzneff ont resurgi dans la presse à l’occasion de la sortie de ce livre témoignage, plusieurs voix ont expliqué la complaisance dont a longtemps bénéficié l’écrivain par la tolérance d’une époque où les mœurs étaient différentes. Les faits tombaient pourtant, déjà, sous le coup de la loi.Le terme «pédophilie», qui désigne l’attirance sexuelle d’un adulte pour les enfants prépubères ou en début de puberté, relève du domaine de la psychiatrie. Le mot n’apparaît pas dans le code pénal: on ne peut donc pas être jugé ni condamné pour «pédophilie».Toutefois, dès 1810,le code pénal introduit la notion d’attentat à la pudeur sur un mineur. La loi considère alors qu’en deçà d’un certain âge l’enfant n’est pas en mesure de fournir son libre consentement. Depuis 1945, ce palier était fixé à 15 ans.La réforme du code pénal de 1994 introduit une distinction entre les conditions dans lesquelles se déroulent l’acte sexuel et la prise en considération de la minorité. Il s’agit alors de mieux prendre en compte les cas commis par des majeurs sur des mineurs.L’attentat à la pudeur est remplacé par deux délits: l’«atteinte sexuelle», qui vise un acte sexuel commis par un majeur sur un mineur de 15ans (c’est-à-dire âgé de moins de 15ans), qu’il soit consenti ou que l’absence de consentement n’ait pu être établie; et l’«agression sexuelle», impliquant un contact physique dont il est établi qu’il était non consenti.Les relations sexuelles entre une personne majeure et une personne de moins de 15ans restent donc en toutes circonstances condamnées par le code pénal (article 227-25 et suivants). Lors d’un procès pour agression sexuelle ou viol, c’est à l’accusation, donc au ministère public, de présenter tous les éléments constitutifs de l’infraction, ce qui inclut de prouver que l’acte sexuel a été imposé.Une charge de la preuve parfois difficile à assumer pour les parties civiles quand les victimes sont mineures ou sous influence.«Comment admettre qu’on a été abusé quand on ne peut nier qu’on a été consentant? Quand, en l’occurrence, on a ressenti du désir pour cet adulte qui s’est empressé d’en profiter?», interroge dans son ouvrage Vanessa Springora ?[…]«Dans l’ambiance globale des années 1980, il y avait une négation que les enfants puissent être victimes de violences, y compris sexuelles», explique Jean-Pierre Rosenczveig. Une «complaisance», déplore le magistrat,«soi-disant dans l’esprit post-68».«On est au-delà du problème de consentement dans ce dossier, explique au Monde Mme Dourgnon. On a un adulte qui sait très bien ce qu’est une relation sexuelle face à une petite fille qui en ignore tout, qui a été donnée en pâture. Tout le monde savait… L’affaire Vanessa Springora est une question de société. Rappelons-nous qu’elle a été présentée à Gabriel Matzneff lors d’un dîner mondain.»D’après le récit de Mme Springora, l’écrivain était pourtant connu de la brigade de protection des mineurs et aurait même été convoqué plusieurs fois par les policiers. On ignore cependant pour quelles raisons et pourquoi aucune enquête n’avait alors été ouverte.«Sur cette absence de poursuites antérieures, il faut interroger l’inertie du parquet de Paris malgré des faits signalés plusieurs fois, estime Rodolphe Costantino, avocat de l’association Enfance et partage,interrogé par LibérationDe toute évidence, la littérature, la notoriété et les multiples relations de Gabriel Matzneff ont conduit à une certaine complaisance. »Vanessa Springora a précisé dans son entretien au Parisien,jeudi, qu’elle n’envisageait pas de porter plainte. Mais le parquet de Paris a décidé de s’auto saisir de l’affaire dans le cadre d’une «enquête d’initiative» pour «viols commis sur mineur» de 15 ans.«Au-delà des faits décrits [dans le livre Le Consentement]»,les investigations «s’attacheront à identifier toutes autres victimes éventuelles ayant pu subir des infractions de même nature sur le territoire national ou à l’étranger», a précisé Rémy Heitz, le procureur de la République de Paris.Dans le cas de Mme Springora, aujourd’hui âgée de 47ans, les faits sont prescrits. Car si la loi de 2018 a allongé de vingt à trente ans le délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur les mineurs, «les faits ont été perpétrés sous l’empire du code pénal abrogé en mars 1994, et les actes que Gabriel Matzneff a commis sont jugés en fonction des textes en vigueur à cette époque-là», souligne Laure Dourgnon.»

    SOURCE:Aude Lasjaunias, «Consentement, viol, prescriptions...les questions soulevées par l 'affaire Matzneff»,Le Monde avec AFP, 3 janvier 2020

    QUESTIONS :

    1. En repérant les termes soulignés, retrouvez les 3 arguments qui permettent de comprendre pourquoi l 'auteur de ces faits de délinquance n'a pas été sanctionné.

    2. Que traduit l'évolution du code pénal quant à cette forme de délinquance? montrez que les modifications du code pénal dépendent ici de la conception qu'a la société de cette déviance.

    3. Pourquoi existe t-il un débat autour du critère du consentement? Quelle perspective peut-on en tirer quant à la question plus générale de la définition et de la mesure de cette forme de délinquance?

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    REPONSE :

    1) En repérant les termes soulignés, retrouvez les 3 arguments qui permettent de comprendre pourquoi l 'auteur de ces faits de délinquance n'a pas été sanctionné.

    Plusieurs aspects sont évoqués pour expliquer pourquoi l 'auteur n'a pas été poursuivi bien que l'acte délinquant soit qualifié. En premier lieu, la journaliste évoque une certaine «complaisance» de la société c'est à dire que l'acte n'est pas nécessairement perçu comme délinquant par la société. Cela est possible dans le contexte spécifique des années 80 car considéré avec tolérance, les mentalités étant différentes selon l'auteur. Deuxièmement, l'acte pour être délinquant doit être défini par le code pénal or avant 1994, celui ci est associé au fait d'attentat à la pudeur qui n'est pas un concept juridique. Enfin le délai de prescription ne permet pas aujourd'hui et malgré l'allongement à 30 ans depuis 2018 de mener une action en justice et d'autant plus que les faits antérieurs à 1994 doivent être jugés au regard de la loi à ce moment là.

    2) Que traduit l'évolution du code pénal quant à cette forme de délinquance? montrez que les modifications du code pénal dépendent ici de la conception qu'a la société de cette déviance.

    Lorsque la journaliste évoque ici un climat de complaisance à l 'égard de l 'agresseur il s'agit bien de souligner que l'acte n'est pas perçu comme déviant: c'est la définition interactionniste de Becker qui s'applique ici et jusqu'au fait, qu'au final, les poursuites contre l'auteur de ces faits n'ont pas été engagées. Les différentes mutations du code pénal vont accompagner les changements de mentalités: l'acte devient «intolérable» pour la société et cela se retrouve dans les textes juridiques par exemple on crée les délits d'atteinte sexuelle ou d'agression sexuelle en 1994 ou encore l 'allongement du délai de prescription à 30 ans pour les crimes commis sur mineurs. La notion de consentement illustre ce changement de perception sociale en plaçant au cœur de la réflexion juridique le fait que celui ci n'est pas nécessairement possible à donner en deçà d'un certain âge. C'est aussi sur ce critère que sont distingués les cas d'atteintes sexuelles et d'agressions ou de viols.

    3) Pourquoi existe t-il un débat autour du critère du consentement? Quelle perspective peut-on en tirer quant à la question plus générale de la définition et de la mesure de cette forme de délinquance? Aujourd’hui, la loi ne définit pas le consentement en tant que tel mais son expression, qui est définie comme l’absence de :violences ou contraintes (recours à des pressions physiques ou morales, abus de sa position) ou menaces (annonces de représailles en cas de refus de la victime) ou surprise (recours à un stratagème pour surprendre la victime ou abuser de son état d’inconscience, d’alcoolémie, etc). En 2018, le gouvernement avait tenté de déterminer un âge de consentement en deçà duquel tout acte sexuel serait qualifié comme nécessairement contraint, ce qui le ferait entrer de facto dans le champ des agressions sexuelles et des viols, rendant caduque l’infraction d’atteinte sexuelle.L’exécutif a finalement renoncé à cette mesure potentiellement anticonstitutionnelle car reposant sur une présomption irréfragable (c’est-à-dire que le défendeur ne peut en apporter la preuve contraire) et donc à l’encontre de la présomption d’innocence.

    Aussi on voit bien que la définition et la délimitation de ce type de délinquance sont loin d'être achevées et figées et on peut s'attendre à de nouvelles modifications juridiques;cela amène plus générallement,à une certaine prudence dans la mesure de la délinquance dont les contours sont en perpétuelle évolution.

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