Question 3. Comprendre qu’il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la socialisation primaire.

Sommaire

Il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la socialisation primaire.

Socialisation professionnelle

Le sociologue américain Everett C. Hughes (1897-1983) rappelle que le travail n’est pas seulement une transaction économique où l’individu échange sa force de travail contre un salaire. Le travail est au cœur de la construction de l’identité des individus.

L’engagement professionnel est constitutif d’une présentation de soi et d’un rapport au monde. En effet, avoir une place dans le processus de production c’est bénéficier d’un revenu et d’une couverture sociale ; mais aussi d’un statut, c’est-à-dire une place dans une échelle de prestige qui est déterminée collectivement. La profession exercée ne fournit donc pas seulement des avantages matériels (salaires, primes, avantages en nature) mais aussi des biens sociaux et symboliques.

Pour Everett C. Hughes, le métier choisi (enseignant, boucher, secrétaire, gardien de la paix, expert-comptable, etc.) donne une identification « irrévocable ». L’individu ferait corps avec son métier. De surcroît, dans certaines institutions (médicale, militaire, scolaire, religieuse, agricole), la sphère privée est absorbée par la sphère professionnelle.

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La socialisation professionnelle peut se définir comme l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière. Pour reprendre le vocabulaire d’Everett C. Hughes (1897-1983), le profane devient un initié.

Le processus de socialisation professionnelle est donc une transmission de valeurs, de normes et de savoirs propres à une catégorie professionnelle qui suppose aussi une projection de soi dans l’avenir professionnel visé. La socialisation (études, stages, obtention de permis, etc.) prépare les étudiant(e)s à devenir des personnels soignants, des graphistes web, des enseignants, des managers, des artisans, etc.

Notons que les individus acquièrent progressivement les savoirs et les savoir-faire qui seront à l’origine du travail technique et relationnel. Toutefois, ils s’approprient des pratiques, un vocabulaire technique, des gestes communs, etc. et les restituent dans leurs emplois en fonction de leurs propres conceptions de leur métier.

On peut donc définir les identités professionnelles comme « des manières socialement reconnues, pour les individus, de s’identifier les uns les autres, dans le champ du travail et de l’emploi. »

Pour le sociologue français Claude Dubar (1945-2015), la notion d’identité professionnelle ne désigne pas les catégories officielles qui servent à classer les individus (cf. catégories socioprofessionnelles de l’Insee), ni les appellations qui servent à se désigner soi-même car elles sont extrêmement diverses. Ainsi, pour un même poste, une personne peut se désigner comme « prof », « professeur(e) », « enseignant(e) », « instit », « instituteur(rice) », « professeur des écoles », etc.

Il souligne que les identités professionnelles sont des formes identitaires (ou configurations Je-Nous) repérées dans le champ des activités de travail rémunérées.

Ainsi, Claude Dubar invite à penser l’identité autour de trois dimensions : le moi, le nous et les autres. L’identité est donc un processus de construction collectif, c’est le fruit des interactions entre ces trois paramètres (soi, autrui, nous).

Le concept d’identité est caractérisé à la fois par une définition de « soi par soi », et de « soi par les autres ». L’identité professionnelle est une composante de l’identité de la personne. Elle renvoie à trois éléments principaux :

  • le monde vécu du travail ou les conditions de travail.  
  • les relations de travail ou le sentiment d’appartenance à des groupes. 
  • les trajectoires professionnelles ou la perception de l’avenir.

Socialisation conjugale

Le sociologue François de Singly souligne l'ambivalence des formes de l'individualisme contemporain qui traversent l'institution familiale.

Par exemple, les parents doivent à la fois promouvoir l'épanouissement personnel des enfants (liberté) et imposer les normes d’une réussite scolaire (contrainte). Les familles doivent donc trouver la «bonne distance» entre des relations affectives intenses et une intervention autoritaire.

François de Singly refuse de découpler « socialisation primaire » et « socialisation secondaire » : pour l'adulte, la famille demeure un foyer de socialisation !

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Étudiant des jeunes couples de classe moyenne ou supérieure âgés de moins de 30 ans, il interroge les « petites choses de la vie quotidienne » (choix de la musique ou du programme télévisé, utilisation du téléphone portable, partage des espaces communs, etc.) pour identifier une « socialisation par frottement ». Il montre ainsi que les règles de la vie commune qui s’imposent à un moment ne sont ni stables ni définitives : l’habitude n’élimine pas les surprises et les changements !

Il présente donc une société contemporaine qui hésite entre individualisme et vie commune.

François de Singly explore aussi les rencontres amoureuses, la mise en couple, la vie conjugale et les séparations afin de mieux comprendre les conjugalités contemporaines. Il souligne les enjeux identitaires et de reconnaissance de soi qui sont impliqués dans ces expériences.

Pour lui, l’accroissement du nombre des divorces peut ainsi s’expliquer par :

  • la multiplicité et la diversification des attentes des partenaires ;

  • l’installation puis le rejet d’une routine propre à la vie commune ;

  • l’importance de l’injonction sociale de rester soi-même et de penser d’abord à soi.

La vie conjugale contemporaine doit donc être mise en relation avec l’affirmation d’un processus d’individualisation dans la vie privée et le mouvement d’émancipation des femmes.

Notons que ce type d’analyse, qui interroge les modalités de l’expérience féminine de la séparation conjugale, permet de mettre en évidence l’importance de la construction identitaire. Toutefois, elle minore voire occulte les conditions matérielles qui favorisent ou freinent les séparations.

Socialisation politique

La socialisation désigne l’ensemble des processus par lesquels la société construit les individus et l’ensemble des apprentissages qui influencent leurs trajectoires individuelles. Distinguer une socialisation politique comme processus spécifique, c’est prendre en compte des pratiques et des représentations qui s’accomplissent dans un domaine particulier : l’univers politique (ses valeurs, ses pratiques, ses institutions).

Notons que pour comprendre le comportement politique des électeurs (vote partisan, abstention, votes par défaut, vote nul, etc.) on peut privilégier les méthodes quantitatives (cf. exploitation des résultats des élections) ou les enquêtes qualitatives (histoires familiales, études de l’ancrage social des individus).

Les individus voteraient pour des candidats sur des enjeux politiques mais en fonction de leur histoire familiale (socialisation primaire) et de la manière dont ils ont été politisés (socialisation primaire et secondaire). Toutefois, le vote ne résume pas la vie politique française.

La transmission familiale de préférences électorales (candidat(e)s, partis, opinions, identifications partisanes, etc.) et de comportements politiques (voter, s’abstenir, assister à des débats et autres réunions politique, etc.) pendant l’enfance participe à la socialisation politique des individus.

Les travaux de la sociologue Annick Percheron (1937-1992), portant sur l’univers politique des enfants, montrent le poids de la socialisation primaire dans la capacité à ses positionner au sein du clivage gauche/droite. La famille transmet des préférences idéologiques aux enfants et son influence est d’autant plus forte que les deux parents ont les mêmes opinions affirmées.

Dans la France des années quatre-vingt, les parents transmettent des préférences politiques : ce sont d’ailleurs les valeurs qu’ils transmettent le mieux après les valeurs religieuses.

Toutefois, la socialisation politique ne se résume pas à la transmission familiale des préférences électorales. D’abord, si la socialisation primaire a des effets politiques, elle est aussi extra-familiale. L’école, les groupes de pairs, le voisinage instille des normes et des valeurs qui peuvent renforcer ou interroger les visions du monde proposée dans le cercle familial (parents, fratrie).

Ensuite, les expériences de représentation (élection des délégués de classe, participation aux conseils municipaux d’enfants, etc.) ou de vie associative (scoutisme, activités syndicales, etc.) sont des lieux de transmission de dispositions au militantisme et facilitent les « carrières » politiques.

De plus, l’école transmet une culture civique, soit est un type de culture politique qui encourage les élèves à s’impliquer dans la vie publique et avoir confiance dans leurs représentants. Cette culture civique a une dimension affective (cf. minutes de silence lors d’un drame national ou organisation de débats conflictuels en classe), une dimension cognitive (cf. connaissances des institutions républicaines) et une dimension évaluative (jugement sur la capacité des acteurs à remplir leurs objectifs).

Les agents de socialisation secondaire sont essentiellement l’école, les médias, les groupes de pairs, les partis politiques, etc. La socialisation secondaire peut modifier les valeurs ou attitudes politiques acquises dans la socialisation primaire et il reste une marge de décision personnelle lié au libre-arbitre et aux expériences individuelles.

Comprendre le socialisation politique c’est aussi intégrer les socialisations secondaires liés à l’expérience professionnelle, la participation à des mouvements sociaux ou les évènements politiques.

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Le sociologue peut alors étudier comment se constitue le sentiment de compétence politique qui influence la participation électorale et l’engagement politique. Il soulignera le rôle de l’âge, du genre, de la classe sociale dans la politisation des individus ou les effets de génération. Selon l’Ined, une génération est un ensemble des individus nés pendant une période donnée, en général une année civile. Ce critère permet de distinguer un processus de socialisation « à » l’engagement ou « par » l’engagement politique.

Toute socialisation est datée. Les événements politiques peuvent transformer durablement les individus : la guerre d'Algérie ou Mai 68 sont deux moments historiques qui ont modifié les valeurs de nombre de leurs contemporains.

Aujourd’hui encore, les événements vécus, comme les manifestations pour la liberté d’expression et contre le terrorisme en janvier 2015 ou les manifestations des « gilets jaunes » à partir de novembre 2018 marquent durablement leurs participants. De même, la participation à des « manifestations pour le climat » aura certainement des effets sur l’engagement politique de certains jeunes.

L’identification partisane, c’est la volonté de se reconnaître à un parti politique. Un partisan peut être un adhérent (membre du parti), un militant (membre actif) mais aussi un simple sympathisant qui peut éventuellement financer le parti, voter pour lui ou reconnaître sa proximité en diffusant certaines de ses idées. En France, les transformations dans la socialisation familiales, la multiplication des formes de socialisation, la hausse du niveau d’éducation, le manque de confiance dans les organisations et le personnels politiques, etc. entraînent une plus grande flexibilité des attaches partisanes.

Plus largement, Olivier Ihl souligne que les expériences politiques (campagnes électorales, mouvement social, intervention militaire, action d’individus charismatiques, etc.) sont des «opportunités de socialisation» dont la compréhension nécessite de prendre en compte les discours et les pratiques des journalistes, des enseignants, des autorités politiques et judiciaires, etc.

La socialisation politique a une dimension locale : les cultures politiques sont enracinées dans un territoire (pays, région, département, commune, quartier).

La socialisation politique est une socialisation nationale comme l’illustre l’importance, en France, du clivage gauche/droite pour se positionner sur l’échiquier politique et qui permet aux individus de s’affirmer/s’opposer politiquement notamment sur une échelle de valeurs fondamentales (cf. liberté/égalité/fraternité) ou d’options politiques prioritaires (création de richesse ou réduction des inégalités).

Lors de la Révolution Française, les membres de l’Assemblée Constituante qui étaient favorables au roi avait pris l’habitude de se placer à droite de l’hémicycle, tandis que ses opposants s’installaient à gauche. Dans d’autres pays, d’autres clivages jouent ce rôle : Démocrates/Républicains, conservateurs/travaillistes, sociaux-démocrates/libéraux, etc.

Enfin toute culture politique est indissociable de l’évolution culturelle. D’une manière générale, la hausse des niveaux d’éducation, la baisse des taux de fécondité, l’affaiblissement des influences directes de la religion, la mondialisation et la démocratisation des flux d’information, ont des effets sur les cultures politiques.

Documents et exercices

Document 12. Socialisation politique (I) : Découvrir les institutions républicaines

Facile

 

Question 1 : Qu’est-ce qu’une commémoration ? Donnez un exemple différent du texte.

Question 2 : Que nous apprend cet exemple de la socialisation politique des jeunes ?

Question 3 : Pourquoi visiter des lieux historiques comme les plages du débarquement de 1944, le cimetière américain de Colleville ou des musées comme le Mémorial de Caen ?

Document 13. Socialisation politique (II) : Age et vote

Facile

Les résultats de ce premier tour sont désormais connus et l’étude de sociologie, réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France LCP/Public Sénat, RFI-France 24, Le Point et Le Monde, donne de premières indications sur les raisons de ce vote. Concernant les tranches d’âge, Jean-Luc Mélenchon fait le plein chez les jeunes puisque 30% des électeurs entre 18 et 24 ans ont choisi le candidat de la France insoumise. Sur la tranche d’âge supérieure (25-34 ans), c’est Emmanuel Macron qui recueille les meilleurs suffrages (28%) devant Marine Le Pen (24%). Comme lors de la primaire de droite, François Fillon a séduit les retraités : 45% des électeurs de plus de 70 ans ont choisir le candidat malheureux de la droite et du centre.

Question 1 : Qu’est-ce qu’un « primo-inscrit » ?

Question 2 : Pouvez-vous identifier au moins quatre partis politiques derrière le nom des candidats ?

Question 3 : Les jeunes ont-ils les mêmes comportements électoraux que leurs aînés ?

Document 14. Socialisation politique (III) : une jeunesse plus écologique ?

Facile

 

Question 1 : Qui est Greta Thunberg ? Pourquoi cette jeune suédoise est connue en France ?

Question 2 : Les manifestations étudiantes participent-elles à la socialisation politique des jeunes ?

Question 3 : Selon vous, vivre un évènement et/ou appartenir à une génération a-t-il des effets sur la socialisation politique des individus ?

Document 15. La socialisation professionnelle (I) : quelques concepts

Facile

Pour E.C. Hughes, le travail n’est pas une simple transaction économique, il occupe une place centrale dans la constitution de l’identité sur laquelle pèsent à la fois l’organisation matérielle et le prestige symbolique conférés à la profession exercée. À l’instar du lien marital, il estime qu’embrasser un métier crée une identification « irrévocable », tant on fait corps avec lui. E. Goffman ira plus loin en analysant le cas particulier des institutions totales. À l’indissolubilité du soi et du travail, mise en évidence par Hughes, s’ajoute la possibilité d’un enveloppement total : dans certaines institutions (médicale, militaire, scolaire, religieuse, agricole), la sphère privée est absorbée par la sphère professionnelle qui devient un lieu de vie à part entière. Les apprentissages de la socialisation primaire (familiale, scolaire) sont reconfigurés par un processus de dépersonnalisation et de conversion quasi-religieuse qui permet d’acquérir de nouveaux savoirs et par là d’adopter une autre conception du monde.

Il va sans dire que la majorité des métiers policiers – sans être aussi contraignants, en termes de mode de vie, que les métiers militaires, correspondent particulièrement à cette définition interactionniste de l’engagement professionnel comme constitutif de la présentation de soi et du rapport au monde. Dans ce cadre, la socialisation professionnelle peut se définir comme l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière.

La formation professionnelle constitue un moment pivot. S’opère à cette occasion une initiation à la culture professionnelle qui fait passer du statut de profane à celui de professionnel. L’impétrant doit passer de l’autre côté du miroir et perdre – non sans douleur – son regard naïf.

(…)

 

Alain Marc et Geneviève Pruvost

Police : une socialisation professionnelle par étapes (2011) Déviance et Société 2011/3 (Vol. 35)

 

Question 1 : Comment les auteurs définissent la socialisation professionnelle ? Illustrez avec l’exemple d’un médecin ou d’un enseignant

Question 2 : Qu’apprend-on dans une « école de police » ?

Question 3 : Selon vous, le monde professionnel des policiers est-il homogène ?

Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?

Document 16. Socialisation professionnelle (II) : Identité et crise des identités selon Claude Dubar

Facile

Il faut toutefois souligner que ces « fondateurs » de la sociologie (Norbert Elias, Max Weber et Karl Marx) parlaient peu d’identités. Sauf Norbert Elias et sa dynamique des « identités Je-Nous » passant des formes Nous-je (rebaptisées « communautaires ») aux formes Je-nous (devenues « sociétaires »).

Ce livre cherche à comprendre pourquoi ce passage, à l’échelle macro-sociale comme à l’échelle micro-individuelle, de la domination de Nous à l’omniprésence des Je, a été synonyme de crises d’identité.

On peut désormais mieux distinguer des crises qui affectent des rôles sociaux (par exemple liées aux genres masculin et féminin), des crises qui touchent aux normes juridiques (par exemple liées au droit du travail), des crises qui concernent les croyances (religieuses, politiques ou éthiques) et des crises existentielles, psychiques (personnelles). Toutes ces crises mettent en question le passage d’un monde protégé, contraint, fermé, hérité, à un monde incertain, libre, ouvert et revendiqué. Donc d’une socialisation communautaire (primaire) à une socialisation sociétaire (secondaire). Donc d’identités Nous-je à des identités Je-nous. Donc d’identifications «culturelles» et « statutaires » à des identifications « réflexives » et « narratives ».

Claude Dubar (2010) La crise des identités. Préface à la troisième édition

Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité à partir du triptyque proposé par Claude Dubar

Question 2 : Recherchez. Qui est Norbert Elias ?

Question 3 : Comment Claude Dubar explique-t-il ici la crise de l’identité ? (utilisez le terme socialisation)

Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?

Document 17. Socialisation professionnelle (II), le cas du métier de policier. Regards croisés des notions relatives au développement identitaire des jeunes adultes et de la socialisation professionnelle

Facile

Le passage à la vie adulte, autrefois marqué par des rituels évidents et successifs - la fin de la scolarité, l’accession à un emploi stable, le mariage et la parentalité -, devient aujourd’hui un phénomène aux contours flous et multiples. En effet, la non-linéarité des parcours, l’instabilité, la multiplicité des options et les bifurcations constituent souvent les seules normes discernables d’une transition à la vie adulte de plus en plus prolongée et difficile à appréhender. Dans un tel contexte, les études portant sur cette période de la vie (18-25 ans) soutiennent que certaines tâches développementales, notamment l’exploration et la consolidation de l’identité, se poursuivent au cours de ces années. Parmi les éléments qui contribuent à la définition de soi, notons l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société.

L’intégration des métiers liés au contrôle social et plus précisément le métier de policier, comporte des enjeux particuliers qui sont d’autant plus saillants qu’ils s’inscrivent possiblement à contre-courant de ce que vivent les jeunes adultes de la population générale.

(…)

Le contexte socioéconomique qui prévaut actuellement et qui module différemment la transition à la vie adulte et le développement identitaire apportent des nuances qui permettent d’émettre l’hypothèse que les adultes émergents qui joignent les rangs de la police s’inscrivent parfois en faux contre le mouvement actuel qui exige, à tort ou à raison, des jeunes de s’individualiser en capitalisant principalement sur leurs ressources avec moins de soutien et de balises normatives. Ce décalage entre les jeunes adultes émergents et les recrues policières vient possiblement, dans le contexte actuel du moins, renforcer encore la cloison qui sépare la culture policière et le monde extérieur favorisant ainsi un positionnement dichotomique eux/nous encore plus ancré.

(…)

Nous soulignons l’intérêt et la pertinence d’analyser l’insertion socioprofessionnelle des policiers à travers une lentille élargie où le regard se détache du strict fait policier pour s’étendre aux caractéristiques développementales des jeunes adultes et aux caractéristiques sociétales qui articulent leur passage à la vie adulte.

 

Regards croisés des notions relatives au développement identitaire des jeunes adultes et de la socialisation professionnelle propre au métier de policier

Julie Marcotte et Alexandra Dion, Déviance et Société 2011/3 (Vol. 35)

Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité

Question 2 : Qu’est-ce qu’un rituel ? Pourquoi le passage à la vie adulte est moins un rituel aujourd’hui ?

Question 3 : Expliquez la phrase soulignée (« l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société »). Donnez un exemple, en le développant, pour un métier du secteur privé et un métier de la fonction publique (autre que policier).

Question 4 : Selon vous, le processus de socialisation professionnelle (quel que soit le métier concerné) s’exerce-t-il de la même manière sur tous les individus ?

Document 18. Socialisation professionnelle (IV) : Magistrats et jurés

Facile

Les jurés d'assises, entre légitimité et contestation du pouvoir des juges

Par Aziz Jellab, Armelle Giglio-Jacquemot

Politix n° 97, 2012/1, pages 149 à 176

Les jurés de cour d’assises se situent à l’arrière-plan des chroniques judiciaires et les médias n’en parlent souvent que pour en évoquer le rôle dans les arrêts prononcés. Pourtant, l’expérience de ces « juges d’un jour » révèle les contradictions d’une justice qui, en faisant appel à des « citoyens » issus du peuple, les oblige à se socialiser à des pratiques judiciaires et à un rôle auquel ils sont peu préparés.

Cette socialisation s’opère sur fond d’interrogations quant à leur légitimité mais aussi d’interactions avec des magistrats dont le statut, les stratégies d’accueil et les manières d’organiser les débats à l’audience comme lors du délibéré, en font des professionnels dominants et au pouvoir susceptible d’être perçu comme démesuré.

Le fait que les jurés sont censés juger des faits tandis que les magistrats jugent selon le droit introduit une hiérarchie subtile où, d’un côté, c’est le « bon sens » et « l’émotion » qui contribueraient à la formation du jugement, tandis que, de l’autre, c’est la « raison » et la « loi » qui seraient à l’œuvre. La contestation du pouvoir des juges et de certaines de leurs pratiques par les jurés est une manière de défendre l’idée que l’on ne peut juger sans un regard « humain » dont on découvre le lien avec l’histoire biographique du citoyen-juge. Cette contestation illustre les paradoxes d’une institution qui maintient la fiction d’une égalité entre citoyens tout en organisant en pratique la perpétuation de certaines formes de domination. Cela amène à s’interroger sur l’héritage « démocratique » que constitue la cour d’assises, sur la « démocratie délibérative » qui la caractérise, et sur les effets sociaux de cette expérience quant à l’engagement des anciens jurés dans l’espace public.

Question 1 : Qu’est-ce qu’une « cours d’assises »

Question 2 : Expliquer la phrase soulignée « se socialiser à des pratiques judiciaires »

Question 3 : Peut-on parler de « socialisation professionnelle » pour les jurés ?

Exercice 1. La socialisation est devenue numérique

Modéré

 

Questions 

1. Selon vous, qu’est-ce que l’illectronisme ?

2. Qu’est-ce qu’une génération ? Illustrer une différence de pratique entre génération à l’aide de ce tableau.

3. Peut-on faire un lien entre socialisation et génération ?

4. Selon vous, l’illectronisme est-il uniquement lié à l’âge ?

 

Exercice 2. Les sept familles de métiers du numérique et la socialisation professionnelle

Modéré

Questions 

1. Quel est le lien entre toutes ces professions en matière d’acquisition de savoirs et de savoir-faire

2. Qu’est-ce que la socialisation professionnelle ?

3. Quelles évolutions, en matière de socialisation, peut-on anticiper avec document ?

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