Signes de stabilisation sur le front de l'emploi

Les pertes d’emplois en recul

Les destructions nettes d’emplois salariés dans le secteur marchand ont nettement reculé au 3e trimestre 2009 par rapport à la chute brutale enregistrée fin 2008 et au 1er semestre 2009. Le recul n’a en effet été que de 5 500 postes, contre 271 000 emplois de janvier à juin et 350 000 sur un an, soit - 2,1 %. Ces réductions de postes ont essentiellement concerné l’industrie (- 157 000 postes sur un an), notamment la branche automobile, mais aussi la construction, très affectée par la récession. Le tertiaire, quant à lui, a vu ses effectifs légèrement progresser (+ 0,4 % au 3e trimestre) mais ce résultat est, pour l’essentiel, lié à la reprise de l’emploi intérimaire, dont on sait qu’il est, par convention, classé dans le tertiaire, sans tenir compte du secteur précis où ont lieu les missions d’intérim.

Emploi salarié dans le secteur marchand (France métropolitaine)

Le choc de la récession en partie amorti

L’analyse de ces évolutions et leur comparaison avec les récessions antérieures (par exemple celle de 1993) montrent que la réaction des entreprises en termes d’ajustement des effectifs a été marquée d’une part par un « délai de réponse » (ce qui est toujours un peu le cas), d’autre part que l’ajustement s’est surtout réalisé « à la marge » et de manière relativement atténuée, notamment en ce qui concerne les emplois en CDI. Trois éléments ont en effet en partie  amorti l’impact de la récession sur les réductions d’effectifs en contrat à durée déterminée :

  • la durée du travail s’est réduite, soit dans le cadre de l’annualisation du temps de travail  (incitation à la prise des RTT), soit par une contraction des heures supplémentaires, notamment dans les entreprises moyennes (50 à 499 salariés). Au 3e trimestre 2009, le nombre d’heures supplémentaires a baissé sur un an de 9,2 % selon les derniers chiffres de l’Acoss (Caisse nationale des Urssaf) ;
  • le recours au chômage partiel s’est développé de manière accélérée. L’Insee considère qu’il a été un des amortisseurs principaux du choc de la récession en matière d’emplois. Les dispositifs d’indemnisation du chômage partiel concernent aujourd’hui, en France, 320 000 salariés. Un décret de septembre 2009 a d’ailleurs modifié les règles d’application de ces dispositifs : le contingent annuel d’heures indemnisables, qui était de 800 heures, est désormais porté à 1 000 heures, soit un alignement sur la branche automobile qui disposait d’un régime dérogatoire ;
  • l’intérim a également servi  largement de « variable d’ajustement » : le nombre d’emplois intérimaires avait plongé au 4e trimestre 2008 ( - 79 500 postes), et ce recul s’est confirmé au 1er trimestre 2009 (- 80 800 postes). Sur un an (fin mars 2009/fin mars 2008), 227 000 postes d’intérim ont été supprimés, soit une baisse de 34,3 %. La plus grande partie de ces suppressions ont concerné l’industrie. Ces contrats correspondaient, au 1er trimestre 2009, à 449 000 équivalents à temps plein contre 670 000 début 2008. La reprise sur ce front, bien que timide (+0,4 %), atteste d’un début d’inversion de tendance.

Des perspectives encore incertaines

Taux de chômage en données corrigées des variations saisonnières

Source : INSEE Enquête Emploi

Le chômage a fortement augmenté en 2008-2009 : il est passé de 7,1 % de la population active début 2008 à 9,1 % fin septembre 2009, touchant désormais 2,6 millions de personnes. La récession semble maintenant derrière nous et des signes encore timides de reprise de l’activité sont perceptibles. Il peut être tentant d’en attendre des effets sur les créations d’emploi mais deux éléments doivent  inciter à la prudence : 

  • d’une part les entreprises, dans un horizon encore incertain, vont attendre que les perspectives sur les carnets de commande soient plus fermes avant d’envisager de nouvelles embauches. Si la reprise se confirme, il est probable que les emplois intérimaires et les CDD seront mobilisés en priorité ;
  • d’autre part, la récession a eu un impact négatif sur l’évolution de la productivité : selon l’Insee, la production par actif occupé aurait reculé de 2,2 % entre début 2008 et début 2009. Le rattrapage nécessaire du niveau de productivité rend peu probable une reprise dynamique de l’emploi à court et moyen terme. Les intentions d’embauche des entreprises mesurées par les enquêtes de l’Acoss sont encore largement négatives.  

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