Quand l'école est finie. Premiers pas dans la vie active del a génération 2017. Résultat de l'enquête 2020

Enquête génération n°3 - Céreq (décembre 2022)

L’enquête génération du Céreq décrit les parcours d’insertion professionnelle des jeunes en France. Dans cette enquête les jeunes ont été interrogés entre août 2020 et mars 2021. Ils ont donc vécu la pandémie de Covid et plus particulièrement le premier confinement. La génération 2017 se caractérise par un niveau de diplôme élevé dans un contexte de réduction du chômage. Cependant, les parcours d’insertion sont variés et inégalitaires, en fonction du niveau de diplôme mais aussi du sexe et des ressources économiques et sociales. L’insertion sur le marché du travail est marquée par de nombreux changements : diversité de contrats de travail, mobilité sociale, géographique, professionnelle, décohabitation parentale.

 

Mots clé : niveaux de diplôme, études supérieures longues, insertion, type d’emploi, secteurs, génération, parcours, alternance, activité, formation

Les jeunes de la génération 2017 arrivent sur un marché du travail dynamique mais heurté par l’épidémie de Covid-19, fragilisant la stabilisation dans l’emploi des moins diplômés ou non-diplômés. La reprise de 2020 a bénéficié à tous les jeunes sans réduire pour autant les inégalités liées au diplôme. Malgré un contexte incertain la plupart des jeunes sont engagés dans leur parcours et leur épanouissement professionnels.


 

Partie 1. Ils ont achevé leurs études en 2017.

La part des diplômés du baccalauréat et du supérieur augmente par rapport à la génération précédente. Les spécialités restent liées au genre : davantage tertiaire, lettres, sciences humaines et sociales chez les femmes.

Les origines socioprofessionnelles influencent le niveau de diplôme des jeunes ayant achevé leurs études en 2017, en particulier celui de la mère (les non-diplômés sont les plus nombreux à avoir une mère au foyer : 30 %).

En termes de parcours, près de 60 % de la génération 2017 a poursuivi ses études après le baccalauréat. De manière générale, les destinées sociales sont marquées par l’orientation vers la voie générale ou professionnelle en fin de collège pour les sortants du secondaire et par le type de baccalauréat obtenu pour les sortants de l’enseignement supérieur. Les jeunes non diplômés arrêtent leurs études davantage par contrainte que par choix, à l’inverse de ce que l’on observe pour les diplômés de l’enseignement supérieur.

Le financement des études est avant tout familial mais près des ¾ ont eu recours à des financements externes complémentaires (aides sociales, emploi rémunéré). 27 % des jeunes ont eu un emploi rémunéré, dont 52 % un emploi régulier (durée hebdomadaire de plus de 8h).

Parmi les 746 000 jeunes de la génération 2017, 176 600 ont quitté le système éducatif après une dernière année de formation en alternance. L’alternance procure un accès plus rapide et durable à l’emploi à durée indéterminé (EDI). Elle prend davantage la forme d’apprentissage pour les hommes et de contrat de professionnalisation pour les femmes.


 

Partie 2. Trajectoires d’entrée dans la vie active.

L’entrée dans la vie active de la génération 2017 a été pour 70 % une insertion dans l’emploi. Ces trajectoires d’emploi ont été variables. 30 % des jeunes ont connu un accès rapide et durable à l’EDI quand 19 % sont passés par un accès rapide et récurent à l’EDD. Au total, un tiers des jeunes ont eu une trajectoire hors de l’emploi. Par exemple, 12 % vers un chômage persistant ou récurrent, 6 % vers un retour en formation (hors alternance).

L’occurrence des trajectoires d’insertion les plus favorables (accès rapide et durable à l’EDI) suit la hiérarchie des niveaux de diplômes ; elle est aussi corrélée à certains domaines de formation (scientifiques et industrielles par exemple).

Tous niveaux confondus, les hommes et les femmes ont les mêmes types de trajectoires en début de vie active. En termes d’origine sociale, les enfants de cadre ont plus souvent accès à des trajectoires d’EDI que des enfants d’ouvriers. Cet écart s’estompe chez les diplômés du supérieur long. De la même façon, les jeunes dont les deux parents sont nés en France ont des trajectoires plus favorables que ceux nés de parents immigrés ou immigrés eux-mêmes, sauf chez les diplômés du supérieur long.

Les conditions d’insertion sont contrastées régionalement. Favorables dans les zones où l’on retrouve beaucoup de diplômés du supérieur (Pays de la Loire, Ile de France, Auvergne Rhône Alpes par exemple), elles sont davantage dégradées en termes de chômage et de revenus dans les régions Provence Alpes Côte d’Azur et Haut de France et particulièrement difficiles dans les Départements et régions d’outre-mer (Drom).


 

Partie 3. Les premiers pas sur le marché du travail.

Dès le premier mois sur le marché du travail, près de la moitié des jeunes de la génération 2017 occupe un emploi. Cependant, l’instabilité domine : 63 % des premiers emplois sont à durée limitée, et 24 % ont un premier emploi à temps partiel, dont 36% de façon subi, principalement des femmes. Les diplômés d’écoles d’ingénieur et de commerce sont ceux qui débutent le plus souvent par un EDI.

Plus de la moitié des jeunes ayant travaillé au cours de leurs trois premières années de vie active ont débuté dans les secteurs du commerce, de l’industrie, de la santé, de l’hébergement-restauration et des activités spécialisées scientifiques. Le niveau de diplôme de recrutement dépend du secteur d’activité. On retrouve par exemple de nombreux jeunes bacheliers dans les transports et l’hébergement-restauration. Certains secteurs se distinguent aussi par l’utilisation fréquente d’EDI dans le cadre du premier emploi : information communication ou bien immobilier, par exemple. 

71 % des jeunes ayant travaillé durant les trois premières années de vie active ont occupé au moins un EDI. Tous diplômes confondus les hommes et les femmes accèdent de manière équivalente à un EDI mais une analyse plus fine montre que des disparités existent, au détriment des femmes, pour les moins diplômées. 

Pour 42 % des jeunes ayant décroché un EDI, celui-ci a pris fin principalement pour cause de démission (65 %).


 

Partie 4. Sur le chemin de l’insertion ?

Parmi les jeunes de la génération 2017 ayant travaillé durant leurs trois premières années de vie active, 21 % ont effectué au moins une mission d’intérim. Cela concerne davantage les niveaux de formation bas et les secteurs d’activité à prédominance masculine. Le passage par l’intérim est plus souvent lié à une situation d’instabilité professionnelle et personnelle : 50 % des jeunes passés par l’intérim vivent toujours chez leurs parents en 2020 contre 30 % des non-intérimaires. 

Sur le chemin de l’insertion, on trouve également les contrats aidés. Ces contrats ont concerné 8 % de la génération 2017, et dans 80 % des cas après une première année sur le marché du travail. Il s’agit principalement d’apprentissage et de contrats de professionnalisation. En octobre 2020, 53 % des bénéficiaires d’un contrat aidé avant cette date sont en emploi, contre 71 % pour les jeunes qui n’en ont pas disposé. 

Près d’un jeune sur 10 ayant terminé ses études en 2017 s’est engagé dans le service civique durant ses études ou à la sortie de sa formation. Il constitue une première étape vers l’insertion professionnelle même s’il n’est pas juridiquement considéré comme un emploi. Plus les jeunes sont diplômés, plus ils réalisent le service civique au cours de leurs études ou directement à la fin. 

A leur sortie de la formation, 61 % des jeunes ont eu recours à Pôle Emploi ou à l’APEC, 23 % à une Mission locale ou un PAIO (Pôle d’accueil, d’information et d’orientation). Ces dispositifs ont permis d’accéder à des allocations, de mieux cibler les recherches d’emploi, de trouver un emploi, un stage ou d’accompagner dans la recherche d’un logement (dans le cas des Missions locales).

Le passage par le chômage concerne 60 % de la génération 2017 durant les 3 premières années de vie active. La tendance est à la baisse mais dépend du niveau de diplôme : plus le niveau de diplôme est élevé, plus le taux de chômage est bas. 

Certains jeunes se sont également retrouvés aux marges ou hors de la l’activité et de la formation (8 % d’entre eux y ont passé plus de la moitié de leur parcours post-études sur 3 ans). Les moins diplômés sont davantage concernés par ces périodes. Cependant ces périodes ne sont pas forcément déconnectées de l’activité professionnelle. Elles peuvent correspondre à des périodes de stage, de bénévolat, de préparation de concours ou de création d’entreprise. 

Enfin, 17 % de la génération 2017 sont retournés en formation en début de vie active, principalement des bacheliers généraux et technologique sortis directement de lycée après leur diplôme ou bien après un passage non diplômant dans le supérieur.


 

Partie 5. Les événements et changements au cours de l’insertion professionnelle.

Il y a une grande diversité dans les parcours professionnels au cours des trois premières années de vie professionnelle. La mobilité est surtout le fait de BTS-DUT dont près d’un tiers connaissent au moins trois séquences d’emplois. A l’opposé, 58 % des ingénieurs diplômés n’ont connu qu’un seul emploi.

On assiste à une stabilisation croissante de l’emploi en début de parcours. Simultanément, le temps de travail a augmenté pendant ces 3 années : 39 % des jeunes qui occupent un emploi à temps partiel lors de leur premier emploi occupent un emploi à temps plein en octobre 2020. Ce passage vers le temps plein augmente avec le niveau d’étude. 

Qualitativement, les diverses mobilités professionnelles peuvent prendre la forme de promotions ou de déclassements. 7 % des jeunes ont été déclassés au bout de 3 ans mais 23 % ont accédé à la catégorie cadre. La répartition sexuée demeure marquée : 29 % des hommes qui occupent un emploi en octobre 2020 sont des hommes contre 5 % des femmes. A l’opposé, les femmes accèdent moins souvent à un statut de cadre. 

Au niveau géographique, 28 % des jeunes de la génération 2017 ont été mobiles au cours de leurs études. Cette mobilité augmente avec le niveau de diplôme. Elle est particulièrement forte chez les ingénieurs ou docteurs hors santé (70 %). La mobilité géographique pendant les études accroît les chances de mobilité géographique sur le marché du travail. Les parcours professionnels des jeunes mobiles dans l’emploi sont plus favorables en termes d’accès à l’EDI ainsi qu’au niveau du salaire (1 775 € de salaire médian pour les mobiles, 1 510 € pour les autres).

La crise de la Covid-19 a bouleversé les routines du travail et a conduit beaucoup de jeunes à mener une réflexion sur leur projet professionnel. Près d’un tiers déclarent avoir repensé leur projet professionnel. Le recours au télétravail a été massif principalement chez les cadres et les professions intermédiaires. Les mesures de ralentissement de l’activité ont pris des formes variées, sous forme de RTT ou de congés chez les professions supérieures, davantage sous forme de chômage partiel chez les ouvriers.


 

Partie 6. Trois ans après.

Trois ans après leur sortie du système éducatif, 71 % des jeunes travaillent, 17 % sont au chômage, 4 % en reprise d’études ou formation et 8 % aux marges de l’activité et de la formation. Le diplôme demeure protecteur contre le chômage et favorise la stabilisation de l’emploi. Les femmes sortent plus diplômées et tout autant en emploi que les hommes mais leur trajectoire vers l’emploi à durée déterminée est moins rapide et durable que celle des hommes lors des 3 premières années sur le marché du travail. 

Concernant les conditions d’emploi, les deux tiers de la génération 2017 en emploi en octobre 2020 sont en EDI. Plus le diplôme s’élève, plus la part des jeunes salariés en EDI augmente (mis à part les docteurs en santé du fait de l’exercice en libéral). Les rémunérations perçues augmentent aussi avec le diplôme. 20 % des femmes sont à temps partiel contre 12 % des hommes. 

5 % des jeunes en emploi sont pluriactifs. Cette pluriactivité est plus fréquente chez les non-salariés et conduit souvent à un cumul d’emploi salariés et non-salariés. Le second emploi est indépendant à 41 % contre 5 % de la génération 2017. L’activité supplémentaire vient parfois compléter un emploi à temps partiel, principalement dans le cas des femmes. Le revenu tiré de la pluriactivité représente un quart du revenu du travail mensuel. Le revenu médian des jeunes pluriactifs est de 1 900 € ; il est de 1 700 € chez les monoactifs. 

Les jeunes, quel que soit leur niveau de diplôme, sont dans leur grande majorité satisfaits de leur emploi et disent se réaliser dans cette situation. Les plus diplômés, ayant un parcours stable ou en EDI, sont ceux qui sont les plus « satisfaits et sereins ». Le fait d’occuper un emploi proche de sa formation initiale et à son niveau de compétence est un élément décisif de la satisfaction dans l’emploi. 

Les jeunes résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) sont pénalisés, comparés aux autres, dans l’accès à l’emploi. Ces difficultés subsistent, quel que soit leur niveau de diplôme. En octobre 2020, environ 3 ans après leur sortie de formation initiale, leur taux de chômage est de 34 %, soit supérieur de 16 points à celui des jeunes non originaires de ces territoires. Ces jeunes sont aussi plus précaires lorsqu’ils accèdent à l’emploi, par exemple en termes de temps partiel.

En octobre 2020, 62 % des jeunes ont acquis une autonomie résidentielle. La proportion de décohabitants à trois ans croît avec le diplôme et l’accès à l’emploi ; elle est plus fréquente chez les femmes. Ces dernières vivent plus souvent en couple que les hommes (40 % contre 23 %) et 20 % des mères sont inactives contre 5 % des pères.

Le parcours d’insertion est marqué par l’origine sociale des jeunes en emploi. Ainsi, 17 % des jeunes dont les deux parents sont ouvriers ou employés sortent diplômés d’un niveau bac+5 ou plus, contre 57 % des jeunes dont les deux parents sont cadres. Cette reproduction sociale est accentuée par des disparités de genre. Elle est plus marquée chez les hommes par rapport à leurs parents, qu’ils soient ouvriers ou cadres.
 

Quiz : Quand l’école est finie. Premiers pas dans la vie active de la génération 2017. Résultats de l’enquête 2020

Source du Quiz : Enquête génération n°3 - Céreq (décembre 2022)

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