POINT D' ACTUALITE : La politique monétaire de la BCE et des Etats-Unis : mandats et évolutions»

Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de l’article de Bastien Alvarez, Benjamin Cabot, Colette Debever, Raphaël Lee, Paul Mainguet et Ivan Salin « La conduite de la politique monétaire en Europe et aux Etats-Unis », Trésor-Eco, N° 340, mars 2024.

 

Publié en mars 2024, cet article permet d’illustrer le chapitre de spécialité Sciences économiques et sociales  de  la classe de Première « Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? », et notamment la question 3 « Comprendre le rôle de la Banque centrale », ainsi que le chapitre de Terminale « Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? », et notamment la question 5 « Quels sont les principaux instruments de la régulation bancaire et financière ? ». On pourra aussi consulter le module 4 du programme d’ESH de la classe préparatoire ECG « Déséquilibres, régulation et action publique. L’intervention économique des pouvoirs publics », et notamment le cours 1 « Fluctuations économiques et politiques de régulation des cycles ».

Les + de l’article :

  • Comprendre comment la Banque centrale peut agir en vue d’influencer le coût et la disponibilité de monnaie dans une économie.

 

  • Etudier les instruments et les stratégies des Banques centrales dans un contexte de crise économique.

Résumé

La politique monétaire recouvre les décisions prises par une Banque centrale en vue d’influencer le coût et la disponibilité de la monnaie dans une économie. La Banque centrale européenne (BCE) a pour mandat d’assurer la stabilité des prix tandis que la Réserve fédérale américaine (FED) vise à la fois la stabilité des prix et le plein emploi. En matière de stabilité des prix, les deux banques centrales se sont fixé une cible d’inflation de 2% à moyen terme.

Les taux directeurs sont l’instrument principal utilisé par une Banque centrale pour assurer la stabilité des prix. Ils agissent sur l’économie réelle par plusieurs canaux : le taux d’intérêt, le prix des actifs, et le taux de change  (voir le point d’éclaircissement ci-dessous).  Pour lutter contre les conséquences de la crise financière de 2008, de la crise des dettes souveraines en Europe en 2010, et de la crise sanitaire en 2020, et pour remédier aux limites du taux plancher zéro (zero lower bound), la BCE et la FED ont développé des outils dits non conventionnels, tels les programmes de rachats d’actifs (assouplissement quantitatif, ou quantitative easing), la communication pour influer sur les anticipations de taux (forward guidance), les opérations de refinancement de long terme pour soutenir le crédit bancaire, ou encore les taux de dépôt négatifs.

Globalement, l’orientation des politiques monétaires par la FED et la BCE a été semblable depuis 2008, sauf entre 2015 et 2019, période au cours de laquelle la FED remontait les taux alors que la BCE maintenait une politique de taux bas (voir graphique ci-dessous). Le choc inflationniste de 2021, résultant d’un choc d’offre négatif (dû aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et à la pénurie de main-d’œuvre) et d’un choc de demande positif (lié à un excès de liquidités accumulées dans la crise sanitaire), et amplifié par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a eu pour conséquence un resserrement important des politiques monétaires de la BCE et de la FED afin d’empêcher l’installation d’une inflation élevée sur une assez longue période.

Voir la synthèse « Vers une convergence des politiques monétaires entre la zone euro et les Etats-Unis

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Retrouvez l’article complet :

Les termes clés :

 Banque centrale 

 

Forward guidance : Expression anglaise qui signifie « guidage prospectif ». C’est un outil dont disposent les Banques centrales qui consiste à donner des informations sur leur politique à venir. Dans un environnement incertain, alors que les taux directeurs des Banques centrales sont proches de zéro voire négatifs, les agents économiques ont du mal à anticiper les décisions de ces Banques centrales, d’où leur décision de communiquer sur la trajectoire future de leurs taux directeurs et le montant de leurs futurs rachats d’actifs.

 

Quantitative easing (ou « assouplissement quantitatif) : Il consiste pour la Banque centrale à acheter massivement des titres financiers, dans le but d’injecter des liquidités dans l’économie afin de relancer l’activité et l’inflation.

 

Taux directeur : Principal outil conventionnel de la politique monétaire, c’est le taux d’intérêt fixé par une Banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales (voir l’extrait pour la classe préparatoire).

 

Taux plancher zéro (ou zero lower bound) : C’est un phénomène macroéconomique qui a lieu lorsque les taux d’intérêt nominaux sont proches de zéro. Cela cause une trappe à liquidité et limite considérablement la capacité de la Banque centrale à stimuler l’économie.

 

Voir la notion « Modèle IS-LM)

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Le point d’éclaircissement : Les canaux de transmission de la politique monétaire

Les décisions des Banques centrales se transmettent à l’économie réelle par plusieurs canaux. Si on se situe dans le contexte d’un assouplissement monétaire et d’une politique conventionnelle reposant sur la baisse des taux directeurs, ces canaux sont :

  • Le canal du taux d’intérêt : Les taux directeurs se diffusent à l’ensemble des taux pratiqués par les banques commerciales, d’où une baisse du taux de crédit aux ménages et aux entreprises, ce qui favorise l’augmentation de la demande de crédit qui stimule l’économie, et aussi l’inflation (et inversement dans le cas d’une hausse des taux directeurs).

  • Le canal du prix des actifs financiers et immobiliers : Une baisse des taux d’intérêt augmente la valorisation des actifs, ce qui élève la valeur du patrimoine des agents (effet de richesse), qui peuvent dès lors accroître leur investissement et leur consommation (et inversement en cas d’une hausse des taux directeurs).

  • Le canal du taux de change : Une baisse des taux d’intérêt rend les placements nationaux moins attractifs, ce qui se traduit par une dépréciation monétaire qui a pour effet d’augmenter la compétitivité -prix de l’économie nationale, et qui favorise aussi l’inflation importée (et inversement dans le cas d’une hausse des taux d’intérêt directeurs).

 

Voir la notion « courbe en J »

L’extrait pour la classe préparatoire : des taux différents pour la FED et la BCE

« La FED et la BCE utilisent des taux directeurs différents. L’instrument traditionnellement privilégié par les Banques centrales pour mener leur politique monétaire « conventionnelle » est la fixation des taux directeurs. La FED et la BCE ont toutes deux des taux directeurs mais leur nature diffère : alors que les taux de la BCE sont les taux auxquels elle prête aux banques, les taux de la FED représentent une fourchette de taux interbancaires. Dans les deux cas, le maniement des taux directeurs, complété par des opérations d’open market pour la FED, permet aux Banques centrales d’orienter le taux interbancaire et ainsi le coût du crédit. En modifiant les conditions de financement, la politique monétaire de la Banque centrale se transmet à l’économie réelle (voir ci-dessus le point d’éclaircissement sur les canaux de la politique monétaire).

La BCE utilise trois taux directeurs :

  • Le taux de facilité de dépôt (Deposit Facility) auquel sont rémunérées les liquidités déposées par les banques commerciales auprès de la Banque centrale.

  • Le taux des opérations principales de refinancement (Main Refinancing Operation) auquel la BCE prête aux banques commerciales.

Le taux de facilité de prêt marginal (Marginal Lending Facility), plus élevé que celui des opérations de financement principal, auquel les banques commerciales peuvent accès der en cas d’urgence.

La FED vise une fourchette pour le taux de refinancement interbancaire au jour le jour (les taux fed funds) :

  • La borne inférieure de cette fourchette, similaire à la Deposit Facility, est constituée du taux d’intérêt sur les réserves (interest on reserves), taux auquel sont rémunérés au jour le jour les liquidités déposées par les institutions financières auprès des FED régionales.

  • La borne supérieure, similaire au Marginal Lending Facility, correspond au discount rate taux d’escompte), c’est-à-dire au taux auquel les FED régionales fournissent des liquidités aux banques commerciales quand celles-ci en ont besoin.

Les sujets qui font débat :

  •  Les Banques centrales ont-elles pour objectif « l’inflation targeting » ?

Voir la vidéo avec Patrick Artus « Les Banques centrales pratiquent « l’inflation targeting »

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  • L’inflation est-elle de nature monétaire ?

Voir le point d’actualité à partir de l’article de Bruno Jacquier « L’hypothèse d’une erreur de politique monétaire »

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  • Quels sont les éléments qui peuvent affecter dans les années à venir les trajectoires de la politique monétaire ?

Voir la notion « Inflation »

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