En matière de politique monétaire, l'union fait la force!

source: www.banque-france.fr

Le fait du jour :

Mercredi 8 octobre , la Federal Reserve, la banque d'Angleterre, la banque nationale suisse, la BCE et la banque du Canada ont décidé simultanément et par surprise, de la baisse de leur principal taux directeur. Cette mesure conjointe a été suivie le vendredi 10 octobre d'une réunion des ministres des finances du G7, pour réfléchir aux mesures à prendre pour endiguer la crise financière et l'affolement des bourses mondiales. Les discussions entre dirigeants des pays de l'eurogroupe ont abouti mardi 14 octobre à l'adoption d'un plan de sauvetage commun du système bancaire européen. Le mardi 23 septembre, le président Nicolas Sarkozy, dans le cadre de l'assemblée générale des Nations Unies, avait appelé à une réunion du G8 (le G7 et la Russie) sur ces questions.

Pourquoi les banques centrales ont elles décidé d'agir ?

Lorsque les banques centrales baissent leurs principaux taux d'intérêt directeurs , elles proposent un financement moins cher aux banques commerciales, leur laissant alors la possibilité de faire elles-mêmes plus de crédits, moins coûteux, à l'économie. La dernière action concertée des banques centrales de cette ampleur datait de septembre 2001. L'enlisement dans la crise financière, ainsi que ses perspectives de propagation à l'économie réelle ont motivé cette action. Le ralentissement de la hausse des prix des matières premières l'a aussi permise.
 

Pourquoi les banques commerciales ont-elles un problème de ressources ?

Les banques ont plusieurs sources de financement pour assurer des crédits aux agents économiques qui en ont besoin : elles disposent des dépôts de leurs clients, peuvent emprunter aux autres banques sur le marché dit interbancaire ou à la banque centrale. Elles disposent également de leurs fonds propres ou peuvent emprunter sous forme de titres directement sur les marchés financiers. Aujourd'hui, leurs fonds propres sont très dépréciés par la crise financière. Les banques refusent également de se prêter entre elles, ne connaissant pas leur degré d'exposition au risque des "subprime". Les banques centrales, comme prêteurs en dernier ressort , assurent donc ce financement.

 

 

Pourquoi les banques centrales sont-elles parfois réticentes à le faire ?

Les crédits ainsi favorisés par les banques centrales sont de la monnaie supplémentaire qui, si elle n'est pas suivie d'une production correspondante, peut faire augmenter le niveau général des prix. Or, poussée par la demande de matières premières en hausse, l'inflation a connu une élévation ces derniers mois. 
Lorsqu'elles jouent ce rôle de "prêteur en dernier ressort", les banques risquent par ailleurs d'encourager les conduites à risque (c'est l' " aléa moral ").
Cette intervention massive inhabituelle, signe de l'exceptionnelle gravité de la situation, risque d'encourager les comportements de peur, de panique, si dommageables à l'activité économique.
Enfin, cette action n'est pas toujours efficace. Dans le cas dit de   "trappe à liquidité ", les taux d'intérêt bas provoquent une création monétaire qui sera utilisée à des fins spéculatives et non à développer l'activité. La méfiance des banques est telle qu'elles sont très réticentes, malgré ces liquidités, à prêter aux autres agents économiques.

 

 

 

 

Pourquoi une action conjointe est-elle aujourd'hui souhaitée ? 

Les transactions sur les marchés sont un pari sur l'avenir par les agents économiques qui vendent ou achètent en espérant un rendement. Par ailleurs, les décisions prises par les agents sont lourdes de conséquences sur l'évolution des prix des actifs échangés. Les anticipations sont dites auto réalisatrices (comme le montre le schéma ci-dessous). La confiance dans l'avenir est donc très importante dans leurs décisions d'achat ou de vente. Une action concertée est un message pour les opérateurs, montrant la prise en main des difficultés par les autorités. Pour l'instant, l'accord n'est pas acquis sur les autres solutions à adopter: Les Allemands seraient plus favorables à une modification des normes comptables, les Américains à une prise de participation dans les banques en difficulté, les Anglais à une garantie par les Etats des emprunts conclus par les banques entre elles…. Des mesures, curatives comme préventives, restent encore à prendre !


 

 

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