SEANCE 2 : LE ROLE SPECIFIQUE DE LA FAMILLE DANS LE PROCESSUS DE SOCIALISATION ET DU MILIEU SOCIAL (1h30)

          Selon l’Insee, une famille est la partie d'un ménage comprenant au moins deux personnes et constituée soit d'un couple vivant au sein du ménage, avec le cas échéant son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage, soit d'un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale).

                    La famille transmet donc, de manière directe ou indirecte, de façon consciente et inconsciente, les éléments de la culture (normes, valeurs, codes symboliques) qui permettent aux enfants de s'intégrer dans la vie sociale.

                    La famille est d'abord le lieu de transmission d'une identité civile (nom(s) et prénom(s)). La famille transmet ensuite le langage, les normes de comportement et ces « techniques du corps » (Marcel Mauss) indispensables pour manger, faire sa toilette, se tenir avec les proches ou avec les étrangers, etc. Bref, elle impose ces normes et habitudes qui permettront à l'enfant de développer des relations sociales.

La famille peut aussi transmettre un patrimoine économique et financier, des positions dans l’espace social, un « carnet d'adresses », etc. Agent de socialisation, la famille est aussi au cœur des stratégies de reproduction sociale.

                              Les modes de vie ne sont pas homogènes : niveau de vie, taille et localisation des logements, alimentation et habillements, loisirs et vacances, etc. témoignent de l’hétérogénéité des conditions matérielles d’existence, des occupations et des préoccupations des groupes sociaux. Les individus grandissent, se mettent en couple, travaillent, ont des loisirs dans des espaces sociaux différents. On mesure souvent le milieu social d’un individu avec sa catégorie socioprofessionnelle (ou celle de ses parents). Les apprentissages (de normes, de valeurs, de pratiques, etc.) sont donc liés aux appartenances sociales. Les existences, donc les processus de socialisation sont donc « structurés » par l’origine sociale, voire pour certains de sociologues, les appartenances de classes sociales.

Ainsi, le groupe social d’appartenance influence les manières d’être, de parler, de faire mais aussi les choix individuels. On note ainsi que les pratiques sportives et les autres activités de loisirs (pratique d’un instrument de musique, etc.) sont souvent liés à l’origine sociale.

          Toutefois, les jeunes ne sont pas uniquement en contact avec les membres des réseaux familiaux. Ils fréquentent d’autres personnes, d’autres lieux, d’autres institutions.

Document 1. Une même expérience scolaire ? Le rôle du milieu social

Document 1. Une même expérience scolaire ? Le rôle du milieu social

Facile

La réussite au baccalauréat selon l'origine sociale, session 2020.

Admis en nombre et taux de réussite en %

Questions :

1) Faites une phrase avec les deux premiers chiffres

2) Faites une phrase avec la ligne « Employés »

3) Que peut-on déduire de ce tableau ?

4) Pourquoi, selon vous, la DEPP a fait ressortir la catégorie socioprofessionnelle « professeurs et assimilés » parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures ? (utilisez le concept de socialisation dans votre réponse)

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1) Faites une phrase avec les deux premiers chiffres

Selon la DEPP, 4191 lycéens dont les chefs de famille sont « agriculteurs exploitants » ont passé le baccalauréat général lors de la session 2020 avec un taux de réussite de 98,8%.

2) Faites une phrase avec la ligne « Employés »

Selon la DEPP, 150582  lycéens dont les chefs de famille appartient au groupe socioprofessionnel « employés » ont passé le baccalauréat lors de la session 2020 avec un taux de réussite de 95,1%.

Ce taux varie selon le baccalauréat, le taux de réussite au baccalauréat général était de 97,6% (75889 élèves), 95,2% pour le baccalauréat technologique (35834 élèves) et de 90,6% pour le baccalauréat professionnel (38859 élèves).

3) Que peut-on déduire de ce tableau ?

Malgré la massification scolaire et la hausse générale du taux de réussite lors de la session de l’année 2020 (cf. pandémie), le taux de réussite au baccalauréat varie selon le type de bac et selon l’origine sociale des élèves.

Ainsi, selon la DEPP, pour la session 2020, le taux de réussite au baccalauréat général était de 97,6%, le taux de réussite au baccalauréat technologique était de 94,8% et le taux de réussite au baccalauréat professionnel était de 90,4%,

4) Pourquoi, selon vous, la DEPP a fait ressortir la catégorie socioprofessionnelle « professeurs et assimilés » parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures ? (utilisez le concept de socialisation dans votre réponse)

Les enfants d’enseignants sont socialisés dans un univers familial qui partage les normes et les valeurs scolaires qui forment l’univers professionnel d’au moins un de leurs parents. A priori, pour un même niveau de travail et à compétences égales, ils devraient avoir de meilleures performances que les autres lycéens puisqu’ils bénéficient d’une aide à la maison qui maîtrise les attentes de l’institution scolaire.

C’est ce que confirme le document de la DEPP puisque, même s’ils n’obtiennent pas tous le baccalauréat, les lycéens dont les parents sont « professeurs et assimilés » ont des taux de réussite supérieures à la moyenne des lycéens, quel que soit le baccalauréat, voire légèrement supérieurs aux enfants aux autres enfants du groupe « cadres et professions intellectuelles supérieures ».

 

Document 2. Le rôle de la famille et des réseaux sociaux : la socialisation politique à l’heure d’Internet

Document 2. Le rôle de la famille et des réseaux sociaux : la socialisation politique à l’heure d’Internet

Facile

La famille est-elle encore le lieu privilégié de la transmission politique ?

Aujourd’hui encore, les études montrent que deux tiers des Français se situent dans la continuité des choix politiques de leurs parents. Mais il faut distinguer ce phénomène du vote lui-même car les camps traditionnels gauche-droite sont traversés de nombreux courants. La question des extrêmes travaille, par exemple, ces identifications primaires, y compris chez les jeunes. Et puis, on peut aussi ne pas voter.

La multiplication des moyens d’information et l’émergence du numérique ont-elles altéré cette transmission ?

Altéré, non, mais brouillé, c’est certain. Les jeunes sont soumis à une offre incessante qui se confronte aux valeurs forgées par l’expérience familiale. Mais les réseaux sociaux, très prisés des enfants et des adolescents, n’invalident pas l’influence de la transmission familiale. Contrairement à ce que l’on croit, le premier vecteur d’information politique des jeunes reste la télévision. Enfin, n’oublions pas qu’on s’informe toujours auprès de sources cohérentes avec ses idées, y compris sur Internet.

Les cas de rupture idéologique entre parents et enfants sont donc assez rares ?

Oui. D’une génération à l’autre, entre parents et enfants, la filiation politique, mesurée à partir du repérage élémentaire gauche-droite ou ni gauche ni droite, l’emporte sur les ruptures. Ces cas sont minoritaires.

Les jeunes qui affirment être d’un bord différent de celui deux leurs deux parents représentent entre 10% et 12% des cas. Mais ces témoignages retiennent davantage l’attention car ils invitent à des questionnements.

 

Entretien avec Anne Muxel, spécialiste de la socialisation politique.

Le Monde, dimanche 19 et lundi 20 mai 2019.

 

Questions :

1) Les choix politiques peuvent-ils être confondus avec le vote ?

2) Comment mesure-t-on la filiation politique ? Est-ce toujours pertinent ?

3) Internet bouleverse-t-il la socialisation politique ?

4) Selon vous, peut-on parler de socialisation familiale pour le vote ?

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1) Les choix politiques peuvent-ils être confondus avec le vote ?

Non, le vote est une expression des choix politiques parmi d’autres (manifester, réagir sur les réseaux sociaux, afficher des slogans sur ses vêtements, etc.).

D’une manière générale, la participation politique désigne l’ensemble des activités, conventionnelle ou non conventionnelle, d’ordre politique que peuvent avoir les individus au sein d’une société.

2) Comment mesure-t-on la filiation politique ? Est-ce toujours pertinent ?

On mesure la filiation politique en demandant aux personnes de se situer sur un axe droite/gauche.

En France, l’origine de cette opposition trouve sa source lors de la Révolution française. En septembre 1789, l’Assemblée constituante examine la question du veto royal sur les lois votées par les représentants du peuple. Les adversaires du véto royal ont pris l’habitude de siéger « du côté gauche » du président de séance. Les défenseurs du veto sont du « côté droit ».

Aujourd’hui le clivage droite/gauche n’a plus de référence à la monarchie mais renvoie à des oppositions sur les valeurs (cf. vision de la liberté et de la justice) et les normes (cf. vision de l’égalité économique et sociale).

Anne Muxel défend la pertinence de cette dichotomie. D’autres la nuance plus fortement avec l’affirmation de nouveau clivage liée à la construction européenne, l’affirmation des problème écologiques, etc.

3) Internet bouleverse-t-il la socialisation politique ?

Les sites et les réseaux sociaux numériques proposent une large offre de contenus, réactions, positions qui parfois renforcent mais aussi nuancent, contredisent voire concurrencent les normes et les valeurs transmises par la famille. Toutefois, selon Anne Muxel, « les réseaux sociaux, très prisés des enfants et des adolescents, n’invalident pas l’influence de la transmission familiale ».

De plus l’auteur souligne que, même à l’heure de la généralisation des smartphones, la télévision reste un vecteur de socialisation politique central.

4) Selon vous, peut-on parler de socialisation familiale pour le vote ?

Certes, l’école, notamment les cours d’éducation civique, transmettent des normes et des valeurs dont l’importance de la participation électorale dans les démocraties.

Néanmoins, le sociologue constate que la famille joue un grand rôle dans l’apprentissage des gestes et des valeurs électorales. Les premiers votes se font généralement en famille ! On accompagne ses parents lorsque l’on est mineur au bureau de vote, puis on suit ses parents le jour où l’on a acquis le droit de vote. On vote rarement seul la première fois… même si le code électoral oblige à s’isoler pour introduire son bulletin dans l’enveloppe électoral.

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