Les bobos n’existent pas

Jean-Yves Authier, Anaïs Collet, Colin Giraud, Jean Rivière et Sylvie Tissot

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L'ouvrage

Le terme « bobo » est aujourd’hui très répandu dans le champ médiatique et politique et dans le langage ordinaire. Néanmoins ce terme n’est pas scientifiquement pertinent, il recouvre des catégories très variées, des acteurs et des logiques parfois très différentes.

« Le vocabulaire de la stratification sociale est certes moins suggestif et vendeur que le mot « bobo », mais il est plus exigeant et plus précis. Les sciences sociales mobilisent de préférence le terme de « gentrification » pour désigner « des rapports sociaux d’appropriation de la ville associant étroitement réhabilitation et réinvestissement d’espaces longtemps délaissés, « retour en vile » des classes moyennes et supérieures, éviction ou effacement des classes populaires et renouvellement des activités et des paysages urbains locaux dans les centres des grandes métropoles ».

La gentrification décrit un processus et non des acteurs. En effet, les acteurs de la gentrification varient d’une période à l’autre, d’un quartier à l’autre. De la même façon, « la gentrification résidentielle ne s’accompagne pas toujours d’une gentrification commerçante et de consommation ».

« Le terme « bobo » tend à réduire, simplifier et finalement masquer la complexité des processus sociaux qu’il prétend décrire.

 

« L’ancêtre américain des bobos : enquête sur le livre Bobos in paradise de David Brooks », Sylvie Tissot.

Le journaliste David Brooks publie en 2000 Bobos in paradise : The new upper class and how they go there, en 2000 aux Etats Unis. Le livre est traduit en France la même année. Le propos de Brooks vise à montrer que les deux fractions des classes supérieures qui s’affrontaient jusqu’ici, les bourgeois et les bohèmes, seraient aujourd’hui mêlées. Les « bobos » représenteraient la synthèse des valeurs et des modes de vie de ces deux groupes jusqu’ici opposés : l’individualisme et la révolte. Brooks montre surtout qu’un certain style de vie commun permet aujourd’hui de rassembler ces deux fractions de classe. Brooks focalise son attention sur le mode de consommation.

Le terme « bobo » a connu un certain succès  tout d’abord auprès des journalistes, puis des essayistes et ensuite auprès du grand public.

 

« Les bobos dans la presse française : retour sur la politisation d’une catégorie », Anaïs Collet et Jean Rivière.

Anaïs Collet et Jean Rivière s’attachent à montrer l’évolution du terme  depuis les années 2000 en France. C’est surtout l’article de Annick Rivoire, « L’été de tous les bobos », paru dans la rubrique « tendances mode de vie » de Libération qui représente le point de départ du succès de ce terme. Plusieurs journalistes vont alors reprendre le terme et annoncer la « naissance d’une nouvelle catégorie sociale ou d’une nouvelle catégorie socioculturelle ». Mais ces articles se situent les plus souvent dans les pages « tendances, qu’il s’agisse d’immobilier ou de consommation ». L’image véhiculée accorde une grande part à la dimension spatiale car ces catégories sont toujours décrites par le biais des quartiers. «  A travers des lieux ou des objets de consommation, ce sont des goûts, des valeurs ou des manières d’être qui sont pointées, à la manière des sociostyles ». Ce terme « bobo » permet aux journalistes d’évacuer la pertinence des classes. Il s’agit de décrire des groupes qui partagent des comportements. Au cours de cette première période, le terme est peu politique.

Parallèlement à ce registre, plutôt « moqueur et ironique », se développe un autre usage du terme, beaucoup plus politique, lié au contexte des élections municipales. Dans ce contexte, le « géographe- consultant », Christophe Gilluy va préférer le terme de bobos à celui de gentrification pour décrire la « violence sociale » qui « entoure l’embourgeoisement de certains quartiers populaires ». La victoire de la gauche plurielle à Paris et à Lyon lors de ces scrutins municipaux va renforcer l’usage politique du terme.

Lors des élections présidentielles puis municipales de 2007 et 2008, l’usage du terme va progressivement se « droitiser ». Le terme devient de plus en plus péjoratif dans la presse nationale (Le monde, Libération et Le Figaro). Le terme est en effet de plus en plus souvent mobilisé par la droite, pour critiquer par exemple, la politique municipale parisienne de Bertrand Delanoë, incarnation du bobo. La droite utilise alors cette catégorie comme une « figure repoussoir », la droite cherchant plutôt à valoriser le capital économique sur le capital culturel et à valoriser le travail comme valeur fondamentale, valorisation de la morale. Cette évolution du terme favorise également un certain retour des classes sociales. Le terme est toujours utilisé lors des élections municipales de 2008, l’utilisation du terme dépasse les villes de Paris et de Lyon pour être mobilisé dans le cadre de métropoles régionales puis des villes moyennes. Les « bobos » deviennent alors l’enjeu des élections municipales.

En 2012, nouvelle évolution du terme lors des élections présidentielles et législatives. Les « bobos » sont au cœur des « enjeux de lutte symbolique ». La figure du « bobo » est utilisée par les candidats de manière disqualifiante pour affaiblir l’adversaire et afficher son soutien aux classes populaires. Les « bobos » sont présentés comme sociologiquement à droite, mais votant à gauche par la candidate du FN, Marine Le Pen, qui n’hésite pas à les présenter comme des « ennemis du peuple » car soutenant l’immigration.

Le terme « bobo » a donc évolué depuis sa parution en France, il est devenu au cours du temps plus stigmatisant et plus politique.

 

« J’fais aussi partie du lot » : Renaud Séchan et les bobos, Colin Giraud

Colin Giraud analyse la chanson les « bobos », premier titre de l’album Rouge sang du chanteur Renaud. Cette chanson est révélatrice de la diffusion du terme dans l’usage courant. Les paroles nous donnent une « description quasi sociologique d’un groupe social, mais sur un ton satirique ». L’étiquette « bobo » apparaît petit à petit comme un stigmate, qui se retourne contre l’artiste, accusé par la critique de vivre comme un bourgeois.

 

« Y a des bobos dans mon quartier » : les gentrifieurs et la catégorie « bobo », Jean-Yves Authier et Anaïs Collet

Ce chapitre analyse des entretiens menés auprès de gentrifieurs de deux quartiers : le quartier des Batignolles (17ème arrondissement, Paris) et le quartier du Bas Montreuil, localisé dans la commune de Montreuil (périphérie de Paris). L’objectif est d’étudier les termes utilisés par les gentrifieurs eux-mêmes pour décrire l’évolution de la composition urbaine.

« Dans les deux quartiers, la catégorie « bobo » est couramment utilisée par les personnes interrogées » et vise à désigner les gentrifieurs. Le quartier des Batignolles est ainsi souvent caractérisé comme « typiquement bobo », cette catégorisation visant à le distinguer à la fois du « quartier voisin plus populaire des Epinettes » et, « du quartier voisin bourgeois de Ternes-Monceau ».

Dans le Bas-Montreuil, le terme est moins fréquemment utilisé, le processus étant plus récent, néanmoins le terme de « boboland » permet à certains de désigner le quartier.

Lorsque les enquêtés sont amenés à préciser ce qu’ils entendent par « bobo », on « retrouve le portrait sociologique souvent brossé dans la presse : des individus vivant correctement sur le plan économique, que ce soit grâce à leurs revenus ou à leur patrimoine, travaillant dans le secteur de la culture et des médias, avec des horaires, ou des relations de travail atypiques, progressistes sur le plan des valeurs, modérés dans leurs votes, intéressés par la vie culturelle…et qui comme dans la chanson de Renaud « roulent en 4x4 mais l’plus souvent/ préfèrent s’déplacer à vélo » ».

Dans le quartier des Batignolles, les « bobos » désignent surtout des individus dotés d’un capital économique, mais qui néanmoins ne se comportent pas comme des bourgeois et adoptent un mode de vie plus ouvert sur la vie culturelle et moins protocolaire, caractérisant ainsi le côté bohème. La localisation géographique est donc déterminante car les habitants distinguent les bourgeois du quartier Ternes Monceau voisin, des « bobos » du quartier des Batignolles. Les bourgeois sont donc « plus centrés sur la famille et la réussite professionnelle, pour qui les types de sorties légitimes ne sont pas les mêmes, dont les codes de sociabilité et d’interaction diffèrent (plus de retenue, de quant à soi…), dont les styles éducatifs sont plus conservateurs . Dans le domaine professionnel également, la comparaison avec le quartier voisin est implicite : les habitant des Batignolles, ce sont des « profs », des gens qui travaillent dans la publicité, la communication ou les médias-autrement dit, des travailleurs qui n’ont pas des revenus, des horaires, des espaces ou des rapports de travail comparables à ceux des banquiers de la Défense, des PDG ou des hauts fonctionnaires ».

Les « bobos » de Montreuil sont moins définis par leur capital économique que par leur professions : ce sont des « artistes » qui ont pu acquérir des biens immobiliers à bas prix pour les rénover.

Néanmoins, une analyse plus fine du terme « bobo » révèle que peu d’habitants se reconnaissent pleinement dans la catégorie : il s’agit alors soit d’habitants ayant connu une mobilité sociale ascendante soit au contraire d’habitants issus de milieu bourgeois, mais souhaitant se démarquer de cette étiquette. Pour tous les autres, l’étiquette bourgeoise est rejetée soit pour des raisons économiques, soit pour  leur choix de mode de vie.

Les habitants de deux quartiers préfèrent donc utiliser le terme pour désigner leurs voisins, dont ils « sont proches sociologiquement mais dont ils se sentent différents » : ils s’agit surtout des choix immobiliers (montant engagé, faire faire ou faire soi même )» ou la fréquentation de certains lieux (deux bars de Montreuil divisent ainsi les habitants ). Ces jugements portés sur les autres révèlent les lignes de différenciation internes au groupe des gentrifieurs : fracture générationnelle (les plus jeunes étant les « bobos » des plus âgés), fracture professionnelle (les indépendants de la production artistique étant les « bobos » des salariés des services publics et de la diffusion culturelle), et enfin fractures en matière de styles éducatifs (plus ou moins traditionnels ou progressistes).

Ces enquêtes permettent de montrer que le terme de « bobo » recouvre des catégories bien différentes. Les proximités et les distances entre groupes sociaux sont très variables d’un quartier à l’autre, les contextes locaux jouent un rôle important dans la formation des appartenances sociales.

 

Bourgeois mais pas bohèmes ? les gentrifieurs vus par les populations « déjà là », Matthieu Giroud.

La gentrification qui correspond à « l’installation des classes moyennes et supérieures dans les anciens quartiers centraux s’accompagne(rait) de l’éviction des populations appartenant aux classes populaires ».Ces évictions peuvent être conduites de manière violentes lorsque cela conduit à des opérations de démolition ou de manière plus insidieuse par l’augmentation des loyers ou « la déstructurations des réseaux locaux de sociabilité et du cadre de vie ».

Ce chapitre s’intéresse aux habitants « déjà-là », c’est-à-dire ceux qui se sont installés au moment du développement industriel du quartier et qui sont restés au moment de la crise industrielle, il s’appuie sur une étude qualitative menée entre 2003 et 2005 dans le quartier, en voie de gentrification, de Berriat Saint Bruno à Grenoble. L’objectif est d’analyser la perception du processus de gentrification par des habitants « déjà là ».

Ce quartier de Grenoble a tout d’abord accueilli les populations rurales alentour et les émigrés italiens au moment de l’industrialisation. Puis, au moment de la désindustrialisation des années 60, Saint Bruno « devient un quartier d’accueil et d’installation de populations maghrébines. Dans les années 1980, la municipalité tente d’imposer une image de haute technologie à la ville de Grenoble et cherche à imposer davantage de mixité sociale dans le quartier. Cette « stratégie municipale » permet l’arrivée de catégories moyennes et supérieures. Malgré cette évolution de la composition sociale des habitants, l’espace commercial ne change pas : les « commerces « maghrébins » » restent nombreux.

 

De ce fait, le processus de gentrification semble peu visible pour une partie des habitants « déjà là », l’image d’un quartier populaire persiste. Certains habitants « déjà là » semblent même ignorer cet embourgeoisement du quartier et s’inquiètent de l’afflux d’immigrés : d’anciens migrants eux mêmes, estiment que la quartier se dégrade, les nouveaux migrants étant perçus comme des délinquants. Il s’agit donc de « formes de compétitions sociales et territoriales, mais elles se jouent entre des « établis » et des « outsiders »  (Elias et Scotson, 1997) qui ne sont pas les gentrifieurs mais les vagues nouvelles de migrants. »

 

Néanmoins pour une autre partie des habitants « déjà-là », l’embourgeoisement est perçu mais les appréciations divergent : 

       - certains y voient une menace, l’embourgeoisement menant à l’éviction des classes populaires.

       - d’autres y voient un processus de valorisation du quartier, permettant à la fois d’augmenter la plus value du capital immobilier par « simple effet de « mobilité passive » », mais aussi de ramener une population plus jeune. L’embourgeoisement permet également « d’avoir des interactions sociales,  mêmes minimales » avec des individus d’autres milieux sociaux.

En revanche on constate que pour désigner ces nouveaux habitants, les termes de gentrifieur et de « bobos » ne sont pas mobilisés. Les enquêtés préférant utiliser des critères de classe, d’âge, de niveau de qualification, d’apparence et de sexe. Cela s’explique selon les auteurs par le fait que les enquêtés n’ont pas forcément conscience de la présence des gentrifieurs. En effet, les événements plus caractéristiques de la gentrification (Fête de la couleur par exemple) conduisent souvent à une absence de participation des habitants « déjà-là », ce qui s’explique à la fois par un « mélange d’indifférence et d’autocensure sociale ».

 

Dynamique et diversité des classes moyennes dans la métropole parisienne, Edmond Préteceille.

Edmond Préteceille s’intéresse à la métropole Parisienne, « lieu principal de concentration des « bobos » si l’on en juge par les médias ». Edmond Préteceille revient sur le terme de « bobo » pour préciser que dans la version originale du livre de Books, les « bobos » correspondent à la classe supérieure. Dans la version française en revanche, ils correspondent davantage aux classes moyennes.

L’auteur nous rappelle tout d’abord ce que sont les classes moyennes :

Aujourd’hui les classes moyennes ne sont  plus apparentées  à la petite bourgeoisie puisqu’elles « sont principalement salariées et non propriétaires de moyens de production. » Ce sont des producteurs directs de biens ou de services, avec des fonctions hiérarchiques absentes ou secondaires, de « plus en plus soumis à des contraintes de temps, d’horaires, d’intensité, d’évaluation, de mise en concurrence, de précarité. ». « Certaines d’entre elles conservent au moins actuellement une fonction hiérarchique d’encadrement des catégories d’exécution ». Par ailleurs, l’origine sociale des membres des classes moyennes est très diversifiée. En termes de PCS, le « noyau central des classes moyennes » est composé des professions intermédiaires. On peut également ajouter les catégories 34 et 35, qui « regroupent sans doute le plus de candidats au statut de « bobo » auprès des médias  en raison de leur orientation professionnelle valorisant les pratiques culturelles et la sociabilité urbaine dans l’espace public ». Edmond Préteceille souligne le « contresens sociologique » à vouloir considérer ces différentes catégories comme des bourgeois.

En utilisant le critère du revenu, on peut également identifier les classes moyennes supérieures qui seraient composées d’une partie des individus des catégories 34, 33 et 37 et 38. Pour ces catégories le terme bourgeois peut s’appliquer mais c’est alors le terme bohème qui paraît peu adapté.

Pour finir, certains employés des catégories 52, 53 et 54 peuvent être assimilés aux classes moyennes inférieures.

Dans la métropole parisienne l’emploi est de plus en plus tertiaire. En 1968, 64% des actifs ayant un emploi de la métropole étaient ouvriers ou employés à parts égales. En 2013, ils ne sont plus que 40% et les employés sont majoritaires. Les groupes socio-professionnels qui progressent sont ceux des cadres et professions intellectuelles supérieure (CS3) et des professions intermédiaires (CS4). Ces deux catégories réunies représentent aujourd’hui 55% des emplois dans la métropole. Edmond Précetceiille estime que 47% des actifs de la métropole parisienne appartiennent aux classes moyennes. Il faut souligner toutefois que 42% des professions intermédiaires sont issus des classes populaires, alors que plus de la moitié des cadres et professions intellectuelles supérieures est issue des classes moyennes moyennes ou des classes moyennes supérieures. En termes d’origine nationale on peu également analyser des différences puisque « 15% des CS3 et 20% des CS4 ont une origine autre que Français né Français en France métropolitaine ».

Edmond Préteceille montre que les CS4 ont le niveau de ségrégation le plus faible : les professions intermédiaires sont « présentes dans la plupart des types d’espaces » et sont également « mélangées résidentiellement avec toutes les autres catégories ». En revanche l’indice de ségrégation des cadres et professions intellectuelles supérieures est le plus élevé de tous, en particulier avec la catégorie ouvrière. En ce qui concerne l’évolution, Edmonde Préteceille constate plutôt une stabilité de la ségrégation. Les classes moyennes supérieures sont néanmoins les catégories les plus concentrées spatialement. Aucune conscience de classe moyenne ne semble toutefois émerger. L’auteur en conclut que les classes moyennes sont très diversifiées et que « le processus de gentrification dans la dynamique de transformation urbaine parisienne est en réalité assez limité ».

Lire la fiche de lecture sur Le mystère français de Hervé le Bras et Emmanuel Todd

 

Tables rondes

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée à des tables rondes entre sociologues et journalistes.

Les journalistes expliquent que l’utilisation du terme « bobo » dans la presse permet d’éviter le terme de gentrification jugé trop technique. Le succès du terme a contribué également à son utilisation par la presse. Aujourd’hui le terme « bobo » a néanmoins une connotation péjorative. Les journalistes reconnaissent tous assez volontiers rentrer dans cette catégorie, même si certains estiment toutefois que leur capital économique est assez faible. Néanmoins ce terme ne peut satisfaire les sociologues tant il est contestable par les regroupements qu’il propose. Le terme de gentrification lui est préféré. Selon Anne Clerval la gentrification  correspond à « toute appropriation et transformation de l’espace urbain d’un espace populaire qui devient moyen ou supérieur ». Camille François propose de distinguer l’embourgeoisement qui se rapporte à l’espace de la gentrification qui se rapporte aux individus qui s’y installent. En ce sens, la gentrification est une forme d’embourgeoisement. Jean Yves Authier propose une autre distinction : l’embourgeoisement correspond  à l’augmentation de la part des classes moyennes dans un quartier qui est déjà un quartier de classe moyenne supérieure, la gentrification correspond à l’arrivée de classes moyennes dans des quartiers populaires.

 

Quatrième de couverture

Omniprésent dans les médias, mais aussi dans le champ politique et dans le langage ordinaire, le terme « bobo » n’est pas neutre. Son usage et ses variantes (« boboïsation », « boboïsé ») tendent à simplifier, et donc aussi à masquer l’hétérogénéité des populations et la complexité des processus affectant les espaces urbains qu’ils prétendent décrire. En réduisant les « bobos » à des caricatures, on juge de caractères, des intentions et des volontés, en oubliant que les représentations et les pratiques des individus et des groupes sociaux prennent place dans des trajectoires singulière et un monde hiérarchisé.

Ainsi, scientifiquement parlant, les bobos n’existent pas et des expressions telles que « boboïsation » ou « boboïsé » ne conviennent pas pour saisir et caractériser la diversité des logiques et des mécanismes, voire parfois, les contradictions à l’œuvre dans les phénomènes de « gentrification ». C’est ce que montre cet ouvrage, qui propose un regard historique et sociologique sur le mot « bobo » et ses usages dans les univers médiatiques, politiques et culturels, comme dans les discours des populations impliquées.

 

Les auteurs

Jean-Yves Authier est professeur de sociologie à l’Université Lumière Lyon 2. Il a notamment publié en collaboration Sociologie de Lyon (la Découverte, 2010) et Sociologie urbaine (Armand Colin, 2015).

Anaïs Collet est sociologue, maître de conférences à l’Université de Strasbourg. Elle travaille sur la gentrification et a notamment publier Rester bourgeois : les quartiers populaires, nouveaux chantiers de la distinction (La Découverte, 2015).

Colin Giraud est sociologue, maître de conférences à l’Université Paris Nanterre. Il a publié divers travaux sur les homosexualités masculines et sur les processus de gentrification et de ségrégation urbaine, dont Quartiers gays (PUF, 2014).

Jean Rivière est maître de conférences en géographie à l’Université de Nantes, spécialiste du champ de l’analyse électorale. Il a ainsi récemment coordonné le dossier « Elections présidentielles : les votes des grandes villes françaises au microscope » (Metropolitiques, 2017).

Sylvie Tissot est professeure de science politique à l’Université Paris 8. Ses recherches ont pour objet les politiques urbaines et la gentrification. Elle a notamment publié De bons voisins : enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste (Raisons d’agir, 2011).

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