Genre et marché du travail

Femmes, hommes, l’égalité en question. Edition 2022 - INSEE (mars 2022)

 

Les femmes et les hommes ont des taux d’activité qui se rapprochent aujourd’hui en moyenne même si des différences sont encore visibles selon les tranches d’âge. Cependant, les caractéristiques des emplois occupés par les femmes et les hommes restent différents tout comme le temps et les conditions de travail.

Mots clés : emploi, chômage, temps de travail, conditions de travail, genre

En 2020 en France hors Mayotte, le taux d’activité1 des femmes âgées de 15 à 64 ans est de 67,6 % contre 74,5 % pour les hommes. Les femmes représentent aujourd’hui 48,5 % de la population active2. Le taux d’activité des femmes est en augmentation régulière depuis 1975 tandis que celui des hommes stagne depuis 1990. Ce taux d’activité est en baisse chez les jeunes pour les deux sexes depuis 1975 avec l’allongement de la durée des études. Celui des jeunes femmes reste inférieur de 5,1 points à celui des jeunes hommes car leurs études sont plus longues. Pour les 25-49 ans, le taux d’activité des femmes a fortement augmenté depuis 1975 (+ 23,6 points entre 1975 et 2020) avec l’élévation du niveau d’études et la baisse de la fécondité. Néanmoins, l’écart de taux d’activité entre hommes et femmes reste le plus marqué dans cette tranche d’âge. Pour les 50-64 ans, le taux d’activité des femmes a aussi augmenté avec l’arrivée à ces âges de générations plus présentes sur le marché du travail. Pour les femmes comme pour les hommes, le taux d’activité augmente avec le niveau de diplôme. Enfin, parmi les immigrés âgés de 15 à 64 ans, 58,3 % des femmes sont actives contre 79,2 % des hommes soit un écart de 20,9 points. Cet écart tombe à 6,7 points pour les descendants d’immigrés et est de 4,9 points parmi les personnes sans ascendance migratoire directe.

Les emplois occupés par les femmes sont encore très différents de ceux des hommes par le statut, la profession ou le secteur d’activité. Les femmes en emploi sont plus souvent salariées avec un emploi de fonctionnaire. 22,5 % d’entre elles sont fonctionnaires (contre 12,2 % pour leurs homologues masculins) tandis que 54,9 % d’entre elles sont en CDI (contre 61 % des hommes en emploi). Elles sont plus souvent en contrat à durée déterminée que les hommes mais moins en intérim ou en contrat d’apprentissage. En 2020, plus d’une personne sur deux qui occupe un emploi à durée limitée est une femme. Enfin, les femmes ont moins le statut d’indépendant même si l’augmentation de la part des femmes au sein des indépendants est régulière depuis 10 ans car les professions indépendantes dont le poids augmente le plus sont aussi les plus féminisées (professions libérales de santé notamment).

La répartition des emplois par catégories socioprofessionnelles (CSP) diffère selon le sexe. Les femmes occupent plus souvent que les hommes des emplois peu ou pas qualifiés alors que les hommes sont plus souvent cadres, artisans commerçants chefs d’entreprise et agriculteurs. Les ¾ des employés sont des femmes contre seulement 1/5ème des ouvriers, ce qui a peu évolué en 40 ans. La part des femmes parmi les cadres a néanmoins doublé entre 1982 et 2020. Les femmes travaillent très majoritairement dans le tertiaire (plus de 20 points d’écart avec les hommes) et beaucoup moins dans les secteurs primaire et secondaire.

 

Part des femmes parmi les indépendants, les cadres, les employés, les ouvriers
et les personnes en CDD ou en intérim

 

Le taux de chômage3 en 2020 est comparable entre les femmes et les hommes (8 % pour les premières et 8,1 % pour les seconds) quelle que soit la tranche d’âge. Les femmes appartiennent plus que les hommes au halo du chômage. Le taux de chômage est également comparable entre hommes et femmes chez les cadres et les professions intermédiaires mais les secondes sont davantage touchées par le chômage chez les employés et ouvriers qualifiés. 

Le risque du chômage est d’autant plus élevé pour les personnes moins diplômées, or les femmes moins diplômées sont un peu plus frappées par le chômage que leurs homologues masculins. C’est le cas aussi des femmes immigrées par rapport aux hommes immigrés (+ 2 points) mais le taux de chômage redevient comparable selon le sexe pour les descendants d’immigrés. Enfin, les hommes sont souvent plus touchés par le chômage lors des crises économiques car ils travaillent dans les secteurs plus exposés à la conjoncture.

En 2020, parmi les personnes en emploi, les femmes travaillent beaucoup plus à temps partiel que les hommes (27,4 % contre 8,4 %). Elles représentent 75,6 % des personnes travaillant à temps partiel. Cela s’explique en partie par le fait que le temps partiel est plus répandu au sein des emplois très féminisés notamment dans les services. Néanmoins, à secteur d’activité ou à CSP identique, les femmes restent plus souvent à temps partiel que les hommes. Les femmes travaillant à temps partiel invoquent plus que les hommes le fait de s’occuper des enfants (26,1 % contre 5,8 %) et la part de temps partiel augmente avec le nombre d’enfants. De ce fait, les femmes sont davantage en sous-emploi que les hommes. En 2019, les femmes salariées à temps complet ont une durée annuelle travaillée effective inférieure de 7,1 % à celle des hommes, écart qui s’observe pour toutes les CSP et chez les travailleurs indépendants.

Les femmes et les hommes sont exposés différemment aux conditions de travail pénibles et aux risques psychosociaux. Cela est dû à une prédominance d’un des deux sexes dans certaines professions et à une affectation des femmes et des hommes à des tâches différentes au sein d’une même profession.
Les hommes sont plus souvent confrontés à des horaires atypiques et à la pénibilité physique même si les postures pénibles affectent autant les hommes que les femmes. A l’inverse, les femmes sont plus exposées aux risques psychosociaux comme devoir se dépêcher, avoir moins d’autonomie et de marges de manœuvre, devoir cacher ses émotions négatives. Elles sont également plus nombreuses à déclarer manquer de moyens pour effectuer correctement leur travail et craindre pour leur emploi. En 2018, les hommes ont plus d’accidents du travail que les femmes en moyenne car ils sont surreprésentés chez les ouvriers qui est la catégorie la plus exposée. Les hommes employés sont surreprésentés dans les activités risquées (comme par exemple le transport). La fréquence des accidents est très élevée parmi les hommes et les femmes de moins de 20 ans puis baisse fortement avec l’âge et pour les deux sexes. Les femmes sont autant touchées que les hommes par les maladies professionnelles et souffrent plus souvent de troubles musculaires alors que les hommes sont plus souvent atteints par des maladies graves.

1. Le taux d'activité est le rapport entre le nombre d'actifs (personnes en emploi et chômeurs) et l'ensemble de la population correspondante.
2. La population active regroupe la population active occupée (appelée aussi « population active ayant un emploi ») et les chômeurs.
3. Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre de personnes actives.

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