"La France n’a pas les GAFA, mais elle a les géants du luxe mondial", s’est félicité Bruno Le Maire lors de la signature du contrat stratégique de filière mode et luxe, le 8 janvier 2019. À en croire les chiffres, le ministre de l’Économie a en effet de quoi se réjouir. Car en matière de luxe, la France s’impose depuis plusieurs années comme leader mondial dans de nombreuses catégories (maroquinerie, parfumerie, cosmétique, etc.). Reconnu à l’international pour son art de vivre, l’Hexagone s’est forgé une image forte au travers de grandes figures comme Coco Chanel ou encore Yves Saint Laurent, mais aussi au travers de ces grandes maisons qui sont restées à l’avant-garde du luxe tout en parvenant à le démocratiser. Des maisons qui, elles-mêmes, sont devenues des mastodontes sur les marchés financiers. Aujourd’hui, le luxe à la française s’exporte partout et Paris reste la capitale mondiale du luxe.
Le luxe fait généralement référence à des objets beaux, élégants et inaccessibles. Des produits réservés à une clientèle triée sur le volet, capable d’investir une somme faramineuse pour les obtenir. Pourtant, le luxe n’est désormais plus hors de portée. Bien que toujours réservé aux publics aisés, il n’est plus la chasse gardée des plus riches. Au contraire, tout au long de ces dernières décennies – et parfois même bien plus tôt, en Europe notamment – le luxe s’est "démocratisé". Et s’il a pu ainsi conquérir de nouveaux marchés, c’est parce qu’il a réussi à opérer une métamorphose de taille : passer d’un mode de production artisanal à un monde industriel. Une transformation opérée d’abord en France.
Bien que les produits de luxe relèvent de l’artisanat et de l’exceptionnel, les grandes maisons ont pris un virage industriel dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elles "n’ont plus une démarche orientée vers le luxe, mais suivent une logique commerciale et industrielle […] [avec] une production à grande échelle. […] En plus de développer des modes de production industrielle, les géants du luxe misent également sur les fusions-acquisitions pour se renforcer. Une logique cohérente pour créer des synergies mais aussi diversifier leurs portefeuilles d’activités et ainsi faire preuve de davantage de résilience en cas de ralentissement sur un marché en particulier. […]
Pour continuer à produire massivement tout en gardant un savoir-faire authentique, les marques de luxe s’appuient généralement à la fois sur des ateliers de fabrication internes et sur des sous-traitants réputés de qualité. De la sorte, les grandes maisons gagnent en flexibilité et peuvent ajuster leur production en fonction de leurs besoins, sans pour autant supporter des coûts d’investissement trop élevés en cas de période creuse.
Source : Vie publique : la place de la France ans l'industrie mondiale du luxe, 21/11/2019
EXERCICE :
Relever les arguments qui montrent comment le secteur des biens de luxe est devenu un pilier de l’économie française.
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Les ingrédients de la compétitivité française en matière de biens de luxe sont divers :
- Une tradition et un savoir-faire ancien nourris par des références fortes (Dior, Chanel, Saint Laurent pour n’en rester qu’à la couture) qui construisent une image forte aux yeux des clients du monde entier ;
- Une capacité à créer de nouveaux marchés (clientèle asiatique, jeune, …) et à s’adapter à la modernité (mobilisation de créateurs, d'artistes...) ;
- Des stratégies de concentration d’entreprises de façon à réaliser des synergies (fusions-acquisitions par Kering par exemple) et à diversifier les risques ;
- Un maintien de la priorité à la qualité artisanale (productions en ateliers…).