Seconde partie : Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire (10 points)
Sujet : A l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous montrerez qu’une politique de dépenses publiques peut avoir des effets contradictoires sur l’activité
Document 1 : Solde budgétaire et dette publique en France depuis 1950 (en % du PIB)
Document 2
Il y a un an, l’OCDE avait alerté sur le fait que les incertitudes entourant les échanges mondiaux et l’action publique pouvaient être préjudiciables à l’économie mondiale et contribuer à creuser un peu plus encore la fracture entre les citoyens. Un an plus tard, la dynamique économique mondiale s’est considérablement essoufflée (…). La confiance des entreprises et des consommateurs s’est émoussée et la production manufacturière s’est contractée. (…) La croissance mondiale devrait reculer pour s’établir à seulement 3,2 % cette année, avant de se réorienter à la hausse pour atteindre 3,4 % 2020, soit un chiffre nettement inférieur au taux de croissance observé ces 30 dernières années ou même en 2017-18. Dans ce contexte, nous en appelons aux gouvernants pour qu’ils fassent jouer tous les leviers d’action à leur disposition. (…) Dans les pays où la demande est en berne, comme dans ceux de la zone euro par exemple, les pouvoirs publics devraient non pas s’en remettre encore et toujours à la politique monétaire, mais profiter de la faiblesse des taux pour accompagner les réformes structurelles par des mesures de relance budgétaire dans les pays dont la dette publique est relativement modeste. (…) Les priorités devraient être l’investissement dans les infrastructures, en particulier numériques, les transports et les énergies vertes, l’amélioration des compétences et, plus généralement, la mise en œuvre de politiques en faveur de l’égalité des chances. Ainsi, dans la zone euro, associer des réformes structurelles visant à rehausser la croissance de la productivité de 0,2 point de pourcentage par an pendant cinq ans à des mesures de relance budgétaire sur trois ans, équivalent à 0,5 % de PIB, dans les pays peu endettés pour financer des investissements publics, aurait pour effet non seulement de dynamiser la croissance à court terme, mais aussi de faire progresser le PIB d’environ un point à plus long terme.
Perspectives économiques de l'OCDE, 21 mai 2019.
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Partie 2 :
- Argument : Une politique de dépenses publiques désigne une hausse conjoncturelle des dépenses mises en œuvre par les administrations publiques (État, collectivités locales et administrations de sécurité sociale) afin de relancer la demande globale, notamment intérieure (consommation finale et investissements). Elle conduit généralement à une hausse du déficit budgétaire défini comme la différence entre recettes et dépenses mises en œuvre dans le budget de l’Etat.
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- Illustration document 1 : solde budgétaire systématiquement négatif depuis 1975. Déficit plus élevé en période de récession (1993, 2009).
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Explication mécanisme 1 : la hausse des prestations sociales conduit à une hausse du revenu disponible des ménages, généralement les moins aisés, qui génère une hausse de la consommation.
Explication mécanisme 2 : la hausse des dépenses d’infrastructure (gymnases, écoles, routes, doc. 2) entraîne un surcroît d’activité pour les entreprises dont les carnets de commande sont soutenus.
Explication 3 : certaines dépenses augmentent le PIB sur le long terme en favorisant une orientation de la croissance riche en externalités positives (énergies vertes, doc. 2).
Explication 4 : Les dépenses publiques axées sur les moins aisés ont des effets économiques plus marqués et contribuent à réduire les inégalités.
Au total, en mobilisant différents moteurs de la croissance au-delà de l’effet contra-cyclique de la politique budgétaire en période de ralentissement, une politique active de dépenses publiques permet de relancer la hausse du PIB.
- Argument : Mais, cette politique budgétaire que certains pays développés ou organismes comme l’OCDE appellent de leurs vœux (doc 2) nécessite d’être financée. En l’absence d’un financement des dépenses par émission de monnaie, facteur d’inflation, ou de prêts de la banque centrale, les États développés doivent émettre des obligations sur le marché des fonds prêtables, ce qui accroît la dette publique.
Explication mécanisme 1 : si déficit budgétaire ou publique > montant des intérêts hausse de la dette
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- En hausse constante depuis 1972, en accélération depuis le milieu des années 1990, le stock de dettes en France atteint un montant désormais équivalent au PIB d’une année (doc. 1).
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Cette situation n’est pas problématique en soi. Un État peut reporter à très longue échéance le remboursement de sa dette, contrairement à tout autre agent économique. Mais la hausse constante du ratio dette publique/PIB peut générer un certain nombre de difficultés.
Explication mécanisme 2 : La hausse de la demande de fonds prêtables émise par les administrations publiques par le biais de l’agence France Trésor augmente la demande de capitaux hausse des taux d’intérêt pour l’ensemble des agents
effet d’éviction : les emprunteurs privés ont un coût plus élevé.
effet d’éviction : les emprunteurs privés voient diminuer le flux de capitaux disponibles. Les épargnants privilégient les placements considérés plus sûrs, comme les obligations d’État. On évoque parfois l’accaparement de l’épargne par les pays comme les Etats-Unis notamment.
Explication mécanisme 3 : La hausse de la demande de fonds prêtables émise par les administrations publiques génère une hausse du ratio dette publique / PIB ce qui accroît les craintes concernant la solvabilité des États, leur capacité à rembourser, source de déséquilibre potentiel important.