EXERCICE 2 : comprendre la notion de carrière déviante

Facile

Retracez et identifiez les différentes étapes du parcours déviant à partir de cet article; pour cela, vous indiquerez, en plaçant un titre à certains endroits du texte, les différentes parties du texte qui correspondent aux étapes de la carrière déviante évoquées par Becker.

Dire qu’on ne souhaite pas d’enfant, ou tout du moins qu’on s’interroge, constitue une première étape qui oblige à expliciter, pour le remettre en cause, l’adage selon lequel «tout le monde veut des enfants».Les femmes interrogées ont généralement pensé plus tôt leur rapport à la maternité que les hommes leur rapport à la paternité. Cela tient sans doute à la socialisation différentielle entre les filles et les garçons, laquelle tend à projeter les premières dans la maternité et le «care» et les seconds dans la conquête du monde… et des femmes.Dans la plupart des cas, tout se passe donc comme si les hommes ne pouvaient penser leur désir de paternité qu’en présence d’une compagne à leur côté. Les hommes ne semblent jamais interrogés sur leur envie d’enfant sans que leur compagne ne soit également présente. Ils sont systématiquement renvoyés à la parentalité comme un projet de couple et non comme un choix personnel.Aux femmes qui évoquent leur souhait de ne pas être mère, l’entourage renvoie fréquemment un discours normatif portant, d’une part, sur leurs hormones qui vont immanquablement se réveiller lorsque sonneront les douze coups de l’horloge biologique et, d’autre part, sur les limites de leur fécondité – argumentaire que l’on ne voit pas apparaître du côté des hommes. Il semble difficile, sinon impossible, d’entendre une femme dire son non-désir d’enfant, tant le désir d’enfant paraît inscrit dans son corps, dans sa nature. Si aux alentours de 25 ans, l’expression la plus entendue du côté des femmes est «tu dis ça maintenant mais tu changeras d’avis», passé 30 ans, la pression sociale à concevoir se fait plus forte et cherche à instiller la peur des regrets le jour où elles ne pourront plus procréer et, sous-entendu, qu’elles voudront alors un enfant.Ainsi, le fait de dire que l’on ne veut pas avoir d’enfant ou simplement d’émettre cette hypothèse confronte les personnes à la norme sociale qui veut que la constitution d’une famille soit une étape incontournable du cycle de vie (i.e tout le monde veut des enfants) et remet en question le socle du système de genre (i.e les femmes ne peuvent se penser en dehors de la sphère reproductive quand les hommes, renvoyés du côté de la sphère productive, n’en sont que des acteurs indirects). Le fait de s’interroger sur l’évidence du désir d’enfant amène ainsi à se voir étiqueter et à accepter – ou non – cette étiquette de «personne ne voulant pas d’enfant». A travers cette étape, il s’agit de se construire une «ligne d’action» qui réponde à l’image que l’on donne de soi, co-construite avec l’entourage. D’une certaine manière, cette étape cristallise la définition d’une identité de «personne en dehors de», puisque, dans un souci de cohérence, il est préférable de pouvoir se voir dans les yeux d’autrui comme l’on se définit soi-même et réciproquement. Le fait de s’interroger sur l’évidence du désir d’enfant amène ainsi à se voir étiqueter et à accepter – ou non – cette étiquette de «personne ne voulant pas d’enfant» Il apparaît, dans les représentations accolées aux «SenVol*», au regard des discours des SEnVol, mais également des questions posées habituellement à leur sujet, que certains qualificatifs péjoratifs leur sont renvoyés à l’annonce de leur souhait de rester sans enfant.Le premier qualificatif qui ressort est le fait d’être égoïste. Ici, on ne voit pas apparaître de distinction selon l’âge, la génération ou le sexe de la personne. Ne pas vouloir d’enfant est associé à l’égoïsme, caractérisant dès lors les personnes qui souhaitent des enfants ou qui sont parents, de personnes altruistes. On a déjà montré que si les personnes SEnVol aspirent à une certaine liberté, elles s’interrogent sur le bonheur de l’enfant à venir et ne veulent pas être responsables d’une existence qui n’a pas demandé à naître.Une deuxième caractéristique est la suspicion d’une sexualité «débridée», sous entendant donc que les enfants la «brident». Ici, une approche distincte est à opérer selon le sexe de la personne.Enfin, une dernière caractéristique associée au fait d’être SEnVol est la question de l’identité même de ces personnes en termes d’accomplissement.Quand ils et elles se présentent, les personnes rencontré.e.s ne cherchent pas à défendre leur choix d’une vie sans enfant en mobilisant un argumentaire rationnel qui inscrirait leurs pratiques dans une sociabilité «en marge ». Pour autant, un certain nombre de femmes et d’hommes cite l’ouvrage d’Élisabeth Badinter «le conflit, la femme et la mère,»pour valoriser leur choix.

* SenVol :sans enfant volontaire

SOURCE : Carrières déviantes. Stratégies et conséquences du choix d’une vie sans enfant,Charlotte Debest, Mouvements , n°82, 2015.

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REPONSE :

Étape 1, l’acte déviant : dire son non-désir d’enfant

Ainsi, le fait de dire que l’on ne veut pas avoir d’enfant ou simplement d’émettre cette hypothèse confronte les personnes à la norme sociale qui veut que la constitution d’une famille soit une étape incontournable du cycle de vie (i.e tout le monde veut des enfants) et remet en question le socle du système de genre (i.e les femmes ne peuvent se penser en dehors de la sphère reproductive quand les hommes, renvoyés du côté de la sphère productive, n’en sont que des acteurs indirects). Le fait de s’interroger sur l’évidence du désir d’enfant amène ainsi à se voir étiqueter et à accepter – ou non – cette étiquette de « personne ne voulant pas d’enfant ».

Étape 2, L’étiquetage : être ou ne pas être un.e SenVol.

A travers cette étape, il s’agit de se construire une « ligne d’action » qui réponde à l’image que l’on donne de soi, co-construite avec l’entourage. D’une certaine manière, cette étape cristallise la définition d’une identité de « personne en dehors de », puisque, dans un souci de cohérence, il est préférable de pouvoir se voir dans les yeux d’autrui comme l’on se définit soi-même et réciproquement. A Le fait de s’interroger sur l’évidence du désir d’enfant amène ainsi à se voir étiqueter et à accepter – ou non – cette étiquette de « personne ne voulant pas d’enfant »

étape 3, prophétie auto réalisatrice :

Il apparaît, dans les représentations accolées aux SenVol, au regard des discours des SEnVol, mais également des questions posées habituellement à leur sujet, que certains qualificatifs péjoratifs leur sont renvoyés à l’annonce de leur souhait de rester sans enfant.Le premier qualificatif qui ressort est le fait d’être égoïste. Ici, on ne voit pas apparaître de distinction selon l’âge, la génération ou le sexe de la personne. Ne pas vouloir d’enfant est associé à l’égoïsme, caractérisant dès lors les personnes qui souhaitent des enfants ou qui sont parents, de personnes altruistes. On a déjà montré que si les personnes SEnVol aspirent à une certaine liberté, elles s’interrogent sur le bonheur de l’enfant à venir et ne veulent pas être responsables d’une existence qui n’a pas demandé à naître.Une deuxième caractéristique est la suspicion d’une sexualité « débridée », sous entendant donc que les enfants la « brident ». Ici, une approche distincte est à opérer selon le sexe de la personne.Enfin, une dernière caractéristique associée au fait d’être SEnVol est la question de l’identité même de ces personnes en termes d’accomplissement.

Etape 4, intégration à un groupe déviant :

Au fil de la trajectoire, un réseau social constitué de « non-parents » Quand ils et elles se présentent, les personnes rencontré.e.s ne cherchent pas à défendre leur choix d’une vie sans enfant en mobilisant un argumentaire rationnel qui inscrirait leurs pratiques dans une sociabilité « en marge ». Pour autant, un certain nombre de femmes et d’hommes cite l’ouvrage d’Élisabeth Badinter « le conflit, la femme et la mère pour valoriser leur choix.

 

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