Si nous voulons aller sur le terrain de la société à mission c'est qu'elle va nous permettre d'aller plus loin encore dans notre engagement pour le "mieux commun". De par notre statut juridique de mutuelle, qui permet aux sociétaires de s'assurer entre eux, nous avons un terrain, une histoire et une réalité très concrète dans ce domaine. La fidélisation des sociétaires prime sur la conquête avec un taux de départ volontaire des sociétaires inférieur à 1%. Nous avons (…) obtenu le ratio 99/100 à l'index Pénicaud (sur l'égalité femmes-hommes). Et 82% de nos placements relèvent de critères ISR (investissements socialement responsables). […]
La première étape consiste à définir la raison d'être de l'entreprise. Quelle est celle du groupe Maif et comment l'avez-vous choisie ?
L'expression de notre raison d'être est la suivante : « Convaincus que seule une attention sincère portée à l'autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions ». Elle a fait l'objet de débats et de nombreuses reformulations mais nous pensons que la notion « d'attention sincère portée à l'autre » est ce qui caractérise le mieux le groupe Maif. Envers nos sociétaires, cela s'illustre par une écoute désintéressée - nos conseillers ne sont pas rémunérés à la commission - et par une écoute empathique - ces derniers ne suivent pas de script. […]
Quelles mesures allez-vous prendre pour que cet engagement dépasse la simple communication ?
Ce seront des engagements évaluables, sur le plan quantitatif et qualitatif, et opposables. Si nous ne les respectons pas, nous perdrons la qualité d'entreprise à mission. D'un point de vue de la gouvernance, nous allons mettre en place un comité de suivi de cette mission. C'est un comité des parties prenantes où nous retrouverons des sociétaires, des salariés et des partenaires. C'est extrêmement engageant, ce n'est pas de la cosmétique. […]
Comment aujourd'hui réaffirmez-vous votre engagement pour le bien commun ?
Nous nous engageons à accompagner la filière du recyclage automobile. Aujourd'hui, les constructeurs ont le monopole de la production et de la commercialisation des pièces automobiles. Nous subissons ainsi une inflation permanente de 3% à 4% sur le prix de ces pièces détachées. Nous pensons que si nous poussons les réseaux de déconstructeurs à procéder autant que possible aux recyclages des pièces (des véhicules hors d'usage des sociétaires) pour en faire des pièces de réparation cela aura un impact positif sur notre métier d'assureur puisque cela rejaillira sur les montants des primes. Cela aura aussi, bien sûr, un impact sur l'environnement en limitant la production de ces pièces.
Nous lançons également un nouveau fonds d'investissement, Maif Transition, qui sera doté au départ de 50 millions d'euros et dont le montant, je l'espère, pourra croître dans les années à venir. Ce fonds, développé en partenariat avec Akuo Energy, vise à conjuguer deux ambitions : contribuer au développement des énergies renouvelables et notamment solaires via l'installation de panneaux photovoltaïques sur des terres agricoles et permettre le renouveau des terres arrivées à succession. Grâce aux revenus générés par la vente d'électricité nous pensons rentabiliser nos investissements. Ces revenus nous permettront également de prendre en charge pendant trois ans les investissements nécessaires à la transition vers une agriculture biologique des jeunes exploitants.
Source : La tribune, 7/06/19
Questions :
A - En quoi la transformation en « société à mission » s’inscrit-elle dans l’histoire de l’entreprise ?
B - Concrètement en quoi consiste le passage au statut de « société à mission »
C - Comment une entreprise d'assurance peut-elle orienter les choix économiques et sociaux en faveur du bien commun ?
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A - En quoi la transformation en « société à mission » s’inscrit-elle dans l’histoire de l’entreprise ?
La MAIF avait le statut juridique de mutuelle ; son histoire est donc déjà ancrée dans une vision de l’entreprise dirigée vers ses sociétaires. Par ailleurs les engagements sociétaux du groupe sont forts au niveau de la gestion du travail et de l’environnement, comme en témoignent certaines certifications obtenues par l’entreprise.
B - Concrètement en quoi consiste le passage au statut de « société à mission » ?
Il s’agit d’abord de formuler explicitement la raison d'être de l’entreprise. Dans le cas de la MAIF, il s’agit de l’« d'attention sincère portée à l'autre » et au monde. Ensuite, il faut décliner cette ligne de force dans toutes les pratiques de l’entreprise. Par exemple, l’entreprise s’engage à conseiller ses sociétaires de façon individualisée et désintéressée. Cela a des conséquences sur le mode de rémunération des salariés de la MAIF.
Enfin, ces engagements sont évaluables et évalués.
C - Comment une entreprise d’assurance peut-elle orienter les choix économiques et sociaux en faveur du bien commun ?
L’exemple de la MAIF montre que même si une entreprise n’est pas directement en prise avec le tissu productif, elle peut orienter un certain nombre d’acteurs, consommateurs ou producteurs. Ici, en favorisant la filière du recyclage automobile, l’assureur contribue à limiter l’obsolescence et le gaspillage, avec un impact sur l'environnement. Par ailleurs, les choix de gestion de fonds d’investissement comme leviers de développement des énergies renouvelables, notamment solaires, ou encore en faveur de la transition vers une agriculture biologique sont des actes forts allant dans le sens du développement (durable) de nombreux acteurs.