Entretien de David Simonnet, PDG d'Axyntis, ETI spécialisée dans la chimie fine qui travaille à 60% pour l'industrie pharmaceutique, avec l’Institut de l’Entreprise.
Institut de l’Entreprise : David Simonnet, comment votre groupe, Axyntis, fait-il face à cette crise ?
Je crois que nous avons commencé, comme beaucoup d’entreprises, par une phase de sidération. L’ampleur de cette crise est incroyable. Le Groupe Axyntis, c’est la chimie fine « made in France », une ETI industrielle créée en 2007, qui a fait le pari de devenir en peu de temps un acteur clé de la production de principes actifs en France. Dans cette crise qui implique de près la production de médicaments, donc dans la chimie fine, la priorité était de rester le plus opérationnel possible. Nous avons immédiatement cherché à renforcer la sécurité de nos 460 salariés qui sont répartis dans cinq usines le territoire national. Une situation qui a également renforcé le besoin d’accompagner sur le plan managérial. L’autre mise en sécurité à gérer, c’était celle de notre financement. (…)
Comment s’est passée la mise en sécurité financière ?
Nous étions en pleine levée de fonds lors de l’apparition du Covid-19. La crise économique liée a eu un réel impact sur cette démarche. Dans cette phase financière cruciale, nous rencontrons un soutien actif des banques et de Bpifrance. Les crises sont l’occasion de resserrer les liens avec ses partenaires d’affaires. Cette crise a aussi contribué à mettre en lumière l’intérêt stratégique de notre projet industriel, axé sur la souveraineté nationale en matière de production de principes actifs qui font l'efficacité thérapeutique, notamment pour la filière pharmaceutique.
Institut de l’Entreprise : En effet, le grand public a découvert que plus de 80% des molécules des médicaments sont produites en Chine ou en Inde. Est-ce que la crise du Covid-19 va changer quelque chose à cela ?
Il y a déjà des changements, une prise de conscience que cette crise aura des impacts géostratégiques. Le médicament est plus que jamais au cœur de ces enjeux. (…) Depuis les années 1980, nous avons laissé la production de nombreux principes actifs migrer vers la Chine et l’Inde, pour des questions de coûts. À la lumière de cette crise, il y a une prise de conscience sur le fait que nous ne pouvons plus dépendre excessivement d’une production délocalisée pour certains produits. Il est plus que temps : un site de production de chimie fine ne s’improvise pas. Il faut plus de 3 ans et plus de 100 millions d’euros pour le mettre en route.
Questions :
1) Qu’est-ce qu’une ETI
2) Qu’est-ce que Bpifrance ?
3) Qu’est-ce que la « souveraineté nationale » ? Et la souveraineté européenne ?
4) Qu’est-ce qu’une délocalisation ? Quels liens peut-on faire entre ce processus et le concept de souveraineté (« ou souveraineté économique ») ?