Document 6. Le « 100% monnaie »

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Traditionnellement, la création monétaire vient essentiellement de la distribution de crédit par les banques : lorsqu’une banque fait un crédit, elle accroît le compte de dépôt dans ses livres de l’entreprise ou du ménage qui reçoit le crédit. Mais depuis la crise des subprimes, la création monétaire vient peu de la distribution de crédit bancaire et beaucoup de Quantitative Easing. Quand une banque centrale achète une obligation, le vendeur de l’obligation a son compte de dépôt dans une banque crédité, et la banque est payée par le crédit de son compte de réserve à la Banque centrale. Il y a alors hausses du même montant de la monnaie (baptisée M2) détenue par les agents économiques non bancaires et de la monnaie de la Banque centrale (de la base monétaire, de la monnaie au passif de la Banque centrale, ce qui regroupe les billets et les réserves des banques à la Banque centrale). On appelle 100% monnaie cette situation où la création monétaire vient de la Banque centrale et pas des banques commerciales. Quelles sont les conséquences du passage au 100% monnaie ? Le contrôle monétaire est assuré beaucoup plus efficacement par la Banque centrale, puisque c’est elle qui crée la monnaie, alors que dans le régime habituel le contrôle monétaire passe par le contrôle de la distribution de crédit par les banques, que la Banque centrale ne maîtrise qu’imparfaitement (par les réglementations des banques ou la fixation des taux d’intérêt à court terme).

Patrick Artus, Les nouvelles politiques monétaires, Ellipses, 2022.

Questions :

Question 10. Rappeler comment la Banque Centrale contrôle la quantité de monnaie en circulation

Question 11. En quoi le « 100% monnaie » change-t-il la donne ?

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Question 10. Rappeler comment la Banque Centrale contrôle la quantité de monnaie en circulation

Les banques secondaires se refinancent sur le marché monétaire, en échangeant entre elles des titres à court terme (titres du marché monétaire) contre de la monnaie banque centrale. Le coût du financement correspond aux taux du marché monétaire, et il résulte de l’offre et de la demande de refinancement. La banque centrale intervient sur le marché monétaire en faisant varier le volume de son offre de refinancement ou en modifiant le niveau de ses taux directeurs. Ces interventions relèvent de la politique monétaire.

La politique monétaire consiste donc pour la banque centrale à influencer à la hausse ou à la baisse les taux du marché monétaire.

  • Une politique monétaire expansionniste consiste à influencer à la baisse les taux du marché monétaire, de telle façon à ce que les banques secondaires répercutent cette baisse sur leurs taux d’intérêt. Et en principe, avec des taux d’intérêt plus bas, la demande de crédit émanant des agents non bancaires augmente, ce qui a pour effet une hausse de la création monétaire.
  • A l’inverse, une politique monétaire restrictive consiste pour la banque centrale à agir dans le sens d’une hausse des taux du marché monétaire. Cette hausse a pour effet une augmentation des taux d’intérêt, une moindre demande de crédit et par conséquent une moindre création monétaire.

Question 11. En quoi le « 100% monnaie » change-t-il la donne ?

Patrick Artus explique dans son ouvrage que dans le cadre du « 100% monnaie », le contrôle de la quantité de monnaie en circulation est assuré beaucoup plus efficacement, dans cette situation, par la Banque centrale, puisque c’est elle qui crée plus directement la monnaie, alors que dans le régime habituel le contrôle monétaire est plus indirect et imparfait. En effet, il passe traditionnellement par le contrôle de la distribution de crédit par les banques.

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