Document 6. L’organisation du travail

Facile

Dès les travaux d’A. Smith (1723-1790)), les choix organisationnels de l’entreprise sont un facteur central de son efficacité. Le fameux exemple de la manufacture d’épingles montre comment l’augmentation de la productivité provient de la division du travail entre plusieurs agents : la succession d’étapes et de postes de travail entre lesquels s’organise le processus de production. Les choix d’organisation faits par l’entreprise ont des effets sur le plan micro-économique, en rendant une entreprise plus ou moins compétitive, mais aussi sur le plan macroéconomique, dans la mesure où les choix d’organisation du travail sont un facteur de croissance.

La relation entre organisation de l’entreprise, division du travail et performances économiques a été mise en avant par de nombreux économistes au cours du XIXème siècle, mais on attribue à F. W. Taylor (1856-1915) le lancement de l’étude scientifique de la division du travail, afin d’en augmenter l’efficacité. Taylor était ingénieur de formation, et pensait que les ouvriers tendaient à manquer d’efficacité en raison d’une « flânerie systématique » quand l’organisation du travail dépend de leur initiative. En même temps, F. W. Taylor veut réduire la résistance collective du groupe, en assignant à chacun un poste individuel plutôt que de s’organiser en commun. Il s’agit de mettre en place une organisation scientifique du travail (OST), basée sur les principes suivants :

– une étude systématique du travail des meilleurs ouvriers, pour découvrir le « one best way », la meilleure séquence de gestes à réaliser, dans un temps donné  ;

– cette séquence est ensuite divisée en plusieurs mouvements élémentaires, qui peuvent constituer différents postes de travail : la nouvelle organisation du travail entraîne souvent une parcellisation des tâches, c’est-à-dire une réduction du travail à une série de gestes répétitifs ;

– les bonnes séquences sont ensuite enseignées aux ouvriers, et un système de contrôle et de chronométrage strict est mis en place, et peut s’accompagner d’incitations salariales (salaire aux pièces) ;

– l’adoption de l’OST induit non seulement une division horizontale du travail entre les ouvriers, mais aussi une nouvelle division verticale du travail entre les ingénieurs, qui conçoivent l’organisation du travail, les ouvriers qui l’exécutent et le groupe intermédiaire des contrôleurs. Si l’OST a été théorisé par F. W. Taylor dès les années 1880, elle se diffuse lentement, en particulier en France où les méthodes de Taylor sont adoptées progressivement durant l’entre-deux-guerres. Aujourd’hui, le taylorisme n’a pas disparu : il continue à s’appliquer non seulement dans l’industrie mais s’applique également dans de nombreux services, comme la restauration rapide, la banque ou le marketing direct, ainsi que de nombreux services aux entreprises.

Source : Christine Dollo et alii, Aide-Mémoire d’économie, Dalloz, 2016.

 

Question

En quoi la logique taylorienne existe-t-elle à la fois dans l’industrie et dans les services ?

 

Newsletter

Suivre toute l'actualité de Melchior et être invité aux événements