À côté de la recomposition du vote de classe, certaines variables (communément désignées sous le terme de « variables lourdes » par la sociologie électorale française) autrefois déterminantes pour les choix de vote des électeurs perdent aujourd’hui de leur pouvoir explicatif. Les illustrations de ce phénomène sont multiples. Parmi elles, on peut citer l’âge du corps électoral, qui ne permet plus d’associer clairement, comme par le passé, un vote à gauche pour les plus jeunes électeurs (moins de 40 ans). La répartition des préférences partisanes de cette catégorie d’âge met en évidence une érosion permanente depuis trente ans du socle de votes à gauche, passés de 58 % en 1988 à 33 % en 2017. À l’inverse, le Front national continue d’attirer progressivement une proportion de plus en plus élevée de jeunes électeurs (28 % en 2017) ou entrés récemment sur le marché du travail. Outre cette transformation, il est important de souligner le faible score obtenu par le candidat socialiste sur d’autres dimensions sociodémographiques. Alors que 33 % des personnes titulaires du « baccalauréat et plus » avaient voté François Hollande en 2012, elles n’ont plus été que 7 % à porter leur suffrage sur la candidature de Benoît Hamon en 2017. Simultanément, cette même catégorie de diplômés s’est massivement tournée vers l’extrême gauche (23 %) et le Front national (17 %).
Source : vie-publique.fr, 25 juin 2018
Questions
1. Quelles sont les variables socio-politiques mentionnées dans ce texte, dont la transformation accentue la volatilité électorale ?
2. En quoi la transformation de ces variables est-elle significative d’un déclin de l’identification politique traditionnelle ?
3. A qui profite principalement cette tendance ?
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1.Quelles sont les variables socio-politiques mentionnées dans ce texte, dont la transformation accentue la volatilité électorale ?
Ces deux variables sont l’âge et le niveau de diplôme. Traditionnellement, les jeunes votent à gauche ; or, cette part est passée de 58% à 33%, alors qu’une part croissante (28% en 2017) des suffrages jeunes va au RN (anciennement front National). L’électorat fortement diplômé (baccalauréat et plus) votait traditionnellement pour la Gauche modérée (33% de vote Hollande en 2012), or lors de la présidentielle de 2017, cet électorat est fragmenté (seulement 7% pour le candidat du parti socialiste Benoît Hamon, 23% pour l’extrême gauche et 17% pour le Front National). Au final, ces deux transformations accentuent la volatilité électorale.
2.En quoi la transformation de ces variables est-elle significative d’un déclin de l’identification politique traditionnelle ?
La jeunesse et le haut niveau de diplôme éloigne les électeurs du processus d’identification partisane, tel qu’il s’est progressivement constitué depuis la III° République.
3.A qui profite principalement cette tendance ?
Elle renforce le vote en faveur des extrêmes. Indirectement, l’élection d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 comme « vainqueur de Condorcet » (Cf. Supra Question 3 : Le vote acte individuel ou collectif ?) est une conséquence de l’affaiblissement des grands partis traditionnels associé à une baisse de l’identification partisane.