Selon la théorie économique, le prix des produits innovants, élevé au départ puisqu'il s'agit pour leur fabricant de récupérer au plus vite ses frais de développement, baisse au fur et à mesure de leur diffusion. Robert Solow (Prix Nobel d'économie en 1987) a ainsi démontré que la capacité des ordinateurs croissait chaque année en restant à prix constant, ce qui permettait une diffusion rapide dans l'économie des gains de productivité qu'ils apportent. (…)
Tout d'abord, les firmes innovantes font tout pour conserver leurs marges en conquérant des positions de monopole (Microsoft, Google), ou en multipliant les fonctionnalités - plus ou moins utiles - qui leur permettent de justifier le maintien de prix élevés. (…) La diffusion des innovations et leurs effet bénéfiques s'en trouvent repoussés d'autant, car leurs prix restent élevés. (…)
C'est pour corriger ces distorsions de marché que la puissance publique intervient, de deux façons. D'une part, elle s'efforce d'abaisser le prix des innovations en soutenant financièrement la recherche et en limitant les situations monopolistiques par une aide aux "PME innovantes" ; d'autre part, elle essaie de renchérir le prix des technologies obsolètes pour peser sur l'arbitrage coût-bénéfice des agents économiques. (…) C'est ce que l'on appelle le "signal prix".
Source, lemonde.fr, Antoine Reverchon, Quel modèle de croissance ? Le "signal prix", 7 décembre 2009
Questions :
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Quel est, dans un premier temps, l’impact d’une innovation sur le prix d’un bien ?
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Par quel processus le prix des innovations finit-il par baisser ?
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Comment les pouvoirs publics peuvent-ils favoriser la diffusion des innovations et ainsi la modernisation de la société ?
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Pourquoi peut-on parler d’un « signal-prix » ?
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Questions :
Quel est, dans un premier temps, l’impact d’une innovation sur le prix d’un bien ?
L’innovation amène une hausse du prix du bien transformé. D’une part, le producteur innovateur est en position de monopole sur le nouveau produit et peut imposer son prix car il n’existe pas de bien substituable. Par ailleurs, l’entreprise qui a mené les recherches aboutissant à l’innovation essaie de récupérer les coûts de la recherche et du développement du nouveau bien. Quant aux consommateurs, ils sont prêts à payer plus cher pour accéder au produit novateur.
Par quel processus le prix des innovations finit-il par baisser ?
Les biens nouveaux sont chers dans un premier temps car ils sont produits à une échelle réduite, l’entreprise innovatrice détenant un brevet lui réservant le droit de produire. Mais, une fois ce brevet tombé, les producteurs « imitateurs » se multiplient et le bien est produit à une plus grande échelle ; c’est ainsi que sa consommation se généralise. Ce processus s’est vérifié pour les biens d’équipement des ménages (réfrigérateur, lave-linge, ordinateur, téléphone etc.).
Comment les pouvoirs publics peuvent-ils favoriser la diffusion des innovations et ainsi la modernisation de la société ?
D’une part, les pouvoirs publics peuvent contribuer au financement de la recherche, notamment des PME, de façon à favoriser la concurrence entre entreprises innovatrices et limiter les situations de monopole technologique.
Par ailleurs, ils peuvent taxer les technologies anciennes, nécessairement plus polluantes par exemple, ce qui favorise l’orientation du choix du consommateur vers des produits innovants.
Pourquoi peut-on parler d’un « signal-prix » ?
L’expression renvoie à l’idée que le prix est un élément d’orientation des comportements futurs des offreurs mais aussi des consommateurs. Au-delà du calcul qu’il génère, il donne de l’information. Ainsi, la tendance à la baisse du prix de certaines technologies incite les offreurs à y recourir davantage.