« La planète bleue », comme le disait l’océanographe Jacques Cousteau pour rappeler que ce que nous appelons la Terre est majoritairement recouverte par des espaces marins, et mis à part les eaux côtières, sont en grande partie constitués d’espaces ouverts qui n’appartiennent à aucune nation et à aucun peuple en particulier. C’est un bien commun de l’humanité et une ressource pour la planète entière qui contribue à son fonctionnement. Pourtant, depuis des siècles, les hommes sollicitent ces espaces océaniques en partage pour y prélever des aliments qu’ils n’ont pas produits, s’arrogeant le droit de prendre les espèces de leur choix quitte dans certains cas à entraîner leur extinction.
Un prélèvement longtemps totalement libre qui tente aujourd’hui de se réglementer en fixant des règles internationales, des quotas, des moratoires… pour limiter et contrôler sur certaines zones et certaines espèces, cette activité. Mais cela n’a pas réussi, par exemple, à empêcher la disparition des morues dans les eaux de Terre Neuve, trop sollicitées par une pêche intensive. Ces pratiques ont mis en danger la survie du thon obèse d’Atlantique après avoir sauvé in extremis le thon rouge de Méditerranée et ont menacé certaines espèces de cétacés.
Source : « Environnement: la surpêche précipite les océans vers un désastre écologique », Arnaud Jouve, 21 décembre 2018, www.rfi.fr
Questions :
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Justifiez le fait que les mers, les océans et les ressources qu'ils contiennent (ressources halieutiques) sont des biens communs.
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Pourquoi sans limites et sans contrôles la pêche peut-elle entraîner l'extinction d'espèces ?
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Montrez que la gestion des biens communs est une limite du marché et comment les pouvoirs publics peuvent intervenir.
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- Les eaux internationales et leurs ressources appartiennent à tous. Elles sont rivales (les poissons pêchés par les uns ne sont plus disponibles pour les autres) et non-excluables (sans contrôle, il est difficile d'empêcher les agents d'y avoir accès).
- Sans limites et sans contrôles, les ressources halieutiques ont tendance à être surexploitées et menacées de disparition. Chaque pêcheur en effet, dans le but de maximiser son profit privé, va être incité à pêcher les quantités les plus grandes possibles, la ressource étant gratuite, ses coûts reposant surtout sur le capital fixe (le bateau, le matériel de pêche...) Les techniques modernes de pêche renforcent cette surexploitation qui peut mener à la disparition d'espèces. C'est la « tragédie des biens communs », présentée par Garett Hardin dans un article de 1968.
- Puisque « laisser faire » le marché conduit à une surexploitation de la ressource commune, le marché est défaillant. Pour éviter cette surexploitation des biens communs, les pouvoirs publics peuvent intervenir de plusieurs façons : la définition de quotas, par exemple pour la pêche, la réglementation (pour l'accès à une forêt...). L'Etat peut également mettre en place des droits de propriété, car le fait de privatiser une ressource permet de la rendre excluable, et d'inciter le propriétaire à la préserver dans son intérêt.